Les clips de la semaine #274 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Pour accompagner votre rentrée, on vous invite tout de suite à découvrir la première partie de notre 274ème sélection des clips de la semaine

ARTICLE15 – BONGABONGA

Cette semaine, on retrouve ARTICLE15 qui continue de mettre en images les titres de son premier EP, PREAMBULE, avec la vidéo de BONGABONGA.

Uppercut sonore, le morceau rassemble tout ce qui fait la sève d’ARTICLE15 : une énergie brute et percussive, de l’ironie et un point de vue politique acéré qui se cache derrière une efficacité musicale pour mieux nous surprendre.

Ici, le morceau parle de colonialisme, que ce soit du côté de ceux qui volent que du côté de ceux qui collaborent et demandent à ceux qui subissent d’être heureux de leur sort. Toujours en lingala, Wilfried, aka Lova Lova, mène la charge de manière intense et frontale, bien aidé par la production de Grigri qui transforme tout en énorme banger qui permet d’évacuer la rage, la colère et l’envie de faire évoluer les choses.

Produit et réalisé par ARTICLE15, le clip joue encore des moyens mis à disposition pour offrir un carcan visuel à la fois drôle et évident à BONGABONGA. Entre vision luxuriante de la vidéo et envers du décor fait de bout de ficelles (et on ne parle pas de la tenue de Grigri), le clip s’amuse de son côté meta pour nos entrainer dans l’univers du duo, s’amusant aussi à faire des ponts entre les différentes vidéos avec l’apparition de Robokop.

La suite ? Elle se déroule sur scène avec une date à La Boule Noire en février prochain et avant ça, un passage au MaMa le 15 octobre prochain qu’on ne ratera sous aucun prétexte.

Myra – Rebetiko

Il y a des moments que l’on sous-estime parfois, mais que j’ai plaisir à retrouver chaque fois qu’ils se reproduisent. Des moments simples comme chanter dans la voiture, les vitres ouvertes, avec mes amis ou ma famille. Cette semaine Myra nous emmène avec elle, le temps d’un morceau et d’un clip aussi doux que poétiques.

Ce voyage s’appelle Rebetiko. Dans les paroles Myra reprend ce mot, en évoquant « le blues du Rebetiko ». Il s’agit d’une musique traditionnelle populaire grecque. Myra fait ici référence à ses origines, son père étant gréco-français. La jeune artiste ouvre sa valise, et nous chante avec joie ses souvenirs de la Grèce, son parfum. Dès les premières minutes du clip, on est plongé dans une scène douce et intimiste. La porte est entrouverte, on découvre la figure de la mamie, se réveillant dans sa chambre. Le film se déroule jusqu’à la soirée, animée par une grande et joyeuse fête en famille. Nous y sommes, entre les oliviers, l’ouzo, et ce jeu en bois grec, le tavli. Ces scènes de famille nombreuse sont entrecoupées par des plans de Myra, sur la banquette arrière ou devant l’océan, son sourire est communicatif. Les tableaux sont très soignés, et on est comme emporté dans son histoire, emporté par ce plaisir d’être ensemble et ce sentiment de liberté.

Tame Impala – Dracula

Quel est le moment où vous vous sentez le plus vous-même ? Ces mises en scène éclectiques de nos vies, où nous avons parfois l’impression de changer de visage au gré des circonstances, dans l’effort de rester en appui pour contrôler une situation qui ne nous est pas familière et où notre naturel ne serait pas le bienvenu. Mais ces instants de contrainte peuvent être dissipés par d’autres moments, où le temps nous offre un environnement propice, une ouverture qui nous permet de nous retrouver, d’éclore notre âme la plus personnelle.

C’est la nuit qui se révèle ici comme un espace de liberté et de délibération. Ce ciel noir, soutenu par des feux passionnés, des danses venues d’un autre espace-temps et des lumières qui s’accélèrent là où nous devons nous ouvrir. C’est à travers ce plateau d’images intenses que Tame Impala partage Dracula, nouvel extrait de Deadbeat, attendu dans la nuit du 17 octobre.

