Vous n’avez sans doute pas entendu parler de Richard Allen et pour cause, avant la sortie de Locust Tree Lane, son deuxième album il y a peu, le musicien composait et sortait de la musique sans en parler à personne. C’est désormais chose révolue. Né dans le Warwickshire en Angleterre et installé à Amiens depuis ses 4 ans, il a eu le temps de parfaire son style folk rêveur inspiré de Bert Jansch ou de Nick Drake et a ajouté une aura jazz sur cet album qui n’en finit pas de nous charmer. Il nous en a dit plus sur cet opus chaleureux et personnel…
ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Comment ça va ?
Richard Allen: Tout va bien, merci. C’était une longue journée, je suis content d’être rentré chez moi.
LFB: Tu viens de sortir Locust Tree Lane, ton deuxième album, et tu étais avant dans un groupe qui s’appelait les Wolves & Moons et tu as aussi réalisé de la musique sous ton nom propre. Peux-tu nous parler un peu de ton parcours musical ?
RA : Je pense que ça a commencé en jouant de la guitare quand j’avais genre 16 ans. Et je crois que je me suis directement mis à écrire des chansons. J’ai dû écrire 300 chansons nulles avant d’en avoir des bonnes. Parce que je pense que c’est comme ça que ça marche. Et puis après ouais, j’ai fait partie du groupe Wolves & Moons. Ça devait être en 2013 probablement… ça a duré un ou deux ans. Puis j’ai continué à sortir de la musique, juste à mon nom, ce que je continue à faire depuis.
LFB : Donc tu as sorti un album, In the Front Road en 2014 et un EP High en 2016, sans en parler à personne ?
RA : C’était juste moi seul.
LFB : Mais pourquoi ? Y avait-il une raison particulière ?
RA : Je pense que quand j’ai commencé avant Wolves & Moons, j’étais dans un groupe qui s’appelait The Violent Scaredy-Cats. J’ai commencé ce groupe quand j’avais 18 ans et je n’avais pas eu vraiment de groupe… parce que c’était plutôt du vrai rock, plutôt que ce que je joue maintenant. Puis j’ai été dans Wolves & Moons et puis je pense que j’étais juste content d’être seule pendant un moment et de juste travailler seul un petit moment vraiment. Et puis cela a graduellement continué, pendant un peu trop longtemps probablement, avant que je ne commence à retravailler avec des gens.
LFB : Donc tu as changé d’avis pour ton dernier album Locus Tree Lane ?
RA : Oui… Ce n’était pas vraiment un changement d’avis.. Je pense que c’était juste… J’étais prêt à passer à autre chose et à essayer de travailler avec des gens pour avancer. Ça s’est fait facilement parce que… Donc quand j’ai commencé à travailler sur cet album Locus Tree Lane… c’est le moment où j’ai rencontré Kenny Ruby. Et j’ai commencé à travailler avec lui directement et on s’est très bien entendu. Et je ne sais pas quel était le plan, il n’y avait pas vraiment de plan, on travaillait juste sur des morceaux. Je luis envoyais des chansons, et il me les ré-envoyait. Et puis l’idée est venue que ça pourrait devenir un album. Et après ça, d’autres amis sont venus et ont participé. Et on était là et on travaillait et les choses se sont passées comme ça et puis après un moment on a finalement demandé à… Il y a un quintet à vent (woodwind quintet) qui joue sur deux des morceaux de l’album. Et les choses ont continuées progressivement et de plus en plus… Je crois qu’il doit y avoir 10 personnes qui jouent sur l’album à différents moments.
LFB : C’était un peu ma prochaine question, je me demandais quel avait été le processus créatif, parce que l’album sonne plus jazz que les autres…
RA : Donc c’est l’influence de Kenny dessus, oui.
LFB : Bert Jansch et Nick Drake reviennent souvent quand on parle de ta musique. Qu’est-ce que tu écoutais en grandissant et quelles sont tes influences maintenant ?
