Pour son deuxième album, Les Gordon revient avec une compilation de sons du monde. Des morceaux qui ouvrent un vortex sur l’espace temps et propulsent dans un autre endroit du globe, éloigné, et lointain. Altura nous élève vers d’autres horizons.
Les Gordon semble déployer une créativité infinie. Depuis plusieurs années, il dévoile petit à petit des titres, les compile, les assemble et diffuse ses sons au moyen d’EP et d’album. Altura propose 18 titres, donc certains avaient déjà été révélés via un EP.
Une heure de mix, de déhanché, de méditation et de voyage.
Il est parfois difficile de produire une forme d’excellence sur un si long format. Pourtant, l’artiste propose une lecture d’aventures, un récit musical d’une épopée aux quatre coins du globe. Un album rafraîchissant, dépaysant et contemplatif.
Les titres sont construits autour du même schéma. En arrière plan s’installe un rythme électronique et synthétique, modulant les BPMs selon les ambiances. En suite, des percussions exotiques viennent s’ajouter au millefeuille sonore : celles-ci sont soigneusement sélectionnées en fonction de l’orientation musicale. On découvre en suite une voix, un chant, déstructuré et samplé, qui se tord, s’assouplit et s’emporte pour créer une atmosphère planante. Enfin, un certain nombre d’instruments viennent renforcer cette construction musicale riche et généreuse.
Un schéma qui crée une cohérence sur toute la longueur de l’album, mais sans être lassant, puisque l’on vogue à travers différentes cultures et différents paysages. À la manière d’un auteur qui disposerait d’une plume caractéristique et reconnaissable, malgré des dissimilitudes de récits.
Concernant les influences, celles-ci puisent une grande force dans la culture arabe. On retrouve notamment l’oud, très présent, qui donne le sentiment de marcher dans les rues sinueuses des souks, les narines envahies par l’encens et les odeurs d’épices environnantes. On retrouve également des racines plus africaines, apportant une ambiance tribale, de danse en groupe et de rassemblement. Certains titres sont plus cristallins et propulsent dans des atmosphères plus nautiques et aériennes, à la lisière de l’enchantement et de la cascade magique.
Ce qui ressort d’Altura, c’est l’invitation au voyage, à l’oubli de soi, du lieu où repose nos pieds, de l’air qu’on respire et du paysage qui se dessine sous nos yeux. On ferme les yeux, et on se retrouve sur une plage, autour d’un feu, avec la brise marine qui caresse le visage, les sourires des étrangers qui deviendront des amis, et la mémoire qui se dessine. On prend une longue inspiration qui nous envole dans une contrée africaine, embrassant une culture qui n’est pas notre, entrevoyant des rites, des incantations spirituelles nouvelles.
Altura nous élève vers une forme absolue de vagabondage. En l’écoutant, on est partout, on est ailleurs.