En mai dernier et à l’occasion de la sortie de leur second album, World Wide Pop, nous avons rencontré Orono et Harry du groupe Supergorganism. Rencontre durant laquelle on y a parlé de l’influence de la culture pop sur leur art, ou encore de l’importance de s’ouvrir à l’autre. Retour sur cet échange.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Le 15 juillet sortira votre second album, World Wide Pop. Si je vous demandais de le qualifier en trois mots, que diriez-vous ?
Orono : J’allais dire world wide pop. (rires)
Harry : Je dirais intense, entraînant et intime.
Orono : Et moi je dirais que c’est un Disney dans la vraie vie, car c’est très théâtral et c’est un peu notre propre et étrange interprétation de tout ça.
LFB : Aujourd’hui, vous vous retrouvez à cinq dans le groupe plutôt que huit. Qu’en est-il des anciens membres ?
Harry : De toute évidence, les choses changent dans la vie. Dès le début, nous étions tous dans des pays différents et nous n’avions jamais pensé au fait de devenir un groupe. On n’a même jamais pensé au fait de tourner ou même de se retrouver au même endroit tous ensemble. Et pour eux, la vie change, tout ça. Nous sommes tous amis, ce n’est pas comme s’il y avait eu une embrouille ou quoi que ce soit. Ça a fait sens à l’époque, ils ont avancé et puis de notre côté, nous nous sommes ouverts à d’autres, nous avons plusieurs collaborations sur cet album et nous avons également travaillé en co-production. Simultanément, c’est réduire la bulle Superorganism tout en y incluant davantage de personnes à la fois. C’est un mouvement en continu et je crois que c’est ce à quoi nous avons toujours aspiré.
Orono : C’est quelque chose qui évolue.
LFB : Sont-ils intervenus sur la composition des nouveaux morceaux ?
Harry : Oui, au tout début du procédé. Par exemple, avec Robert, qui a réalisé tous les clips du premier album, ça a été tout un procédé où nous avons pioché parmi ce qu’on nous avait proposé. Ça nous a permis d’ouvrir des portes, de combler les trous, de passer à la vitesse supérieure et ainsi créer notre propre esthétique.
LFB : En 2019, j’ai réalisé une interview avec Pi Ja Ma. Dans cette dernière, elle me parlait déjà de votre collaboration. J’en déduis que vous aviez ces morceaux en réserve depuis un moment, non ?
Harry : Les prémices ont vu le jour directement après le premier album.
Orono : À l’été 2017 donc oui, elles ont traîné un long moment mais pas toutes, ceci étant dit.
Harry : C’était vraiment les premières ébauches d’idées. Je pense à la chanson Put Down Your Phone et je me souviens que le premier jet est apparu peu de temps après qu’on ait terminé le premier album. On a travaillé sur différentes étapes pendant tellement longtemps et à la fin de l’année dernière avec Stuart David Price, un producteur incroyable avec qui nous avons eu la chance de travailler, nous avons ajouté quelque chose que Pauline (Pi Ja Ma, ndlr) m’avait envoyé. C’était une petite note vocale que l’on a ajoutée à la toute fin du morceau et où on l’entend échanger avec son père ou quelque chose du genre. Et je ne crois pas avoir reçu cette proposition avant la fin de l’année, ce qui veut dire que ça a infusé un bon moment.
LFB : Ces nouvelles chansons ont-elles également été composées dans votre propre zone de confort ou est-ce que le processus créatif a t-il été ici différent ?
Orono : Je dirais beaucoup de similarités et quelques différences, pendant l’enregistrement précisément. Nous ne sommes pas allés en studio, pas parce que nous n’avions pas l’argent mais parce que nous sommes juste plus à l’aise avec le fait d’enregistrer dans notre chambre, notre propre tour bus, à l’hôtel ou dans la voiture, peu importe. Nous avons passé beaucoup de temps ensemble, donc parfois on se retrouvait à faire des sessions jam à Chicago, dans l’appartement de l’ami d’un producteur.
