(EXCLU) L’Oiseau de nuit de Moutarde & Miel : poésie pour noctambule

Humble et soigné projet du label Grande Rousse disques, et membre de l’exaltant collectif quinze quinze, le duo Moutarde & Miel continue de donner à voir une mélancolie des plus délicates dans le clip de L’oiseau de nuit qui se découvre ce matin en exclusivité sur La Face B.

Moutarde & Miel - L'oiseau de nuit
Moutarde & Miel – L’oiseau de nuit

De la nuit s’élève une complainte susurrée dans l’ombre. Un bec qui se dessine succinctement. Le corps d’un oiseau à la fois majestueux et déchu, s’avance et se terre dans les lumières tantôt paisibles, tantôt menaçantes du Bois de Vincennes, constituant une expérience visuelle des plus intrigantes.

Si ce mini-film a été réalisé avec des moyens minimaux par le groupe lui-même, dans des espaces prêtés par des proches, le résultat se veut pourtant grandiose. Celui-ci mobilise dans nos esprits le champ visuel des métrages oniriques et vaporeux de Caroline Poggi et de Jonathan Vinel ou de Yann Gonzalez, jouant sur les contrastes et les clairs-obscurs. L’oiseau de nuit convoque avec pudeur et férocité nos sens, dans des plans décalés, tumultueux, dans des larsenes et des éclats d’effets de steel drum. Un tout qui fait ressurgir les rêveries, mais aussi les angoisses les plus ancrées, autour de ce personnage érotico-hybride malmené que l’on suit, définitivement fasciné·e·s.

Les paroles se déploient dans leur habit le plus sobre, la voix transperce, porte, et se laisse chahuter par des riffs semblables à ceux de guitares qui joignent soul et RnB. C’est de la délicatesse poétique à n’en plus finir que nous offre ici le duo, près d’un an après leur morceau Muette Samson, affirmant ainsi sa place de faiseur·euse d’histoires chaotiques, et posant à la base de sa musique la sensibilité et la volonté de créer avec son temps. 

Une parenthèse multidimensionnelle, oscillant entre tourments et lyrisme, en attendant leur mini-album, Surprise ! qui paraitra le 9 avril prochain chez Grande Rousse disques.