ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Arne Vinzon vient de dévoiler son nouvel album, À propos des Fantômes, et en profite pour nous dévoiler ses influences musicales.

Orchestral Manœuvres in the Dark – International
Arne Vinzon : Depuis « Enola gay », leur premier tube que je chantais à tue-tête en dansant comme un cabri, OMD est mon groupe de cœur qui m’a fait découvrir la new wave. L’apparition de leur album ovni « Dazzle Ships » fut un énorme choc qui a profondément changé ma conception de la musique et m’a ouvert d’incroyables perspectives.
Non content de proposer de magnifiques morceaux aux mélodies entêtantes souvent inspirées par la musique sérielle, OMD les immerge dans une ambiance bruitiste faisant intervenir des horloges parlantes, des sons de machines industrielles, des voix venues du monde entier… Le tout compose un objet étrange, mélodieux, fascinant, philosophique, autour de l’espace et du temps, que l’on parcourt intensément à bord de navires éblouissants. Parmi les 12 pépites de cet album, j’ai retenu « International », morceau déchirant qui ferait hérisser les poils d’un mort. L’album propose aussi la plus belle pochette que je connaisse, by Peter Saville of course.
Jay Jay Johanson – Mr Fredrickson
Mon chouchou. Depuis son premier album Whiskey qui fut lui aussi une révélation, je suis fidèlement son évolution musicale. J’aime sa fragilité, son élégance, son sens du rythme, sa science infuse de la mélodie simple. Entre humour et mélancolie,Jay Jay balance avec une nonchalance de grande classe.
Chacun de ses albums renferme des titres irrésistibles sur lesquels notre vague à l’âme se dandine aussitôt dans la plus délicate des douceurs. Il aurait beaucoup de tubes à son actif si seulement les programmateurs voulaient bien le diffuser… Bad luck, Jay Jay ? God bless Jay Jay !
Alain Bashung – Est-ce Aimer ?
Écouter Bashung, c’est plonger dans un monde qui vacille, à la fois mystérieux et limpide, grave et drôle, dans un parfait clair obscur. Sa voix si particulière, profonde et envoûtante, parfois piquée de modulations étranges et de légères pointes d’accent, occupe tout l’espace, tandis que son phraser, si particulier, hypnotise et déroute.
The Cure – End Song
Quand j’étais collégien, je ne m’endormais jamais sans avoir écouté au préalable, au moins deux fois, sur un vieux magnétophone, A Forest de The Cure. C’était mon pays des songes, sombre et fascinant.
Plus de quarante ans plus tard, les vieux cold wave ressortent de leur boîte et nous offrent un album imparable : Songs of the Lost World. Et là, miracle, sinistre éblouissement, jaillit une pépite : « End Song ». Dédiée comme tout l’album à « those who have left us », Robert Smith et sa bande se lancent dans un hymne funèbre, terriblement entêtant, grinçant de guitares saturées, rythmé de douleur et de manque. Plus de dix minutes souffrantes : « It’s all gone ».
Mon nouvel album est dédié à ma mère et à mon frère. They ‘re both gone. Et comme à 12 ou 13 ans, j’écoute en boucles cette chanson. En boucles, en boucles, en boucles…
Reymour – L’Odeur du Tabac Froid
Je dois une fière chandelle à la musique indé belge. Polyphonic Size, et surtout les formidables groupes de Nicolas Ekla, Les Brochettes, Ming, Lem, avec leur univers poétique, comique et décalé, m’ont fortement influencé au point de me donner l’envie de pousser la chansonnette.
Le pot belge me dope toujours avec les albums de Reymour dont le dernier opus « No Land » est fabuleux. « L’Odeur du Tabac Froid »est une magnifique chanson d’amour : musique délicatement minimale, paroles aigres douces, belle voix. Comme je fume beaucoup malheureusement, cette chanson me dit que je reste aimable. C’est parfait.