Austra : « Je voulais que la musique soit joyeuse, Je ne voulais pas faire un album de rupture déprimant »

La dernière fois qu’on avait rencontré Katie Stelmanis, aka Austra, c’était à quelque jours du COVID alors qu’elle s’apprêtait à dévoiler HiRUDiN. Cinq ans plus tard, la musicienne canadienne est de retour avec Chin Up Buttercup, un album intense, dansant et profondément personnel autour duquel on a pris plaisir à échanger.

Version Anglaise plus bas / English Version Below

La Face B : Bonjour Katie, comment vas-tu aujourd’hui ?

Austra : Je vais bien, oui. Je suis très heureuse d’être à Paris. J’ai passé un très bon moment ici.

La Face B : Es-tu déjà revenue à Paris depuis le Covid ?

Austra : Non, je n’étais pas revenue depuis le Covid. Mais j’étais en France avant ça, car les parents de ma compagne sont de Nantes. Donc j’étais à Nantes avant de venir ici.

La Face B : Nous nous étions rencontrées juste avant le Covid pour ton précédent album. Est-ce que tu vois ce nouveau disque comme une suite de Hirudin ?

Austra : Non, je le vois comme appartenant à un univers complètement différent. Hirudin me semble très loin d’où j’en suis aujourd’hui. Évidemment, le monde en 2020 a totalement changé — et mon monde aussi. Pour moi, Hirudin, c’est l’ancien monde, et celui-ci, c’est le nouveau.

La Face B : Comme un chapitre définitivement clos.

Austra : Oui, c’est ça. J’ai l’impression de ne même plus me souvenir de cette période.

La Face B : Est-ce que tu te sens étrangère à cet album — comme si ce n’était pas toi qui l’avais fait ?

Austra : Oui, complètement. Aussi parce que cet album est sorti en mai 2020, et qu’il s’est un peu perdu dans le Covid. Je n’ai pas pu le défendre sur scène ; il me donne l’impression de ne jamais avoir existé.

La Face B : J’aime beaucoup la pochette de Chin Up, Buttercup. Je trouve qu’elle en dit beaucoup sur l’album — comme le fait de porter un masque social quand on est brisé à l’intérieur. Elle me fait aussi un peu penser à la Renaissance.

Austra : Oui, c’est exactement ça. L’idée était de capturer ce sentiment : celui d’essayer de paraître normale et présentable quand, à l’intérieur, tout s’effondre. Mais il y a aussi une dimension humoristique. J’ai trouvé utile de pouvoir regarder mes jours les plus sombres et presque en rire — de me dire : « C’est fou comme notre cerveau peut nous faire croire que les pensées sombres sont des vérités. » J’ai donc pris plaisir à incarner ce personnage mélodramatique. Même si c’est moi, c’est plus facile de faire semblant que ce ne l’est pas — du genre : « Oui, Buttercup est folle, mais moi, je vais très bien. »

La Face B : Mais je ne pense pas que le personnage principal de l’album soit folle. Je crois plutôt que ce sont les gens autour d’elle qui le sont.

Austra : Honnêtement, je suis d’accord. La plupart des gens ne savent pas comment gérer la détresse émotionnelle des autres — les grandes émotions. Ils en ont peur. Et quand tu ressens des émotions intenses, tu peux te sentir comme un parasite, une créature que tout le monde fuit. Mais certaines personnes savent gérer ça, souvent parce qu’elles l’ont vécu elles-mêmes. Être confronté à quelqu’un qui ressent profondément t’oblige à affronter tes propres émotions — et la plupart des gens ne veulent pas faire ça.

La Face B : Beaucoup de gens veulent que tu t’adaptes à leur réalité, sans penser à la tienne.

