(EXCLU) Teenage Bed – Moindre Effort

Le 23 janvier prochain, Teenage Bed dévoilera son nouvel album, Pause Printemps, chez Howlin Banana, Figures Libres et Pale Figure. Il continue de le dévoiler cette semaine avec un nouveau morceau, Moindre Effort, qu’on vous propose de découvrir en exclusivité aujourd’hui.

Que ce soit en anglais ou en français, Teenage Bed tisse depuis quelques années la toile d’une musique hautement sentimentale et humaine. On pourrait y voir de la mélancolie (il y en a c’est certain) mais ce que l’on aime et ce que l’on découvre au fur et à mesure dans la musique de Nathan, c’est l’extrême fragilité d’un garçon qui, projet après projet, se met de plus en plus à nu, dévoile une écriture humaine et délicate, toute à la fois triste et délicate où l’économie des mots se confronte à une musique brute et sauvage par instant.

C’est une nouvelle fois le cas avec Moindre Effort, sorte de petit poème direct et percutant qui se confronte par instant à des riffs de guitare fracassants, comme des éclairs sonores dans un ciel qui tend vers la pluie. On se laisse happer par cette expérience sonore où tous les éléments naviguent sur la même ligne ayant pour résultat une musique qui nous cajole autant qu’elle nous bouleverse.

Étrangement, le morceau gagne en puissance au milieu des images DIY que Scotty Leitch & Nathan ont tourné ensemble lors d’un voyage à Philadelphie en 2023. Au delà de la nostalgie qui en découle, ces résidus de voyage donnent au texte de Moindre Effort une saveur différente. Comme une sorte de quête du quotidien dans un lieu que l’on ne connait pas, le besoin d’associer cette visite et cette découverte à l’âme d’une autre personne qui, elle, a gravé ses souvenirs et son existence dans des endroits qui n’ont plus rien de surprenant. Il y a un contraste évident et puissant entre la découverte et l’habitude, entre le décalage et les certitudes et tout cela se joue en image, des paysages en mouvement, des lieux qu’on s’approprie et une vie qui continue à suivre son cours peu importe où elle se passe.

Pour accompagner la découverte du titre/clip, Nathan a répondu à quelques unes de nos questions autour de son titre, Moindre Effort :

LFB : Est-ce que tu peux nous raconter l’histoire du morceau Moindre Effort ?

Teenage Bed : Comme tous les morceaux de l’album qui va sortir, je l’ai enregistré et composé dans un même geste. Il est sorti un peu instantanément et, du coup, je garde peu de souvenirs du moment précis. Je sais juste que je l’ai fini en un ou deux jours et que c’est aussi grâce à lui que j’ai commencé à dessiner l’envie et les contours de l’album. J’ai dû écrire le texte sur le coup, puisque la prise voix que j’ai gardée est une des premières que j’ai faites (si ce n’est la première). Ensuite, j’ai arrêté de l’écouter pendant plusieurs mois, comme pour l’oublier. Quand j’ai reposé les oreilles dessus, j’ai gardé le même enthousiasme qu’au moment où je l’ai composé, ce qui est généralement bon signe.

LFB : Le clip est tiré d’images datant d’un voyage à Philadelphie en 2023. Comment as-tu décidé de les rattacher à ce morceau et quelle place tiennent la nostalgie et le souvenir dans ta création musicale ?

Teenage Bed : En tout, je suis allé trois fois à Philadelphie. J’ai des amis que je retrouve là-bas, principalement Scott de Shelf Life. À chaque fois, j’y reste plusieurs semaines et on est très créatifs. On fait beaucoup de musique (beaucoup de morceaux qu’on n’a jamais sortis d’ailleurs), de la vidéo, des concerts… Quand j’y suis allé en 2023, j’avais déjà ce morceau-là sous le coude et on a donc décidé de faire un clip.

Dans ma tête et dans son esthétique, il était déjà très lié à cet espace, à la scène que je connais là-bas et à ce que j’y ai appris. Très honnêtement, je ne me serais jamais autorisé à profiter d’un passage là bas pour faire un clip où l’on voit des buildings. Ça a quelque chose de vraiment cliché. Mais le texte en français a apporté une nuance qui m’a mis à l’aise. L’album est finalement sorti beaucoup plus tard que ce que j’avais prévu, le clip a donc pris une dimension nostalgique qui n’était pas calculée à la base.

