De retour pour une année que nous espérons un peu plus normale, le dispositif d’accompagnement musical qu’est le Chantier des Francofolies à accueilli en bord de mer trois artistes pour leur quatrième session de l’année. Durant une semaine, Coline Rio, Sabrina Bellaouel & Zinée ont ont pu bénéficier d’un accompagnement complet et personnalisé à La Rochelle. Nous partons à la rencontre de Coline Rio afin de parler de son premier EP, de son rapport à la scène, l’après Inuït mais aussi de cinéma.. Enjoy!
LFB: Salut Coline, comment vas-tu?
Coline Rio: Ça va bien! Je suis un peu fatiguée et toute remuée parce que ce que nous vivons est très intense. Émotionnellement ici, c’est fort. On reçoit beaucoup d’amour et de bienveillance. Ça me touche!
LFB: Connaissais le dispositif qu’est le Chantier des Francofolies avant d’y participer?
Coline Rio: Oui! J’y ai déjà participé avec InuÏt en 2017. J’ai adoré le Chantier des Francos et j’avais très envie de le faire avec mon projet solo. C’est arrivé tellement au bon moment. C’était le moment pour moi d’y être. Je suis tellement honorée et heureuse d’être ici que je savoure chaque minute, chaque seconde!
« Je suis sur un projet qui est très intime et que je nourris depuis des années. »
LFB: Avais-tu des attentes particulières vis-à-vis de ta semaine ici, à La Rochelle?
Coline Rio: C’était assez clair pour moi que je voulais trouver un espace de jeu et de liberté sur scène. Là où c’était complètement présent avec Inuït. À l’époque, je n’avais que la voix et mon corps à m’occuper bien que je faisais tout de même beaucoup de percussions sur scène. Je bougeais dans tous les sens, je sautais partout. Maintenant, avec mon projet, j’ai plein de choses à gérer. J’avais besoin de lâcher le piano, les arrangements, les parties de violoncelle…
J’ai du mal à être dans l’instant présent. Trouver la liberté, me mettre en danger pour quitter ma tête et tout ce que je ressens, à quoi je pense et j’ai réellement trouvé ça! Je vais beaucoup plus bouger sur mon set. Je laisse de la place à mes séquences pour prendre le corps et l’espace.
Ça me fait tellement de bien! On a lié la technique vocale et la danse. Les collaborateurs se sont liées pour faire un atelier danse et chant en même temps avec Will et Anne. Avec Julie, nous avons travaillés sur le plateau, sur l’interprétation et sur le corps. Amaury était là pour l’aspect arrangement, sur l’équilibre des chansons, des prods.
LFB: Bien que tu te sois lancée dans ton projet solo, t’arrives-t-il de t’entourer pour le construire ce projet?
Coline Rio: Je suis très autonome sur la musique. J’ai fait l’inverse d’avec Inuït où nous composions tous les six d’A à Z. Même si j’avais une part d’autonomie sur les textes. Là, je me suis enfermée et en plus on a été confinés! J’ai rencontré Stan Neff qui est un réalisateur avec qui je coréalise l’EP. Il réfléchit avec moi sur les choses à réenregistrer sur les maquettes, comment faire un step au-dessus. Sans transformer la structure, les textes. Sur les maquettes, souvent est déjà présent tout le squelette et on va utiliser la baguette magique ensemble! Réembélire tout ça et refaire les pianos. On cherche des matières sonores. C’est un laboratoire de travail de sons!
Coline Rio, Chantier des Francofolies @ Caroline Jollin
LFB: Dirais-tu que la Coline actuelle est plus apaisée que la précédente, notamment lorsqu’elle était avec Inuït?
Coline Rio: Scéniquement, c’est certain que l’on va voir une Coline plus calme mais elle bout à l’intérieur! C’est une énergie différente. Je suis sur un projet qui est très intime et que je nourris depuis des années. Je suis davantage encré et dans une certaine vérité. Aussi, je suis plus complète sur scène, peut-être aussi un peu plus mature.
« En ce moment, je me sens là où je dois être. »
LFB: Cette étape dans ta carrière qu’a été Inuït t-a-t-elle aidé à être la Coline que tu es aujourd’hui?