Austra : Exactement. Et c’est intéressant — j’ai remarqué que les gens qui ont vécu des épreuves émotionnelles sont souvent meilleurs pour gérer celles des autres. Mais parfois, tu tombes sur quelqu’un, et c’est comme parler à un mur. Tu te dis juste : « Bon, ça ne sert à rien. »

La Face B : Peut-être que c’est juste une impression, mais as-tu envisagé cet album comme une comédie musicale ? J’ai l’impression qu’il y a plusieurs personnages qui coexistent dans les morceaux.

Austra : Oui, d’une certaine façon. Pendant la création, je faisais beaucoup de thérapie, et j’ai appris à connaître les cinq étapes du deuil — le déni, l’acceptation, la colère, etc. Chaque chanson représente une de ces étapes. Il y a des morceaux de colère, de désespoir total, de déni ou de négociation — ceux-là sont mes préférés, parce que je les trouve assez drôles — et d’autres sur l’acceptation.
Quand on traverse un deuil, on devient tous ces personnages à la fois. Ce n’est pas linéaire : un jour tu es en colère, le lendemain tout semble aller bien, et puis tu pleures à nouveau. C’est des montagnes russes.

La Face B : C’est un peu schizophrénique, en quelque sorte. Mais c’est intéressant, car sur ton Instagram, tu as créé tous ces personnages pour parler de l’album.

Austra : Oui. Il y a tellement de pression aujourd’hui pour publier sur les réseaux sociaux, mais c’est devenu ennuyeux car tout se ressemble. On pousse tout le monde à suivre les tendances pour être populaire. Ça ne m’intéresse pas du tout. Donc j’essaie de faire mon truc bizarre à moi, et de m’amuser avec ça — sinon, c’est insupportable.

La Face B : D’une certaine manière, les réseaux sociaux ressemblent à ton album — on porte un masque face à la réalité, sans être vraiment soi-même.

Austra : Exactement. Et ça rend la chose plus amusante pour moi, parce que je peux être théâtrale, inventer des histoires, au lieu de poster des selfies tous les jours.

La Face B : Tu l’utilises à ta manière, pas comme la plupart des gens.

Austra : Reste à savoir si c’est une bonne chose — mais c’est ce que je fais.

La Face B : C’est drôle, car beaucoup utilisent les selfies pour vendre des disques, mais toi non. Pourtant ton album parle de ton intimité — plus parlant que n’importe quel selfie.

Austra : Exactement. C’est comme… comment promouvoir quelque chose d’aussi personnel ? On ne peut pas être vulnérable en permanence. Si tu veux ça, écoute simplement l’album.

La Face B : Les paroles oscillent entre ironie et vulnérabilité. As-tu commencé par les textes ? Ils ressemblent à de la poésie — très directs, presque pas faits pour un disque.

Austra : Mon processus a été différent cette fois. En 2020, quand tout a changé, je n’arrivais plus à faire de musique. La musique avait toujours été mon refuge, depuis l’enfance. Mais soudain, elle ne me faisait plus de bien. J’ai donc arrêté pendant environ un an, et j’ai juste écrit — surtout quand j’étais en colère ou triste — sans aucune intention de publier quoi que ce soit.
Vers la page 87 de mon document, j’ai commencé à piocher des passages intéressants. Quand j’ai recommencé à faire de la musique, j’ai chanté ces mots sur des morceaux — et c’est devenu Math Equation, Fallen Cloud, et d’autres. Je n’aurais jamais pu écrire ces paroles si j’avais pensé « je fais une chanson ». Parce qu’elles viennent d’émotions brutes, elles sont différentes de tout ce que j’ai fait auparavant.

La Face B : C’est presque comme si tu avais écrit un recueil de poésie que tu as ensuite transformé en chansons. As-tu traité ton Google Doc comme un puzzle, en prenant des morceaux pour en construire d’autres ?

Austra : Oui, un peu. Par exemple, Math Equation — j’ai écrit ces mots en 2020, puis je les ai retrouvés des années plus tard en me disant : « Wow, qu’est-ce que je vivais à ce moment-là ? » Ce texte est devenu la chanson tel quel. D’autres fois, je complétais quand un passage n’était pas suffisant.