RA : Quand j’étais petit j’écoutais tous les trucs que mes parents écoutaient dans la voiture et tout ça… Il y avait de tout. Il y avait les Beatles, il y avait les Bee Gees et puis il y avait des trucs comme Led Zeppelin et beaucoup de Marvin Gaye. Il y avait un peu de tout vraiment. Ma mère aimait beaucoup ABBA, et je pense toujours qu’ABBA est un très bon groupe (rire). Donc voilà. Et puis plus tard j’ai écouté mes propres trucs et oui, Bert Jansch a été une grande influence pour moi, je pense, juste à travers son jeu de guitare… et puis j’ai donc découvert Bert Jansch et pleins d’autres et oui Nick Drake… Il y a John Martyn aussi, j’ai toujours pensé que ses premiers albums étaient vraiment très bons. J’aimais beaucoup London Conversation (1977). C’est un superbe album. Donc voilà.
LFB : L’album est assez mélancolique, mais il est en même temps très lumineux. Il y a une sorte de plénitude, d’acceptation de soi, de ses choix, du temps qui passe… Dans quel état d’esprit étais-tu lors de sa composition ?
RA : Au moment où j’ai commencé à écrire quelques-unes des chansons de l’album, je pense que ma femme était enceinte. Donc il y avait tout ce processus de devenir père se passait dans mon esprit et dans mon cœur. Mais après, l’album a pris… Je crois que j’ai commencé à écrire des morceaux pour… Ça a dû prendre 2 ans et demi, ça a pris énormément de temps à finir. Donc certaines des chansons ont été écrites quand j’étais dans cet état d’esprit là. Et puis évidemment après, je ne sais pas, c’est juste un état un peu rêveur, je pense, parce que c’est comme ça que je me sens quand je rentre à l’intérieur, quand je m’enferme dans une pièce et que je joue, en essayant d’écrire des chansons, je pense juste à chanter et à jouer de la guitare. Ce que je préfère le plus est probablement d’écrire les chansons.
LFB : En parlant d’écriture de chansons, les paroles de Reasonably Foolish sont ancrées dans la tradition folk, du musicien sur la route, qui prend de l’expérience et apprend de ses erreurs, à la Bob Dylan, ou comme une « pierre qui roule » et qui apprend en chemin. Peux-tu nous parler un peu de ce morceau ?
RA : Oui, c’est drôle que tu me poses cette question, parce que c’est… pour moi c’est une sorte de… c’est un peu différent de tout le reste dans le sens ou c’est juste plus une chanson folk classique. Et ce que j’ai le plus apprécié en la composant, c’est oui, c’est écrire les paroles. Je ne sais pas, c’est difficile d’expliquer mais, quand tu as le sentiment d’avoir les bonnes paroles et qu’elles viennent progressivement, tu as juste à les écrire et après tu as la chanson et c’est une de ces chansons que j’ai écrit très vite. Il y a des chansons qui me prennent plus de temps écrire, certaine je ne les finis jamais. Mais ce morceau a été vraiment rapide à écrire. Parce que c’est un morceau plutôt classique, la direction était assez évidente. Et puis les paroles sont venues comme ça. J’ai probablement écrit ce morceau en 1 heure ou quelque chose comme ça. Et elle a fini sur l’album parce que j’ai compris qu’elle y avait sa place, bien qu’elle soit un peu différente des autres. Parce que sur ce morceau, je crois que c’est juste la guitare et la voix, donc il n’y avait pas d’influence, disons, de Kenny ou des autres musiciens qui ont joué sur l’album. Donc c’est un peu moi qui m’accroche à ce que j’ai l’habitude de faire.
LFB : Y-a-t-il un autre morceau de l’album qui te tient à cœur et dont tu souhaites nous parler ?
RA : Mm… Je pense le dernier morceau…Between the Ashes and the Dream. Oui, c’est le morceau dont… Je veux dire, j’aime toujours beaucoup tous les morceaux bien-sûr, mais quand tu as fini de les mixer et que tu les as entendues pas mal de fois, je pense que c’est bien d’écouter autre chose. Et je ne l’avais pas écouté du tout pendant un moment et je l’ai réécouté plusieurs fois là récemment pour voir comment l’album sonnait.
