Legacy, la confirmation d’Emile Londonien

Même si dans le monde entier, le Jazz se refait une santé, notamment grâce à des sonorités nouvelles et modernes, la France constitue une mince concurrence en Europe. Malgré cela, certains jeunes artistes et groupes émergent et placent tout de même l’hexagone au sein de la scène. C’est le cas d’Emile Londonien. Le trio strasbourgeois a sorti en février dernier son premier album : Legacy.

Ce disque et plus globalement cette formation cristallise l’influence du centre névralgique du Jazz contemporain, à savoir Londres. Bien sûr, le nom de la formation, habile clin d’œil à cette même scène ainsi qu’au saxophoniste Emile Parisien en est la preuve la plus évidente. Cependant, une fois plongé dans l’univers sonore du groupe, on remarque effectivement une immense influence des divers musiciens arpentant la capitale anglaise.

Avec une identité mêlant donc Jazz, afro-beat, musiques électroniques ou encore borne beat, le tout dans une atmosphère propre au Fusion, le flot d’inspirations se voit être vaste.

À l’écoute de ce premier album, on peut nommément évidemment penser à des formations comme le Yussef Dayes Trio, tant par sa structure que son orientation mélodique. Un autre groupe, prenant la même forme mais se situant en dehors de Londres peut aussi être vu comme ressemblant : Athletic Progression.

Tous les trois partagent cette même valeur ajoutée, à savoir la prédominance de sonorités hip-hop dans un Jazz Fusion de haute volée. On note particulièrement un savant travail effectué sur les parties de claviers et spécifiquement sur leur sound design. Les arrangements sont très soignés et choisis avec beaucoup de cohérences et de goût.

Ce même clavier, principal vecteur mélodique du trio se voit accompagné d’une section rythmique premièrement très complémentaire, mais aussi et surtout d’une grande constance. Les brillants techniciens que sont le bassiste et le batteur démontrent une nouvelle fois l’importance de l’interdépendance d’une telle combinaison.

Cependant, il est important de ne pas se méprendre, Legacy ne constitue pas une simple compilations de démonstrations techniques sous fond d’arrangements Jazz. On retrouve des morceaux comme Laziness et sa superbe ligne de basse ou encore le très groovy Archives, témoins d’une maturité déjà avancée. Ceci étant fait sans pour autant délaisser le jeu pur et la mise en avant d’un certain niveau de maîtrise, comme l’affiche le tire House Party, enregistré sur scène au Worldwide Festival.

Des connivences Pop se font aussi aisément ressentir comme avec le très dansant et clubisant Make It Easy, porté par la voix de Lara Issa. En parlant de collaborations, on note par ailleurs quelques autres intervenants venant apporter leur timbre ou jeu aux compositions du trio.

On remarque notamment la présence des deux saxophonistes Emile Parisien et Léon Phal, saxophoniste français très prometteur. Le trompettiste Antoine Berjeaut est également présent ainsi que le producteur Kuna Maze sur le titre House Party.

Avec un premier album preuve d’une grande maîtrise et d’une certaine assurance, Emile Londonien démontre toute sa maturité et sa capacité à produire de la grande musique. Legacy témoigne d’une sincère affection pour une scène londonienne foisonnante et effervescente.

Avec ces onze titres, le trio strasbourgeois confirme les espoirs placés en eux et mettent une nouvelle fois en avant leurs talents indéniables de musiciens.

Vous pouvez retrouver Emile Londonien sur Facebook et Instagram.