Le monde est frappé depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid 19. Un an que le monde culturel est dans une sorte de coma artificiel, réveillé par moment pour être presque aussitôt remis en sommeil. Alors que les lieux culturels amorcent leur réouverture avec un protocole sanitaire adapté, La Face B et Dans Ton Concert poursuivent leur projet : Not Dead. L’occasion de mettre en avant des artistes et des salles de la région Hauts-de-France afin de leur apporter soutien et visibilité. Pour ce 13ème épisode, direction Dunkerque et les 4 Écluses pour découvrir les photographies et les interviews de The Breakfast Club et Quantum Quantum.
The Breakfast Club
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Léonie : On est 2, Julien et moi, on écrit des morceaux de Dream Pop, on a commencé ce projet en 2017.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vivez-vous cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
Julien : On a du annuler quelques concerts, comme beaucoup de groupes, mais on n’a pas du annuler de sortie d’album ou de tournée à cause du confinement. Comme on vit ensemble, on a pu continuer à faire de la musique, écrire des nouveaux morceaux et bosser le live en résidence aux 4 écluses et à l’Aéronef.
Léonie : On a aussi pu tourner un clip et on a été invités par l’Aéronef pour « Live Session 360 ° » sur leur scène. On a été sélectionnés pour les auditions des Inouïs du Printemps de Bourges. Au final, on ne s’est pas trop ennuyés cette année !
On a souvent parlé de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Julien : C’est un sujet de bac de philo ? J’ai 4h ?
Blague à part, il fallait trouver une formule pour justifier de l’arrêt de certaines activités économiques. C’est pas la plus sympa.
Après, beaucoup de monde s’est senti vexé. Moi, pas vraiment, je n’ai pas la prétention d’exercer une activité essentielle. Si elle peut être utile, c’est déjà pas mal comme challenge. Et finalement, tout ce qui a été déclaré non essentiel, les spectacles, les concerts, le ciné, le sport, les voyages, les restos et bars, j’en oublie, c’est tout ce qui rend la vie plutôt sympa. C’est presque flatteur d’être qualifié de non essentiel.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Léonie : C’était pour les auditions des Inouïs du Printemps de Bourges en mars dernier sur la scène du Grand Mix à Tourcoing. C’était pas un concert public mais seulement devant des pros, masqués et assis, donc c’est vrai que c’était un peu particulier mais au final c’était chouette et ça nous a fait du bien de remonter sur scène.
C’était aussi l’occasion de jouer nos nouveaux morceaux et ça, c’était super !
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Julien : Non, je ne pense pas, on n’a rien prévu de particulier. Et puis faire quelque chose de spécial, ce serait comme inviter le covid au concert alors que j’aimerais que ce soit justement un moment où on arrête un peu d’y penser.
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Léonie : le premier concert qu’on a vu aux 4Ecluses, c’était Weyes Blood en 2019 et c’était un très beau concert ! A la fin, on s’est retrouvés au bar avec des copains à parler régime « paléo », il parait que c’est celui que suit la chanteuse. C’est un régime assez chelou, j’ai déjà oublié ce qu’on peut manger.
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Léonie : On enregistre un nouvel EP cet été dans le studio des 4Ecluses avec Romain aka Delbi. On va tourner un nouveau clip dans quelques semaines, et on va préparer la scène pour la rentrée parce qu’on a pas mal de dates à l’automne (youpi)
Ce qu’on peut nous souhaiter, faire des concerts et rencontrer des gens qui pourraient nous permettre d’accompagner la sortie de l’EP.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et qui travaille à sa réouverture selon un protocole sanitaire adapté (concerts assis, jauge réduite). Avez-vous un message pour ce lieu ?
Léonie : J’ai beaucoup aimé le côté à la fois créatif et militant de leurs actions (les concerts click & collect, des ballades-concerts à vélo, leur court métrage). Bravo pour tout ça et votre persévérance ! Courage et bisous.
Julien : On a passé beaucoup de temps ici durant l’année écoulée avec The Breakfast Club, ça nous a fait beaucoup de bien à nous personnellement et au projet. Merci les 4Ecluses ! Et on a hâte d’y revenir pour voir des concerts.
Quantum Quantum
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Clément : Le projet Quantum Quantum a vu le jour en mai 2020. Nous avions tous dans le groupe la volonté de monter un nouveau projet dans un univers rock psych planant et lancinant. Guillermo et moi avions déjà commencé le processus de composition une année avant. On y retrouve des couleurs de Tame impala, Jacco Gardner ou encore Crumb avec la volonté d’ajouter certains textes en français.
Le monde de la musique est resté à l’arrêt plus d’un an, comment avez-vous vécu cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
Guillermo : Personnellement très mal. La musique, en tant que spectateur et musicien, occupait ma vie quotidienne. Je faisais partie de ceux qui voyaient ses amis aux concerts, et ils n’étaient pas rares (environ 2 par semaine). En tant que musicien, 2019 a également été une année chargée (comme on aime !) Avec Cayman Kings, on venait de sortir un nouvel album et nous n’avons pas arrêté de tourner pendant l’année (France, Espagne, Allemagne…). Et surtout, on avait déjà commencé à travailler sur les premières idées de Quantum Quantum avec Clément. Le confinement nous a surpris dans l’un des meilleurs moments de la création et c’est l’une des choses qui m’a le plus mis en colère au début. En tout cas, nous n’avons pas perdu de temps et nous sommes restés en contact en partageant des idées. On parle toujours des mauvais côtés de l’enfermement, mais à vrai dire, il nous a permis de travailler sans précipitation et sans deadline. (Le grand) Clément Petit a su tirer le meilleur de lui, et c’est la base sur laquelle nous travaillons maintenant. Finalement ceci a été une période de création intense.
