ADN #991 : Bøl

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. On a profité de la sortie le 28 mai prochain de leur premier album Where The Glitter Goes pour découvrir les influences de Bøl. Retrouvez également Bøl sur la scène de la Boule Noire le 12 juin 2025.

Choix de Cédric Laval (Guitare)

BILLIE EILISHHappier than ever

Billie Eilish c’est l’art de se promener dans les genres musicaux sans faux pas. Une voix incroyable qui navigue au gré des productions électros, pop, acoustiques ou rock de son frère. J’admire sa capacité à aller explorer plein d’horizons toujours avec justesse, et ce titre avec sa première partie ballade vintage qui switch complètement en teenage rock l’illustre à la perfection. Et puis je fais partie de son top 0,5% auditeur monde selon Spotify, j’étais obligé de la citer haha.

RADIOHEADClimbing up the wall

J’aurais pu donner des dizaines de titres de ce groupe tellement c’est une masterclass absolue. Mais c’est un des premiers sons de Radiohead que j’ai écouté et il a un peu gravé en moi ce truc viscéral et instinctif qui habite Thom Yorke et que l’on cherche, par des biais différents, dans la musique de BØL.

ANIMALS AS LEADERKa$cade

En vrai j’écoute très peu ce groupe en dehors de quelques sons précis mais Tosin Abasi, le guitariste, a vraiment participé à mon identité musicale en tant que guitariste. Bon je suis à des années-lumière de son niveau technique, le gars a, de toute façon, créé une nouvelle manière d’appréhender l’instrument, il n’y a rien à faire. Mais son approche consistant à faire de la guitare un instrument presque percussif avec des passages rythmiques d’une certaine manière “minimaliste” qui rappellent l’électro m’a vraiment parlé à fond.

Choix d’Hugo Collin (Saxophone)

RadioheadLife in a glasshouse

Elle est nichée au fond de l’album Amnesiac, en onzième position, j’ai énormément écouté cet album génial au lycée, avec toujours l’envie de la récompense d’avoir ma chanson préférée à la toute fin. J’adore les sons lents, qui s’apparentent à des marches, et qui ont quelque chose d’un peu glauque et funeste, et le placement mélodique, toujours brumeux et génial de Thom Yorke. J’aime aussi beaucoup le fait de répéter une même tourne, mais avec toujours plus d’intensité, et de chaos qui s’ajoute au fur et à mesure, et surtout les vents qui hurlent, qui gémissent, et qui jouent crade, de manière un peu incontrôlée. Tout ça, c’est très présent dans la musique que je joue.

The BeatlesThe Fool on the Hill

J’aime bien quand les chansons de pop se mettent à la place d’un freak, d’un individu étrange ou perdu, quand ça raconte une histoire qui transporte ailleurs, à la troisième personne, bref que c’est pas centré sur l’intériorité d’un.e chanteur.se et de ses émotions (c’est très bien aussi, mais c’est un peu toujours ça). Aussi le fait d’utiliser un son moche émis par un instrument généralement assez nul, la flûte à bec ici, je trouve ça génial, si une musique raconte quelque chose qui va être servi par un son moche, alors on peut utiliser des sons moches, j’aime bien cette idée-là et j’essaie de l’utiliser souvent avec mon instrument.

Nirvana – In bloom

J’ai choisi celle-là, mais en vrai, j’aurais pu mettre n’importe quel titre de Nevermind tellement c’est une succession de tubes absolus. Je ne saurais pas dire pourquoi j’aime Nirvana plus qu’autre chose, juste tout fonctionne à la perfection, c’est méga puissant et méga touchant à la fois. Parfois, quand j’essaie d’écrire quelque chose et que je sens que toutes mes idées sont inutilement compliquées, c’est ce genre de son que j’écoute, quand c’est toujours super inspiré, mais ultra évident et honnête à la fois.

Choix de Ludovic Schmidt (Trompette)

Dame Area – Si No Es Hoy, Cuando Es

J’ai vu Dame Area en concert dans un tout petit bar à Toulouse il y a quelques mois, et ça a été ce genre de concert suspendu où tout le monde se regarde en mode « est-ce qu’on est réellement en train de vivre ça ? », et d’où on met plusieurs heures à redescendre. Il y a une urgence et une intensité dans le rapport au son et au moment live qui me touche profondément et une approche aussi très DIY (un des instruments du duo est un pupitre avec un micro contact sur une pédale de distorsion, sur laquelle tape la chanteuse) dans laquelle je me reconnais. Ce sont autant d’éléments que j’ai appris à travers des musiques plutôt improvisées ou expérimentales, dans des contextes plus élitistes, et j’adore les voir réinvestis dans un univers plus punk.

CHARLI XCX – Vroom vroom

Ce morceau part tellement loin dans l’arrangement, le choix de sonorités, les mélanges de styles, tout en étant un gros banger de A à Z. Charli XCX, Sophie et toute cette mouvance a apporté un rapport au son différent, avec des sonorités crues, presque dérangeantes parfois, mais une attitude de pop-stars. J’aime la place qu’a pris la pop moderne, à contre-courant à la fois de celleux qui la veulent docile et lisse, et de celleux qui aimeraient la voir dans des niches pour connaisseur.se.s pointu.e.s.

