Juste avant son passage au Festival de Jazz de Montréal, on a discuté sous la chaleur écrasante de Montréal avec Meggie Lennon de son nouvel album Desire Days ainsi que de résillience et d’amour de vacances.

La Face B : Comment ça va, Meggie ?
Meggie Lennon : Ça va très bien, merci.
LFB : Et comment te sens-tu à quelques jours de ton show au Festival de Jazz de Montréal ?
Meggie Lennon : Oh, wow, super excitée. Les nuits sont courtes, pas juste à cause de la chaleur, mais aussi à cause de l’excitation, puis le désir que ça se passe bien, et l’anticipation de comment la foule va réagir à tout ça. C’est vraiment un rêve de jouer au Jazz, donc très, très, très excitant.
LFB : Est-ce que tu as prévu quelques surprises pour la soirée ?
Meggie Lennon : Oui ! Pour le 30 juin, on nous a demandé de jouer plus longtemps que d’habitude, donc on a préparé des pièces en plus, un cover. Ça va être un setlist intéressant pour ceux qui vont nous découvrir à l’esplanade de la Place des Arts.
LFB : Est-ce que toi, t’es plus une artiste live ou une artiste de studio ?
Meggie Lennon : Ah, je te dirais que présentement, j’ai fait une transition avec le nouvel album Desire Days, j’ai délaissé mon clavier, donc on dirait que d’être justement sans cette barrière-là entre moi puis le public, ça m’aide à me connecter à lui. J’ai juste fait un show jusqu’à maintenant pour tester le matériel, il y a quelques mois, et là, on embarque officiellement dans le cycle de tournée. J’ai vraiment hâte ! Ça s’est tellement bien passé le premier show qu’on a fait ! J’adore le studio, je suis tellement soulagée que l’album soit enfin sorti pour que je puisse le présenter, donc ça va être vraiment un plaisir d’être sur la scène.
LFB : en parlant de présenter l’album, j’ai lu quelque part que tes prestations sont ensorcelantes. Est-ce qu’on peut dire qu’il y aussi une part de magie en toi ?
Meggie Lennon : Magie, je ne sais pas, ce ne sont pas mes mots, mais on a une très, très belle complicité, moi et le groupe, puis oui, en quelque sorte, c’est magique parce qu’on partage ces nouvelles pièces, c’est comme un accouchement, donc c’est vraiment comme cathartique dans un sens.

LFB : Pour revenir sur ton deuxième album Desire Days que tu as sorti le 20 juin dernier, est-ce que tu peux nous raconter ce que cet album signifie pour toi et d’où ces sujets prennent leur source ?
Meggie Lennon : En fait, tout juste après avoir enregistré Sounds From Your Lips, j’ai commencé à écrire assez rapidement pour le deuxième album parce que justement, je me sentais inspirée par les sessions que j’avais vécues en studio et les musiciens avec lesquels j’avais travaillé. Puis je sentais aussi la quarantaine arrivée, puis c’est un peu ça qui a déclenché ce besoin de parler de résilience, de désir, de devenir la meilleure version de soi-même parce que je ressentais une certaine pression avec mon “vieillissement”, mais aussi avec le type d’artiste qui performait à ce moment-là sur scène et que je voyais beaucoup.
Et là, je me suis dit “oh my God”, je ne suis pas comme elles. Et là donc, le questionnement de ma pertinence ici, puis le désir d’accepter le fait que j’ai 41 ans maintenant, d’accepter que je suis moi-même, que j’ai mon propre style, et que les gens reçoivent tout ça jusqu’à maintenant avec beaucoup de plaisir. C’est une joie de partager ça avec eux.
À partir de 2020 et il y a deux ans, j’ai eu 40 ans et j’ai vraiment consolidé l’album autour de cette thématique-là qui était la maturité. Je cherchais un son plus mature aussi. J’ai réalisé un de mes rêves de travailler avec un quatuor à cordes ESCA, sous la direction d’Antoine Gratton. C’était vraiment big pour moi, tout ça. Je pense que Desire Days est vraiment une suite à Sounds from Your Lips, c’était super naturel etorganique, et que ça va juste aller en s’améliorant pour la suite.
LFB : Par rapport aux thématiques que tu abordes, quand tu parles d’acceptation de soi, de résilience, est-ce qu’on peut dire que tu vois un peu tes chansons comme de l’autothérapie?
Meggie Lennon : Oui, parce qu’ils sortent de moi, je ne force rien. Souvent, j’explique mon processus de cette manière, je marche dans la ville de Montréal et vraiment, les bribes viennent souvent en phrase complète, accompagnées d’une mélodie, ce qui est vraiment particulier.