Dès que nous avons pu sortir, nous avons commencé à travailler ensemble avec Fabien et Maxime et c’est là que Quantum Quantum a pris forme. Les premières semaines, nous avons passé jusqu’à 16 heures par semaine à répéter au Nautilys à Comines pour rattraper le temps perdu !
On a souvent parlé de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Maxime : Tout ce qu’on sait c’est que c’est essentiel pour nous de soutenir la culture, de n’importe quelle manière pendant cette période. Et que malgré certains termes utilisés, on est heureux d’avoir pu côtoyer et travailler avec ce monde culturel « à l’arrêt » cette année…
Guillermo : Le confinement a été psychologiquement très dur pour tout le monde. J’ai du mal à imaginer les conséquences de ce même confinement sans culture (aucune). C’est avec des situations comme celles-ci qu’on se rend compte de ce qui est essentiel et de ce qui ne l’est pas…
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Guillermo : Mon dernier concert était Molchat Doma à la Bulle Café à Lille. À cette époque, je n’imaginais pas voir mon dernier concert en tant que spectateur avant un moment… et la vérité est que je n’aurais pas pu mieux le choisir ! C’était un concert de dingue !
En tant que musicien, c’était en novembre 2019 avec Cayman Kings… Je n’arrive pas à croire que je n’ai pas joué en live depuis si longtemps. C’était un concert de l’après-midi à la Médiathèque de Bailleul (à l’époque nous faisions partie du dispositif Live entre les Livres organisé par Dynamo). Et même si on peut penser qu’un concert dans une bibliothèque l’après-midi ne soit pas folichon, ça l’a été ! Je me souviens qu’à la fin du concert, notre ingénieur du son ce jour-là ( Moustache, aujourd’hui coach ici aux 4 Écluses) nous a dit que c’était le meilleur concert qu’il avait jamais vu de notre part. Comme quoi les concerts ne dépendent pas que de la salle dans laquelle on joue mais de comment on vit la chose à ce moment-là !
Fabien : Si c’est en tant que musicien le dernier concert que nous avons vécu était dans nos autres projets (Groundswell Motion / Cayman Kings). Pour ma part c’était à la ferme d’en haut à Villeneuve d’Ascq, le 21 novembre 2019 avec les Groundswell Motion en première partie des merveilleux Psychotic Monks. Je me souviens d’un moment fort en émotions ! Sinon en tant que public, c’était avant le premier confinement. Le 4 mars 2020, j’étais allé voir avec Clément, Big Thief au Grand Mix. Un concert d’une beauté et une douceur rare, dans une salle que nous apprécions tous. Le Grand Mix que nous saluons puisqu’ils seront nos hôtes pour une future résidence prochainement.
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Maxime : Sûrement profiter d’une euphorie constante de l’enfant qui attend le matin de noël. Ça va être la consécration, le retour à un moment qui nous fait tous les 4 vibrer. On a très hâte de partager ça avec les gens !
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Maxime : Nous avons tous les 4 eu la chance de jouer à plusieurs reprises sur la scène des 4 Ecluses. Un des souvenirs les plus mémorables c’est d’avoir partagé la scène avec The Lords Of Altamont. Concert électrique, énergique, du vrai garage rock comme on aime ! Des musiciens charismatiques à l’image du Rock N Roll US, cheveux longs, veste en jean noir et une prestance dingue. Le chanteur réussit a lever son orgue dans les airs. Il se jette dessus, le porte dans la foule. Ça a été une inspiration et une claque pour notre groupe ce jour là (Cayman Kings).
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Clément : Nous avons enchaîné un bon nombre de résidences dans la région ces derniers mois (L’Aéronef, Les 4 Écluses, Le Nautilys, Le Grand Mix, la Cave aux Poètes), nous aimerions donc faire un maximum de concerts pour pouvoir partager notre musique ! Notre tout premier live est sorti le 15 mai : 2 morceaux filmés en 360º à l’Aéronef. Nous allons sortir un titre à la rentrée avec une vidéo en auto-production, qui sera notre premier single. Nous aimerions trouver un label qui nous corresponde prochainement pour nous aider au développement d’un album pour l’année prochaine.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et qui travaille à sa réouverture selon un protocole sanitaire adapté (concerts assis, jauge réduite). Avez-vous un message pour ce lieu ?
Fabien : C’est peut être naïf mais j’ai l’impression qu’on voit le bout du tunnel. Faites encore un peu le dos rond et bientôt on revivra tous ensemble de beaux moments. Bientôt les masques tomberont et la vue de nos sourires respectifs nous feront oublier toute cette période.
Photos : David Tabary / Dans Ton Concert
Pour les autres épisodes du Not Dead Project c’est par ici