La Face B : Dirais-tu que c’est ton album le plus brut et direct à ce jour ?

Austra : Oui, sans aucun doute. Beaucoup des paroles viennent directement de mes journaux intimes. C’est effrayant de les partager, parce que c’est très personnel, mais je n’avais pas le choix — c’est tout ce qui sortait de moi pendant trois ans.

La Face B : L’album commence avec un piano organique et une douceur, puis devient puissant et théâtral. On a l’impression que tu as dû rompre avec ton passé pour créer du neuf.

Austra : C’est une belle façon de le dire. C’est vrai — l’intro ne reflète pas vraiment le reste de l’album.

La Face B : Des morceaux comme Chin Up, Buttercup ou Fallen Cloud sont étranges et troublants, car ils peuvent être interprétés de deux façons : soit par quelqu’un de toxique et destructeur, soit par quelqu’un qui essaie de guérir.

Austra : Exactement. Fallen Cloud correspond à la phase de « déni » ou de « négociation » du deuil. C’est comme dire à mon ex : « Changeons juste deux ou trois petites choses et tout ira bien. » C’est naïf — cette croyance que de petits ajustements peuvent tout réparer. Il y a un côté un peu Frankenstein, inquiétant, mais ça vient de l’innocence.

La Face B : Ce n’est pas la même chanson si c’est quelqu’un qui parle à un miroir plutôt qu’à une autre personne.

Austra : Je n’y avais jamais pensé comme ça, mais j’aime cette idée. L’album entier sonne comme une conversation avec un « tu, tu, tu » — et parfois je regrette qu’il ne soit pas plus introspectif. Mais Fallen Cloud comme dialogue avec moi-même, ça a du sens.

La Face B : Pourtant, il y a un équilibre. Des chansons comme Amedea ou Blindsided sont très pures et sincères.

Austra : Blindsided est la première chanson que j’ai écrite pour l’album — deux semaines après ma rupture, quand je vivais encore chez mon ex. Je n’avais pas prévu d’écrire, mais je jouais du piano, j’ai enregistré des idées dans mes mémos vocaux, et des années plus tard, j’ai compris que c’était comme une capsule temporelle. Je n’étais pas encore en colère, ni dans l’acceptation — c’est littéralement le son du choc.

La Face B : Donc la musique agit comme une armure pour protéger les paroles.

Austra : C’est une belle image. Je voulais que la musique soit joyeuse. Je ne voulais pas faire un album de rupture déprimant. Jouer avec l’ironie et l’humour m’a aidée à me sentir bien — à trouver une forme d’euphorie plutôt que de tristesse.

La Face B : C’est un album très dansant, autant sur le plan sonore qu’émotionnel. Il y a un équilibre entre le mécanique et l’organique — notamment dans ta voix.

Austra : J’ai travaillé avec mon coproducteur Kieran Adams, un batteur et producteur de Toronto, passionné de jazz et de musique électronique. On a commencé à collaborer pendant la pandémie pour me sortir de ma panne créative, on se voyait toutes les deux semaines dans une maison vide appartenant à la tante de sa compagne — avec un piano à queue ! On expérimentait, on s’amusait. Ça m’a redonné le goût de faire de la musique.
Kieran et moi nous complétons bien : je suis concentrée sur les mélodies et les harmonies, tandis que lui excelle dans le rythme — ce n’est pas mon domaine. On a eu beaucoup de plaisir à échanger nos idées.

La Face B : Avais-tu besoin d’un coproducteur et de coauteurs pour cet album ?