Mais oui, ce morceau Between the Ashes and the Dream…parce que, je ne sais pas, j’ai écouté pas mal l’album Pet Sounds des Beach Boys à ce moment-là…et bien que cette chanson n’ai rien à voir avec Pet Sounds… juste pour travailler les harmonies , que j’ai vraiment adoré faire aussi, donc… Et j’ai été très heureux du résultat final. C’était juste simple, mais voilà.
Et puis il y a eu l’influence de Kenny sur ce morceau, parce que la batterie démarre près de la fin de la chanson avec de la basse, et le reste de la chanson est accompagnée par je crois que c’est un vibraphone et je pense un saxophone… oui il y a un saxophone sur le morceau tout au long. Et c’est un morceau assez court parce qu’il dure seulement, je ne sais pas, 3 minutes ou quelque chose comme ça. Mais après, sur l’album, on a fait tout ce truc d’outro. J’ai juste donné le volant à Kenny et puis on a travaillé avec ça, et voilà, c’est comme ça que ça a fini par durer 8 minutes sur l’album. La chanson originale ne dure que quelques minutes. Cette chanson me tient toujours à cœur pour une raison ou une autre.
LFB : Est-ce que ce que tu appelles l’outro est la chanson « cachée » ?
RA : Il y a la chanson cachée oui et il y a aussi toute cette outro… C’était l ‘influence de Kenny, parce que je finissais les chansons comme on finit les chanson, comme… de manière évidente. Mais oui, il y est pour beaucoup dans la façon dont je pense aux morceaux maintenant aussi. Je crois que j’étais comme bloqué dans une structure classique. Et maintenant je pense complètement en dehors de ce schéma et là on travaille sur de nouvelles chansons et je trouve cela très intéressant. Ce qui est bizarre à dire mais voilà. Je suis content.
LFB : La chanson cachée est un joli détail (un de beaucoup sur cet album) . Comment/pourquoi as-tu décidé de faire une chanson cachée à une aire où la musique est majoritairement écoutée par morceau la plupart du temps en digital et par playlist….
RA : Quand on était en train de faire l’album, on avait des genres de ce qu’on appelle des parenthèses musicales. Et on en avait quelques-unes que l’on voulait intégrer à l’album quelque part. Mais cela ne s’est pas vraiment fait et puis un jour on travaillait… j’avais cette chanson à la guitare qui avait des paroles, mais j’ai comme arrêté de la jouer comme je la jouais et l’ai jouée autrement et elle s’est transformée en un court morceau instrumental. Et on l’a enregistré parce que c’est ce que nous faisions ce jour-là donc on l’a juste enregistré. Et c’est ce que l’on a gardé… et on voulait vraiment l’avoir sur l’album, et je ne voulais pas qu’elle soit entre deux chansons et je pensais que si c’était tout à la fin tout le monde ne l’entendrait pas parce que des gens arrêteraient la platine avant qu’elle n’arrive mais voilà, c’était juste… Je voulais vraiment qu’elle soit sur cet album.
LFB : D’où vient le titre Locust Tree Lane et pourquoi as-tu donné ce nom en particulier à cet album ?
RA : J’habite à Amiens. Pas loin de chez moi il y a un petit chemin qui va jusqu’à la rivière de l’autre côté à travers les maisons et il y a des potagers partagées et des trucs comme ça… Et c’est juste ce chemin… Et ça s’appelle l’Allée des Acacias, qui est « Locus Tree Lane ». Et cette chanson m’est restée pendant tout le processus de création de l’album et a été pour moi… c’était comme si c’était l’esprit de tout ça, qui rassemblait tout ensemble. Et cela a été décidé assez tôt que cela allait être le nom de l’album. Je pense que c’était facile à faire aussi, parce que c’était le nom d’une des chansons… je déteste donner des noms aux chansons. Et je déteste donner des noms aux albums alors… ça doit juste être fait.
