Les temps sont étranges, et le besoin d’évasion est de plus en plus grand. Et si on ne peut pas changer grand chose à la situation, on a tout de même décider de troquer le masque pour le casque de spationaute pour partir à la rencontre de Dude Low et son premier effort, My Days in Cosmos, à découvrir en exclusivité sur la Face B.
Bonjour à tous, bienvenue dans ce voyage stellaire et musical.
Notre capitaine du jour se nomme Dude Low et il vous invite dans une épopée lumineuse et mélancolique nommée My Days In Cosmos.
Si vos ceintures sont bien attachées, ne vous inquiétez pas plus que cela, cette aventure se fera sans perturbation aucune.
Le ciel est clair, la douceur se diffuse de vos oreilles pour atteindre la partie de votre cerveau qui mène à la rêverie, le calme est fait autour de vous, bien installé vous êtes prêts.
Vous pouvez désormais regarder les étoiles et vous laissez bercer par les sept titres qui composent notre périple.
My Days In Cosmos se compose de sept histoires. Sept jours dans le cosmos, sept aventures ou la pop retrouve ses lettres de noblesses, ou les harmonies vocales répondent à la richesse de mélodies pop ambitieuses et variées.
Notre périple commence et on réalise alors que le cosmos dont il est question peut autant prêter aux étoiles, qu’aux pensées de Dude Low. Avec ce nouveau projet, solitaire et personnel, Lucas se délivre et se délie, il s’ouvre et se confie, trouvant dans ces pastilles pop, dans ce faux kitsch merveilleux et parfois épique, une manière de diffuser des rélfexions intimes qui trouveront un écho en chacun.
La science fiction n’est jamais loin et si l’artiste nous offre une « pop des étoiles », son enterprise tient tout autant de l’aventure intérieure que des rêveries hors de la voix lactée. On démarre ainsi avec Venus, qui nous offre un départ atmosphérique, posant une ambiance qui va nous suivre tout au long de My Days In Cosmos. Ici des nappes de synthétiseurs ariennes se confrontent à des percussions légères mais prenantes, on se plait à croire ce morceau totalement instrumental ; jusqu’à ce que sur le tard, presque par surprise, la voix de Dude Low nous accueille avec elle et nous offre une note d’intention : l’univers que nous visitons est une zone de liberté où se côtoient calme et chaos. Un espace où l’on navigue entre optimisme et résignation, entre légèreté et profondeur et ou la pop n’hésitent jamais à s’envenimer, à s’acoquiner à des pulsations hip hop où un côté épique et volontiers frontal toujours bien senti.
Purezza est l’exemple parfait de ces opposés qui s’attirent, le morceau passe d’une ambiance pesante à un refrain presque guerrier pour alterner sur une plage plus douce. C’est un morceau qui joue par couche, qui bouge et qui pourtant reste très cohérent. A l’inverse, Man Spreading joue le terrain de la douceur apparente, porté par des chœurs chaleureux et presque charmeur, ou les voix s’entremêlent à la perfection. C’est là toute la réussite de ce titre car derrière cette apparence romantique se cache en réalité une charge assez virulente à l’encontre des mâles alpha, ceux qui pensent porter dans leur démarche et sur leur visage l’idée même du succès alors qu’ils ne sont au final que des petits garçons tristes qui ont renoncé à leur rêves et à leur valeurs pour se plier à ce que la société semble attendre d’eux. Mais comme le dit le morceau, au final, la mort est la même pour tous.
Vient ensuite Turn Back To What Your Love, sans aucun doute le morceau le plus lumineux et enjoué de My Days In Cosmos. Le morceau, porté par une basse bien efficace, nous invite a vivre l’instant présent, à savourer les choses du quotidien qui nous font du bien car finalement, le temps est trop court pour s’ennuyer avec le reste, et plus particulièrement l’avis des personnes qui nous entourent et nous jugent.
D’une émotion à une autre, alors que le mood semblait plutôt ensoleillé, Time After Time vient mettre une sorte de nuage émotionnel sur notre aventure. De notre point de vue, on tient ici le morceau le plus puissant et intéressant de l’EP. La mélancolie est à son comble et c’est surtout la poésie des mots qui nous frappent en plein cœur. Sous une apparente simplicité, Dude Low nous parle de ce qu’on a tous ressenti, cette incapacité d’aller de l’avant, ces moments où l’on se sent piégé par nos choix au point ou le passé devient un piège qui nous retient prisonnier et ou le futur semble sans issu et sans débouché.
A l’écoute de Villa Real, on se dit le garçon s’amuse vraiment à jouer avec son auditoire, proposant un morceau faussement mielleux, poussant le curseur du kitsch le plus loin possible alors qu’une nouvelle fois les propos sont assez sérieux et plutôt sombres. Semblant ainsi être un de ces souvenirs doux amer dont il nous parlait dans Time After Time, une histoire qu’il fige dans le temps et dans l’espace, dans des vacances pas si angélique et parfaite qu’on ne pourrait l’espérer.
Cette trilogie du souvenir amoureux semble se terminer avec Jude’s Fresh Hair, morceau porté par des guitares mélodieuses et des chœurs toujours aussi imposants et importants, ou Dude Low semble réaliser de l’importance d’un être aimé et de la fin des petits jeux qui finissent souvent par nous détruire.
Le voyage se termine, il est temps de déboucler vos ceintures pour retrouver la réalité. Que dire alors de ce My Days In Cosmos ? A mi-chemin entre Mac DeMarco et Electric Light Orchestra, Dude Low nous propose un univers ou le jour et la nuit se confondent, faussement léger et surtout profondément humain. Une plongée dans son cosmos, au milieu des étoiles filantes et des supernovas, ou les sentiments ne s’évaporent jamais vraiment et reviennent parfois nous hanter. Mais après tout, l’honnêteté des sentiments est toujours la base d’une œuvre artistique intéressante et My Days In Cosmos en est une nouvelle preuve.