Eclipse : le premier album cosmique de Walter Astral

Après 3 EPs très prometteurs, Walter Astral confirme et signe Eclipse. Un premier album cosmique où les deux hyperdruides Tristan Thomas et Tino Gelli nous embarquent dans un voyage électro-pop lumineux teinté de mysticisme et d’onirisme. Une expérience hypnotique, même sans substance.

Walter Astral, c’est la rencontre entre deux univers musicaux qu’a priori tout oppose. D’un côté, la pop psychédélique de Tino Gelli, marquée par des sons rétro de guitare et un banjo signature aux couleurs orientales. De l’autre, l’électro déclinée en techno, acid et house de Tristan Thomas. Si leurs sonorités se situent à des années-lumière les unes des autres, les Walter Astral forment pourtant un duo extrêmement complémentaire – jusque dans la ressemblance physique quasi gémellaire qu’ils cultivent. Ils partagent la même créativité débridée, une hypersensibilité druidique à la nature, un talent pour les arts visuels, un goût pour le mysticisme et un sacré sens de l’autodérision.

L’harmonie de la symétrie

A l’image des deux musiciens, Eclipse évoque l’idée de la dualité et en même temps de la complémentarité, formant une parfaite harmonie. La symétrie est très présente dans l’opus, à commencer par la pochette savamment imaginée par le duo. Au centre, une petite éclipse née de la rencontre entre deux astres opposés, l’un solaire, l’autre simplement céleste. La lumière qui les entoure y est décomposée, telle l’arc en ciel qui apparaît lorsque le soleil brille pendant la pluie. Ces cercles qui se touchent forment également le symbole de l’infini propre à l’univers. Ils évoquent également des yeux à l’iris multicolore et la pupille ultra dilatée à cause d’une lumière éclipsée. On a la sensation que Walter nous observe du haut de sa galaxie…

Une épopée de la lumière astrale

On retrouve la symétrie dans la structuration de l’album, que les deux compères ont imaginée avant même de composer leur musique dans leur home studio sancerrois surnommé « la hutte ». Eclipse s’offre à nous en deux parties de 8 morceaux chacune. Les fans auront repéré que la moitié des titres provient de leurs 2 précédents EPs Jour et Nuit. Le puzzle s’assemble parfaitement.

Les 8 premiers titres d’Eclipse évoquent le trajet de la lumière, de l’aube jusqu’au coucher du soleil. Les morceaux y sont dans l’ensemble plutôt doux et planants, le banjo omniprésent. Dans la seconde partie de l’album en revanche, on explore la lumière de la nuit. Les sonorités et les rythmiques se font plus brutes, plus nerveuses, à l’exception du dernier morceau Nouvelle lune, qui lui semble ouvrir un nouveau cycle, un nouveau chapitre.

Aube versus Crépuscule

Cette symétrie se retrouve jusque dans les titres, qui se répondent. C’est par exemple le cas avec Aube versus Crépuscule. Le premier ouvre l’album par un morceau fleuve de plus de 9 minutes. Un concept à lui seul dans la mesure où ce titre instrumental regroupe à lui seul toutes les ambiances de l’album. Dans la première partie, on ressent la douceur des premiers rayons du soleil. La journée promet d’être excitante, pleine de surprise. Le morceau évolue ensuite vers une deuxième partie plus brute, presque plus agressive. Il se clôt par une troisième partie apaisée, plus planante, avec les voix des Walter Astral qui montent doucement à la fin.

Crépuscule, premier morceau de la seconde partie de l’album est un morceau chanté en featuring avec Leï. Il raconte ce moment où le temps bascule juste après le coucher du soleil. On entre dans le monde de la nuit par ce titre plus sombre, aux beats plus rapides. Pendant près de 7 minutes, les Walter Astral nous font voyager et passer par plusieurs états de transe.

D’autres morceaux de l’album fonctionnent ensemble. C’est le cas de Soleil et Lune, deux astres capitaux pour Walter. D’un côté, le Soleil, issu de l’EP Jour, est une mise en garde contre la toxicité de cette étoile vitale, qui attire mais peut détruire aussi. On pourrait y voir une métaphore du succès ? De l’autre, Lune est une ode à « cette idole de la nuit » qui influence les marées et les humeurs.

C’est aussi le cas avec Zénith et Nadir, Chasseur d’éclipse et Eclipse ou encore Pleine lune et Nouvelle lune. On ne peut que vous inviter à diversifier vos écoutes du disque en ne suivant pas forcément l’ordre imaginé par Tristan et Tino. Il révélera ainsi d’autres aspérités.

Un univers peuplé de personnages oniriques

S’intéresser aux Walter Astral, c’est voyager dans l’univers singulier et parfois un peu loufoque des deux hyperdruides. En les écoutant d’abord. On ferme les yeux et on se laisse porter par la douce folie de Tristan et Tino, qui nous mènent à la rencontre de personnages oniriques tels que des turbofées ou des nitrolutins. La première est une créature lumineuse abstraite qui disparaît lorsqu’on tente de s’en approcher. Ou bien est-ce une hallucination qu’on croit apercevoir en état de transe ? Le nitrolutin lui, semble plus inquiétant à l’image de l’atmosphère plus dark et nerveuse du morceau.

L’univers de Walter se regarde aussi en particulier dans des vidéos génialement déjantées qu’ils distillent sur les réseaux avec la complicité de Zite & Léo. Si vous ne l’avez pas déjà vu, on ne peut d’ailleurs que vous inciter à visionner leur dernier clip Zénith. Vous découvrirez une nouvelle espèce, les Lepidopteras, issue du super-ordre des Holométaboles. D’étranges papillons nocturnes attirés par toute sorte de lumière. C’est délirant, drôle et bourré d’auto-dérision.

Des questions existentielles

Sous leurs dehors excentriques voire même carrément déjantés, les Walter Astral nous amènent l’air de rien à réfléchir à des sujets profonds. Dans Pourquoi, les deux chamanes abordent La question existentielle par excellence « Pourquoi sommes-nous ici-bas ? Pourquoi nous ne savons pas ? ». C’est vertigineux, nos certitudes se dérobent sous nos pieds au gré de notre quête de sens. Les questions reviennent en boucle, sans réponse, et partent résonner dans le cosmos.

Dans Mirage, c’est le concept de vérité et de sincérité qui est abordé, ainsi que la confiance qu’on accorde à sa propre perception. Serpent mental lui, évoque la santé mentale. Le venin de l’anxiété qui « se propage et s’installe, sans faire de bruit, et appelle au vacarme ». Walter Astral a néanmoins réussi à transcender la noirceur du sujet pour livrer un titre positif, optimiste en se raccrochant à l’idée que les choses finissent toujours à s’arranger avec le temps.

Eclipse contient tous les ingrédients d’une potion magique ensorcelante et addictive. Ce premier opus cosmique fait à n’en pas douter de Walter Astral l’un des duos les plus perchés et les plus talentueux du moment. Si vous aussi vous voulez booster votre dopamine et voyager dans l’univers onirique des deux hyperdruides, rendez-vous le 15 mars à La Cigale à Paris.

Notre interview de Walter Astral

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