LFB : Quand on écoute l’album il y a une notion de liberté, on s’imagine au milieu de la nature. Est-ce que la nature joue un rôle important dans ta vie et dans ton écriture ?
RA : Oui et j’espère qu’elle joue un rôle important dans la vie de tout le monde, parce qu’elle devrait avoir une grande place dans nos esprits et dans nos cœurs. Donc j’adore marcher, je marche beaucoup. J’ai un chien, donc je sors le chien, juste des choses simples, mais j’adore marcher. On habite dans une partie d’Amiens – c’est comme dans la périphérie d’Amiens – et c’est tout près de la rivière et il n’y a pas d’autres maisons autour de chez nous. Donc c’est juste sympa de marcher dans les environs. Je ne parle même pas d’être au milieu de nul part dans la montagne ou quoi, je parle juste d’être à l’extérieur.
LFB : La couverture de l’album est une photo de fleurs sauvages prise au flash au couché du soleil on dirait. Peux-tu nous parler de cette image ?
RA : Cette photo a été prise par Kenny à mon mariage. Sur toutes les tables il y avait des appareils jetables. Tout le monde en avait un. Et ces photos… Kenny en a pris un et l’a gardé avec lui toute la journée et a pris des photos avec et c’était les photos de mon mariage. Et c’était juste des images qui… parce que quand on les a faites imprimer, on a été surpris par ces images et on trouvait qu’elles étaient bien donc on s’est dit « pourquoi pas l’utiliser pour l’album » ? Et une fois que nous avions émis l’idée, elle ne nous a pas lâché et c’était comme ça, et cela a été décidé, et voilà. Et je pense que la photo représente bien ce que je ressens pour l’album.
LFB : Tu es né dans le Warwicksire en Angleterre et tu es arrivé à Amiens lorsque tu avais 4 ans. Es-tu toujours proche de ton pays natal ?
RA : Oui… Plus quand j’étais plus jeune. En grandissant il y avait de moins en moins de raisons d’y aller et en ce moment c’est un peu compliqué, à cause de… Et il y a aussi le truc du Brexit, mais c’est autre chose, je pense que maintenant je dois demander la double nationalité, parce que je n’ai pas encore la nationalité française. Et je pense que cela va poser des problèmes bientôt… ou pas. Je n’en ai aucune idée. Donc c’est en cours. Et en fait je parle tout le temps à mes cousins et j’ai des frères en Angleterre aussi, mais on ne s’est pas vu depuis pas mal de temps donc c’est un peu dur mais … mais je veux dire, c’est la même chose pour tout le monde…
LFB : Que t’apportent les deux pays en terme de musique ? Dans leur approche de la musique et dans les influences ?
RA : J’ai récemment écrit deux ou trois chansons en français, ce que je n’avais jamais fait avant. Pour quelle raison, je ne suis pas sûr. Probablement juste parce que les songwriters que j’adore ont toujours écrit en anglais et je n’avais jamais vraiment essayé d’écrire en français. Mais la musique française a eu une influence sur moi, parce qu’évidemment j’ai grandi en France et bien que vivant avec mes parents on écoutait principalement de la music anglaise… Ma femme m’a beaucoup fait découvrir la musique française en fait, plein de trucs différents, qui ont dû avoir une sorte d’influence sur moi parce que tout influence tout le monde, je pense, quelque part, et puis… Mais oui, je pense que c’était évident pour moi que j’allais chanter en anglais parce que, oui, c’était ce que nous parlions à la maison de toute façon et j’écrivais des chansons à la maison… donc c’était comme ça !
