ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. À l’occasion de la sortie de son nouvel album, Vitalisme, Nicolas Michaux nous confie les titres qui l’ont marqué.
Yves Montand – Trois Petites Notes de Musique
Nicolas Michaux : Mon premier souvenir musical grâce à une cassette dans la 2CV Dyane de ma maman.
C’est la chanson d’un très beau film qui s’appelle Une aussi longue absence, qui fut Palme d’or en 1961. C’est George Delerue à la composition, les paroles sont d’Henri Colpi, le réalisateur et c’est interprété par Cora Vaucaire dans le film, une chanteuse que j’aime beaucoup. Je l’ai revue récemment. Ça m’a beaucoup touché. Il raconte l’histoire de Thérèse, une femme qui tient un café et reconnaît un jour un vagabond comme étant son mari, disparu pendant la Seconde Guerre mondiale. Amnésique, il ne la reconnaît pas, mais elle tente de le ramener à sa mémoire en rejouant des scènes de leur passé et lui faisant écouter cette chanson. C’est beau à pleurer.
Bob Dylan – Like A Rolling Stone
Nicolas Michaux : Like a Rolling Stone de Bob Dylan a été une chanson très importante pour moi quand j’étais adolescent.
Je l’avais entendue pour la première fois dans le film Au nom du père avec Daniel Day Lewis et je l’avais tout de suite adorée. Mais je n’avais pas le disque à la maison. Donc, pendant quelques mois, chaque fois que j’entendais cette chanson par hasard quelque part, j’étais comme un fou.
J’ai finalement acheté un Best Of de Bob Dylan chez le disquaire local et ma vie a changé pour toujours.
Je pouvais ressentir tellement de force et de liberté dans cette chanson et cette voix, pour l’adolescent que j’étais, c’était comme un appel. Comme l’a écrit Rimbaud : « La vraie vie est ailleurs ». Et l’adolescent que j’étais sentait que la “vraie vie” était dans cette chanson.
Je suis devenu obsédé par les chansons, l’écriture de chansons et la production musicale à partir de ce moment-là.
Leonard Cohen – Eveybody Knows
Nicolas Michaux : Je suis un grand admirateur de Cohen. J’admire le poète et le musicien et je suis sous le charme de l’homme. Sa beauté, son élégance, son côté affable et drôle. J’aime aussi son perfectionnisme. Ses chansons sont parfaites et son oeuvre est parfaite.
Cette chanson en particulier est tout simplement incroyable. Un principe important en tant que songwriter c’est qu’il faut dire la vérité sinon ça n’a aucun intérêt. Il faut que ce que l’on écrit soit en phase avec le réel que ce soit dans le domaine des sentiments, de la politique ou de la spiritualité : il faut dire vrai. A ce jeu, Everybody Knows excelle. Et puis c’est une chanson aux accents marxistes et ce n’est évidemment pas pour me déplaire.
“And everybody knows that it’s now or never
Everybody knows that it’s me or you
And everybody knows that you live forever
When you’ve done a line or two
Everybody knows the deal is rotten
Old Black Joe’s still picking cotton
For your ribbons and bows
And everybody knows”
Neil Young – On The Beach
Nicolas Michaux : C’est la chanson titre de mon album préféré de Neil Young. C’est un des albums les plus bruts, les plus à fleur de peau de Neil. Et cette chanson est une étoile qui brille au firmament.
« The world is turnin’,
I hope it dont turn away.
All my pictures are fallin’ from the wall where I placed them yesterday.«
Il y a quelque chose de mystérieux dans l’écriture de Neil Young et il est parfois un peu méprisé par certains en tant que songwriter. Mais pour moi, il est un grand poète à sa façon en plus d’être un grand interprète-producteur et un esprit libre. Sa façon de faire de la musique m’a beaucoup influencé. J’ai appris par hasard que Michel Houellebecq est fan de Neil Young et de son écriture. Ca ne m’étonne pas tellement. J’aime beaucoup Houellebecq également en tant qu’écrivain et poète.
CASEY – PAS A VENDRE
Nicolas Michaux : Pour changer de style et d’époque, je choisis de parler de Casey et de cette chanson tout à fait incroyable qu’est Pas à Vendre. Casey est une figure fondamentale du rap français ou plutôt du rap de fils d’immigrés comme elle aime décrire son style et pourtant elle est souvent oubliée des grandes rétrospectives. Une grande artiste engagée du bon côté de la force depuis toujours rappelant à qui veut l’entendre le passé colonial de la France et son présent néo-colonial.
Dans un monde pourri de capitalisme jusqu’à la moelle où loi du marché et loi de la jungle dictent nos existences, ce message Pas à Vendre vient nous rappeler qu’il y a des choses sans prix, des choses trop précieuses pour les mettre sur le marché.
« Quelle importance mes séquelles, fais ta route!
C’que tu penses n’influence pas ma manière d’être
Et tous les mécontents peuvent aller se faire foutre
Car je ne rends des comptes qu’à celle qui m’a vu naître
Je n’suis pas cette bête de foire que l’on dompte
Ou bien même à qui l’on monte sur la tête
Et cette vie propre et nette de michtons aux petites minettes
Je n’en veux pas, laisse moi sur ma planète
Mon mode de vie n’est pas à vendre
Mon rap n’est pas à vendre
C’que j’pense ou dis n’est pas à vendre
Si tu crois qu’ça va changer, tu peux attendre«
J’adore l’état d’esprit. Elle me fait penser à Lou Reed que j’aime tellement également et qui disait que ses chansons étaient “des morceaux de rue” mis en musique.
De nouveau, ça sent la vérité à des kilomètres et c’est ça qui m’intéresse.
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