Gwendoline, c’est la shlag à l’état pur. Un shoot de Ricard et d’idées noires. Un flegme légendaire mêlé à des pensées revendicatives. Leur premier album, Après C’est Gobelet, puis leur dernier EP, Sans Contact, étaient l’occasion d’un passage express à la capitale, pour un concert survolté.
Avant de nous diriger vers la salle de concert, nous avons rendez-vous avec Gwendoline dans un cinéma parisien. En effet, ils présentent ce soir-là le court-métrage de fiction dans lequel ils jouent et qui porte leur nom. La salle est comble pour découvrir une autre facette du groupe rennais. Le réalisateur, Joaquim Bayle, nous dit quelques mots avant que la projection se lance. Dans un noir total un peu trop long, on rit, tous. Les canettes de bière s’ouvrent, les blagues fusent. Bonne ambiance garantie. Ce qui suit, je ne sais pas si le public y était préparé. Un film de fiction en noir et blanc, contrasté et au charme suranné, qui narre l’histoire de Gwendoline, un duo aux débuts musicaux hasardeux, qui cherche tant bien que mal à percer. Une ambition vouée à l’échec puisque leurs morceaux ne déclenchent chez le public que consternation et envie de suicide.
Un portrait tendre et malicieux d’un groupe qui ne se prend définitivement pas au sérieux. La projection est suivie d’une dégustation de pastis (évidemment).
Première partie : Hello Paris
Ils s’appellent Hello Paris, ça sonne bien, c’est drôle. Sur internet, les informations se font rares sur ce groupe. Sont-ils de Rennes, de la capitale ou d’ailleurs ? On ne sait pas. Ils ont sorti un EP en 2020, que j’ai écouté quelques jours avant, avec le soleil en bandoulière et les ruelles parisiennes. Puis des singles en 2021 et 2022.
Ils débarquent sur scène à 19h45, planning obligé, mais c’est tôt. La plupart des gens ne sont pas encore arrivés. Alors, le début se fait timide. Ils sont trois sur scène : deux guitares et une basse. Hello Paris c’est tout doux, de l’indie pop qui sent bon les vacances et les vestes sans manche, le début de l’été et les bières chaudes. J’aurais souhaité un public plus communicatif, pour qu’ils soient plus à l’aise, peut-être. A écouter : Reaching the End (The Cloud)
Gwendoline
Les aficionados du Ricard ont enfin rejoint Petit Bain. Prêts à voir les Gwendo. Peut-être un peu trop prêts à mon goût car dès les premières notes, les personnes derrière moi s’époumonent, se croyant peut-être seules dans leur chambre ou sous la douche. Je me demande si ça va être comme ça pendant tout le concert. Si je vais entendre Pierre et Micka, ou non. Il s’avère que oui. Ouf, je peux quitter mon masque de relou et profiter de ce set, encore revisité depuis la dernière fois où je les avais vus, en octobre dernier, au Hangar (Ivry-sur-Seine) puis en novembre aux Primeurs de Massy.
De nouveaux morceaux s’ajoutent aux tubes déjà existants. Derrière eux, toujours cet écran qui projette des images animées, reflet de notre époque désabusée et désenchantée. Le duo, fidèle à lui-même, semble presque gêné d’être là. Micka disparaît régulièrement vers le fond de la scène, toujours son Ricard à la main. Quant à Pierre, il gesticule et sautille dès que les refrains apparaissent. Un pied pour deux micros, très bas, alors se baisser, baisser la tête. La garde. De Chèques Vacances à Chevalier Ricard, sans oublier La Fin Du Monde, Gwendoline crie son mal-être, son dégoût de la société consumériste et nous offre sur un plateau de bar son anxiété sociale. Du Lundi au Vendredi, on laisse Gwendoline nous conter la vie.
On les écoute remercier la ville au sein d’un nouveau morceau teinté d’ironie, tandis que le clavier se déchaîne et que leur nouveau guitariste, Jack, se démène. Les yeux fermés, je sirote mon pastis à la paille (oui, allez demander au barman, je ne sais pas pourquoi) en réfléchissant (un peu) et en me disant qu’ « ils sont doués quand même ces deux mecs ». Des textes énervés et vrais, symbole de nos épopées, de nos désirs et de nos actes manqués. Alors, on a peut-être envie de pleurer, mais est-ce que ce n’est pas mieux de danser ? En bord de scène, à gauche, des enfants ont de gros casques jaunes vissés sur leurs oreilles. Ils ont un sourire immense et chantent sur… Start-up Nationale. Cette soirée est improbable.
Mais moi, j’attends ce moment où ils feront ma chanson préférée. Elle n’existe qu’en live, alors je me dois d’être là, à chaque fois. Je ne connais pas son nom. Mais ce qui me tient et me bouffe, c’est la force qui s’en dégage. L’écran diffuse des images de défilés militaires et eux, égrènent, sans cesse, ces quelques mots : « car ce monde est génial ». Implacable, d’un ton monocorde, jusqu’à ce que Pierre crie, crie. Il n’y a pas de bruit dans la salle, tout le monde est suspendu à leur souffle. Je voudrais que ce moment ne s’arrête jamais. Mais la foule attend Audi rtt. Une fosse transformée alors en pogo géant, tandis qu’on entend retentir, à droite et à gauche : « la vie c’est dur, putain ».
Lorsque vient le moment de dire au revoir, ils quittent la scène avec un sourire sincère, avant de revenir sous des applaudissements nourris. Comme à l’accoutumée, ils jouent une reprise de Pas assez de toi de Mano Negra. Courte mais efficace. Toujours aussi noire, toujours aussi Gwendo.
Finalement, ils concluent avec 1 new 2 pc, extraite de leur nouvel EP Sans Contact. On aurait souhaité un second rappel mais la soirée ne fait que commencer. En effet, les deux compères sont attendus aux platines de la cantine de Petit Bain pour une nuit sans doute colorée.
Pour celles et ceux qui n’ont jamais vu en concert Gwendoline, c’est de toute évidence une erreur mais heureusement, c’est rattrapable. Alors, munissez-vous de votre Ricard, qu’il soit court ou noyé, avec ou sans glaçons, repérez une date, et surtout, kiffez.
Relire notre chronique de l’EP Sans Contact, de l’album Après C’est Gobelet et notre interview.
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Crédits photos : Loélia (concert shooté à l’argentique)