Harry : Quant à la zone de confort, je pense que nous nous sommes dépassés cette fois-ci. Car pour le premier disque, je ne crois pas que l’on se connaissait assez, d’un point de vue créatif je veux dire. On ne connaissait donc pas les zones de confort artistiques de chacun et je pense que cette fois, c’était cool d’avoir un peu une idée de ce qu’il en était, et d’être capable de les rendre aléatoires. Ce nouvel album est de plusieurs façons plus intime, également sur le plan technique, car en tant que producteurs et paroliers, nous avons tout donné car nous sommes devenu meilleurs. (rires) Avec le premier disque, nous ne savions pas trop ce que nous faisions et cette fois, je crois que nous avons fait mieux que ce que l’on voulait, ce qui nous a permis de repousser les limites de ce que l’on essayait d’atteindre.
LFB : Votre dernier single, crushed.zip, évoque les angoisses auxquelles un artiste peut être confronté. Puisque vous avez rapidement été sous le feu des projecteurs, est-ce quelque chose que vous avez beaucoup rencontré ?
Harry : De temps en temps, dans certaines situations assez intenses comme lors des premiers shows télévisés où nous avons joué. Nous avons fait Jools Holland, un programme britannique assez influent et le jour où nous avons performé, il y avait Noel Gallagher et Dua Lipa qui jouaient. Tom Hanks était parmi le public, assis juste derrière nous car sa femme jouait. Et à ce moment-là, nous n’avions pas encore vraiment joué donc c’était vraiment stressant.
Orono : C’est impressionnant car je ne crois pas que l’un d’entre nous fasse de la musique ou de l’art dans le but de devenir célèbre. Ce serait super si les gens pensaient que nous sommes cools, mais je crois que l’on se considère cool les uns les autres et c’est déjà pas mal.
LFB : (À Orono) Dans une interview datant de 2018, tu disais beaucoup écouter le groupe Pavement, et que tu tenais à chanter comme Stephen Malkmus. Aujourd’hui, il apparaît sur votre second album. Comment cela est-il arrivé ? Et quel est ton ressenti face au fait d’avoir collaboré avec un artiste que tu admires depuis tant d’années ?
Orono : Tout cela est arrivé naturellement, tout comme le reste des collaborations de l’album. Nous avons déjeuné ensemble à Londres, puis on a parlé de nos morceaux et on lui a demandé si ça lui disait de figurer dessus. Il a accepté volontiers. C’était très décontracté et même si l’on était en train de déjeuner, que c’était la première fois que l’on se rencontrait et que l’on échangeait, je me répétais sans cesse « Cette personne que tu vas rencontrer là maintenant, n’est pas le Stephen Malkmus que tu as imaginé dans ta tête, c’est une personne totalement différente et son prénom est Steve » J’ai tenté de faire la distinction entre le Malkmus dans ma tête et celui dans la vraie vie et je crois que ça m’a aidé à garder mon calme quand j’étais avec lui. Pour moi, c’est juste un mec cool qui fait de la musique et qui est aussi un père. C’est irréel mais en même temps, c’est aussi très naturel pour moi car c’est juste un ami qui a fini sur notre album.
LFB : Contrairement à votre premier album, vous avez pu travailler tous ensemble et non à distance…
Harry : On le fait quand même encore souvent à distance car cela fonctionne et on aime bien cette façon de travailler.
LFB : Avec le recul, pouvez-vous alors me dire ce qui a été plus efficace selon vous ?
