Si La Face B est partie en vacances, le monde de la musique a lui continuer de tourner. On a donc décidé de se plonger dans trois semaines de sorties de clips pour vous offrir le meilleur du meilleur en deux parties. Premier shoot de clips tout de suite !
Jorja Smith – By Any Means
Jorja Smith ne fait que briller, par tous moyens. Son premier album, Lost & Found, avait subjugué la critique, tant par la voix que les messages passés. Son retour s’est fait attendre, lent, mais pertinent. On la retrouve aujourd’hui dans un clip pour By Any Means, un titre r’n’b et langoureux, entre diva et militante.
Il y a toujours cette sensation de l’Avant, d’une vibe vintage naturelle dans laquelle elle évolue. Le clip parait sortir des années 2000s. Les images sont floues, lointaines, comme sa voix qui se meurt en un écho presque divin. On l’écoute, la regarde, on est transportés par cette grâce innommable. Cette fascination que l’on éprouvait avec plaisir chez Lana Del Rey se retrouve désormais chez Jorja, troquant les coiffures voluptueuses des années 60 pour un look r’n’b du XXIème.
C’est toujours cette impression que la douleur prend un éclat particulier dans la bouche de Jorja Smith.
Ce morceau fort, en plein courant du Black Lives Matter, la place sur ce piédestal d’admiration, rappelant que la musique, l’art, a un rôle nécessaire.
Astrel K – You Could if You Can
You Could if You Can est le premier morceau d’Astrel K, le nouveau projet de Rhys Edwards, chanteur et guitariste du groupe britannique Ulrika Spacek. Le morceau lancinant, aux claviers extra-terrestres et la mélodie aérienne nous transporte dans la tête nuageuse et « messy » du musicien/narrateur. Introspectif et intimiste, sombre et léger à la fois, le morceau fait penser à la musique d’Elliott Smith… You Could if You Can est sorti en 45 tours édition limitée sur Duophonic Super 45s (Broadcast, Yo La Tengo…), le label fondé par Stereolab dont chacun des exemplaires est numéroté et tamponné à la main. La face B est une reprise de Gnistrande Sno (1979) de Ulf Dageby qui fait partie de la bande originale de la série culte suédoise We Are The Misfits (Dom Kallar Oss Mods en V.O.). On écoute en boucle…
Nuha Ruby Ra – Cruel
Nuha Ruby Ra sort cette semaine Cruel un morceau hanté et hantant, étrange et envoutant dont l’écriture a servi à l’artiste expérimentale basée à Londres de s’extirper d’un moment vraiment sombre de sa vie. Elle écrit: “C’est le premier morceau entier du disque. C’était vraiment ma prise de conscience, au sortir d’un trou sombre. Où je sentais que ma vie allait s’arrêter, puis d’une manière ou d’une autre j’ai trouvé en moi la force de faire quelque chose de différent, dont une grande partie était de faire cette chanson et le disque qui suit. » La chanson est accompagnée d’une vidéo que l’artiste a réalisé elle-même, où elle se met en scène en une danse saccadée où sa silhouette se multiplie et se floute et brouille notre perception autant qu’elle attire et intrigue. Cruel est le second titre (qui suit Erase Me sorti plus tôt cette année) tiré de How To Move, le premier E.P. de Nuha Ruby Ra prévu pour septembre.
