ADN #844 : Mathilde

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Aujourd’hui, on part à la découverte des influences de Mathilde.

Crédit : Pierre Diaz

Florent Pagny & Calogero — Chatêlet – Les Halles

Dans ma prime jeunesse, je n’ai jamais vraiment été branchée variété française. À la maison, en famille, ça écoutait Ferré, Brassens, et les autres chansonnier•e•s de cette époque, mais pas vraiment de variét’. C’est le collège, les copines, et la marraine de mon petit frère, Marie-Claire, qui ont introduit la chanson plus popu dans ma vie, que j’écoutais alors sur Vibration, la radio locale, et que j’enregistrais sur cassettes avec ma chaîne hi-fi pour mon Walkman. Seuls les vrais (les vieux) savent.

C’est comme ça qu’est arrivé Obispo dans ma vie, que je suis allée voir en concert à Châteauroux et qui nous faisait découvrir en première partie un jeune artiste qui présentait alors son premier disque solo : Calogero. Son ambitus vocal similaire au mien, sa manière de le mettre en lumière par ses choix mélodiques, son audace de pousser sa voix comme jusqu’au bord de la rupture, m’inspirent encore à ce jour, mais jamais autant, en tout cas pour l’instant, que sur Châtelet – Les Halles, une de mes chansons préférées de tous les temps.

Muse — Exogenesis: Symphony

Muse, c’est l’histoire d’amour de toute une vie. C’est la béquille qui m’a fait survivre au lycée et à de nombreux moments terribles de ma vie de jeune adulte. C’était les cris que je n’osais pas pousser moi, c’était le rock que je n’osais pas faire moi-même, c’était à la fois mon âme la plus profonde et mon rêve par procuration le plus pur.

C’est Matthew Bellamy qui m’en a appris le plus sur le lâcher-prise, émotionnel comme musical, et, révolution, qu’on avait le droit d’avoir un gros bagage classique tout en étant légitime à faire de la musique populaire. La symphonie Exogenesis est, aujourd’hui encore, source de grande inspiration et émancipation pour moi. J’y reviens comme à la maison.

Telepopmusik — Brighton beach

Je découvre Telepopmusik pour la première fois avec Breathe dans une pub de bagnole en 2002, mais c’est vraiment leur album Angel Milk qui me bouleversera. Je l’ai écouté en boucle toute ma première année de fac, la voix de Angela McCluskey gravant des sillons renouvelés dans mon cœur. Mais je crois que c’est surtout la fusion entre la trip-hop chill et la soul-jazz qui m’a sculptée, ça venait toucher un endroit particulier de ma créativité qui aime mélanger comme un chef étoilé, aime marier les saveurs. Évidemment ça passe ou ça casse, mais encore aujourd’hui, dans mes désirs de faire des ponts entre les différentes matières musicales qui m’animent, vit l’influenceuse d’Angel Milk.

Sigur Rós – Myrkur

Aucun groupe n’aura ébranlé mes fondations musicales autant que Sigur Rós, que j’ai découvert avec Myrkur alors que j’étais encore au collège. Tandis que mes copines se demandaient qui de Filip, Adel ou Frank était le plus beau des 2be3, le rat de conservatoire que j’étais, féru de musique classique contemporaine et expérimentale est tombé dans l’album Von pour ne plus en sortir vraiment la même après ça. Les sonorités brutes, les arrangements organiques, les choix harmoniques sous tension… quand je perds de vue que seules la limite de l’imagination et de l’inspiration peuvent limiter un artiste, je reviens à Sigur Rós, toujours, pour me remettre la tête et la créativité à l’endroit, et me sentir à nouveau libre.

Daft Punk — Adagio for TRON

Venant d’une éducation musicale classique, j’ai toujours été attirée par les orchestrations bourrées de cordes (et de cuivres aussi – coucou John Williams ).

La BO de Tron Legacy m’a fait l’effet d’un véritable électrochoc, comme si ça m’autorisait à non plus séparer mes amours la musique orchestrale et la musique électronique, mais au contraire, vivre en trouple polyamoureux au milieu d’elles, sans plus jamais avoir à choisir entre les deux.

Plus tard, dans cette même veine, la BO du film Oblivion par M83 viendra continuer d’ancrer cette épiphanie dans mon adn créatif.

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