Une poignée de singles et un premier EP remarquables qui le plaçaient dans une position de crooner psychédélique suivis par un premier album brûlant et à l’énergie kaléidoscopique, on fait de ALIAS, un personnage à suivre depuis maintenant quelques années. Bien décidé à occuper le terrain, le français installé au Québec est de retour en ce début d’année avec deux singles annonciateurs de son second album et qui, une nouvelle fois, rabattent les cartes de sa musique.
Un serpent qui fait sa mue et laisse derrière lui des peaux sonores en polychlorure de vinyle. Lorsqu’on réfléchit bien, on ne voit pas de meilleure manière de résumer ce que représente la carrière d’ALIAS depuis son premier single en 2020.
Il faut dire qu’on avait pourtant été prévenu, le bonhomme a le chic pour la transformation et la mascarade et ce depuis KING où il se présentait masqué. S’en est suivi une transformation en loup-garou, la réinterprétation d’un marié solitaire en route pour les enfers puis un garçon au cœur brisé qui racontait sa peine.
Cette passion pour l’alias (vous avez pigé ?) trouvait une sorte de paroxysme avec son premier album, JOZEF où il habitait l’esprit et l’histoire d’un personnage aussi attirant et dangereux que ses personnalités aussi multiples que sa musique.
Car c’est bien là toute la beauté du projet d’ALIAS, c’est que chaque étape voit le bonhomme se transformer aussi facilement qu’il fait exploser les attentes de sa musique pour la mener ailleurs.
C’est donc un jeu de piste assez fascinant qui s’offrent à ceux qui, comme nous, suivent et s’impatientent des prochaines aventures d’Emmanuel Alias (oui c’est son vrai nom, comme quoi la vie n’est réellement qu’une histoire de destin).
Lorsque l’arrivée d’un nouvel album a été annoncée, c’est donc une certaine excitation qui s’est emparée de nous. Avant même d’écouter, il y a eu la première étape, celle visuelle car ALIAS est … devenu blond. Cela peut prêter à sourire, mais avec ce qu’on vous raconte juste au dessus, il y a encore toute cette volonté d’incarner sa musique, de l’habiter et de la représenter… et de laisser des petits indices. Ici, les visuels tranchent avec l’image sombre de JOZEF.
Un fond en aluminium et un garçon qui lorsqu’il fait tomber le masque laisse apparaitre une écume bleue sur son visage… Où sommes nous ? La réponse se trouve évidemment dans sa musique et dans deux premiers singles qui viennent une nouvelle fois faire exploser le petit jeu de quilles des attentes.
En fin d’année CURSED débarquait et nous laissait, littéralement, sur le cul. Exit les guitares, ALIAS se conjuge désormais avec des synthés et un sens de la distorsion qui nous entraine vers un dancefloor glauque et déglingué que ne renierait pas Soulwax. On retrouve toujours sa voix si caractéristique mais elle semble ici plus portée par l’urgence, par l’intensité musicale qui se bouscule en arrière et qui fait avancer les BPMs. Une malédiction bien sentie qui nous contamine par cette incantation toute simple : Let’s Dance.
Dans le fond, CURSED est une sorte de conte sombre, une histoire de prise de pouvoir, de prise de parole, un charme qui autorise tout, les retournements de situation et s’en sortir après un acte violent en jouant sur les clichés et l’image que l’on se fait d’une situation. Impossible de passer au travers de ce morceau qui voit les teintes roses l’habiter dans la vidéo qui l’accompagne.
Un one shot musical avant un retour à la normale ? Point du tout, la preuve avec TRUTH OR TRUST qui vient enfoncer le clou pour notre plus grand plaisir. Accompagné de Virginie B & Meggie Lennon, qui permettent au morceau de s’offrir un pendant émotionnel intéressant dans le traitement des voix, ALIAS continue de nous contaminer avec une ligne de basse vénéneuse et addictive, moins brutale et plus dans la séduction que CURSED.
L’idée est intéressante puisque le morceau semble s’intéresser aux rapports de forces dans la vie d’un artiste et au doute constant qui peut l’habiter dans son rapport avec les autres.
Ainsi, si la fête bat toujours son plein, elle est comme marquée par des taches plus sombre dans un endroit où l’on ne sait pas qui croire et qui suivre. Un miroir intéressant puisqu’au delà des autres, c’est aussi sur son rapport à lui même qu’il s’interroge, tout en ne se lassant jamais à l’idée de nous divertir et de nous faire bouger.
Vous l’aurez compris, CURSED et TRUTH OR TRUST ouvre la voie de la nouvelle fois d’ALIAS qui se dévoilera dans sa totalité en avril prochain. C’est donc ça le multivers ? Réponse prochainement avec EMBRACE CHAOS.