LFB : Je n’avais pas réalisé qu’il y en avait deux ou trois, j’ai juste entendu Les Nénuphars ! Je me demandais si écrire en français était quelque chose que tu pensais poursuivre ou si c’était une exception…
RA : Non je vais continuer… parce que j’ai vraiment apprécié le faire. Je viens juste d’écrire Les Nénuphars. J’ai récemment mis un piano dans mon studio et je ne suis pas pianiste du tout et je sais à peine jouer du piano. Je peux simplement jouer quelque chose si je m’y suis entraîné pendant un moment. Mais j’ai quand même réussi à écrire une chanson et elle est en français donc ce sont deux choses nouvelles pour moi. C’était écrire au piano, jouer du piano et chanter en français. J’ai beaucoup aimé l’expérience, et je suis sûr que je vais continuer. Je ne sais pas trop quand parce que je travaille déjà sur les prochains trucs en anglais je pense – même si je ne dis pas qu’elles doivent être séparées. Mais j’ai le sentiment qu’elles vont l’être parce que je voudrais faire tout un album en français. Mais ça va être pour un peu plus tard.
LFB : Comment les circonstances actuelles t’affectent-elles ?
RA : Et bien, je fais pas mal de construction en ce moment avec mon frère. Donc c’est quelque chose que l’on peut continuer de faire. Je travaille par-ci par-là et ma femme a un restaurant dans le centre d’Amiens. Donc elle a continué à travailler, à faire des plats à emporter au lieu que les gens viennent et s’assoient. Donc ce que cela a changé est que cela a changé la ville, parce que les gens ne sont plus pareils. Tout le monde porte un masque. Les mêmes choses ont changé pour tout le monde, mais je n’ai pas été enfermé dans ma maison donc je pense que ça a été plus facile que pour d’autres.
LFB : Mais tu ne peux pas faire de tournée ou jouer en live…
RA : On peut faire des trucs tu sais. On va pouvoir travailler, on travaille sur des vidéos et des trucs comme ça. Donc, même si on ne peut pas faire de concert on peut se concentrer sur tout le reste. Et je n’ai encore fait de vidéo pour aucune des chansons de l’album, et rien n’est encore fait. Je pense qu’il va y en avoir. Mais oui, ça n’a juste jamais été fait. C’était juste la musique.
LFB : Comment pressens-tu le futur proche ?
RA : Je n’en ai aucune idée. J’espère que ça va être lumineux et joyeux, comme tout le monde, tu vois ce que je veux dire, mais on verra…
LFB : Y-a-t-il des choses que tu as découverte récemment que tu souhaiterais partager avec nous ?
RA : Oui, probablement une ou deux, je ne sais pas si elles vont me venir à l’esprit là tout de suite… Une personne est Madison Cunningham. Elle habite aux États-Unis, je ne sais pas trop où, elle a sorti deux albums et j’ai entendu parlé d’elle avec son dernier album Who Are You Now (2019), qui je pense est vraiment génial. Je trouve que son jeu de guitare et… tout est parfait dans le sens où elle exécute les choses et cela sonne vraiment bien. Donc oui, Madison Cunningham, c’est le nom que je vous donnerai là maintenant.
ENGLISH VERSION
La Face B: How are you?
Richard Allen: All good. All good. Thanks. It’s been a long day but I’m glad to be home now.
LFB: You’ve just released your second album Locust Tree Lane and you were before in a band called Wolves & Moons and you’ve been releasing music under your own name. Can you tell us a bit about your musical journey?
RA: I guess it started playing guitar when I was like 16 or something. And I think I got straight into writing songs. I must have written 300 rubbish songs, before I got anything good in. Because I think that’s just how it works. And then yeah I was part of a band called Wolves & Moons. That was probably back in 2013 or something… it lasted a couple years. And then I carried on releasing music, just under my name, and I have been ever since.
LFB: And so, you’ve released an album In the Front Road in 2014 and then an EP High in 2016, without telling anyone?
RA: That was just me alone.
LFB: Why? Was there a particular reason?
RA: I guess when I first started off before Wolves & Moons I was in a band called The Violent Scaredy-Cats. And I think I started that when I was 18. And I hadn’t really had a band playing, because that was more like kind of like proper rock music, instead of what I’m doing at the minute. And then I was in Wolves & Moons and then I think I was just happy to be alone for a bit and just work on my own for a little bit basically and then that just gradually went on and on a bit too long probably, before I started working with anybody else again.
