ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Aujourd’hui c’est Quentin de l’excellent groupe de rock psyché Alpes qui nous dévoile l’identité musicale du groupe.
Arctic Monkeys – Brianstorm
Alpes : On ne pouvait pas ne pas commencer par les Arctic Monkeys, c’est une référence qui nous suit depuis le début.
Surtout qu’on a formé notre premier groupe avec Antoine pour reprendre du Arctic. Dans notre set il devait y avoir Get Free des Vines, Killing In The Name de RATM, I Wanna Be Your Dog de Iggy Pop et 20 morceaux des Arctic
Monkeys. Je crois qu’on serait encore capable avec Antoine de rejouer tout leur premier album.
Pour l’anecdote on a eu la chance avec Alpes de réaliser ce rêve d’ado de partager la scène avec ces légendes vivantes et ce tueur de Miles Kane au Festival Les Voix du Gaou 2013 ou 2014 je crois.
La veille on prenait des coups de soleil en bateau au milieu des calanques.
A l’époque la vie était belle, on pouvait profiter des couchés de soleil, il y avait des festivals et des concerts je ne sais pas si vous vous souvenez !
King Gizzard and the Lizard Wizard – The River
Alpes : Les King Gizzard sont nos plus fidèles compagnons de tournée.
Ils nous ont redonné la pêche quand on avait un coup de mou dans le camion. Ils nous ont fait voyager quand nos regards se perdaient dans le néant sur les routes.
C’est leurs sorties qu’on attend avec le plus d’impatience car elles sont toujours surprenantes, pleines de vies, les structures des morceaux sont folles, d’une efficacité redoutable.
King Gizzard est une influence capitale qui nous a aidé à comprendre comment exploiter notre énergie en live, à se décomplexer sur scène et dans la composition.
Grizzly Bear – A Simple Answer
Alpes : Les Grizzly Bear sont vraiment trop forts.
Ce n’est peut être pas l’album de leur répertoire que l’on préfère mais il accompagne un précieux souvenir.
On l’écoutait souvent pendant qu’on s’installait sur scène avant les balances d’un concert. Ce moment s’apparentait à une séance méditative, où chacun dans notre bulle, on préparait méthodiquement nos espaces pour le show du soir.
C’est un moment très important qui nécessite de la concentration, c’est la rencontre et la découverte du lieu que l’on va devoir habiter pour une soirée. A chaque fois qu’il nous accompagnait, cet album rendait ce moment vraiment paisible.
Un peu comme si le temps s’arrêtait quelques minutes. Je revois encore Paul apprendre minutieusement leurs morceaux à la guitare.
Je crois que ça lui a même inspiré beaucoup de nouvelles directions harmoniques, qui ont offert de nouvelles couleurs au son de Alpes.
‘Over At The Frankenstein Place/There’s a Light’ Scene | The Rocky Horror Picture Show
Alpes : C’est une énergie folle, des mélodies géniales, des grains de voix délicieux, des personnages excentriques à souhait.
Evidemment, pour qui a déjà vu et/ou entendu le Rocky Horror en aura forcément été inspiré.e. Les autres, je vous le conseille !
Applaudissement à plusieurs
Alpes : C’est à vrai dire, comme pour beaucoup d’autres, notre principale source d’inspiration si ce n’est même le moteur.
Je vais vous avouer un truc, je n’ai pas touché un instrument depuis que cette merde a commencé à pourrir le monde.
J’ai l’impression que le rock’n’roll est sous assistance respiratoire, en réa depuis maintenant bien trop longtemps.
Ce sentiment parfois d’assister au suicide collectif d’artistes se mettant en scène avec gêne mais sans pudeur, dans leur intimité la plus totale, par obligation et peur de ne plus exister, m’attriste profondément.
Le Rock se doit d’être la philosophie de la scène et inversement. On nous prive de paroles, et nous artistes, ne pouvant vivre dans le simple silence, nous préférons la cacophonie au mutisme, quitte à se perdre complètement.
Il est injuste de dire qu’il y ait des non-essentiels car l’essence du monde est l’inspiration. Chacun, lorsqu’il est privé de sa liberté de penser, de se projetter, de s’exprimer, de sa matière première en quelque sorte, a toutes les raisons de se sentir inutile. L’art sous toutes ses formes éveille, éduque, élève et nous apprend à cultiver notre singularité qui elle est essentielle. Car oui il
faut assurément de tout, de toutes et tous pour faire un monde.
Alors vive toutes ces singularités qui constituent ce public. C’est ce qui nous inspire et nous guide de par ses cris, ses critiques, ses applaudissements, ses rires, ses larmes, ses émotions primaires et honnêtes.
C’est ce qui nous pousse à faire n’imp’ et nous sentir vivant sur scène !
Vive le live! Vive la scène bordel!
Car sans la scène on ne peut plus profiter du légendaire déhanché pelvien de Charles (sans rire c’est un des trucs qui me manque le plus).