Avec Toute première fois, La Face B met en lumière les premiers titres, les premiers clips d’artistes qui feront à coup sûr demain. Pour ce douzième rendez-vous, on part à l’assaut de Château Forte et leur single À moitié chiens.
Jacques Demy disait qu’il faut parler d’amour car « le temps, c’est l’amour« . Évoquer, invoquer, mais surtout chanter l’amour, c’est la promesse d’À moitié chiens, le premier titre du duo Château Forte. Se matérialisant en un clip réalisé par Benjamin Kühn, la voix lumineuse et aérienne de Lola-Lý – portée par la musique planante et vibrante de Clément – chante l’amour dans toute sa pudeur et son intimité.
Au début de la vidéo, on passe la tête à travers une porte donnant sur une chambre vide. Un huit clos que l’on imagine tiède et lumineux, tant les images s’entremêlent aux mots : « dans la tiédeur du lit, moitié chienne, moitié cri ». Des paroles imagées, qui pourraient suffire à elle-même pour former une atmosphère. On pourrait presque écouter les vibrations des faubourgs qui tambourines, des voitures qui s’entrechoquent ; sentir l’odeur de putréfaction des cadavres, évoqués. Ou encore, toucher du bout des doigts le papillon que l’on aperçoit dans la vidéo.
Il y a quelque de flou et de vaporeux, quasi-sensuel, dans l’esthétique du clip. L’image semble feutrée, appartenant au temps passé des vieilles cassettes. La lumière omniprésente y est granuleuse, passant tant bien que mal par une fenêtre sale. Comme en réponse à cette lumière envahissante, l’obscurité tente de s’imposer. Ainsi, par moment, disparaît dans le noir le guitariste Clément Doumic.
Le travail du son de ce morceau permet de porter, de sublimer, la voix de Lola-Lý. La musique est un motif répétitif. Ce sont des notes de synthétiseur qui apparaissaient et disparaissent, donnant une impression de temps suspendu en arrière plan. Une immobilité qui pourrait faire écho à ce que la chanteuse décris : « On est encore ici dans l’attente tendue des formes Dans l’immobile nos corps sont moitié chats, moitié souris. » Puis, interviennent progressivement des accords plus chauds et rythmées venant soutenir la voix qui s’étire et monte dans les airs.
On ressent beaucoup de lumière dans la voix. D’autant plus lorsque résonne la phrase suivante : « Épargnons-nous les calvaires et la peur. »