LFB: So you’ve changed your mind for your last record Locus Tree Lane?
RA: Yeah. It wasn’t really a change of mind… I think it was just… I was just ready to move on a bit and try working with people to get anywhere. It happened easily because… So when I started working on this record Locus Tree Lane, It’s when I met Kenny, Kenny Ruby. And I started working with him at that time, straightaway and we got on really well. And I don’t know what the plan was. There wasn’t really a plan and we were just working on songs. I was sending him songs and he was sending them back. And then it kind of turned into the idea of it becoming an album. And after that, I guess, we had other friends that kind of just turned up. And we’re there and we were working and things just happen like that and then after a while eventually… we actually asked the… there’s a woodwind quintet that plays on two of the tracks in the album. And things just carried on gradually and more and more… I think there’s I think there’s actually 10 of us playing on the album on different times.
LFB: It was a bit my next question actually, I was wondering what was the creative process, because there’s a jazz vibe in this album that wasn’t on your previous ones…
RA: So that’s Kenny’s influence on it. Yeah.
LFB: Bert Jansch and Nick Drake often come back when talking about your music. What have you been listening to, when growing up and what are your influences now?
RA: When I was growing up I was listening to all the stuff my mum and dad would listen to in the car and stuff, you know…
That was all sorts, there was The Beatles, there was The Bee Gees and then they’d be stuff like Led Zeppelin then a lot of Marvin Gaye. There was a bit of everything really going on. My mum was really into Abba and I still think Abba is a good band (laugh) So there we are. And then later on I got into my own stuff and yeah I guess Bert Jansch was a great influence on me, just through, I guess, just through his guitar playing, the guitar attitude, the whole… It just opened up this thing where I kind of realised you could make more out of a song than just strumming along and so that’s when I got into picking a guitar and then, and then eventually I found out about Bert Jansch, and lots of others and yeah Nick Drake. There’s John Martyn as well, I always thought was really good on his first albums. I really liked London Conversation (1977). That’s a great, great album. So there we are.
LFB: This album is quite melancholic, but it’s at the same time bright and luminous, There’s a kind of like fulfilment, plenitude and acceptance of the self of the choices made in life and of the passing of time, and which state of mind were you when you composed the album?
RA: When I started writing some of the songs that are on the album, I think my wife was pregnant at that time. So there was that whole process going through my mind and through my heart for becoming a father. But then the album took down… I think I started writing some songs for… it probably took two and a half years, it took forever to finish. So some of the songs were written when I was there, kind of in that state of mind. And then obviously later on, I don’t know, it’s just kind of a dreamy thing, I think, because that’s how I feel when I go in, when I lock myself into a room and just play, trying to write songs, I think of both singing and playing the guitar. What I enjoy the most is probably writing the songs.
LFB: Talking about songwriting, the lyrics on Reasonably Foolish are anchored within the folk tradition of the musician on the road who gains experience and learn from their mistakes, à la Bob Dylan or, like a rolling stone who learns on the way. Can you tell us a bit about the track?
RA: Yeah. It’s funny, you’re asking about that, because to me it’s kind of a… it’s a bit different to everything else in the way that it’s more of like just a classic folk song. And what I enjoyed the most and that song is yeah writing the lyrics. I don’t know, it’s difficult to explain but, when you get this feeling, when you think that you’ve got the right lyrics and it gradually comes in again you just write it all down and stuff and then you’ve got the song and it’s one of those songs that, to me that I ends up writing quickly. And then there are some songs that take me a little longer to finish writing, some of them I never finished. But that was a song that was really quick to write. Because it’s more of a classic song It was like more obvious where it was going. And then the lyrics just came to me as I was going on. That was probably a song that was finished in an hour, or something like that. And it ended up on the album, because I just understood that it had its little place in there, even though it was a bit different to everything else. Because on that track, I think it’s just guitar and vocals so there wasn’t any influence from, say, Kenny or any of the other musicians that played on the album. So it’s kind of like me hanging on to what I used to do.
LFB: Is there another track that is close to your heart and that you would like to tell us about?