Harry : Ça donne des résultats différents. Par exemple, je crois que la maquette du morceau Solar System est venue d’une session de jam dans un studio à LA. C’était jusqu’ici seulement la partie instrumentale du morceau et ensuite, on l’a prise telle quelle pour travailler dessus. Orono y ajoute les paroles et le résultat devient alors quelque chose de totalement différent. La chanson Oh Come On est cool car on a cette impression de ressentir l’atmosphère de la pièce où on l’a composée à Chicago. Orono passait une journée de merde, elle est venue nous voir pendant que nous étions en train de jammer. Ce morceau a un aspect mélancolique qui se reflétait beaucoup dans l’atmosphère du studio. C’est quelque chose d’unique pour nous, car nous n’avions jamais eu la chance de vraiment saisir cela avant. Nous avons beaucoup jammé ensemble là-bas afin de créer des performances minimalistes et jouer en live en permanence. De toute évidence, cela influence le résultat. Les décalages horaires sont aussi quelque chose de drôle, car quand j’ai une idée par rapport à quelque chose, je m’emballe beaucoup et j’envoie ça à Orono. Mais s’il se trouve qu’elle est à Phoenix ou ailleurs, elle n’est alors pas forcément réveillée et donc le temps d’avoir un retour de sa part, j’oublie quelque peu mon enthousiasme de départ, mais le retrouve en entendant quelque chose de nouveau.
LFB : Est-ce qu’appeler votre album World Wide Pop était une façon pour vous de définir la culture pop comme ce quelque chose qui connecte les gens les uns aux autres ?
Harry : Ouais.
Orono : Oui, je dirais ça.
Harry : Ça nous rassemble.
LFB : Vous avez toujours été influencés par la culture pop. Quels sont les acteurs principaux qui vous ont influencé dans votre musique ?
Orono : Pour les morceaux particulièrement, je dirais Ru Paul et toutes mes drag queens préférées de l’émission Drag Race, que j’ai beaucoup regardée lors de la seconde partie de notre tournée et c’est l’une des choses qui m’a permise d’aller de l’avant. C’était très inspirant et motivant, Ru Paul a toujours de supers conseils à donner aux artistes quant à la vie et le fait d’être soi-même de manière générale. C’était une grande inspiration pour moi.
Harry : Un jour, l’un de mes amis m’a présenté à Brian Eno et c’était l’homme le plus adorable et courtois qui soit. C’est une personnalité intimidante dans la culture pop et comme Orono le disait juste avant, on a tous ces idées préconçues sur les gens que l’on rencontre et comment ils doivent être. Puis on les rencontre et c’est totalement différent. Brian Eno est quelqu’un d’ouvert aux idées des autres et je crois que ça a beaucoup influencé la façon dont j’ai pensé cet album, dans le sens où c’est très important d’être assez ouvert. Je veux que que l’on ait cette ouverture d’esprit avec les gens avec qui nous collaborons, et entre nous.
LFB : Votre premier album était axé sur les relations à travers la technologie. World Wide Pop l’est aussi mais différemment car il se centre davantage sur les relations avec le monde extérieur, à travers ce qui est universel et déconnecté des médias digitaux. Au final, est-ce que chacun de vos albums fonctionne comme une sorte de fondation de ce qui vient après ?
Harry : C’est très intéressant que tu aies dit cela. Je crois que la nature d’un procédé collaboratif vient du fait que tu explores les relations entre chacun et avec cet album et ces featurings, nous avons établi des liens avec eux. Ce truc de connexion est toujours très important. Avec le premier album, cela faisait sens que ce soit une exploration des relations à travers la technologie car nous avons tout fait à distance. Orono et Soul n’avaient jamais été dans la même pièce et ne s’étaient jamais rencontrés en personne avant que l’on termine l’album. Ils ont composé un album ensemble sans même se rencontrer. Au final, c’était logique que ça se passe ainsi car c’était une exploration de notre manière d’interagir avec l’autre. Avec cet album, nous étions dans un bus et nous avons passé deux ans à voyager ensemble à travers le monde et rencontrer des personnes très différentes.
Orono : Au début, c’était un van riquiqui.
Harry : En effet. De longs trajets à travers l’Amérique, des nuits de quatre heures et des trajets de dix heures. (rires) Nous avons voyagé à travers le monde, rencontré les gens en personne, ce qui justifie le fait que nous ayons créé un album sur les relations, bien que ce soit plus général que ça. C’est plutôt sur le fait d’être en contact avec le monde extérieur que sur le fait de juste interagir via Internet ensemble, ce qui est tout ce que nous avons fait pendant que nous composions le premier album. Le second parle des expériences que l’on a eues en voyageant à travers le monde, en rencontrant des personnes différentes un peu partout.