Coline Rio: C’est certain. Tous les événements que j’ai vécus, font qui je suis aujourd’hui comme tout le monde. Inuït en fait parti. Tout comme j’ai fait beaucoup de théâtre et il fait qui je suis désormais. Je suis fan de cinéma, même chose, il fait la musique que je fais. Je fais aussi beaucoup de danse et je l’amène sur scène. Inuït m’a apporté un savoir vis-à-vis du milieu musical et un apprentissage de la scène. On a fait de grosses scènes tout de même et une grosse tournée. L’endurance de la scène, je sais ce que c’est. Je ne pars pas à l’aveugle sur mon projet solo.
LFB: J’ai cette impression qu’avec ta musique tu enveloppes le public avec toi, comme dans un cocon. D’où tires-tu tes inspirations?
Coline Rio: Je suis très influencée par la chanson française à l’ancienne. Serge Reggiani, Jacques Brel, Barbara, Higelin, Gainsbourg mais j’ai aussi une influence de la folk, la pop-électro. À la Patrick Watson, Agnes Obel, j’en parle souvent. Ce sont de vraies références dans le son. Même si c’est de l’anglais et que je ne fais pas du tout de la folk. Le travail du piano, des cordes c’est une vraie inspiration.
Il y a en effet un côté enveloppant dans ces musiques-là. Je ne réflechis pas à ce que je fais avant de le faire. C’est plus une observation mais je ne cherche pas à obtenir quelque chose. Je laisse venir les choses et peut-être que dans un an, deux ans, je ferais une musique très différente. En ce moment, je me sens là où je dois être.
LFB: Ces premiers jours au Chantier des Francofolies t’ont-ils permi de composer?
Coline Rio: Je n’ai pas eu d’idées concrètes de compo mais j’ai envie d’écrire une chanson qui me permettra certaines choses, qui me fera bouger sur scène. C’est l’épice que j’ai envie d’ajouter. Dès que j’aurais le temps, je vais me mettre à chercher des beats, des inspirations pour partir là-dessus.
LFB: Les deux dernières années que nous vivons de vivre ont-elles fait naitre de nouvelles envies ou idées?
« J’ai très envie de retourner en studio et que tout ça soit entendu. »
Coline Rio: Complètement. J’ai écrit pas mal de chansons durant les confinements. Ça n’a pas été simple mais j’y ai trouvé de la respiration et de la vie. Des titres sont nés lors des confinements et notamment le premier single que je vais sortir le 29 avril. Je l’ai écrit pendant le confinement pour parler de ce que je ressentais et du vide que je resentais. Je ne savais plus mes perspectives d’avenir. J’avais un sentiment de vide et de vertige.
Cette chanson parle de ça mais aussi du manque de l’autre, de l’humain, du contact. C’est tout ça dont j’avais envie de parler. C’est également pour marquer la fin de quelque chose. Je trouvais que c’était bien de la sortir en premier pour passer à la suite.
LFB: A quoi ressemble le concert idéel que tu donneras ce soir et demain avec le travail que tu as fourni cette semaine?
Coline Rio: Ce sera un moment de liberté, d’expression, de joie et de non-jugement. Avec beaucoup de lâcher prise. Qu’il y ait de la joie, même si on raconte quelque chose de profond, que nous sommes dans l’émotion. Une émotion peut être profonde et en même temps, pleine de lumière. J’ai vu un film récemment de Cédric Klapisch, En Corps, j’ai pleuré, j’ai ri, j’ai vibré et je suis sortie et je me suis dit « je vais me remettre à la danse contemporaine! » Ça m’a juste donné envie de vivre!
LFB: Que te souhaites-tu pour les mois à venir?
Coline Rio: Je me souhaite de bien finaliser ce premier EP qui sort le 17 juin. Le sortir mais aussi en être fière. Je suis très contente d’en être arrivée-là. Le faire vivre et surtout ne pas m’arrêter. J’ai très envie de sortir mon album. J’ai très envie de retourner en studio et que tout ça soit entendu.