RA: Hmm, I guess the last track… Between the Ashes and the Dream. Yeah that’s the track that I… I mean I still like all the tracks on the album obviously but after you finish mixing them and listen to them, a few times, I think it’s nice to listen to something else. And I haven’t listened to it all in a while and I’ve heard it a few times now recently because I listened to the record to see what it sounded like.
But, yeah, that track, Between the Ashes in the Dream… because I don’t know, I was listening to a lot of the Beach Boys Pet Sounds album at that time. And even though, that song’s got nothing to do with Pet Sounds… just to work on the harmonies, that I really enjoy doing as well, so… And I was really happy with what it ended up being. Just it was simple but there we are.
And then there was all the influence from Kenny on that track because the drums kick in near the end of the song, and I guess with some bass and the rest of the song is just accompanied by… I think it’s the vibraphone and I think it’s a saxophone, yeah there’s a saxophone on the track that plays all the way through. And it’s quite a short track because it only lasts, I don’t know, three minutes or something. But then, on the album, we did this whole outro thing. I just kind of gave the wheels Kenny and then we worked with that and there we are, that’s how it ended up lasting eight minutes on the album. The actual song only lasts a few minutes. That song is just one that I still hold close to heart in a way for some reason.
LFB: Is the outro the “hidden” song?
RA: Well there’s the hidden song yeah and then there’s the whole outro as well… That was Kenny’s influence, because I just finished the song as you finish the song, kind of like, obviously. But yeah he’s put a lot of things into how I think about songs now as well. I think I was kind of stuck in this classic structure. And now I think I’m completely out of that and we’re working at the minute on new songs as well and I find it very interesting. Which is weird to say but there we are. I’m very happy.
LFB: The “hidden” song is a lovely detail (one of many on this album). How/why did you decide to do a hidden song in an era with the music is listened by track mostly in digital in playlist and stuff?
RA: I think because when we were doing the album we had some kind of what you’d call an interlude. And we had a few of these that we wanted to kind of fit into the album somewhere. But it didn’t really happen and then one day we were working… I’ve got this song on the guitar that had some lyrics to it and things but I kind of stopped the way I was playing it and played it a different way and then it turned into this short instrumental. And we recorded that because we were just doing it that day and we just recorded it. And that’s what we kept and that was… and we just really wanted to have it on the album, and I didn’t want it to be between two songs and I thought, if it was just at the very end, only, you know, not everybody’s might even hear it because some people, you know, stop the player before it comes on but yeah there we go, it was just… I just really wanted that to be on the album.
LFB: Where does the title Locus Tree Lane come from and why did you give this name in particular to the album?
RA: I live in Amiens, in a town called Amiens in the north of France. Not far from my house, there’s a little lane, basically that goes all the way to the river on the other side, through the houses and there’s some allotments and things like that… And it’s just this walk… and it’s called l’Allée des Acacias, which is “Locust Tree Lane”. And that song just stuck to me throughout the whole process of the album, and it was, to me it was like it was the spirit of the whole thing that just kept it all together. And it was decided very early on that it would be the name of the album. I guess it was just easy to do as well, because it’s the name of one of the songs and you have to… I hate giving songs names. And I hate giving album names as well so… just has to get it done.
LFB: When listening to the album there’s a notion of freedom, we imagined ourselves in the middle of nature. Does the outdoors play an important role in your life and in your writing?
RA: Yeah and I hope it does in everybody’s life as well, because it should have a big space, in our minds and our hearts. So, just, I love walking, I do a lot of walking. Got a dog, so I walk the dog, just do simple things, but I just love walking and we live in a part of Amiens, and it’s kind of on the outskirts and it’s right near the river and there’s no other houses around us. So it’s just nice to have a walk around. That is not even, I’m not even talking about being in the middle of nowhere in a mountain or anything, I’m just talking about being outside.
LFB: The cover of the album is a snapshot of wild flowers lit by a flash at sunset. Can you tell us about the image?
