À l’occasion de la sortie de son premier album do your angels start to sing le 13 novembre, on a pu échanger avec la brillante Asi Lemera. Retenez bien ce nom car vous risquez d’en entendre parler très vite !
ENGLISH VERSION BELOW Asi kemera
La Face B : Hello Asi ! Je suis très contente de pouvoir faire cette interview car j’ai écouté tes deux nouveaux titres en boucle toute la semaine, je les ai découverts grâce à la playlist Fresh Finds, et j’ai été agréablement surprise. J’étais étonnée de ne pas avoir entendu parler de toi avant, car ta musique sonne de manière vraiment professionnelle, tout est complètement maîtrisé de ta voix au mastering!
Asi Kemera : Oh oui, j’étais vraiment contente quand j’ai découvert qu’ils y étaient. Je suis super contente qu’ils t’aient plu ! Ces deux titres sont issus de mon premier album, qui sort dans quelques semaines (ndlr: 13 novembre). Je suis vraiment excitée à l’idée de le sortir.
LFB : As-tu toujours su que tu étais destinée à faire de la musique, ou est-ce que c’est une passion que tu t’es découvert avec le temps ?
Asi Kemera : Depuis toujours, je n’ai jamais eu envie de faire autre chose que de la musique. Depuis petite, ça m’a toujours paru assez naturel. J’ai commencé à m’y consacrer sérieusement à 19 ans, en publiant des chansons sur les réseaux. Ça m’a surprise que des gens apprécient ce que je faisais, donc j’ai continué.
LFB : Tu viens d’Atlanta mais tu vis désormais à New York. Comment ça se passe, d’un point de vue créatif ? Est-ce que ça a changé ta façon de travailler par rapport à avant ?
Asi Kemera : Oui, j’ai déménagé à New York il y a quelques mois. Honnêtement, c’est assez similaire, mais avec une ambiance un peu différente. Il y a énormément de choses inspirantes ici, mais moins d’espace pour créer, donc on a dû trouver des moyens astucieux pour enregistrer. Mais sinon, c’est assez similaire. Les gens ici sont supers.
LFB : Est-ce que tu composes toujours dans ta chambre, comme avant, mais cette fois depuis New York ?
Asi Kemera : Oui, toujours, mais maintenant je collabore avec plus de personnes, donc c’est le même processus, mais avec plus de monde impliqué.
LFB : Comment as-tu vécu le fait d’intégrer d’autres personnes dans ton processus ? Avant tu t’occupais de presque tout, de la production au chant en passant par la direction artistique. Est ce que ça a été difficile de lâcher un peu ce contrôle ?
Asi Kemera : Au début, oui, il a fallu que je m’adapte, car je suis habituée à travailler toute seule dans ma chambre. Mais j’ai compris que reconnaître mes propres forces et m’entourer de personnes qui excellent dans les leurs améliore vraiment le résultat final. Déléguer certaines tâches à des spécialistes dans leurs domaines respectifs a clairement élevé le niveau de mon art, et j’en ai tiré de bien meilleures créations !
LFB : J’ai l’impression que ces deux premiers singles ont cette particularité comparé aux précédents d’accorder plus de place aux intervalles purement instrumentales. Est-ce intentionnel de ta part ? Et surtout es-tu toujours derrière la production de ces morceaux ?
Asi Kemera : Oui, c’est toujours bien moi à la production ! Je pense que laisser un peu d’espace, laisser la production sans forcément qu’il y ait de paroles permet aux gens de mieux s’imprégner, d’être plus connectés avec les morceaux. Je trouve que c’est quelque chose de vraiment important, et je l’ai réalisé avec ce projet.
LFB : Comment le processus de création de cet album s’est-il déroulé comparé à celui de tes précédents EPs ? Est-ce que tu savais dès le début quelle direction le projet allait prendre, ou est-ce que tu t’es juste retrouvée avec quelques chansons qui allaient bien ensemble, et qui pourraient en fin de compte être un album une fois assemblées ?
Asi Kemera : J’ai vraiment commencé à travailler sur ce projet avec l’intention de créer un album, alors que les précédents étaient bien plus improvisés, avec des morceaux éparpillés et des anciens titres. Cette fois-ci, l’effort était ciblé : je savais que je voulais concevoir mon premier album.
