ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Elle dévoile aujourd’hui son album Notre-Dame-des-Sept-Douleurs et on lui accorde toute une journée pour célébrer cette sortie. Direction le Canada avec les influences musicales de Klô Pelgag.

L’infonie- Viens danser le OK là
Je crois que ce groupe et cette chanson témoignent de toute la période de la fin de mon adolescence jusqu’au Cégep. Je découvrais alors Raôul Duguay dans cette énergie extrême et sans complexe. Une liberté et une folie qui me faisaient rire aux éclats et rêver d’appartenir à cette époque que je voyais comme étant celle où les artistes se voulaient ambitieux, audacieux, intelligents. De la musique en croyances inventées et en auto-dérision aussi. Je vénérais alors Claude Gauvreau, j’imaginais les signataires du refus global dans un appartement montréalais,
réinventant le monde dans un nuage de fumée de cigarette et je regardais sans relâche ‘La nuit de la poésie 1970’ en remerciant les astres que cette nuit fut été immortalisée.
Brigitte fontaine- Conne
On m’a initié à Brigitte Fontaine avec cette chanson-là. J’étais bouche bée, je riais fort et je me
disais: « wow, la musique c’est beaucoup plus extraordinaire que ce que je pensais », moi qui faisais le parcours entre la maison et l’école secondaire accompagnée de la radio locale qui
variait ses choix entre Éric Lapointe et Kevin Parent. C’était peut-être la première fois que j’entendais une chanson ‘conceptuelle’, c’était nouveau pour moi. Un savant mélange entre l’art
contemporain, la chanson et le théâtre. Je crois que ce sont des artistes comme Brigitte Fontaine qui ont élargies le spectre de ce que je croyais possible de faire avec la musique, ça a ouvert mon esprit et m’a fait entrevoir les possibilités infinies possibles d’exister.
Connan Mockasin – Forever Dolphin Love
C’est le genre de chanson dans laquelle je me coucherais pour dormir dedans, une couverture sur la tête, avec un vent chaud sur la joue. C’est lent, tasty, mystérieux, sensuel. J’ai écouté cet album à outrance et la venue de Connan à Montréal a éveillé une fibre ‘fan’ qui sommeille en moi et ne fait jamais vraiment surface sauf cette fois-là (au chalet) où je me suis précipité sur l’achat de billets et ce concert durant lequel je vivais de grandes émotions à chaque début de chanson.
J’étais cette personne qui criait dans sa tête « C’est ma toune » à chaque nouvelle note. J’ai aimé ça.
King Crimson- Epitaph
Encore un vestige de mon adolescence. King Crimson, Gentle Giant (proclamation), Syd Barrett
(terrapin), Pink Floyd (green is the colour) m’ont accompagné dans le classique mal-être adolescent. C’est l’un de mes frères, un peu plus vieux que moi qui m’a initié au rock progressif.
Quand j’écoute cette chanson, ça sent un peu le pot, je revois la chambre et la fenêtre. Je pense que ce sont des groupes qui faisaient de la musique à hautes voltiges d’émotions qui
correspondent à la démesure du drame adolescent. C’est probablement pour cette raison que j’aimais tant cette musique. Elle accentuerait ma peine et donc, je m’y sentais un peu moins
seule.
Anne Sylvestre- Les gens qui doutent
Anne Sylvestre est une grande autrice-compositrice un peu sous-estimée. Elle est, pour moi, aussi importante et significative que Barbara dans l’univers de la chanson francophone classique. Elle a écrit l’une des plus grandes chansons françaises sur les femmes: Une sorcière
comme les autres. En apparence très sage et propre, ses chansons portent toutefois sur des sujets assez controversés pour l’époque dont Non tu n’as pas de nom, une chanson sur le
droit à l’avortement.
Gulden Karabocek- Arzu Kizim
À mon retour du Japon, où j’avais rencontré un groupe de musiciens turques qui m’ont fait découvrir cette artiste, j’ai développé une obsession. Je me réveillais à chaque matin en
écoutant cet album. J’étais amoureuse de cette voix et de cette façon de chanter très étrangère à la façon occidentale. Ces mélodies qui voyagent très habilement dans chaque petit recoin de note. Le mélange entre les instruments traditionnels et les synthétiseurs. Je crois que ça a aussi ouvert une porte de mon cerveau.