Le Son et L’image : Vincent Castant

Aujourd’hui Voyou a dévoilé son nouveau clip et son nouveau titre, Les Bruits De La Ville, en duo avec Yelle. On aurait pu vous en parler à travers un article, mais on a plutôt décidé de faire les choses autrement. Ainsi, on est allé questionner Vincent Castant, plus connu sous le nom de Ouai J’vois Ouai, réalisateur des deux derniers clips de Voyou. On a parlé de lui, de leur collaboration et de son amour pour la musique.

La Vague Parallèle : Salut Vincent, on est ici sur un média musical et les gens ne te connaissent pas forcément, alors on va te laisser te présenter.

Vincent Castant : Bonjour à toutes et à tous, je m’appelle Vincent Castant, j’ai 31 ans et demi. Niveau physique j’ai deux jambes, deux bras, une tête avec deux yeux, comme pas mal de gens. Un corps de bonne constitution donc, qui m’offre de nombreuses possibilités. J’emploie la plupart du temps à donner forme aux idées qui me traversent l’esprit. Généralement, sous forme de vidéo, de bande dessinée ou de podcast. C’est ce qui me vient le plus naturellement. J’ai commencé à faire ça en 2014, après avoir obtenu un Master en Commerce International et en Mandarin. Rien à voir donc. J’y passe désormais tout mon temps, je me suis « professionnalisé », c’est donc devenu mon métier, mes métiers. 

LVP :  Aujourd’hui on est là pour parler de ton nouveau clip pour Voyou. Comment s’est faite votre rencontre ?

VC : On s’est rencontré chez Martin, un ami. Je me souviens, c’était un après-midi d’été à Mouguerre au Pays Basque. Quand vous arrivez sur Mouguerre, à un moment, y’a la station essence, ben c’est là, en remontant sur la gauche à cent mètres. Quand je suis arrivé il était au bord de la piscine sur une chaise, assis sans rien faire. Je me suis avancé, j’ai tendu ma main pour serrer la sienne, il m’a dit:  « Salut, Thibaud » et moi j’ai répondu: « Merci ». On a bien rigolé et on est devenu potes. Et bien des années après, on a commencé à bosser ensemble. En gros.

LVP : Personnellement, je trouve que tu as imprimé une vraie identité visuelle à la musique de Thibaud. Comment vous travaillez ensemble ? Tu as les clés de la baraque ou vous collaborez ?

VC : Pour filer la métaphore, disons que c’est plus une maison mitoyenne. Lui il fait la musique dans sa partie et quand il a fini il vient sonner chez moi. On discute des orientations générales du clip, puis je le raccompagne, je ferme la porte et je ne sors pas de chez moi jusqu’à ce que le clip soit fini. Quand c’est fait, je lui montre, on est contents l’un de l’autre puis on appelle les voisins et les voisines et on fait la fête dans le jardin. C’est très agréable de travailler ainsi, je suis totalement libre, avec son soutien et sa confiance en prime. Et celle du label aussi, ce qui est quand même un vrai luxe. D’autant plus que je crée au fur et à mesure, sans scénario ni préparation, donc j’apprécie qu’ils prennent le risque. Parfois je leur envoie des petits bouts quand même, pour les rassurer et avoir un retour. Pour répondre plus simplement, je travaille dans mon coin. Il faut que je sois isolé pour me plonger réellement dans ce que je fait. Donc lui fait la musique, moi la vidéo. Indépendamment, mais ensemble, main dans la main vers l’avenir. 

LVP : Ce que j’aime dans tous tes projets, c’est la poésie qui s’en dégage. Qu’elle soit naïve, un peu plus féroce ou proche par moment du malaise fascinant. C’est important pour toi d’utiliser la réalité pour t’en éloigner le plus possible ?

VC: Ooooh…. Je ne dirais pas que ce soit vraiment ma priorité, ni même que je me pose la question comme ça. Mais je vais tenter une réponse, ça me fera réfléchir un peu. Déjà, la réalité, c’est quoi ? OK Google, et ça me dit: « Caractère de ce qui est réel, de ce qui existe effectivement (et n’est pas seulement une invention, une apparence) ». Ça m’intéresse alors je pousse la recherche un peu plus loin et je trouve 368 ouvrages qui traitent de la réalité au rayon philosophie d’Amazon France. Estimons que chaque ouvrage fasse au moins 100 pages. Ça fait 368 000 pages qui parlent de la réalité en français. N’est-ce pas aussi absurde qu’amusant ? La réalité se suffit à elle-même pour me plaire. En fiction, j’essaye de ne pas trop la transformer, de simplement la présenter sous un certain angle. Qui en général la rend absurde, mais n’est-ce pas là la nature même de toute chose ?  Donc oui, bien sûr je me base sur ce qui existe. Pour l’observer, pour m’y enfoncer, parfois pour m’en échapper. Un peu comme sur un trampoline. La réalité c’est un trampoline. Plus précisément, la réalité c’est une toile de trampoline. Peut-être le titre du 369ème ? 