LFB : Est-ce que tu enregistrais d’abord les morceaux dans ta chambre avant de les envoyer pour le mixage ? Ou bien tout se faisait directement en studio parfois ?
Asi Kemera : Je commence par écrire et produire dans ma chambre, puis une fois que j’ai une maquette plus précise je me rends en studio afin de collaborer avec des ingénieurs plus équipés. Ensemble, on réinvente un peu les morceaux pour les améliorer et affiner le son pour qu’ils sonnent exactement comme on l’imagine.
LFB : Un détail amusant sur lequel je souhaitais revenir; j’ai remarqué que tu mentionnais des artistes français dans certaines interviews, comme Makala ou Varnish La Piscine. J’ai aussi vu que tu avais sorti un morceau sur SoundCloud avec un titre en français. D’où est-ce que ce lien avec la musique française vient ?
Asi Kemera : Un jour, un ami m’a conseillé d’écouter de la musique allemande, danoise et française, alors je me suis lancée ! Ce n’est pas vraiment intentionnel —c’est ce que Spotify m’a recommandé. Mais je pense que j’ai une certaine affinité avec l’Europe, d’une manière ou d’une autre. Peut-être que j’y déménagerais un jour !
LFB : C’est drôle, parce que ce sont souvent des artistes underground — même certains Français ne les connaissent pas ! Alors c’est marrant que tu les écoutes.
LFB : Pour revenir à l’album, on remarque un changement d’esthétique par rapport à tes projets précédents. Le premier était plus rose, plus léger, alors que celui-ci semble avoir une aura beaucoup plus sombre. Est-ce que tu dirais que cette nouvelle esthétique correspond davantage à l’artiste que tu es devenue ? Qu’il révèle plus authentiquement le vrai « toi » ?
Asi Kemera : Je ne dirais pas que je me sens plus authentique, mais j’ai simplement traversé pas mal d’épreuves de la vie depuis ces premiers projets— avec des hauts et surtout des bas qui ont, je pense, influencé cette nouvelle esthétique dans ce côté plus sombre.
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LFB : Peux-tu nous dire ce que tu aimerais transmettre à travers cet album ? Qu’aimerais-tu que les gens en retiennent ?
Asi Kemera : Ce projet est bien plus sombre, car j’ai dû affronter beaucoup de mes démons intérieurs ces dernières années. J’ai traversé des moments difficiles en l’écrivant, mais il y a aussi une certaine forme de beauté dans cet album. Je pense que c’est important de se souvenir que, même quand tout paraît sombre, il y a toujours une part de beauté qui subsiste.
LFB : C’est très touchant. Est-ce que ça a été difficile d’écrire sur ces moments-là, ou est-ce que l’écriture t’aide justement à exprimer ces émotions et presque à t’en libérer ?
Asi Kemera : Pour moi, écrire des chansons c’est comme écrire dans mon journal intime. Ça n’a jamais été dur pour moi d’écrire les chansons en elles-mêmes, ce qui est difficile c’est surtout de traverser les choses que j’y évoque ! L’écriture m’aide justement à libérer ces émotions complexes et parfois contradictoires, pour y voir plus clair.
LFB : Partager des émotions aussi intimes avec le public, c’est quelque chose avec lequel tu es à l’aise ?
Asi Kemera : Oui, j’ai toujours été assez ouverte sur les épreuves que je traverse. Par exemple, mon père est tombé très malade l’année dernière. Heureusement, il va mieux maintenant, mais j’ai beaucoup écrit sur cette douleur particulière de voir un être cher souffrir. J’espère qu’en partageant tout ça, je pourrais aider d’autres personnes qui vivent des moments difficiles à se sentir moins seules et à garder espoir que les choses peuvent, et vont, s’améliorer.
LFB : Merci beaucoup d’avoir partagé tout ça avec nous, c’est toujours passionnant de découvrir l’humain et l’inspiration derrière un projet musical qu’on apprécie particulièrement. J’ai hâte de découvrir l’album !
ENGLISH VERSION
La Face B : I’ve been listening to your two new songs all week, I actually found out through the Fresh Finds playlist, which was surprising—I don’t usually discover things that way. But I was really glad to see it on there!
