Le 10 avril, Louise Verneuil a chassé la noirceur environnante des jours derniers avec Lumière Noire. Avec ses allures de Françoise Hardy et son style entre la parisienne et le côté british d’Alex Turner, l’artiste dévoile un premier album solide, maîtrisé dont la musicalité enivre et emporte.
L’équation Louise Verneuil, c’est des textes poétiques, très littéraires, remplis d’images et d’histoires du corps et de l’ailleurs, posés sur des textures musicales impressionnantes, dont la symphonie se rapproche d’une fusion entre Gainsbourg, Bashung et Arcade Fire.
Lumière Noire porte bien son nom : un condensé de contradictions, sublime et imprévisible. Louise a dans sa voix une douceur, une fibre apaisante, mais qui secoue dès qu’elle s’enraye. C’est une symbiose entre le rauque, l’aspérité, et la caresse. Dans les paroles, dans la force qui s’en dégage, c’est également une confrontation entre le beau et la douleur.
Les productions également sont contrastées, et évolutives. Si les chansons démarrent souvent par une forme de minimalisme, guidée par quelques notes voluptueuses de guitares électriques, elles se complexifient, s’intensifient à mesure que la voix clament ses histoires.
On a reconnu le travail de Samy Osta, le réalisateur de Feu! Chatterton et La Femme, qui vient sublimer cette musicalité puissante. C’est sans doute un des plus gros atouts de l’album : ces diverses couches d’instruments organiques qui créent une symphonie à la fois froide et superbe.
Dans les titres qu’on a le plus apprécié, on retrouve Fugitif, introduite par une guitare électrique lointaine et timide à laquelle se joint une harmonie vocale, comme un instrument à cordes. Une production minimaliste sur la majorité de la chanson, puis une basse ronde et sensuelle qui s’ajoute. Crescendo, l’intensité augmente délicatement, augmentant la pression, doucement, avec par simonie. C’est là qu’on citera Arcade Fire, avec sa capacité à amener un ouragan musical, ponctué par des percussions strictes et une légèreté dans les harmonies vocales. C’est une force qui enveloppe, qui élève dans les airs et qui fait planer par sa beauté.
Love Corail a également retenu toute notre attention, d’une étrange splendeur, dans l’inquiet et le beau. Des violons comme des ondes, au loin et un rythme simpliste qui rappelle Bashung. C’est enivrant, atmosphérique, mais avec assez de relief pour propulser dans un décor d’orage d’été, les pieds dans le sable, et le vent qui frappe les cheveux sur le visage. Les textes sont travaillés, mystérieux et imagés, autour de l’amour, de soi, des autres.
C’est un recueil de poésie symphonique que propose Louise Verneuil. C’est une splendeur claire obscure, une porte ouverte sur une pièce à la fois inquiétante et rassurante.
C’est la preuve que la chanson française n’est pas morte.