Aussi dansant qu’envoûtant, la célèbre figure vampirique est mise à l’honneur dans un titre qui s’annonce déjà comme l’un des plus marquants de cet opus à venir. Se comparer à une créature des ténèbres pour mieux faire jaillir nos lumières : voir au-delà des apparences pour apprécier ce que nous sommes vraiment et ce qui nous pousse à l’être. 

Pretty Inside – The Person That I Hate

Retour brûlant, et brillant, pour Pretty Inside. Confortable installé entre NIN et SUUNS, The Person That I Hate annonce l’arrivée prochaine d’un troisième album pour les bordelais.

Dissonant, brutal et addcitif, le morceau nous entraine dans une tempête sonore dont on ne ressort pas indemne, secoués de toutes parts que nous sommes par ces sonorités qui nous attirent autant qu’elles nous agressent.

The Person That I Hate est un miroir tourné vers soi même, une interrogation sur ce que nous sommes, ce que l’on déteste chez soi et ce que l’on peut faire pour guérir et avancer.

Le morceau s’accompagne d’un clip réalisé par Alexis Deux-Seize et Eddie FZone. Derrière son esthétique DIY et 90’s clairement assumée, la vidéo est une extension intelligente du morceau, interrogeant avec force notre époque et le culte du soi. On observe donc cette idée d’une personne enfermée avec elle même, qui ne trouve d’intérêt qu’à se regarder et exister par soi uniquement … Jusqu’à finalement devenir tout ce qu’elle déteste.

UFOs – UFO

Les bâtisseurs de la French Touch se réunissent pour nous guider, avec humilité, intelligence et sérénité, vers une voie plus intime et protectrice.

PhoenixAlan Braxe et DJ Falcon forment cette semaine UFOs et dévoilent un single (presque) éponyme : UFO. Une réunion émouvante qui, que nous soyons familiers ou non de cette esthétique française traversant les générations, ouvre sur un horizon inattendu.

Nous y décelons le doute se mêler à l’espérance. Refuser les miracles, mais nous accrocher à l’idée d’un signe venu d’ailleurs, d’une présence discrète qui veille. La voix de Thomas Mars trace une ligne fragile entre solitude et désir de contact, entre la crainte d’être englouti par les autres et le besoin vital d’être reconnu. Sous cette tension feutrée, la sonorité déroule une trame délicate où beaucoup peuvent se déposer.

Les images qui accompagnent ces notes prolongent cette intimité et cette chaleur. Des visages familiers, ceux des musiciens à travers le temps, de l’enfance à l’âge adulte, apparaissent comme dans un album photo légèrement déformé. Toujours, au-dessus d’eux, la silhouette d’un objet céleste veille. Ce détail fait que l’étrange fait partie de notre quotidien, témoin muet de nos métamorphoses, présence insaisissable traversant les âges à nos côtés.

UFO survole comme une offrande douce. Il rappelle que croire à l’improbable n’est pas fuir le réel, mais y trouver un espace de respiration. Et que parfois, au creux d’un morceau électronique, se glisse la promesse discrète d’un refuge. Peu importe en quoi nous croyons, l’essentiel est que cela nous guide vers une sérénité intérieure et une joie partagée, avec nous-mêmes et, surtout, avec le monde qui nous entoure.

This Will Destroy Your Ears – This is why

Les landais de This Will Destroy Your Ears remettent le couvert. Les labels Cowboy à la ModeA Tant Rêver du RoiLuik Music et Conicle Records comptent dans leur catalogue le petit nouveau du trio ; Funland à découvrir publiquement à partir du 10 octobre. Après Gorgeous Eve Holds A Banger Hammer, la bande nous dévoileun nouveau single cette semaine : This is why.

Sur fond d’images d’archives personnelles – entre bonnes vieilles VHS et films super 8 tournés par ses figures parentales – de Pierre-Yo, frontman du trio, This Will Destroy Your Ears interroge l’amour, le couple, l’évolution du regard de son compagnon de vie qui peut inévitablement s’altérer voire complètement s’étioler à mesure que les années passent. Point de vision négative pour autant, le groupe vous laisse totalement libres.

