ADN #994 : Half Asleep

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. À l’occasion de la sortie de The minute hours | Les heures secondes, Half Asleep nous confie ses influences musicales.

crédit : thomas jean henri

Nico – Evening of Light (1969)

J’ai découvert la musique de Nico quand j’avais dix-neuf ans et je ne m’en suis jamais remise.

Pour moi, l’œuvre de Nico représente la liberté de l’artiste solo qui ne doit rendre de comptes à personne, qui suit sa voie sans se soucier des modes, qui se donne la latitude d’explorer ses idées jusqu’au bout et d’exprimer jusqu’à l’extrême sa singularité. J’admire énormément cette forme d’entêtement artistique.

Il y a peu de morceaux de Nico que je n’aime pas. Aussi, je choisis un peu arbitrairement Evening of Light, un titre colossal qui pousse à son maximum la noirceur inhérente à l’univers de cette artiste.

Egberto Gismonti – Volante (1972)

Água & Vinho d’Egberto Gismonti est sans doute mon disque brésilien préféré (et la compétition est rude !). C’est aussi un de mes albums préférés tout court. Je l’ai beaucoup réécouté quand j’essayais d’imaginer les arrangements de mon nouvel album.

La chanson Volante – la septième du disque – n’est pas loin d’être la chanson parfaite. Enfin, parfaite pour moi, parce qu’elle réunit tout ce qui me plait dans un morceau : une atmosphère forte et étrange qui nous tient en suspension, un texte poétique et mystérieux, une composition évolutive à la croisée de plein d’influences, qui change de vitesse sans crier gare, des arrangements absolument superbes avec assez de rugosités et de dissonances pour nous garder alertes.

Kate Moore – 101, par le Klang Ensemble (2012)

Ce morceau de la compositrice australo-néerlandaise Kate Moore me fascine et m’impressionne presqu’au-delà des mots. Je ne sais pas comment on écrit une pièce comme celle-ci, ni comment on l’interprète.

101 est un vrai trip ! Du début à la fin, à une vitesse effrénée, avec une précision mathématique mais une énergie très physique, voire électrique. Je ne me lasse jamais de l’écouter (et je l’écoute toujours à plein volume). Un jour, alors que le morceau passait dans les enceintes de notre salon, une amie me disait qu’elle le trouvait oppressant.

Ça m’a surprise : j’exulte tellement à son écoute que je l’ai toujours associé à une émotion de joie et de satisfaction. Je n’ai pas de formation classique et ne lis pas très bien la musique, c’est un niveau de composition dont je ne serai jamais capable mais ça ne m’empêche pas de me trouver complètement passionnée par ce que j’entends. Et c’est bien d’être passionnée. Ça me pousse à me lancer des challenges ! Je ne peux peut-être pas écrire un deuxième ‘101’, mais je peux prendre le temps de chercher ces éléments qui me feront exulter dans ma propre musique.

Ah aussi, shout out au Klang Ensemble !, avec sa parfaite combinaison d’instruments, qui fait vraiment claquer cette partition écrite pour lui.

Lemon Kittens – Small Mercies (1980)

L’album We Buy A Hammer for Daddy (1980) des Lemon Kittens – formé par le duo Danielle Dax et Karl Blake – est un autre de mes disques préférés.

Pour moi, c’est un disque modèle. Pas qu’il soit parfaitement sage – plutôt l’inverse : il est brut de décoffrage, aventureux, excitant, varié, avec plein de personnalité. À l’intérieur de ce genre musical (British DIY post-punk ?), c’est toujours cet album-là que j’ai envie d’émuler. Et c’est vers lui que je reviens chaque fois que j’ai besoin de me convaincre à nouveau de la puissance de l’approche « less is more ».

We Buy A Hammer for Daddy a en partie inspiré l’usage du sax sur mon dernier album. Mais il est surtout une influence importante pour plusieurs projets sur lesquels je travaille actuellement.

L’album fonctionne mieux comme un tout. C’est-à-dire que les morceaux, tous très courts, gagnent beaucoup quand on les considère en vis-à-vis les uns des autres. Néanmoins, si je dois isoler un titre pour cet exercice, je choisis  Small Mercies, parce que je l’adore et qu’il illustre bien ce que je dis plus haut.

Midget ! – Premier soleil (2017)

Claire Vailler et Mocke – qui forment le groupe Midget ! – sont des ami·es depuis une quinzaine d’années. J’ai toujours admiré leur musique, que ce soit au sein de leur duo ou dans leurs projets solos respectifs. Au fil des années, on s’est donné plus d’une fois l’occasion de jouer ensemble, pour notre plus grand plaisir à tous·tes. Avec le recul, je remarque que leur approche de la musique a eu – et continue d’avoir – une influence indéniable sur moi.

J’ai eu la chance de jouer Premier soleil avec ell·eux sur scène et c’est un morceau aussi incroyable à écouter qu’à interpréter. C’est un univers entier, une chanson à bourdon tordue et hors des âges, aux paroles magnifiques. La première fois que je l’ai entendue, j’ai été comme sonnée, de me trouver face à quelque chose de si fort et de si beau.

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