LFB : Il y a beaucoup d’artistes internationaux qui apparaissent sur cet album. Est-ce que travailler avec eux était une façon pour vous de mettre en avant l’importance de se connecter à l’autre et de s’ouvrir à de nouvelles idées, de nouveaux esprits créatifs ?
Orono : C’est très profond. Je pense que c’est juste parce que nous sommes internationaux que cela a terminé de cette façon. Je dirais que ce que tu as dit est vrai mais c’était aussi un truc très naturel, ça devait arriver et ça a fini par être ainsi, tout simplement.
Harry : Je pense que ce que tu crois faire à l’instant t et ce que tu as véritablement fait avec le recul, sont deux choses vraiment différentes. Quand tu fais quelque chose, ça vient naturellement comme c’était le cas avec Pauline et Axel de Pi Ja Ma. On leur a dit que nous étions backstage et on leur a demandé s’ils voulaient ajouter leur patte. Ça donne l’impression d’être très très banal mais avec le recul, c’est un moment important dans nos vies. Ça devient beaucoup plus profond quand tu regardes les choses avec du recul.
LFB : Vous aviez l’habitude de réaliser tous vos clips, plus particulièrement Robert (Robert Strange, ndlr). Même s’il ne fait plus partie du groupe, pourquoi avez-vous décidé de ne plus continuer à les réaliser vous-mêmes ?
Harry : D’un côté, toutes les premières idées viennent principalement de moi et Orono. Le truc c’est que Robert avaient des facilités techniques que nous n’avons pas, il sait comment éditer un clip et nous, nous sommes de vrais imbéciles quand il s’agit de s’en occuper. (rires) Nous avions besoin de travailler avec des personnes qui savent faire tout ça. Le processus créatif, c’est quelque chose que l’on apprend à explorer, nous ne sommes pas le genre de personnes qui veulent déléguer à quelqu’un que l’on ne connaît pas, nous voulons que ce soit un reflet parfait de qui nous sommes, de nos goûts et nos idées.
Orono : C’est bien d’être cohérent aussi et c’est tout ce qui nous importe.
LFB : Enfin, avez-vous un coup de cœur récent à partager avec nous ?
Orono : J’ai adoré Creator Clash, une épreuve de boxe qui s’est déroulée récemment avec des youtubeurs et des streamers Twitch pour une œuvre de charité. C’était vraiment génial et j’ai passé un super moment à regarder ça, tous mes youtubeurs préférés étaient là. J’aimerais le faire un jour et me battre pour une association caritative.
ENGLISH VERSION
La Face B : On July 15th, your second album World Wide Pop will come out. If I asked you to define it with three words, what would you say ?
Orono : I was going to say world wide pop. (laughs)
Harry : I would say : big, catchy and personal.
Orono : I would say Disney-channel-realness because it is pretty camp and it is kind of our own weird interpretation of this category.
LFB : Today you appear as a band of five instead of eight. What about the former members ?
Harry : Basically, things change in life. From the start of the band, we all were in different countries and never actually thought we would be a band. We never even thought that we would go on tour or even be in the same place together. For those guys, life changes and stuff. We are all friends, it is not like there was any falling-out or anything like that. It just made sense at the time, those guys moved on and we also opened it up to other people, we have got various guests on the record and worked with some co-producers as well. At the same time, it is like making the Superorganism bubble smaller, we brought more people into it as well. It is a cool kind of simultaneously shifting and I think that is what we always intended to be.
Orono : It is like an evolving thing.
LFB : Did they work on the new songs ?
Harry : In the very initial processes, yes. With Robert for example, who did all the videos for the first record, it has been a process of us kind of picking up a lot of what other people brought. It has opened up doors for the rest of us to fill in those blanks to get in there and change it up and make our own images.
LFB : In 2019, I had an interview with Pi Ja Ma where she was already telling me about your collaborations. So I guess you have been cooking these songs for quite a long time, haven’t you ?