Une fois n’est pas coutume, This Will Destroy Your Ears livre un morceau efficace, milimétré à la seconde près, puisant dans une énergie rock savoureuse où la guitare s’offre de beaux moments dans la puissance sonique. Un refrain percutant où l’on imagine déjà pendant les concerts les This is why scandés à plein poumon.

Kasabian – Hippie sunshine

Une des surprises de la semaine vient des Kasabian qui, en dévoilant Hippie sunshine, annoncent ainsi leur 9e album studio Act III, prévu pour le printemps 2026.

Act III, pour signifier le 3e album dirigé par Sergio Pizzorno depuis le départ de leur ancien frontman Tom Meghan. Act III peut-être aussi pour annoncer le dénouement – comme au théâtre – des multiples directions musicales et expérimentations tentées par le groupe depuis lors ? Aucune information n’a filtré pour l’instant, à part une petite déclaration de Pizzorno selon laquelle il devrait s’agir d’un album de guitares. Wait and see…

En tout cas d’ici là, on va écouter en boucle le petit banger Hippie Sunshine ! On est saisi dès les premières secondes par des riffs de guitare bien rockeux et un refrain implacable qui rentre immédiatement dans la tête. 

Un morceau qui évoque l’élan de ceux qui ne trouvent jamais le repos, incapables de ralentir pour affronter le réel, préférant courir après l’illusion d’un ailleurs. Un morceau dans lequel Pizzorno revendique son caractère solitaire, mis en image dans le clip. On le voit seul, marcher au bord d’une route d’un sens, de l’autre, à l’envers aussi. Une manière sans doute de revendiquer son identité, son leadership et sa liberté créative. 

MPL & Clou – Sans avion

Le clip démarre sur un gros plan d’un badge, où les plus attentifs auront lu « Sans Avion expérience ».

On se trouve dans un futur où les avions ne seraient plus que passé, afin de vivre une expérience « comme avant ». S’installer dans son siège, boucler sa ceinture et suivre les fameuses indications sur les sorties de secours.

Le clip se déroule en plan-séquence et 

la chanson invite à se questionner sur l’utilité et le confort de voyager en avion face aux dégâts que cela engendre sur la planète.

« Si on va plus dans les avions, est-ce qu’on en pleurera ? »

Une chanson partagée entre spleen et espoir, dont le clip aux allures joyeuses – presque ambiance colonie de vacances – saura nous faire réfléchir et prendre le temps de penser à demain.

Et le petit Fun fact : parmi les passagers, vous trouverez quelqu’un de l’équipe de LFB…

Ão – Sorte

« Sorte », c’est la « chance » en Portugais. C’est aussi le titre du dernier single du quatuor Ão. Après une pause salutaire, le groupe a fait son grand retour en août avec Talvez et revient cette semaine avec un morceau mélancolique mais lumineux.

Dans le clip de Sorte, réalisé par Michiel Venmans, on suit une jeune femme tour à tour seule face à un miroir embué, sous la pluie battante et postée à la fenêtre. Ce qui se dégage de chacune de ces scènes, c’est sa solitude et son apathie. La musique monte doucement en puissance et se fait inquiétante à mesure que la solitude se fait plus pesante. Trempée jusqu’aux os, elle cherche à être vue, en vain. Les paroles, traduites du Portugais, donnent à peu près ça : « Elle ne s’habille plus, elle n’a plus envie / À bon quoi, si personne ne la voit ? ». 

Et où est la « chance » dans tout ça, me direz-vous ? La réponse, c’est Brenda Corijn, qui la donne dans le refrain, de sa voix qui enveloppe et apaise : « Et ma chance va tourner / J’y suis presque / J’en suis capable ». Capable de retrouver l’espoir et de se voir pour ce que l’on est. 

Ão dévoile dans ce morceau un son plus organique qu’à son habitude, toujours empreint d’influences multiples, de la saudade à la musique orchestrale. On peut dire que c’est un retour réussi pour le quatuor basé à Bruxelles, dont l’album ne saurait tarder. 

