Deux ans après avoir dévoilé son premier effort, Les Nuits Blondes, Uneima est de retour avec son premier album : Bel-Air.
Sept morceaux qui parlent d’amour disparu comme une promenade nocturne et mélancolique au cœur d’une ville irréelle.
Le tout est a découvrir ce matin en exclusivité sur La Face B.
À bien des égards, la dream-pop est le genre musical parfait pour les ambiances mélancoliques. Des ambiances vaporeuses, des guitares omniprésentes qui transforment l’émotion en septième corde sur laquelle jouer. C’est une musique qui porte en elle la mélancolie autant que le voyage. Pas le voyage vers des terres lointaines, mais plutôt le voyage intérieur, celui qui nous pousse à nous retourner vers nos souvenirs et nos pensées, à transformer en force poétique des instants de la vie, passé ou présent.
C’est une musique faite pour les rêveurs, les tendres, qui s’écoute la nuit, la tête penchée vers les étoiles ou les mains dans les poches lors des errements nocturnes.
C’est dans ce genre musical qu’a décidé de se plonger Uneima, remettant la guitare, et un peu de lumière, au cœur de son jeu musical après un premier EP, Les Nuits Blondes, plus pensant et étrange, le voilà de retour aujourd’hui avec un premier album Bel-Air composé de sept morceaux qui oscillent entre pop rêveuse et ballades discrètes.
Il y a une chose que l’on remarque tout de suite à l’écoute de l’album, c’est la place bien plus important des mots et de leur sens. Si auparavant, on pouvait voir dans la musique d’Uneima des sortes de mantras hypnotique où les mots se répétaient, la donne a bien changé. Si on retrouve cette idée à certains moments, Bel-Air est une collection d’histoires, d’instants fugaces et de moments presque perdus qui trouvent l’éternité dans des chansons avant que leur souvenirs ne s’échappent totalement.
Sur des productions qui mettent à l’honneur guitare et synthétiseur, les ambiances sont volontairement éthérées, presque irréelles, ici tout semble être vu sous le voile trouble des larmes et des pensées, la colère gronde par moment comme un tonnerre au loin notamment dans les derniers instants des titres, notamment sur Bel-Air, ou Ballade d’Haspi qui prennent des tournants électroniques plus brutaux et secs avant que le calme ne retrouve la place qui lui appartient.
En contrepoint de ses ambiances souvent lumineuse, c’est dans un lanciant phrasé parlé qu’Uneima s’exprime. Distant, presque froid par moment, il semble devenir le propre spéectateur de ce qu’il raconte cequi n’est pas sans nous rappeler le Présence Humaine de Michel Houellebecq.
Uneima nous comte l’amour, évanescent et disparu, des instants de joies autant que l’absence qui transforment les gens en fantômes et le manque en douleur presque palpable.
Il explore ainsi une histoire qui semble s’être terminée aussi brutalement que tristement, il cherche des réponses, il retourne encore et encore ses idées pour y trouver un sens, Sur Version il ausculte les changements de sa personnalité pour trouver des réponses et pour comprendre. On pourrait voir dans Bel-Air un long couloir, une promenade nocturne et mélancolique d’un soir d’été où l’on se promenait sur les lieux d’une histoire afin de leur dire un dernier adieu jusqu’à trouver la Rue du Départ.
Car si le sentiment amoureux est le personnage principal, le centre névralgique des morceaux qui composent Bel-Air, il trouve dans la ville une alliée précieuse et presque aussi présente.
Qu’il érige Défense 2000 (plus haute tour d’habitation en France) en représentation imposante de sa solitude ou qu’il utilise les marqueurs physiques afin d’amener des images et des références visuelles au cœur de ses chansons, Uneima utilise le milieu urbain à merveille et le transforme en poésie tendre et à la puissance cinématographique très forte. On retrouve aussi une référence constante à la mer, l’eau mouvante comme les sentiments, l’idée de nager pour survivre revient ainsi comme une métaphore constant au sein des morceaux de Bel-Air.
Songes d’une nuit d’été, Bel-Air est une collection de titres qui s’écoutent comme une histoire avec un début et une fin. En sept morceaux vaporeux et émouvant Uneima nous offre les au revoir d’un amour perdu au cœur d’une ville qui prend les contours flous d’un rêve. Un moment de beauté suspendu dans lequel on se plonge avec délice.