Harry : The first seeds were planted quite straight after the first album.
Orono : On summer 2017, so yes they have been around for a long time now but not all of them though.
Harry : But that is the very initial ideas. I think about the song Put Down Your Phone and I remember the very first thing we did of that was probably not long after we did the first album. We worked on different phases of it for so long and at the end of last year with Stuart David Price who is an amazing producer we had the chance to work with, we added something that Pauline gave me. It was a little voice at the very end of that song where it is just her and her father or something like that. And I do not think I got that offer until the end of last year so that was kind of brewing for a long time.
LFB : Were these new songs also born in your own comfort zone or was the creative process different from before ?
Orono : A lot of similarities with some differences I would say. With the recording process specifically, like we did not go into a studio because we had the money to, we are just the most comfortable recording in our bedroom, our own tour bus, at the hotel or in the car whatever. We spent so much time together so sometimes we ended up having a jam somewhere like in a producer friend’s apartment in Chicago.
Harry : In terms of comfort zone, I think we pushed ourselves further this time. Because for the first record I do not think that we knew each other so well, creatively speaking I mean. So we did not know what each other’s comfort zones were artistically and I think this time that was kind of cool to have an idea of that and be able to push it into different places. This new record is more personal in a lot of ways and even on a technical level as producers and writers, we really pushed ourselves so much further because we were better. (laughs) The first album, we did not really know what we were doing and this time I think we did better knowing what we want and so we could push the boundaries of what we were trying to achieve.
LFB : Your latest single, crushed.zip, is said to be about the anxieties an artist may encounter. Since you have been in the spotlight quite quickly, is that something you faced a lot ?
Harry : From now and then, to certain situations quite intense, there are like the very first shows that we played. We played on Jools Holland which is quite a big British TV show and the day that we played that, there was Noel Gallagher and Dua Lipa playing and Tom Hanks was in the audience sat right behind us because his wife was playing. And at that point we had not really played shows before so it was really stressful.
Orono : It is overwhelming because I do not think any of us make music or art in order to be famous. It would be cool if people thought we are cool but I think we consider each other cool and that is good enough.
LFB : (To Orono) In 2018, you said in an interview that you were listening to a lot of Pavement and that you wanted to sing like Stephen Malkmus. Today, he is part of your second album. How did it happen ? And how does it feel to have an artist you have been admiring for so long making music with you ?
Orono : That really came naturally like all the features on the album. We had lunch with him in London at some point and we were just like hey we have these songs, do you want to be on them ? And he was like sure. So it was very casual and even if we were having lunch and it was the first time we were meeting and talking, I remember being like this person you are going to meet right now is not the Stephen Malkmus that you have envisioned in your head, it is a totally different person, his name is Steve. I tried to separate the Malkmus in my head and the Malkmus in real life and that has helped me to stay chill around him because to me he is just like a cool dude who makes music and who is also a dad. It is surreal but at the same time it is also very casual to me because he is just a friend who ended up on our album.
LFB : As opposed to your first album, you have been able to work all together and not remotely…
Harry : But we still often do it remotely because it works and we enjoy doing that.
LFB : With hindsight, what was more efficient to you then ?
Harry : It has different results in a way. I think the initial track for the song Solar System for example, came about from a jam in a studio in LA and that was like just the instrumental vibe of the song, you take that way and then work on it, Orono writes some lyrics and it ends up becoming this totally different basis as a result. Then the song Oh Come On is cool because you get the feeling of the room it was made in, in Chicago. Orono was having a shitty day and she came down and we were just jamming. It has a melancholic vibe, it was very reflective in the atmosphere of the studio. That is something that is unique for us because we did not have the chance to quite capture that before. We jammed a lot in the room together in a sense of doing things like stripped down performances and obviously performing live all the time. That definitely influences how it comes out. Time differences are always a funny one too because I have like an idea about something, get really excited about it and then send it to Orono but if she stays in Phoenix or somewhere else, she is not necessarily awake so by the time I get something back from her, I kind of have forgotten about my initial excitement but then get excited from hearing something new again.
