Aujourd’hui, la Face B met un petit focus particulier sur un jeune groupe rock déglingué : il s’agit de ROMANCE. Oui, le nom s’écrit en majuscule, OK ? Ce trio s’est fondé autour de ses trois membres : Charles Crocq au chant et à la guitare rythmique, Lise Lechopier à la basse et Pierrick Orfao à la guitare harmonique. Vous les avez peut-être découvert via notre interview à (re)découvrir ici. C’est au tour de leur premier format physique à être décortiqué avant leur concert ce 15 septembre à l’International (Paris 11e).
Sorti aux abords de cet été, le premier EP du jeune groupe parisien ROMANCE figure toujours présent à nos côtés pour cette rentrée. Il s’agit pourtant d’un exercice peu évident pour ce trio qui se revendique ouvertement comme un groupe live. De nombreux spectateurs ont déjà pu observer leur prestation endiablée et sauvage sur la terrasse du Trabendo pour le Supersonic, lors de l’ouverture de Lulu Van Trapp le 14 juillet dernier. Sur quatorze minutes de pur rock, la bande propose de nous accompagner jusqu’à la ville des cents tours, non pas pour changer juste de lieu, mais d’idées.
L’EP s’élance tout naturellement par le tube FM qui va permettre d’identifier aisément le groupe en concert. Le titre Cache-Cache s’encre dans la mémoire dès l’apparition de l’énergique et entêtant refrain. Un poil désabusé, un poil hautain, le chanteur Charles Crocq s’enlise dans un « cache-cache qui fâche ». La rime suffisante ravivera les professeurs de lettres modernes, d’autres apprécieront le chant dévergondé et crooner de l’interprète/parolier. Ce grain de folie entachée d’une voix légèrement cassée nous fait rappeler les intonations de Jean-Louis Aubert à ses débuts. Derrière, la mélodie est portée essentiellement par les cordes claires et vibrantes du guitariste Pierrick Orfao. D’ailleurs, sur une intro de quarante secondes, c’est par lui que la piste suivante Plus Comme Avant démarre et prend de l’ampleur dramatique.
Par ses textes, la bande baigne beaucoup plus sur une romance française qu’à l’américaine. Celle d’une romance, d’une histoire passionnelle et abrupt suivant le proverbe Fuis moi, je te suis. Difficile pourtant de cerner la véracité d’une telle relation décrite tant que les propos vrillent à la schizophrénie. « Enfuis, toi, sors-moi et je ne te verrai plus, plus comme avant ». L’état d’esprit est espiègle, tiraillé entre excitation et souffrance du chanteur. Si la troisième piste Gare à toi s’apparente comme une menace, son surf punk entrainant et sombre reste un défouloir enfantin. Il est accompagné par la voix taquine de la bassiste Lise Lechopier qui résonne souvent en écho dans les turbulences neuronales de Charles Crocq tout au long de l’EP.
Dans cette pure aliénation, le disque se clôture à Prague comme ils le promettaient, pour une reconquête amoureuse du passé qui s’annonce compliquée et désespérée. Comme il s’agit d’une dernière lutte contre la tragédie annoncée après chaque idylle. Ce final se révèle plus complet et détaillé musicalement sur ce dénouement tant la tension se veut plus féroce par l’agressivité des jeux de guitares. ROMANCE s’aligne dans les inspirations de Marquis de Sade par son atmosphère décalé, sombre et par moment perfide. La fougue du groupe nous emballe grâce à un revival enthousiaste du rock alternatif de ces dernières années. Paris-Prague se révèle alors comme l’appel du pied idéal pour poursuivre l’aventure en leur compagnie.