La Face B a rencontré Fatoumata Diawara au Rocher de Palmer, juste avant son concert. L’occasion d’échanger avec cette artiste unique à la croisée des mondes entre racines maliennes et sonorités contemporaines. Portée par un profond désir de transmission et de partage, elle revient sur ses collaborations avec Damon Albarn, Milky Chance et Mathieu Chedid, ainsi que sur la préparation de la tournée de Lamomali. Découvrez Fatoumata Diawara, libre et lumineuse qui fait voyager la culture malienne bien au-delà des frontières, guidée par une seule force : l’amour.
Retrouvez également le travail d‘Alexia Arrizabalaga-Burns (sous le pseudo Troubleshooteur) sur son site et sur Instagram.

« Finalement, mon âme est dans ma voix. Tant que ma voix est fidèle à elle-même, la musique a le droit de s’envoler car le monde est vaste. » Fatoumata Diawara
La Face B : Bonsoir Fatoumata, comment se passe cette tournée ?
Fatoumata Diawara : Ça se passe bien par la grâce de Dieu. On est bien accueillis partout où on va. Beaucoup d’émotions même si c’est l’hiver, les gens ont la paresse de sortir, les journées sont courtes. Mais quand tu les vois arriver massivement, ça te réchauffe le cœur. C’est très émouvant.
La Face B : On le ressent quand le public découvre certains titres de London Ko, c’est toujours très chaleureux. Ta musique est un mélange unique de tradition et modernité. Comment abordes-tu le processus créatif pour trouver cet équilibre entre racines maliennes et les sonorités contemporaines ?
Fatoumata Diawara : C’est très facile ! J’ai la chance de pouvoir composer : je compose mon album, je fais mes préarrangements d’abord. Ensuite, je me permets d’envoyer des chansons a des personnes que j’aime et qui me respectent en tant qu’artiste. Ces personnes apportent toujours leur souffle a ma musique. Je suis également assez ouverte : Avec Damon Albarn, il a totalement changé la chanson « Seguen » par rapport à la démo. Je me suis dit qu’il avait peut-être raison et que je n’avais rien à perdre tant que je ne chante pas en français ou en anglais. Finalement, mon âme c’est dans ma voix. Tant que ma voix est fidèle à elle-même, la musique a le droit de s’envoler car le monde est vaste.
La Face B : Quel était ton esprit pendant la création de London KO car cet album a une grande richesse, diversité et ouverture musicale. On passe du jazz, à l’afrobeat en passant par la pop. Que souhaitais tu transmettre dans cet album ?
Fatoumata Diawara : La transmission, que ce soit dans cet album ou les albums précédents, j’ai toujours eu l’envie ou l’ouverture d’apporter cette culture au reste du monde. J’ai envie de voyager avec ma culture. J’ai envie d’aller vers les gens, à la rencontre des gens, de mon public et des gens avec lesquels j’ai envie de travailler. C’est dans cet état d’esprit, je compose. Je vais aller puiser dans toutes les rencontres que j’ai eu la chance de faire sur ma route.
Comme avec Roberto Fonseca, sur Sowa, un projet très jazz. Je suis très l’aise dans le monde du jazz. La musique peut aller dans tous les sens. Ou encore une musique atypique comme fait Mathieu Chedid qui est très riche niveau guitare. Il va dans des tonalites qui ne sont pas vraiment du Mali et il m’a éduqué à jouer sa musique. Donc toutes ces richesses, j’essaie de les apporter dans ma propre musique quand je compose.