Alice Boman – Wake Me Up
Alice Boman sort cette semaine Wake Me Up, un morceau tout en douceur et hors du temps et nous transporte dans une torpeur légère et réconfortante : “Wake me up, Kiss me, Now, Tell me it’s a bad dream, Everything will be alright” (“Réveille moi, embrasse-moi, maintenant, Dis-moi que c’est un mauvais rêve, Tout va bien aller”). La voix éthérée de la musicienne et les synthé aériens nous tiennent en apesanteur. Wake Me Up a été composé et enregistré aussitôt, lorsque la musicienne suédoise mettait les dernières touches à son premier album Dream On sorti en début d’année. Mais comme elle l’écrit « (…) quand je l’écoute maintenant il semble parfaitement coller avec les temps étranges que nous vivons – Tell me it’s a bad dream. ». Et effectivement, Wake Me Up est un bel échappatoire à ce « mauvais rêve »…
Syra – Secret Location
Syra représente bien, à elle seule, la diversité et le renouveau d’une scène parisienne qui regorge déjà de nombres de talents. Secret Location, clip de Stéphane Ashpool, créateur de la marque de prêt-à-porter Pigalle qui réalise ici son premier clip. C’est le dernier voyage musicale de Syra, avec comme aborde un lieu secret qu’elle avait coutume de partager avec son amant. Un voyage sonore qui passe par divers style du r’n’b à l’éléctro en passant par l’afro beat. Mais aussi un voyage visuel teinté de paysage plus incroyable les uns que les autres. C’est à travers eux que l’on suit l’artiste, seule durant tout le clip laissant une place conséquente à des lieux collant parfaitement à la vibe du morceau.
Andy Luidje Ft Nelick – Top Of Mind
C’est dans un clip représentant son quotidien que Andy Luidje a décidé d’inviter Nelick pour « Top Of Mind ». Réalisé uniquement dans une pièce, on retrouve un clip sans prise de temps collant à l’atmosphère joyeuse ressortant du morceau. Entre partie de baby-foot et relations amicales, Andy Luidje emmène ses auditeurs un peu plus loin dans son mode de vie. Il est rejoint dans cette pièce par Nelick qui par un couplet dont il a le secret rajoute sa propre sauce au morceau, rendant le tout très cohérent. C’est autour d’une pizza entre amis que se cloture ce morceau bon enfant entre les deux artistes.
Stavo, Freeze Corleone & Zesau – Anarchie
Ramené un membre de 13Block, un membre du 667 et un membre de Dissident sur le même track, c’est la pari qu’a fait la compilation « Carré Dans L’Angle » en réunissant Stavo, Freeze Corleone et Zesau sur « Anarchie ». Un titre explicite pour un morceau sombre, tout comme son clip. Effectivement une ambiance oppressante ressort du morceau, à l’atmosphère violente. Ce qui met en avant le caractère brut du morceau et les performances tranchantes des artistes. Une ambiance sombre qui traverse tour à tour un hangar, une berline allemande et un block. Des lieux faisant écho à un mode de vie brutal, comme les couplets de ce titre.
Yellowstraps – Frissons (feat. Nelick)
On avait laissé les Belges de Yellowstraps avec un deuxième EP, Goldress paru avant le confinement. Pendant cette période, le duo s’est rapproché de 16 artistes pour composer à distance et en collaboration une grosse dizaine de titres dont l’intégralité sortira sous le nom YellockdownProject le 2 Octobre prochain, date à laquelle la tournée du groupe est prévue de reprendre. D’ici là, ils nous partagent le processus créatif en visioconférence et les échanges qu’ils ont eu avec leurs collaborateurs. Ici on les retrouve en plein échange avec Nelick, pour la production d’un titre en Français dans leurs influences hip-hop ultra groovy. Après avoir vu les échanges menant à la création du titre, ils produisent un mini-clip bardé d’effets visuels pour illustrer les mots du titre. On espère qu’on pourra retrouver certains de ces nouveaux titres en live !
Mammal Hands – Ithaca
Alors qu’approche la date de sortie de leur nouvel album, le trio de Jazz Mammal Hands nous offre un nouvel extrait de celui-ci: Ithaca. Empreint de mélancolie, porté par l’éternel saxophone de Jordan Smart qui nous emporte dans une mélodie qui résonne comme si elle était hors du temps. Côté images, le clip est magnifique, contemplatif à souhait, accompagnant les thèmes musicaux d’une réalisation sereine à l’image d’un cours d’eau dont le débit serait infiniment lent. Pour la suite des aventures des Britanniques, rendez-vous le 11 Septembre pour la sortie de Captured Spirits qui s’annonce déjà comme le digne successeur de Shadow Works. On a hâte !
