Trois EP studio, 1 EP live. C’était jusqu’ici ce qu’on pouvait trouver quand on recherchait du matériau du duo breton ATOEM. On peut désormais compter un premier album aux 14 pistes baptisé Entropy chez les nantais Yotanka. Les machinistes n’ont rien perdu de leur sens des textures parfaitement ondulées, des sons organiques.

L’opus s’ouvre sur Sinking ocean, single sorti en avril dernier avec un clip complètement décalé offert par le duo de réalisateurs Antonin Sohier et Baptiste Chevalier. Lost work n’a rien du morceau égaré, on visualise très bien les faisceaux de lumières laser. Ceux qui quadrillent l’espace, c’est mécanique. On se laisse transporter quitte à perdre l’équilibre en altitude avec Mercury. On savoure Under the void et son esthétique orientalisante, comme jouée au oud et bien sûr modulée. C’est sans transition qu’on bascule dans une électro acidulée nettement plus dansante avec Summer’s Grave. Ride on Time, balade cyber synthwave futuriste hyper envoûtante prend la suite. Sans crier gare c’est Mode erase qui s’invite au programme, de la synthwave plus brute, plus sombre. Plus énigmatique, Ghost of the past humanise l’album, tout en laissant les voix soumises au vocoder, le morceau prend son envol à mi-parcours. Dawn officie en transition, efficace. Uprising prend le chemin de l’indus, on visualise aisément des ondulations kaléidoscopiques, des cordes qui vibrent.
Les sculpteurs de sons s’offrent une collaboration avec un comparse nantais NVVN le temps d’un premier son mystique en français Les couleurs du son, morceau de poésie urbaine. Comme une transe ensorcelante, Lunacy nous embarque dans les soirées clubbing berlinoises, ambiance EBM. Le rideau tombe sur le second titre français de l’album : Et les montagnes fumaient, puissante conclusion lumineuse, très visuelle.
A ce propos de dimension visuelle, une couverture on ne peut plus à l’image de leur musique : une matière palpable très modulable, qui réagit dans l’espace où le soleil se coucherait duquel s’échappent les meilleures teintes orangées pour se transformer en un roc étincelant solide légèrement translucide pour qu’on y voit sa composition lumineuse. Dès l’étape de solidification passée, les pépites s’entassent.
Avec Entropy, les druides bruitistes d’ATOEM maîtrisent leurs gestes pour sculpter des sonorités toujours plus variées parce que libres, elles ne s’enferment pas dans un seul genre, elles offrent des notes toujours plus alléchantes et perchées très haut pour nous servir le meilleur breuvage.
Rendez-vous pris au Trabendo le 26 octobre prochain, pour un set bien affûté, hautement inflammable.