L’OCELLE MARE – Téléphone, Guitare, Interrupteurs, Membrane…

Thomas Bonvalet est un.e des musicien.ne.s qui m’a le plus influencé dans ma pratique. Il aborde les instruments et les objets qu’il utilise avec une approche ouverte, sans partir d’une idée préconçue et en se laissant guider par eux. Ça donne un résultat que je trouve beaucoup plus sensible et personnel que d’autres approches expérimentales similaires, qui me touche beaucoup. Je me suis beaucoup inspiré de son travail quand j’ai commencé à chercher d’autres approches sur mon instrument, et à mettre en place des dispositifs sonores expérimentaux. J’ai commencé à ce moment-là à voir le son comme une matière sonore que je modèle en temps réel avec un rapport quasi tactile, plutôt que d’en avoir une vision compositionnelle.

Choix de Romain Choisy (Batterie)

MESHUGGAH – Lethargica

Un de mes morceaux préférés de l’album Obzen. Meshuggah, c’est depuis longtemps une référence pour la plupart des musicien.e.s d’aujourd’hui, tous styles confondus. Ils ont créé un genre à part et beaucoup d’éléments de leur musique résonne dans celle de BØL, notamment dans mon jeu de batterie.

TIM HECKER – Prisms

J’ai mis la première piste de l’album Virgins mais l’album est en réalité un seul morceau fleuve. Je l’ai écouté de très nombreuses fois, surtout lors de longs voyages, ce qui lui donne une saveur qui m’est très particulière aujourd’hui. C’est vraiment ma réf quand je pense en termes d’ambiance, de texture, d’effet…

AMBROSE AKINMUSIRE – Moment in between the rest (To curve an ache)

Dans le jazz, il n’y a qu’Ambrose qui me met dans des états un peu seconds avec sa musique et notamment ses ballades. Celle-ci en particulier. C’est très cru, sale et pourtant tellement doux et beau. Je ne sais pas comment on fait ça mais j’aimerais bien faire ressentir ce genre d’émotion un jour.

Choix de Lunel Gabon (Basse)

THE DILLINGER ESCAPE PLANFarewell, Mona Lisa

Morceau de l’album Option Paralysis, est un de mes morceaux préférés au point qu’il a été mon réveil plus d’une année. Le fait de commencer par des accords de guitare doux et mystérieux, avant une avalanche de brutalité et de syncopes dans tous les sens et un refrain quasi lyrique. Ce morceau est un ersatz de tout ce qui me plait en musique avec les reliefs que l’on peut en donner en termes d’esthétique entre la brutalité extrême et la « douceur ».

DISSONANCE – Même si

Morceau de l’album Qui je suis… Il m’a bercé durant tout mon lycée à l’écouter en boucle avec ma mère sur la route alors que j’écoute plutôt la musique par album (c’est dire!!). Un morceau avec une très jolie intro de basse, qui m’a tout de suite donné envie d’un jour savoir la faire avec mon instrument. Un lyrisme dans les paroles sur un mélange de nostalgie d’abnégation et d’abandon qui sont des thèmes qui me touchent dans la vie de tous les jours aussi.

OM – State Of Non-Return

Difficile de choisir entre les différentes œuvres du bassiste chanteur Al Cisneros (mention spéciale à l’album/morceau unique Dopesmoker du groupe Sleep). Ce morceau (et tout l’album Advaitic Songs) est un monument pour moi de la musique psychédélique de notre ère actuelle. Un doom hyper lourd (et son de basse aussi clean que gigantesque en live) mêlé à la légèreté des drones de claviers/sitars et les langoureux breaks de batterie qui entrouvrent les yeux au milieu de la transe induite par le morceau.

Choix de Sylvain Rey (Clavier)

CHARLES MINGUS – Good bye Pork Pie Hat

Une magnifique composition d’un grand contrebassiste dans l’histoire du jazz et des luttes, ce morceau devenu par la suite un standard est pour moi un chef d’œuvre de part l’évidence de sa mélodie très blues d’un côté et la finesse harmonique de l’autre. Le tout joué avec un relief et une maîtrise de l’espace peu communs.

THE BEATLES – Come together

Je ne suis pas du tout un rockeur mais j’ai découvert par hasard cet album à 12 ans, et le premier titre Come Together m’avait tout de suite fasciné, par son son typé, l’originalité de l’arrangement. Puis plus tard par le sens et le « non-sens » des paroles, porteuses ou pas de messages selon comment on a envie de l’entendre !

AARON PARKS – Nemesis

Tout l’album est incroyable, c’était difficile de mettre en avant un titre plutôt qu’un autre. Nemesis illustre pour moi le côté hybride du jazz actuel, qui s’est abreuvé d’innombrables influences, rock, pop, classique, musique de films, sans se noyer dans le maelstrom du fusion fourre-tout indigeste ! Là, tout est fluide, le groove de la rythmique, le son, l’énergie, les prises de paroles improvisées. Tout est clair mais rien n’est robotique, des émotions puissantes s’en dégagent, comme dans le reste de l’album.

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