Sarah Walk – Nobody Knows
Le morceau débute par des sonorités galopantes, frôlant les airs de country en faisait presque songer aux grands espaces tels des dunes orangés et des déserts ocres. Or, même si la chaleur des couleurs se retranscrit visuellement, il n’est rien de tout cela sur les images. On y aperçoit des plans de la vie commune. Observant Sarah Walk tapper à la machine à écrire pendant de longs moments; ne s’arrêtant que pour faire du ménage, boire ou arroser ses plantes. Un état obsessionnel qui se retranscrit dans la rythmique des batterie, semblant courir à perdre haleine. Peut-être que cette obsession est dans le titre Nobody Knows. Une quête perpétuel de comprendre. L’artiste confie qu’il s’agit de “ l’une des chansons les plus ambiguës sur le plan lyrique de l’album ce qui se présentait comme un défi pour moi. Il s’agit de perdre la foi et de se sentir complaisant, d’apprendre à être à l’aise dans l’inconnu. » Bien que nos lendemains paraissent incertains, une chose est sûre, Sarah Walk sort son prochain album Another Me le 28 août.
Gojira – Another World
En ce début de mois d’août, Gojira revient sur le devant de la scène en dévoilant un nouveau single Another World accompagné d’un clip animé réalisé par Maxime Tiberghien et Sylvain Favre dont le style mélange graphisme et bande dessiné. Dans un scénario apocalyptique qui n’est pas sans rappeler notre situation actuelle, le quator se met à construire une fusée pour s’échapper de cette triste réalité. Tout au long de l’élaboration du plan, de nombreuses mauvaises nouvelles sur l’état de santé de la nature s’accumulent : disparition de la faune et de la flore sauvage en plus d’une pandémie. D’un riff de guitare répétitif et d’une voix menaçante, la bande nous interpelle avec un titre évocateur : « we mock and slaughter » (« nous nous moquons et massacrons »). A la manière d’Interstellar, sur une envolée musicale lyrique, ils visent une nouvelle planète habitable accessible par un trou de ver. Arrivé à destination, le désarroi est immense. Sur un plan inspiré de la Planète des Singes, le groupe est confronté à la vision d’une Tour Eiffel en abandon au milieu d’un environnement où la nature a repris le dessus. Ce clip nous rappelle que l’Homme doit arrêter de vivre dans le déni de ses actes.
IDLES – Model Village
Le groupe post-punk IDLES a eu l’immense privilège de voir l’un de ses clips réalisés par les frères Gondry. Ou l’inverse. L’animation se veut involontairement imparfaite avec des personnages sans têtes et des perspectives désordonnées car selon Joe Talbot, le leader du groupe, la naïveté et la vulnérabilité sont les forces humaines. Michel Gondry a réussi à s’emparer de Model Village, quatrième extrait du futur album Ultra Mono, pour retranscrire de manière amusante les stéréotypés du village anglais décrit comme un « bocal à poissons ». Cependant, Talbot qui a grandi dans un village pour le quitter ensuite, fit le constat amer qu’il y a surtout qu’il n’y avait pas d’aquarium mais surtout des poissons partout. Réalisé durant le confinement à Los Angeles, le clip est le fruit d’assemblages et de découpages de Michel Gondry qu’il a ensuite filmé et envoyé à son frère Olivier pour animer et finaliser la création. L’ensemble apporte la synthèse du titre décalé et barje de Model Village qui bénéficié en plus de la collaboration du producteur hip-hop Kenny Beats.
Future Islands – Thrill
Le retour de Future Islands se confirme avec ce nouveau clip mais aussi l’annonce de leur nouvel album As Long As You Are qui sortira le 9 octobre prochain. Contrairement à For Sure, premier extrait énergique, le tempo est cette fois-ci au ralenti. Le clip se veut très simpliste puisque la caméra se fixe sur le visage du leader Samuel T. Herring. Les fins connaisseurs du groupe savent très bien que le chanteur suffit à captiver l’audience tant que les expressions de son visage sont très marqués à chaque chant. La solitude et la tristesse pèsent fortement au long de ces quatre minutes de ballade Ce titre se veut contemplatif comme le sont ses sonorités et pop et post-wave.