En clip, par contre c’est vrai que je ne laisse pas trop transparaitre mon affection pour le réalisme. ll s’y se passe quand même beaucoup de choses anormales. J’aime bien donner naissance à des choses impossibles. Mais une fois qu’elles existent, ne deviennent-elles pas réelles ? Et bien si. La toile du trampoline serait-elle poreuse ? J’ai perdu le fil de ma réponse, on passe à la prochaine question. 

LVP : Tu fais de la BD, des vidéos, une série sur YouTube et même une série audio. Y’a t’il un médium dans lequel tu te sens le plus à l’aise ? Est ce que tu t’imposes des limites selon le média que tu utilises ?

VC : Chaque médium présente ses avantages et ses inconvénients, mais c’est vrai que si je devais en choisir un seul, ce serait le podcast. C’est le plus facile, c’est le plus rapide à faire, c’est ce qui me procure le plus de plaisir, et paradoxalement c’est l’exercice sur lequel j’ai passé le moins de temps. J’en ai fait une série de 25 épisodes de 4-5 minutes en un mois, c’est jouissif de pouvoir produire autant aussi rapidement. Ça me change des 8 secondes par jour en clip (quand je suis bon). Ça c’est le choix que je ferai un peu par facilité. Le choix prestige, ce serait la vidéo (en fiction), parce que c’est l’exercice le plus complexe et le plus complet. Mais j’aime trop faire de la BD aussi, je serai triste de devoir faire un seul choix. Au fond, ce qui me plait le plus c’est de raconter des histoires. Tous les moyens pour y arriver sont bons. 

Et pour la question subsidiaire, les seules limites que j’ai c’est celles qu’imposent le format. Je ne peux pas vous faire sentir d’odeur en vidéo par exemple. Mais qui c’est ce que nous réserve l’avenir ? Et pour compléter, je dirai que la seule vraie raison qui me pousse à faire ce que je fais c’est que ça me fait rire. Quand on faisait la web-série avec Solène Azoulay, c’était déjà notre principale motivation. J’ai gardé ça. Je trouve que c’est un bon but dans la vie

LVP : Quand je regarde ton univers, y’a une question qui me revient toujours en tête : C’est comment de vivre dans la tête de Vincent Castant ?

VC : Ecoute, ça se passe plutôt bien. 

LVP : Qu’est ce que tu nous réserves pour l’avenir ?

VC: Aloooors…. En ce qui concerne la bande dessinée, je confectionne un nouvel album. Ce sera une seule longue histoire qui se passe sur le Titanic. Il faut aussi que je m’applique à être plus régulier sur la publication de strips sur les réseaux sociaux. En vidéo, je prépare un deuxième épisode de Voyage de Tourisme, une série de documentaires que j’ai entamé l’année dernière. Cette fois-ci ce sera sur Pondichéry en Inde, avec des images que j’ai tourné moi-même. Aussi, j’ai tourné avec un ami un épisode capsule d’une émission de télé-réalité avec des grenouilles, qu’il faut que je monte. J’aimerais bien refaire des podcasts aussi. Et puis pour les projets avec les autres, et bien on va voir ce qu’il se passe. C’est bien cette interview, ça me fait une liste de trucs à faire que je peux consulter tout le temps. 

LVP : Puisqu’on est sur un média musical, pourrais tu partager avec nous tes coups de coeur musicaux récents ou moins récents ?

VC : Avec plaisir. Vous savez, moi la zicmu’ j’adore ! Et vous qui lisez la presse musicale, je vous comprends tellement parce que la musique c’est vraiment la régalade !
Alors pour commencer, je ne peux que vous conseiller d’aller écouter le premier titre de Clément Métayer: Choubidouwa. C’est un truc que j’ai trouvé dans les limbes de Youtube et je trouve ça vraiment top. Ça rentre dans ce que j’appelle de la Musique de Croisière. De la musique d’ascenseur, mais en mieux. J’suis pas mal axé là-dessus en ce moment. Et non malaxé, lol. Dans le même registre, y’a Jerry Paper, très bon. Haruomi Hosono , maitre en la matière. Aussi un peu de jazz, notamment un live d’Oscar Peterson en trio à Chicago en 61. Et puis beaucoup de musique purement électronique, du très doux de 36-The Infinity Room, au moins doux de Igorrr, un peu de psy-trance et puis aussi plein d’autres trucs entre et autour. Faut varier.

 

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