ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. À l’occasion de la sortie de son premier EP Wonder Jazz, Manon David Club nous dévoile ses influences musicales.
PETER GABRIEL – MERCY STREET
Pendant longtemps, Peter Gabriel est resté pour moi cette silhouette enlacée à Kate Bush dans Don’t Give Up, comme quelqu’un que j’allais croiser plus tard. Cette rencontre est arrivée il n’y a pas si longtemps, quand un soir je me suis lancée dans l’édition spéciale de So, qui comprend des titres live. Quelle claque ! J’ai été transportée dans une joie et une émotion que je n’avais pas ressenties depuis un moment. L’album est marqué des sonorités 80, mais aussi très original dans le mix, empruntant des ponts invisibles entre explorations new age et bangers groovy. Mercy Street est une chanson inspirée par la poétesse américaine Anne Sexton. Emportée par un triangle hypnotique, c’est une ballade au paysage mystique et envoûtant, au-dessus duquel plane la voix gracieuse de Peter Gabriel.
DAVID SANBORN – RUN FOR COVER (LIVE)
C’est à partir de ce morceau et de cette pochette engagée que ma vie a pris un drôle de tournant. Pendant le confinement, un ami bassiste et moi sommes devenus les deux seuls challengers des « Défis Basse ». On s’envoyait respectivement un titre à travailler chacun, puis on se filmait pour que l’autre valide la session et nous fasse passer au niveau suivant. Ça a dégénéré, puisqu’on a commencé à se lancer dans des trucs impossibles. En l’occurrence pour moi dans le live de Run For Cover de David Sanborn, avec Marcus Miller à la basse. Je suis entrée dans un trip cosmique avec ce morceau, tiré de l’album au titre prémonitoire Straight To The Heart, m’y jetant à corps perdu pendant des heures. Tout le monde groove comme un dingue sur un fond de synthés vaporeux, j’ai été complètement emportée par l’histoire. Je me suis fait des ampoules dans les ampoules, et j’ai écrit Rickie Lee en rêvant de slap et de cloche.
JONI MITCHELL – HEJIRA
Quelle queen ! J’ai découvert Joni Mitchell dans la discothèque de mes parents avec Blue, que j’essayais obstinément d’apprendre au piano. J’ai découvert Hejira des années plus tard, via le live Shadows And Light, enregistré au Santa Barbara Bowl à L.A. en 1979. Elle apparaît en vert et violet, boucles blondes, demi-caisse sous le bras, navigant avec une élégance fascinante dans les courants chauds de ses chansons. La magnifique pochette du vinyle est à l’image de sa musique : mystérieuse et chatoyante. Gros casting pour l’accompagner, avec notamment Jaco Pastorious dont la basse fretless semble chanter aux côtés de Joni.
WENDY & LISA – HONEYMOON EXPRESS
En plus d’être le best tout court, Prince est le best quand il s’agit de choisir son backing band. Rosie Gaines, Sheila E., Ida Nielsen… quelle euphorie de voir tant de déesses du groove sur scène. En plus de me faire kiffer elles m’ont aussi donné beaucoup d’espoir. Wendy & Lisa, qui l’accompagnent dans The Revolution, sont respectivement guitariste et claviériste. Ado, j’ai écouté Parade en boucle. Wendy & Lisa y font beaucoup de chœurs, alors j’ai chanté des heures avec elles ! J’ai eu une sensation de retrouvailles en découvrant cet album de 1987, ainsi que la chanson Honeymoon Express avec sa ligne de basse effrénée et crunchy.
PREFAB SPROUT – KNOCK ON WOOD
Steve McQueen est l’album qui m’a fait découvrir Prefab Sprout, le groupe anglais le plus sous-coté des années 1980 ! Il y a deux ans mon père m’offrait From Langley Park To Memphis, un album de 1988. C’est bien simple : je l’écoute au moins une fois par jour. Les arrangements sont une dentelle posée sur des compositions inspirées, menées par les voix de velours de Paddy McAloon et Wendy Smith. Knock On Wood est ma préférée de l’album, je ne me remets ni de son intro de batterie, ni de cette petite harmonie tortueuse et mélancolique.