La Face B : Plus récemment, tu as collaboré avec Damon Albarn mais également Milky Chance. Ce sont deux artistes aux univers très différents. Qu’est qu’ils t’apportent artistiquement et humainement ?
Fatoumata Diawara : Tu apprends toujours des choses. Certaines n’aiment pas parce qu’ils craignent peut-être de mal faire, mais quand tu as confiance en toi et que tu te laisses aller, il y a toujours de belles surprises. Tu n’as rien à perdre car tu as déjà ta propre musique et quand les autres t’invitent, je me dis toujours « laisse toi aller et fais confiance au métier que tu fais ». La musique est spirituelle, elle ne t’appartient pas. Il y a des énergies qui passent à travers toi et c’est à toi de partager cette énergie. Même si c’est toi qui composes et écris, quand quelqu‘un t’appelle pour collaborer, partage et donne en échange et vice-versa. A cet échange, nous sommes tous riches et gagnants à la fin car on s’accepte mutuellement dans nos mondes et on crée cette richesse commune.
La Face B : Milky Chance m’avaient dit qu’ils t’avaient découvert dans un festival. Ils étaient tombés amoureux de sa voix. En résumé, « On lui a demandé, elle a dit oui ».
Fatoumata Diawara : Oui tout de suite. C’est rare que je dise non.









La Face B : Lamomali revient également en force en 2025. Ce nouveau chapitre d’une tournée qui arrive. Parle nous de la préparation de cette tournée.
Fatoumata Diawara : On a le clip de « Je Suis Mali » qui sort le 11 février et qu’on a tourné il y a deux semaines. On est en pleine préparation, on bosse. On travaille sur les costumes, parce que Mathieu Chedid est une personne très perfectionniste. Il est comme moi, les costumes comptent beaucoup donc on en parle, les couleurs, le visuel. Il a des idées très précises, il est très spécial. Parce qu’il sait ce qu’il veut. Il a l’air doux comme ça mais il est doté d’une force incroyable. Il est très puissant mais avec beaucoup de douceur. Les idées sont très claires. Il est en train de préparer quelque chose d’extraordinaire pour ce spectacle.
La Face B : Retour sur ton Olympia en juin. La Face B y était : Beaucoup d’émotions, de larmes, de joie. Quels souvenirs gardes-tu de cette soirée ?
Fatoumata Diawara : Elle était magique ! C’était magique d’avoir Mathieu à mes côtés, Angelique Kidjo à mes côtés, ma mère qui me voyait depuis je ne sais pas combien d’années. Ma mère ne me connait pas. Cela reste une soirée que je n’oublierai jamais. Tout me monde était là. Angélique m’a beaucoup sollicité en 2024 et c’était à moi aussi de lui rendre. Quand les gens t’appellent, ils ont besoin de croiser cette énergie de temps en temps et donc quand tu as l’opportunité de les inviter, tu le fais car c’est un échange.
La Face B : La culture malienne est très riche et diversifiée. Comment est ce que tu incorpores cette richesse culturelle dans ta musique en plus de la faire voyager.
Fatoumata Diawara : Je l’ai en moi. Ce sont des vibrations que nos ancêtres nous ont légué que nous avons dans le sang. C’est une musique basée de la sonorité blues donc elle peut facilement s’adapter à n’importe quel genre ou style musical. C’est assez facile de m’aventurer sur des projets variés, même des musiques qui n’ont pas de nom comme la mienne, qu’on ne peut pas vraiment définir.
La Face B : Quelles sont tes sources d’inspirations en dehors de la musique ?
Fatoumata Diawara : J’aime coudre. Je couds mes habits. Quand j’ai le temps, j’aime bien coudre comme si je pouvais être une styliste à ma façon mais je préfère la musique.
La Face B : Quel rêve musical tu n’as pas encore réalisé ? Une collaboration que tu aimerais concrétiser ?
Fatoumata Diawara : Peut être le projet avec Lauryn Hill. On a fait un duo ensemble. Elle m’a invité cette année à venir chanter un duo et j’aurais bien aime continuer et ne pas faire un titre mais plusieurs titres avec elle.
La Face B : Qu’est-ce que tu espères que le public retient de tes concerts et de ta musique ?
Fatoumata Diawara : De l’amour !!! La paix, la générosité, le partage, la tolérance. La paix dans le monde surtout.
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Portfolio de Fatoumata Diawara au Rocher de Palmer et a l’Olympia
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