Suivons Anna Majidson au fil de l’eau pour son second EP La Rivière qui nous fait plonger avec délicatesse dans un tourbillon de sentiments soulevés par la poésie de sept chansons passionnées.
Difficile d’évoquer Anna Majidson sans parler de sa collaboration au duo Haute qu’elle a fondé avec Romain Hainaut aka Blasé. Souvenez-vous de Haute délivrant un Shut me down envoûtant et sensuel dans une vidéo du Studio Colors , un psaume RnB teinté électro aussi chaud et pimenté que le rouge chili choisi en fond couleur. 23 millions de vues (qui ont dû sans doute engendrer plus de 23 milliards de dodelinements de tête) et un album plus tard nous découvrons Anna Majidson à la barre d’un nouveau projet dont elle commence seulement à dessiner les contours.
Un premier EP paru au printemps 2021 – Mixtape Telecom – qui sans complètement dévoiler l’orientation prise, nous montrait Anna Majidson arpenter de nouveaux chemins menant vers d’autres styles musicaux comme celui, pour cet EP, d’une folk concise et intimiste structurée par les notes organiques d’une mandoline. Avant de flirter avec le RnB et le Beatmaking, elle s’était déjà ouverte aux mélodies jazzy en grandissant entre la France et les Etats-Unis dans une famille de musiciens avertis.
Sur son nouvel EP, La Rivière, l’exploration sonore, en sept chansons, se fait plus vaste et plus profonde. Le titre qui ouvre l’EP et lui donne son nom, La Rivière, entame une brèche entre un territoire connu et un ailleurs. Comme par effet venturi, une accélération émotionnelle se produit et nous embarque dans un tourbillon de souvenirs et de sensations intériorisées. L’anglais des paroles d’Haute fait place au français qui renforce le sentiment intimiste. La teinte RnB encore bien présente dans ce premier morceau laisse place peu à peu à un style plus hybride avec des coloris – électro ou acoustiques – qui font Pop, Jazz ou Soul.
Natasha nous précipite dans les souvenirs de son adolescence, dans un temps où « Qu’est-ce que le printemps c’est long / Qu’est-ce que les parents c’est con ». La voix d’Anna Majidson se fait fragile, toute en retenue. Elle chemine presque maladroitement, tel un ado qui traine des pieds. Le rythme nonchalant prend le temps de celui que les autres n’ont pas pour nous. La mélodie ondoie comme pour accompagner le mouvement circulaire des yeux qui se lèvent au ciel dans un élan de lassitude – « Natasha Pourquoi tu réponds pas »
En Deux Mots joue sur le décalage entre une mélodie sucrée et des paroles salines ; un discours amoureux et vulnérable retraçant le flux et le reflux de nos errements sentimentaux. Le flow soul de la ligne musicale se mêle par moments à des embruns jazzy. L’histoire se déroule alors langoureusement bercée par le clapotis de nos incertitudes.
De l’hésitation d’En Deux Mots à l’éloignement de Soleil Cendre, dans la continuité d’un sillon un tour de vinyle suffit. Un soleil dont les rayons qu’on imagine ardents laisse désormais place à des souvenirs encore incandescents. Les voix d’Anna Majidson et de David Numwami se répondent dans un camaïeu tonal sans plus se mélanger.
Méandres Pop façon Pirouettes, pour marquer La Fin d’une histoire amoureuse. Le rythme léger contraste avec la gravité d’un monologue. Il y a de la nostalgie mais aussi un peu d’amertume dans les sentiments qui s’étiolent à fleur d’eau. Et ce, quand bien même la musique continue à entretenir un espoir que l’on comprend sans lendemain.
Avec Paume, on retourne aux sources d’une mélodie, davantage voluptueuse et sensuelle, jouée comme si on incantait le chant d’une Madonna pimpée par Mirwais. Tactile, la chanson se vit ainsi qu’un effeuillement où les couplets en anglais mènent à l’éclosion d’un refrain en français – « J’ai le cœur blême dans le creux de ta paume » – qui nous accompagne tel le ressac des vagues qui déferlent sur la plage.
Poussière referme majestueusement l’EP dans les reflets moirés d’un miroir d’eau. Une mélodie douce et puissante émerge des abysses et nous enveloppe de toute la sensibilité qu’elle renferme. Les notes de musique deviennent des grains de poussière qui s’immiscent dans les failles de nos émotions. Le chant se confond avec la ligne musicale. On songe au 2080 de Malik Djoudi et on se met à rêver d’une collaboration qui viendrait en l’incluant compléter la team sensible – November Ultra et David Numwami – déjà constituée par Anna Majidson.
La Rivière est gorgé de délicates échappées musicales, simples en apparence mais dont l’empreinte mélodique et les mots des refrains nous reviennent telles des réminiscences suaves. Découvrez cet EP et vous vous surprendrez à fredonner ses mélopées enivrantes.
L’EP La Rivière sort ce vendredi 25 février et Anna Majidson sera en concert pour sa release party le 3 mars au Pop-Up du label. La Face B vous fait gagner des places sur son site instagram .
Retrouvez, également, les influences musicales d’Anna Majidson dans son ADN