J’ai toujours mon téléphone avec moi, donc je m’enregistre et j’amène ça en studio. Cette fois-ci, j’ai travaillé beaucoup avec Shaun Pouliot, qui a aussi son projet sous le nom de Nectar Palace. Avec lui, on a vraiment établi une base, une façon de travailler qui a fait en sorte que les chansons se sont construites assez rapidement.
LFB : Dans ton album, tu passes aussi bien du français à l’anglais pour t’exprimer. Est-ce que c’est parce qu’il y a certaines émotions que tu préfères exprimer dans une langue plutôt qu’une autre ou il y a d’autres raisons ?
Meggie Lennon : Je ne dirais pas que les langues sont associées à des émotions, mais plutôt à l’inspiration. Par exemple, Connexion Astrale, qui m’a été inspirée par mon partenaire avec qui je suis depuis presque 16 ans, un Québécois pure souche, je n’aurais pas pu aborder mon amour pour lui en anglais. Et donc, toute la thématique de ce lien-là qui est très fort, qui va au-delà de cette réalité qu’on a sur la Terre, qui n’a pas besoin de mots et qui est astrale, ça m’est venu comme ça en français. Je dirais vraiment que la langue vient vraiment selon la source d’inspiration.
LFB : Est-ce que tu peux nous parler du visuel de ton album et est-ce que tu dirais qu’il sent l’été, le chlore et la crème solaire ?
Meggie Lennon : En fait, moi, je suis une fille d’eau. J’adore me baigner et je trouve que ma musique est enveloppante comme l’eau. Je veux faire rêver les gens, je veux les calmer. C’est tous les sentiments que j’ai lorsque je suis dans l’eau.
Et c’est venu très rapidement aussi ce désir de vouloir shooter dans l’eau. J’avais vu quelque part une photo des Beatles qui étaient dans la piscine. Ils étaient super jeunes, et on voit qu’ils avaient du plaisir. Je me suis dit que si j’ai la possibilité d’avoir une piscine à l’intérieur, parce que c’était durant l’hiver, on va faire ça comme ça. Puis ça s’est super bien fait avec Andy Jon à la caméra. Ça représente le bien-être, la liberté. C’est ce que représente l’eau pour moi. C’est pour ça que j’ai voulu faire la pochette comme ça.

LFB : Quand tu dis que t’es une fille d’eau, c’est parce que t’as passé ton enfance à côté d’une rivière, d’un lac ou de la mer ?
Meggie Lennon : Pas vraiment, mais j’ai beaucoup voyagé dans ma vie. Une des choses que je priorise lorsque je voyage, c’est vraiment un accès à un point d’eau, parce que je passe beaucoup de temps à patauger dans la mer. Hier, j’étais au lac de Deux-Montagnes, juste après une autre entrevue que j’ai donnée, puis ça m’a fait un bien incroyable. En plus, avec la chaleur qu’il fait, t’as juste envie de rester dans l’eau !
LFB : Ça va ressembler à quoi ton été sur tes dates de tournée ?
Meggie Lennon : Pour le jazz, on a deux dates : le 30 juin, à l’Esplanade de la Place des Arts, le 2 juillet, en ouverture de Cat Empire au MTLUS, ce qui est quand même gros pour moi, parce que c’est mon premier MTLUS, donc c’est huge!
Je suis vraiment ravie de ce booking. Puis, par la suite, on va y aller plus en août. on va jouer quelques autres festivals que je ne peux malheureusement pas dévoiler, parce que ça n’a pas été annoncé encore. Mais je peux dire que ça continue dans ce mois-là avec trois autres dates, puis par la suite, on sera à Pop Montréal le 26 septembre pour le lancement officiel avec Lael Neale et Meghan Dowlen. Cette soirée, honnêtement, je crois qu’elle va être mémorable, parce qu’avec ce line-up, ça va vraiment être extraordinaire. Pop Montréal me fait vraiment un beau cadeau pour me permettre de jouer avec ces deux autres femmes.
Aussi, le premier show qu’on a fait à l’Escogriffe, il y a quelques mois, j’ai eu la chance de jouer avec Apacalda, qui vient de lancer son album. Et c’était la première fois qu’on jouait ensemble, mais ça ne va pas être la dernière !
LFB : J’aurais deux dernières questions à te poser, dont une thématique de la saison. L’été, ça fait penser à la crème solaire, à la mer et la piscine, mais aussi aux amours de vacances. Est-ce que tu as un souvenir d’amour de vacances qui t’a marqué ? Et c’est quoi la bande-son qui allait avec ce souvenir ?