En règle générale, ma musique est foncièrement mélancolique. Je ne me l’explique pas trop, c’est comme ça. Je peux être nostalgique par endroits, mais ce n’est pas forcément une énergie qui m’anime au quotidien. Il est vrai que j’aime me rappeler que j’ai vécu des choses mais c’est surtout une manière de combattre une certaine absurdité de l’existence je crois

LFB : Comment envisages-tu l’écriture en français dans tes nouveaux morceaux ? On a la sensation que la voix continue d’être traitée comme un instrument, mise au même niveau que les autres.

Teenage Bed : Pour le français je suis le pire juge en tant qu’auditeur. J’adore la langue, mais en musique ça peut vite me crisper et me faire sortir des arrangements. Bien sûr, il y a des artistes qui parviennent à conjurer le sort et des esthétiques musicales qui s’y prêtent mieux (je pense au rap notamment), mais dans le rock, la folk et la pop indé, je trouve ça systématiquement délicat. C’est exactement pour cette raison que j’avais envie de faire un album en français. J’étais simplement curieux de voir si je pouvais la faire cohabiter avec les esthétiques qui me sont chères sans que ça me mette mal à l’aise.

À partir de là, j’ai juste fait confiance à ma boussole pour savoir ce qui fonctionnait ou non. C’était un peu comme marcher sur des œufs. Puis je me suis rendu compte qu’en traitant peu les voix en termes d’effets et en gardant les premières prises, celles où je découvrais le texte, cela prenait à contre-pied le côté trop sentencieux que peut avoir cette langue. J’aime l’idée qu’on puisse s’attacher aux paroles si on le souhaite, mais qu’elles ne doivent pas parasiter l’ensemble pour autant. Je suis allé naturellement vers une économie de mots et des thématiques différentes.

LFB : Tu t’apprêtes à sortir Pause Printemps en janvier, donc en plein hiver. Ce titre est-il un appel à l’espoir de jours meilleurs ?

Teenage Bed : Je ne l’avais pas vu comme ça mais peut être.. À la base, ce titre est avant tout un clin d’œil un peu obscur à une blague née lors d’une soirée lunaire où l’on m’avait invité à jouer dans un festival psy-trance. C’était une période où j’avais réglé plusieurs choses dans ma vie et où je me sentais bien. Il faisait beau, les oiseaux chantaient et ça correspond vraiment au début de la composition de l’album.

Bon, je crois qu’en réalité la mélancolie intrinsèque de mes compositions m’a vite rattrapé, mais vous voyez l’idée. Là-dedans, j’y vois aussi la conscience de l’aspect cyclique des choses. On supporte mieux l’hiver en pensant au printemps qui arrive, et on profite d’autant plus du printemps quand on sait qu’il ne durera pas éternellement.
Concernant la date de sortie, j’avais envie de m’accompagner de labels. Quand Howlin’ Banana et Figures Libres se sont positionnés, on a convenu que janvier serait le plus simple pour tout le monde, et je n’avais pas envie de retarder davantage la sortie. Enfin pour ce qui est de l’espoir de jours meilleurs, j’y crois parfois, mais c’est dur avec le climat ambiant.

LFB : Avec ce nouvel album, quels sont tes plans pour 2026 ?

Teenage Bed : Je prépare une tournée des disquaires indépendants au début de l’année pour présenter l’album. Ce sont des lieux que j’aime et qui sont souvent tenus par des passionnés, qui se battent pour continuer d’exister. Ça a donc beaucoup de sens pour moi. J’aimerais aussi préparer une formule en groupe, parce que l’album s’y prête bien, mais ce sera pour plus tard. À côté de ça, je vais continuer à sortir des épisodes de mon podcast Full Album. J’ai également plusieurs interventions prévues dans des EHPAD et des écoles. C’est une partie du métier qui m’ancre un peu plus dans le réel, et c’est important. Ensuite, je ne sais pas encore très bien — et ce n’est pas un sentiment qui me déplaît.

Dates :
29/01 Les Balades Sonores – Paris
10/02 Mélomane – Nantes
11/02 Exit Music for A drink – Angers
12/02 Librairie Fracas – Lorient
13/02 Bad Seeds Record Shop – Brest
01/03 Archi Pop – Bordeaux
More to come…

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