Kat Pereira – cartography of the rhizome

Dernier extrait avant la sortie de son premier album vert de lichen le 24 octobre prochain, Kat Pereira, ayant fait partie des 3 finalistes lors de la 29e édition des Francouvertes, nous dévoile cartography of the rhizome, un titre cette fois-ci en anglais. Armée du vieux camescope VHS retrouvé chez ses parents, elle se filme près d’une mare pleine de nénuphars, qui eux-même possèdent des rhizomes, des tiges souterraines qui portent bourgeons et racines. En plus de bouger au son de l’ultra pop de Kat, on apprend des choses. Que demander de plus?

Sans Lactose – IKnow

Avec IKnow, troisième single extrait de leur premier album prévu pour l’automne 2025, Sans Lactose propose un titre indie-pop aux allures de fin d’été. Une ode aux amours estivaux qui ne demeurent bien souvent qu’éphémères, le duo de frères Joachim et Georges Blasco nous offre une nouvelle fois leur signature « mélanco-dynamique ».

Sorti le 19 septembre 2025, ce nouveau single confirme l’évolution artistique du groupe qui, depuis Side Story  et Dania, affine son identité musicale. Les paroles de IKnow explorent cette sensation universelle de la fin d’été, quand les histoires d’amour naissantes se heurtent à la réalité de septembre et que la nostalgie teinte déjà les souvenirs tout juste créés.

La production, fidèle à l’ADN Sans Lactose, marie pop nostalgique et refrains entêtants, dans la lignée de leurs influences assumées allant de Columbine à Paul McCartney, en passant par Christophe et FAUVE. Le titre s’inscrit naturellement dans la continuité de leur dernier EP « La Nuit des Anémones » sorti en 2024.

Anne-Marie – Depressed

Anne-Marie revient avec un nouveau titre inédit : Depressed. Dévoilé le 19 septembre 2025, ce titre marque un tournant audacieux dans l’écriture de la chanteuse, entre vulnérabilité à vif, humour noir et mélodies pop à la fois pétillantes et entêtantes. 

Mais ça raconte quoi, Depressed ? Défini comme « une exploration honnête mais teintée d’humour noir de la santé mentale, de l’image de soi et des batailles quotidiennes dissimulées derrière un sourire »Depressed ouvre un nouveau chapitre dans l’univers d’Anne-Marie. En mariant sa vulnérabilité signature à des paroles incisives et des hooks pop contagieux, elle met en lumière les contradictions de la vie avec l’anxiété et la tristesse, dans un monde obsédé par la positivité. Elle capture avec justesse ce paradoxe : rire pour traverser la douleur .

Avec ses propres mots, elle explique : « C’est une chanson pour l’équipe des déprimés ! J’espère qu’elle vous fera vous sentir un peu moins seul·e en l’écoutant. Et j’espère aussi qu’elle vous donnera le sourire. Je ne peux pas m’empêcher d’écrire sur ce que je traverse dans ma vie, et il semble que beaucoup ressentent la même chose  Dansons, pleurons et rions en même temps. »

Musicalement, Depressed débute avec simplicité — guitare et voix — avant de s’animer dès le premier refrain. Les rythmes s’épaississent, la production se pare de couleurs pop lumineuses, comme un sourire forcé venant masquer des paroles profondément sombres.

Produit par Benji Gershon, le clip s’ouvre sur un écran jaune avec un smiley, fil rouge de toute la vidéo. Ces ballons jaunes marqués de ce symbole universel se transforment peu à peu en ballons argentés formant les lettres DEPRESSED. Métaphore visuelle puissante, ils incarnent ces sourires de façade qui dissimulent un cœur en souffrance. La réalisation alterne portraits serrés d’Anne-Marie — comme pour une séance photo, maquillée, coiffée, sourire — et scènes où elle déambule dans la rue, ballons à la main. Le contraste est saisissant entre l’image publique maîtrisée et l’intime qui vacille. Le clip s’achève sur un écran noir où s’inscrit en lettres capitales le mot DEPRESSED, conclusion brutale et sans détour.

Avec DepressedAnne-Marie transforme ses fêlures personnelles en hymne collectif, plongeant au cœur du décalage entre apparence et vérité, larmes et rires, fragilité et force. En somme, Depressed est sans doute la chanson la plus joyeuse… sur la dépression.