Et voilà, nous sommes confinés. On a beau faire nos malins, on flippe un peu malgré tout. Alors pour essayer de désamorcer un peu ce stress, on a décidé de lancer Dernier Morceau Avant Fermeture, la playlist de la fin du monde vue par les artistes qu’on aime. On leur a donc demandé à chacun de choisir une chanson à écouter avant la fin du monde. Pour ce nouvel épisode, ce sont Olivier Marguerit, Floyd Shakim, Martin Luminet, LABOTANIQUE et Ojos qui nous confié leur dernier morceau avant fermeture.
Le Choix de O – Olivier Marguerit : Samuel Barber – Adagio for Strings, Op. 11
J’imagine la fin du monde comme un moment plutôt angoissant. C’est en tout cas l’image qu’on nous en donne souvent dans les films catastrophe/dystopique.
Si autour de moi, l’ambiance est à la panique, j’imagine que j’aurai envie de me réfugier dans une bulle de douceur et de beauté. La musique qui soigne.
L’adagio for strings de Barber peut jouer ce rôle il me semble. C’est à la fois une musique de fin du monde mais aussi une musique de début du monde.
L’envers est l’endroit, la fin est le début. Cette pièce est magnifique.
Bon confinement
Le Choix de Floyd Shakim : Sam Cook – A change is gonna come.
J’ai choisi A change is gonna come.
Je ne sais pas si vous avez vu le film Malcolm X de Spike Lee, mais dans une des dernières scènes de ce film, on voit Denzel Washington (qui incarne Malcolm X) « flotter » dans les rues comme un fantôme céleste, à travers un très beau plan séquence, avant de se rendre sur le lieu de son dernier discours, et c’est cette incroyable chanson qui l’accompagne.
J’ai choisi cette chanson car je n’ai jamais vraiment cru en la fin du monde. Enfin telle qu’on veut bien nous la servir. J’ai une sorte de résistant optimiste qui habite ma tête et qui n’arrive pas à imaginer le genre de scénarios post-apocalyptique que l’on nous sert régulièrement dans pas mal de film ou séries.
Par contre je crois en la fin d’un cycle oui. A change is gonna come, j’ai impression que c’est aussi un peu ça, la fin d’une ère, un renouveau, et pour le meilleur. On efface tout ou presque et on recommence un nouveau texte et on essaye de de l’améliorer. Voilà, j’ai choisi d’être un peu optimiste on va dire, je me dis qu’à posteriori, le chaos, parfois, ça a du bon. On arrive bien à faire naître des choses d’un fruit pourri. Même si ici c’est l’humain le fruit pourri et bien je pense qu’on arrivera quand même à créer un environnement un peu plus sain et juste. Ou pas… Et en dehors des considérations philosophique de comptoir, je trouve cette chanson magnifique, l’orchestration, la composition, et surtout la voix incroyable de Sam Cooke, son interprétation te prend au tripes.
Merci Sam Cooke.
Le choix de Martin Luminet : Julian Casablancas – I’ll Try Anything Once.
Depuis le début du confinement je suis un peu réfractaire à l’idée de faire allusion à la fin du monde.
D’une part parce que ça me fait doucement flipper (c’est une forme courage de reconnaître sa lâcheté) et de d’autre part parce que ce serait un ‘top à la vachette’ géant pour que tout le monde parte en couille, ce qui entrainerait pour le coup, la vraie fin du monde.
Cependant si tout cela devait être la fin d’un monde, alors que ce soit la fin de l’ancien, que cette crise sanitaire planétaire nous remette face à nos failles et qu’on devienne un peu de meilleurs humains. On a trop longtemps eu une société qui nous demandait d’unir nos forces alors que ce qui nous unis par dessus tout ce sont nos faiblesses et je pense que cette chanson porte cela. Toute cette fragilité qui nous construit, qui montre que nous ne sommes pas si solides qu’on voudrait le croire et qui fait la beauté de notre espèce humaine. Il y a tout ça dans cette chanson je trouve, un truc vulnérable mais qui réconforte l’avenir.
Le Choix de LABOTANIQUE : Philippe Katerine – Le Jardin Botanique.
Avec toutes ces histoires d’épidémie, toute l’équipe de LABOTANIQUE s’est retrouvée enfermée dans notre laboratoire végétale. Nous étions en train de mener nos recherches en musicoplantologie et les autorités ont bouclé le Jardin des Plantes de Nantes… Alors on y fait de la musique toute la journée, mais de l’autre côté de ces hauts murs personne ne ne nous répond. S’il n’y avait pas les réseaux sociaux, on viendrait même à douter de la survie de nos congénères. Et puis en lisant cela, on vous imagine déjà penser : ‘C’est quand même pas mal d’être confiné dans un jardin des plantes’. Effectivement, nous n’avons pas à nous plaindre, mais toute de même on aimerait vous revoir… Alors en entendant on se berce avec cet autre représentant de la musicoplantologie : Philippe Katerine.
Le choix de Ojos : The Beatles – Penny Lane.
Pour notre « dernier morceau avant fermeture », on a choisi le titre Penny Lane des Beatles.
Inutile de préciser qu’on est très fans des mélodies de Paul McCartney, mais c’est pour une tout autre raison qu’on l’a choisie.
Dans cette chanson, Paul McCartney évoque des souvenirs de la banlieue de Liverpool, et y décrit des scènes de la vie quotidienne : le barbier, les enfants qui se moquent du banquier, la jolie infirmière et ses chiots…
Il nous emmène visiter le quartier de son enfance tel un guide virtuel, dans une ballade teintée de nostalgie, et d’une insouciance certaine.
En fermant les yeux, on arrive presque à se promener avec lui, au son des trompettes.
Si on devait écouter un dernier morceau avant fermeture, et dans les conditions actuelles de confinement total où il ne se passe strictement rien dans les rues, ce serait probablement pour essayer de réveiller en nous la mémoire de la ville. Essayer de retracer les souvenirs des rues de nos enfances, jusqu’à celles des semaines passées, quand il se passait encore des choses. Les bonheurs simples du quotidien. Y ajouter une dose d’imaginaire, rajouter un peu de magie à ces souvenirs sages, naïfs. Ce qui à l’époque nous paraissait anodin doit nous paraitre précieux aujourd’hui. C’est peut-être la seule chose qu’il nous reste.