Asi Kemera : Oh yeah, yeah! I was super happy about that. I’m glad you enjoyed it!
LFB : That’s how I found out about you, actually. I was surprised I hadn’t heard of you before because your sound is so professional. I was like : where is all this uncovered talent coming from ?
Asi Kemera : Thank you! This is actually from my first album. I’m really excited about it.
LFB : Did you always know you wanted to do music, or was it something you decided on later?
Asi Kemera : Music’s the only thing I ever wanted to do. It felt simple and natural. I started taking it seriously when I was 19, releasing songs, and people actually resonated with them, so I just kept going.
LFB : So, I read that you were from Atlanta, but now you seem to be based in New York. How’s it been, creatively? Has it changed the way you work compared to Atlanta?
Asi Kemera : Yeah I moved to New York a few months ago. Honestly, it’s been the same, just with a different vibe. There’s so much inspiration here, but less space to create, so we had to kind of “finesse” ways to record. But otherwise, it’s similar. People here are great.
LFB : Are you still making music in your bedroom, like before, just in NY?
Asi Kemera : Yeah I still do, but now I collaborate with more people so it’s the same process, just letting more people in.
LFB : How did that feel—letting others into your process? In older interviews, you mentioned handling everything, from production to singing. Was it hard to let go of that control?
Asi Kemera : At first, yes, it is something that I had to get used to because I’m used to working alone in my bedroom, but I realized that knowing my strengths and working with people who excel in theirs really makes the art better in the end. Delegating those tasks to people specialized in what they do has definitely improved the outcome, and I’ve made better art thanks to that.
LFB : I noticed a different sound in the first two singles from the album—there seems to be more space for instrumentation. Are you still behind the production?
Asi Kemera : Yeah I still produce ! I think leaving space just leaves room for people to resonate with the music more. I do think space is important that is something I have come to realize with this project.
LFB : How did the process of making this debut album feel compared to making the previous EPs? Was this a big thing for you, or did you just come up with a bunch of songs and think, “This could be good”?
Asi Kemera : It was pretty intentional. I sat down with the purpose of making an album, whereas the other projects were a bit more casual, with a few “flyaway” songs and older material. This one was a focused effort—I knew I wanted to make an album.
LFB : Did you record in your room and then send it to others for mixing? Or did you meet up in studios sometimes?
Asi Kemera : I’d write and produce the initial work in my room, then meet with people who had studio gear. We’d reimagine the songs together to make them better or even crisper.
LFB : Another random thing I noticed is that you mentioned French artists in some interviews, like Makala, or Varnish la Piscine. I also saw you released a song on SoundCloud with a French title. What’s behind that?
Asi Kemera : My friend once told me to listen to some German, Danish, and French music and I just did! It’s not really intentional —it’s just what gets recommended on Spotify. But I think I resonate with Europe somehow. Maybe I’ll move there one day!
LFB : But yeah, they’re usually underground artists —even some French people don’t know them, so it’s funny you listen to them.
LFB : Going back to the album, something noticeably different from the previous projects is the change in aesthetics. The first project was more pinkish and bright, but this one has a darker feel. Do you feel more like yourself as an artist in this new, darker setting?
Asi Kemera : I wouldn’t say I feel more like myself, but I’ve just experienced more life since then —a lot of ups and downs that created this different aesthetic, I guess.
LFB : Can you share the main thing you want to convey with that debut album? What do you want listeners to take away?
Asi Kemera : This project gets darker because I had to confront a lot of personal demons. I went through a lot while writing, but there’s also beauty in the project. I think it’s important to remember that no matter how dark things seem, there’s always some beauty that lingers.
LFB : That’s really powerful. Has it been hard to write about those experiences, or does writing help you release those feelings?
Asi Kemera : Writing is like journaling for me. It has never been hard to write the music, just hard to go through those experiences. That’s why I used writing as a tool to get those feelings out.
LFB : Do you feel comfortable sharing those personal feelings with a larger audience?
Asi Kemera : Yeah, I’ve always been open about what I’m going through. For example, my dad got really sick last year, and he’s getting better now, but I wrote a lot about that pain. I want to help other people who are going through stuff to feel like they’re not alone and that things will get better.
LFB : Thank you so much for sharing all of this. It’s helped me understand your music and your journey more. I’m really excited for the album !
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