ADN #65 : Polycool

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Aujourd’hui ce sont ceux qui ont prété allégeance au seigneur citron qui nous dévoilent leur ADN, on parle bien sur de Polycool.

crédit : Hellena Burchard

Column – A Year in Your Garden

Dans notre vocabulaire, on appelle ce genre musical la “moelle” pour “musique moelleuse”. Cette chanson donne autant envie de se rouler dans une couette chez soi en regardant les nuages passer que d’aller se perdre dans la nature avec des amis. Ce morceau est le premier d’un album qui porte le même nom A year in your garden, composé par Rory et Jake Mccarthy sous le pseudonyme de Column. Cet album, qui est à l’unanimité une référence dans Polycool, invite à la méditation et à la réflexion. Column fait partie des artistes que l’on a envie de garder pour soi quand on les découvre, par peur de voir les autres s’approprier une chose si intime. Tout ça nous vient du très élégant net label Tasty Morsels qui compile depuis le début des années 2010 les plus belles compositions d’une bande d’amis anglais tels que Aldous RH, Kimono Man ou Naran Ratan. Aujourd’hui, Rory Mccarthy est plus connu pour son projet solo Infinite Bisous, continuant ainsi de propager la moelle dans la musique indé actuelle.

Unknown Mortal Orchestra – Can’t Keep Checking My Phone

Unknown Mortal Orchestra (UMO) est un projet étrange et vraiment unique. Il y a évidemment un “son” UMO qu’on admire, surtout dans la voix mais aussi dans certaines guitares. Dans tous ses albums il a su allier des sonorités brutes et une intention assez rock, mais pour créer une pop hyper moderne, qui peut aller du très groovy au très mélancolique. Ces sonorités et cette multiplicité sont clairement dans notre ADN et le seront de plus en plus. Par exemple, pour nos prochains morceaux on a décidé de composer comme si UMO et Prince avaient fait un enfant. Concernant ce clip, il est tout simplement magnifique : sérieux et décalé à la fois, il porte un message clair tout en restant énigmatique, tout ce qu’on aime. Conseil bonus : écoutez sa série de morceaux/mixtapes SB-01, SB-02, etc. qui sont sublimes, surtout SB-04.

Sébastien Tellier – Universe

Sébastien Tellier c’est un homme aux mille et une casquettes et celle que je préfère de loin, c’est celle qu’il porte dans son premier album L’incroyable Vérité duquel le titre Universe est tiré. Dans la description de l’album à l’intérieur du disque, Sébastien Tellier recommande d’écouter son disque éclairé à la lumière de bougies, en effet on le comprend bien car au cours de ce premier voyage sonore, Tellier propose des titres très lo-fi et originaux pour l’année 2001. En tournée au même moment avec Air, on constate des influences allant de Pink Floyd à Nick Drake et expérimentant même dans l’expressionnisme de Goran Bregovic. Une très belle chanson donc, qui donne autant envie de pleurer que d’embrasser une personne pour la première fois. ADN, pourquoi pas, mais certainement une piste pour mieux saisir les chansons et l’atmosphère de Polycool.

Claude Larson – Seedling

On a découvert Claude Larson il y a quelques années et c’est clairement notre meilleure trouvaille internet. C’est un humble compositeur allemand des années 70’s/80’s, super niche. Sa musique est une exploration pionnière des premières machines programmables de l’époque. Pour nous, c’est de la musique pour faire la fête dans sa tête (écoutez son morceau Join In The Dance), ou bien une musique conçue pour amuser les jouets (écoutez son morceau Savannah). Et dire que sa musique était seulement destinée à des jingles d’émission de télé ! En plus, cet album (Plantlife) parle de plantes, ce qui en fait pour nous la version 80’s fun de Plantasia de Mort Garson. On a réussi à choper 3 ou 4 vinyles de lui dont celui là. C’est assez rare mais heureusement personne n’en veut. Claude Larson est décédé l’année dernière, mais on parie qu’il aura une notoriété posthume énorme. En terme d’ADN, il n’inspire pas vraiment la musique de Polycool, mais les plus habiles remarqueront qu’il est l’influence majeure de l’album de La Crampe.

Soft Hair – Lying Has To Stop

Soft Hair est la collaboration entre deux artistes qu’on estime beaucoup. Le premier est Connan Mockasin connu pour sa musique planante entre pop expérimentale et jazz. Le deuxième est Sam Dust, ex-leader du groupe mythique de la fin des années 2000 Late of The Pier et maintenant en solo sous le nom LA Priest, deux projets dont on est très fan. En un sens, cet album est donc à la croisée des inspirations de Polycool. Le plus remarquable c’est que cet album a été écrit en 2008, et pourtant à sa sortie huit ans plus tard, il était toujours incroyablement moderne. On a littéralement attendu des années que ça sorte. Lying Has To Stop est le morceau parfait pour s’initier à leur univers. On est passionné par ce clip parfaitement gênant, en particulier de la danse des bras de Connan Mockasin au début. On y aperçoit aussi Sad Eyes, un autre artiste de Tasty Morsels qui fait des trucs super.

(Bonus) Thundercat – Dragonball Durag

En plus d’avoir une basse 15 cordes, 8 doigts par main et 14 pédales en série, Thundercat est un énorme génie du groove simple et décalé, et surtout le roi des vidéos mal filmées et absurdes. Autant dire qu’il nous inspire beaucoup, dans ses projets solo ou dans ses collabs (Flying Lotus, Kendrick Lamar). On l’a vu en live au Trabendo il y a quelque années, c’était marquant car avec son groupe ils sont partis en free jazz pendant des plombes, c’était très intense et la moitié du public s’est barré avant la fin, mais lui il s’en fout. Et un point bonus pour les paroles : “I may be cover in cat hair, but I still smell good”.

Écoutez Lemon Lord de Polycool :