On part à la découverte de Ouin Ouin, le dernier album de Miel de Montagne. Décalé, sensible, et maniant l’humour à merveille, cet artiste français nous entraîne sur des morceaux pop et électro, de quoi faire disparaître même les plus gros chagrins.

Le mois d’avril annonce le début du printemps. Qui dit printemps, dit amours, qui dit amours dit cœurs brisés. Aïe en voilà un sacré raccourci. Si on exagère peut-être un peu, impossible de ne pas vous parler du nouvel et 3ème album de Miel de Montagne, intitulé Ouin Ouin. Ne vous inquiétez pas, nul besoin de sortir les mouchoirs, Ouin Ouin n’est paradoxalement pas un recueil de “chansons tristes”. Laissez-vous plutôt transporter par une vague de douceur parfum chamallow/cerise. Milan Kanche alias Miel de Montagne explore ses émotions sur 12 titres aussi sucrés que colorés, qui défilent comme des champs de fleurs depuis la fenêtre d’une vieille auto. Rêve éveillé ou danse décomplexée, âmes sensibles ne surtout pas s’abstenir.
Le roi Soleil ouvre l’album. Ce premier morceau s’installe en douceur, et plante dès les premières minutes, le décor. Miel de Montagne nous invite dans son “royaume”. Sur un son doux et électro, il nous présente un monde un peu déformé et parfois absurde. On prend de la distance avec le réel, pour mieux ressentir et accueillir nos émotions.
On perçoit ce tableau, et cette distance nécessaire qui fait tellement de bien, avec le morceau C’est si beau. Une bouffée d’air frais dans notre quotidien, voilà peut-être ce que nous apporte la musique de Miel de Montagne.
Avec Ouin Ouin, on parlera notamment d’amour, l’amour qui nous éveille et sublime notre quotidien, ou bien nous piège. L’amour qui nous fait plonger, et qui nous réveille avec les yeux bien rouges et tout gonflés.
Sur Des heures, un morceau pop avec un rythme aux accents reggae, l’artiste nous répète “ça fait des heures que je pleure ouin ouin ouin..”, qui donne peut-être son nom à l’album. Aller jusqu’au bout des émotions, jusqu’à l’autodérision, pour parvenir à se détacher de la peine, en voilà une solution !

Mais si on a pleuré, alors, c’est que c’est vraiment fini ? On abordera cette rupture avec Tu me nargues. On a des choses à se dire, apparemment. C’est un son un peu groovy, et si léger à la fois. On se projette la nuit sur une piste de danse avec des lunettes roses fluos sur le nez. Il y a une atmosphère brumeuse, électrique.
On peut également citer le titre J’ai choisi, l’unique featuring de l’album réalisé avec Elisa Difallah. Ces deux artistes explorent les sentiments qui surviennent après une rupture, et évoquent une cohabitation compliquée. “Je n’ai pas choisi mon lit” nous confie Miel de Montagne, ayant alors le droit à la place du canapé-lit. Si les paroles sont plutôt tristes, tout pourtant nous invite à sourire, la mélodie, le ton des musiciens, ainsi que la voix envoûtante de Elisa. J’ai choisi est un écrin lumineux au cœur duquel on s’endormirait bien; si on ne parlait pas français, on serait sûrement bien loin de saisir le fond des propos, tant la forme est douce.
Aïe est peut-être un de nos morceaux préférés de l’album, pour l’autodérision, la folie et la danse. Bon, prenons du recul, au fond qu’est-ce qui fait mal ? L’amour … On l’avait bien compris. “J’en ai marre des chagrins d’amour” nous dit-on sur Je plonge. Alors quoi, on va quand même pas rester là, à pleurer pendant des heures !
Aïe pourrait être le générique d’un film de nos vies, un film dramatique, joyeux et puissant. Une course puis une danse sous la pluie. C’est un morceau rapide empli d’images, qui s’élance à pleine vitesse dès les premières secondes. On apprécie les percussions, et ce refrain qu’on pourrait écouter en boucle. On hoche la tête de droite à gauche, jusqu’à ce que le soleil revienne.
Sur un pas plus disco, on s’envolera à nouveau avec Fou de toi. Bon parce que oui, pour être honnête … Bien qu’on se soit cassé la figure à maintes reprises, on récidive. La voix de Miel de Montagne part dans les aigus, et nous voilà de nouveau bien requinqué et en piste. Ouin Ouin est l’occasion de célébrer ces aller-retours émotionnels, entre joie et mélancolie.
On pense au titre Nouveau Départ, un morceau plus lent au grain un peu house. La mélodie prend un autre virage sur la deuxième partie de la chanson. Une fois les larmes séchées, nous voilà prêt à nous élancer dans une prochaine aventure. Même personne, nouvelle énergie.
Miel de Montagne se présente sur cet album, simplement, avec spontanéité et insouciance. Pas de tabou entre nous. Poésie est un hymne, une balade. Les émotions ne sont pas dissimulées, “je crois que je suis un romantique tout s’explique”. Voilà un romantique qui fait la fête, parfois se perd, un peu comme nous finalement. Pourrait-on le qualifier d’antihéros ? On se retrouve dans ses textes, comme emporté par le titre J’prends du plaisir.
Enfin Dis le moi vient clôturer cet album, il a la saveur des morceaux de fin. Le tempo est lent, et la voix se fait tarder. On se laisse bercer par la chaleur réconfortante du coton. Les lumières se rallument peu à peu dans la salle.

Ainsi avec ce troisième album au titre mémorable, Miel de Montagne poursuit ce qu’il aime faire, et ça fonctionne. Sa vulnérabilité est exposée puis détournée, transformée. Il met des mots sur nos émotions, et nous invite à les accueillir pleinement. On plonge dans nos failles pour en faire quelque chose de doux et de joyeux. “Ouin Ouin” s’estompe peu à peu. Le second degré est au rendez-vous. On ne pleure plus, au contraire on parvient à en rire. On aime ses textes entêtants et poétiques, ses rythmes électros, sa musique décalée et singulière. Cette année sera l’occasion de danser encore et longtemps, au cœur de son monde coloré, et peut être même entouré de son ami Mielo; pourquoi ? Car Miel de Montagne est en tournée, en France et en Europe, ainsi qu’à L’Olympia le 16 mai ! À très vite sur la piste.