Meggie Lennon : Étant avec la même personne depuis toutes ces années, il faudrait vraiment que je retourne loin pour trouver un autre amour. Mais une chose est sûre, c’est que l’été de 2022, j’ai eu la chance d’être invitée au Calgary Folk Music Festival. Et on a joué juste avant Spoon. Et il y avait environ 15 000 personnes devant nous. On était complètement abasourdi par la grandeur de tout ça. Et je me rappelle par la suite, on est partis dans la Vallée de l’Okanagan, justement avec mon meilleur ami, qui est mon ami amour. Spoon venait de lancer Lucifer on the Sofa, qui a été ma soundtrack de ces deux semaines incroyables. C’était ma première fois en Colombie-Britannique. La Vallée de l’Okanagan, c’est tout simplement magique. Les vignes, les lacs, j’ai vécu un moment vraiment mémorable et super, super spécial avec mon meilleur ami Alexandre Désilets. Donc, c’est un souvenir que je pourrais qualifié d’amour de vacances qui est gravé dans les mémoires. En plus, on a eu la chance de rencontrer Spoon qui sont vraiment, vraiment sympathiques. Ils allaient en Colombie-Britannique la semaine suivante et ils nous ont invités en VIP. C’était vraiment, vraiment, vraiment chouette. Une belle expérience. J’espère avoir un jour la chance de réouvrir pour eux.
LFB : Un été mémorable, en tout cas, une semaine mémorable !
Meggie Lennon : Oui! Puis, plein de rencontres aussi. Le Calgary Folk Music Festival, c’est un événement extraordinaire. On a eu la chance de rencontrer plein d’autres artistes. Il y avait Basia Bulat là-bas. On a joué avec les Barr Brothers qui étaient aussi incroyables, super sympathiques. C’est spécial là-bas parce qu’ils obligent les artistes à être jumelés et à faire une heure de jam ensemble, mais totalement impromptu. Puis, moi, je ne suis pas une jammer dans la vie. Donc, me faire dire, « Bon, Meggie Lennon, Barr Brothers, faites chacun une toune et vous allez vous accompagner. » Oh my God ! Pour moi, au début, j’étais comme, « Oh, cauchemar ! » Mais en fait non, parce qu’il n’y avait pas juste les Barr Brothers, il y avait d’autres groupes qu’on connaissait un peu moins. Ça s’est vraiment avéré être extraordinaire. Jétais accompagnée à ce moment-là d’Anthony Piazza à la batterie, David Palumbo à la basse, Virginie B qui faisait les chœurs, et Shaun Pouliot aussi à la guitare. C’était tellement, tellement fun.
LFB : La dernière question que j’aurais pour toi, c’est : est-ce qu’il y a une question qu’on ne t’a jamais posée mais à laquelle tu aimerais répondre?
Meggie Lennon : Celle-là, on ne me l’a jamais posée ! Mais, on ne m’a jamais vraiment demandé comment je me sentais lorsque je créais. C’est somme toute très positif puis exutoire. Je pense que ça serait intéressant justement de parler des émotions lors de la création. Je pense que souvent, il y a cette image d’artiste torturé ou en dépression qui se met à écrire.
Je ne dis pas que ce n’est jamais le cas, mais moi, habituellement, c’est plutôt positif. Donc, peut-être quelque chose dans cette lignée.
LFB : Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?
Meggie Lennon : j’écris souvent lorsque justement je vis de beaux moments et du bonheur. Puis, c’est souvent un gros up qui fait en sorte que là, je veux parler de ça. Par exemple, dans le plus concret, j’ai fait réparer un de mes claviers. C’était chez Mitch Davis, je parlais de mon développement en tant que musicienne. Je lui avais dit, « Ah, moi, ça ne fait pas si longtemps que je fais de la musique. J’ai commencé quand j’avais 30 ans. » Puis, je lui ai lancé ça comme ça, « I guess I’m a late bloomer» (Je suppose que je suis une retardataire), puis, il a répondu, « But it’s the bloom that counts » (Mais c’est la floraison qui compte). Je suis sortie de chez lui, et cette phrase a été littéralement la graine qui a semé Bloom. C’est des beaux moments mémorables. Mes chansons viennent vraiment de mon environnement, que ce soit la nature, mais beaucoup des gens aussi, des conversations enrichissantes. Je prends beaucoup, beaucoup de notes sur ce que les gens me disent. Ça laisse place souvent à des moments d’inspiration très, très, très positifs.
LFB : Merci beaucoup Meggie pour ton temps et passe un bon Festival de Jazz !
Meggie Lennon : Merci à toi !