Le premier EP d’ARTICLE15 nous accompagne depuis plusieurs mois déjà. Entre grande fresque musicale, références politiques et rendu explosif, il était grand temps que l’on vous parle de ce préambule de toute beauté.

Un préambule sert d’ordinaire à exposer des motifs et des buts. Pas étonnant que ce soit le titre qu’ait choisi ARTICLE15 pour son premier EP. Et encore, à l’écoute de ces cinq morceaux, on aurait tendance à se dire que le mot est un peu faible.
En effet, on est plus ici face à un manifeste, idée beaucoup plus radicale et politique qui sied à merveille à ce que nous propose ARTICLE15, une sorte de brûlot qui met tous les curseurs à fond, que ce soit dans son propos politique, dans son esthétique musicale jusqu’au-boutiste ou dans sa production aux accents pop qui rend le tout agressif, percutant, mais jamais dissonant.
Revenons un peu en arrière : ARTICLE15 c’est une rencontre fortuite entre deux esprits punks qui se transforme en aventure musicale, un terrain de jeu musical collectif qui donne au final ce Préambule de haute volée.
GriGri et Wilfried ne se refusent rien et c’est tant mieux pour nos oreilles. Un producteur expansif et un chanteur qui vit sa musique et ses propos de manière à les rendre vivants et explosifs pour un rendu qui mélange beats technos, influences tribales, théâtralité et réflexion sur l’humanité.
Un programme qui pourrait sembler chargé (l’article 15 est un article imaginaire qui complète la constitution inachevée du Congo et qui se résume ainsi : débrouillez-vous pour survivre) mais qui fait sens dès les premières secondes de BONGABONGA (présenté avec un sens de l’ironie hilarant comme un radio edit) et se poursuit avec HALLELUJAH.
Entre charge sur le colonialisme et réflexion sur la religion, les morceaux frappent fort et prouvent qu’on peut être intelligent et pousser à réfléchir tout en faisant danser les gens.
Le tout est fluide, hyper efficace et porté par une tension qui ne diminue jamais. Mieux, la prod et la voix trouvent un chemin parfait pour l’équilibre, chaque partie nourrissant l’autre et permettant aux morceaux de trouver toute leur puissance.
Deux morceaux qui nous préparent à l’exceptionnel SERVITEUR DU CRÂNE, morceau le plus long de l’EP et qui se vit comme une véritable expérience sonore. Un titre surprenant, qui évolue lentement pour mieux se transformer dans sa seconde partie. Un morceau qui agit comme un charme étrange et violent pour mieux finir par nous sonner et nous mettre totalement K.O.
Des petits jobs qui paient une misère, des exploitants et des exploités et des humains qui se transforment en machines, ROBOKOP prend la suite et nous invite à continuer à danser et à penser en même temps. Cynique et entraînant, le morceau est aussi imparable que ses prédécesseurs.
Morceau le plus sauvage et énergique MALEMBE vient enfoncer le clou et nous mettre définitivement à genoux.
Avec cette première salve de morceaux, ARTICLE15 tape juste et fort. Surtout, il s’offre une base solide pour des concerts qui risquent d’être tout aussi brûlants et intenses. PREAMBULE est une ouverture vers un univers unique qui ne demande désormais qu’à grandir.
1 réflexion au sujet de « PREAMBULE, le départ tonitruant et politique d’ARTICLE15 »