LFB : Does calling your album World Wide Pop is a way for you to say pop culture is one of the main things that connects people with each other ?
Harry : Yeah.
Orono : Yes, I would say so.
Harry : It connects all of us together.
LFB : You have always been obsessed with pop culture. What are the main actors which have been influencing you in the making of your music ?
Orono : For the songs specifically, I would say Ru Paul and all of my favourite drag queens on Drag Race because I watched a lot of it on the second half of the tour and it is one of the things that kept me going. It was so inspirational and motivational and Ru Paul has always great pieces of advices for artists about living and being yourself in general. That was a big inspo for me.
Harry : One day, a friend of mine introduced me to Brian Eno and he was like the most lovely and gracious man. He is this intimidating figure in pop culture and like Orono said before, you have these pretty conceptions about people you meet and what they might be like and then you meet them and it is totally different. Brian Eno has such an open vibe, he was so open to ideas from people in the room. I think it very much influenced the way I thought about this record in a sense that it is very important to be quite open and I want us to get that openness across and how we collaborate with other people and with each other.
LFB : Your first album was about connections through technology. World Wide Pop still focuses on connections but in a different way, I mean it is more about connections with the outside world but through what is universal and disconnected from digital medias. In the end, does each of your albums always work as a foundation of what is coming next ?
Harry : That is very interesting that you said that. I think the nature of a collaborative process is that you are exploring the connections between each other and with this album having other guests on it as well, we had connections with them and so that kind of connectivity thing is always very important. With the first album, it made sense that it was an exploration of connections through technology because we created it totally remotely. Orono and Soul had never been in the same room and never met in person by the time we finished the album. They created an album together without meeting in person. In the end, it made sense that it went that way because it was an exploration of how we interacted with each other. With this record, we got on a bus and spent two years travelling the world together and meeting so different people.
Orono : Firstly, it was a teeny-tiny van.
Harry : It was indeed. Long drives across America with a four-hour sleep and a ten-hour drive. (laughs) We travelled around the world, met people in person and then I think it makes sense that we created a record about connections but it is more broad because it is rather about being out than just interacting over the Internet together which is all we have done while creating the first album. The second is about the experiences we had travelling the world, getting to know people all around the world and different types of people.
LFB : There are lots of international artists featuring on this new album. Does working with them was a way for you to display the importance of connecting with others and to open up to new ideas and new creative minds ?
Orono : That is very profound. I think it is just like we are international people so it ended up being that way. I would say what you just said is true but it was also a very casual thing, it happened to be and ended up to be like that naturally.
Harry : I think that what you think you are doing at the time and what you actually did in hindsight are often quite different things. When you do something it is just casually asking just like when it happened with Pauline and Axel from Pi Ja Ma. We told them we were hanging out backstage and asked do you want to say something over this ? It feels like it is very very casual but then when you look back on it, what it represents is such an intense moment in both of our lives. It definitely gets more profound when you think of things in hindsight.
LFB : You used to direct all of your videos, especially Robert (Robert Strange, editor’s note). Even though he is no longer part of the band, why didn’t you decide to keep on directing your videos yourself ?
Harry : In a way, all the concepts is basically me and Orono‘s ideas. The thing is that Robert had technical abilities that we do not have, he understands how to edit videos and we are total dullards doing that. (laughs) We needed to work with people than can do that. The creative process is something we get to explore, we are not the kind of people that just want to outsource to someone else that we do not know, we want it to be something an accurate reflection of who we are, what our tastes are and what our kind of ideas are.
Orono : It is good for consistency too because that is something that we all care about.
LFB : Last but not least, do you have any song, book or movie you really loved lately and would like to share with us ?
Orono : I loved Creator Clash, a boxing event which happened recently with Twitch streamers and youtubers doing it for charity, that was really great and I had a great time watching it, all my favourite youtubers were there. I would like to be in Creator Clash one day and fight for charity.
© Crédit photos : Jack Bridgland