RA: That picture was actually taken by Kenny at my wedding. On every table there was a little throw away camera. Everybody had one. And those pictures… Kenny picked one of them up and kept it for himself the whole evening, or the whole day, and took some pictures and they were the pictures of my wedding day. And they were just pictures that… because when we got them printed, we were really surprised by these pictures and we thought that they were cool and then we felt why not use it for the album? And then once the idea was put out there it just stuck to us and that was it, and it was decided, and there we are. And I just think that the picture suits the way I feel about the whole album.
LFB: You were born in Warwickshire in England and you arrived in Amiens in France when you were four. Are you still close to your native country?
RA: Yeah… more so when I was younger, I guess. Growing up, there were less and less reasons of going and at the minute it’s been complicated, because of… And there’s also the Brexit thing, but that’s something else, because I think I’m having to now have to ask to have the double nationality, because I haven’t got French nationality yet. And I think that might cause problems soon… or not. I have no idea. So that’s on the go. And actually I talk to them all the time, to my cousins and I have brothers in England still and stuff, but we haven’t seen each other in quite a while, so that’s a bit difficult but… Well, I mean, it’s the same for everybody else there…
LFB: What do the two countries bring to you in terms of music? Like in their approach to music or in the influence?
RA: Um, I recently wrote, I think two or three songs in French, which is something that I hadn’t done before. For what reason I’m not sure. Probably just because songwriters I adore have always written in English and I’ve never really tried to write in French. But French music has had an influence on me, because obviously I grew up in France and even though, living with my mom and dad we mostly listened to English music… I think my wife has taught me a lot about French music actually, all sorts of things, that must have had some kind of influences on me because everything influences everyone, I guess, somehow, and then… But yeah, I think, just it was obvious for me that I was going sing in English because, yeah, that’s what we spoke at home anyway and I wrote songs at home… so that was it!
LFB: I didn’t realised there were two or three, I’ve only heard Les Nénuphars. I was wondering if writing in French was something you’re thinking of continuing or was it a one of?
RA: No, I think I will continue it… because I really enjoyed doing it. I’ve only just written that song Les Nénuphars. I just recently put a piano in my studio. And I’m no pianist at all and I hardly play any piano. I can only play something if I’ve practised it for a while. But I still managed to write a song, and it was in French so it was two new things for me. It was writing on the piano and playing the piano and singing in French. And I really enjoyed the process, and I’m sure I’m going to carry on. I don’t know when because I’m already working on the next things in English, I guess – even though I’m not saying they should be separate – but I have a feeling that they will be separate because I’d like to do a whole album in French. But that will be for a little later.
LFB: How do the actual circumstance affect you?
RA: Well, I do a lot of building the minute with my brother. So that was one of the jobs that you could carry on do during this time. So I’ve been out and about working and my wife has a restaurant in the centre of Amiens. So she’s been working as well because she’s been doing takeaway instead of people being able to come in and sit down. So what’s changed is it’s changed the town because people aren’t the same. It’s changed. Everybody wears a mask. It’s changed the same things for everybody I guess but I haven’t been locked up in my house so that was I guess easier than for some.
LFB: But you can’t tour and you can’t play live…
RA: We can do some things you know. We’re gonna be able to work, we’re doing work on videos and things like that. So, even if we can’t do the live gigs we can just concentrate on everything else. And I didn’t do a video for any of the songs for the album yet, and nothing is done yet. So, I think there will be. But, yeah, it’s just never got done. It was just the music.
LFB: How do you feel about the near future?
RA: WellI have no idea. I hope it’s gonna be bright and cheerful, like anybody else, you know what I mean, but we’ll see…
LFB: Are there things that you’ve discovered recently that you would like to share with us?
RA: Yeah, probably a couple, I don’t know if they’ll come to mind now… One person is Madison Cunningham. She lives in the States, I’m not sure where, she’s released a couple of albums and I heard of her on her latest album Who Are You Now (2019), which I think is really great. I think her guitar playing and… everything is so perfect in the way she executes things and she sounds so good. So yeah, Madison Cunningham that name I’ll give you right now.
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