Austra : Pour ce genre de musique pop et dansante, oui. Sans coproducteur, l’album aurait été comme du bedroom pop. Kieran a vraiment sublimé la section rythmique. J’ai aussi coécrit deux morceaux — Siren Song et Look Me In The Eye avec Patrick Holland, et Sean Nicholas Savage. C’étaient mes premières expériences d’écriture avec d’autres artistes, et c’était génial. Patrick est très méthodique, presque mathématique dans sa façon de travailler les accords, tandis que Sean est à l’opposé : « Allons marcher, fumons une cigarette et chantons dans la rue. » J’ai réalisé que l’écriture de chansons, c’est un vrai métier qu’on peut perfectionner.

La Face B : Dirais-tu que c’est aussi l’album où tu t’es le plus amusée avec ta voix ?

Austra : Oui. J’ai pris conscience de la manière dont ma voix pouvait façonner une chanson. Je pense que ça vient du fait que je suis devenue une meilleure productrice. Quand j’écoute Olympia maintenant, je ne supporte pas la façon dont je chante — toujours à pleine voix. À l’époque, je croyais que plus je chantais fort, plus on m’écouterait. Aujourd’hui, je préfère que ma voix se fonde dans la chanson pour transmettre l’émotion.

La Face B : Je t’avais vue en concert lors de la tournée Olympia, à Tourcoing, dans le nord de la France. C’était super. J’adore The Hopefulness of Dawn. Peux-tu m’en parler ?

Austra : C’est ma chanson préférée de l’album. C’est la dernière qu’on a terminée, et c’était comme si les dernières pièces du puzzle s’emboîtaient enfin. On galérait avec la structure, et quand j’ai fini par trouver la bonne, je l’ai envoyée à Kieran qui a ajouté les percussions, et quand je l’ai réécoutée, je me suis dit : « C’est incroyable. » C’était euphorique. Pour moi, cette chanson représente l’euphorie.

La Face B : C’est une fin parfaite — longue, évolutive, euphorique. On a l’impression que tu as résolu tes problèmes et que tu es prête à renaître.

Austra : Exactement. Quand on traverse un deuil profond, le bonheur, quand il revient, semble euphorique. C’est ce que je voulais capturer — cette conscience du fait de se sentir à nouveau bien.

La Face B : Comment vois-tu cet album sur scène ?

Austra : Je l’ai vraiment écrit en pensant au live — en me concentrant sur la batterie et la basse, car ce sont les éléments qui fonctionnent le mieux sur scène. Je n’ai encore jamais joué ces morceaux, donc je suis curieuse de voir comment ils vont vivre sur scène.

La Face B : Si tu devais placer Chin Up, Buttercup entre un film, un livre et un album, lesquels choisirais-tu ?

Austra : C’est difficile… Pour le film, je dirais Melancholia de Lars von Trier. Même la pochette me le rappelle. Le personnage de Kirsten Dunst dans ce film — c’est Chin Up, Buttercup pour moi.
Pour le livre, probablement la poésie d’E.E. Cummings — il exprime l’amour et la perte avec une telle intensité.
Et pour l’album, je dirais Ray of Light de Madonna ou Believe de Cher. Ce sont deux disques de rupture incroyables, faits par des femmes dans la quarantaine — à l’apogée de leur créativité. C’est inspirant, surtout dans une industrie qui ne facilite pas les carrières longues pour les femmes.

La Face B : Ma dernière question est la même que la dernière fois : penses-tu que l’amour, et surtout l’amour de soi, peut nous sauver tous ?

Austra : L’amour de soi… J’aimerais le croire. Quand je vois des gens horribles dans le monde — sans citer de noms, disons Donald Trump — je vois juste de l’insécurité. Peut-être que s’il s’était mis au jardinage au lieu des affaires, le monde serait différent. Je pense que la conscience de soi, de ses actions, et de leur impact sur les autres, est essentielle. Beaucoup en ont peur — et c’est ce qui crée des monstres.

Crédit photos : Clara de Latour

English Version

La Face B: The first question I always ask people is: how are you today?

Austra: I’m good, yeah. I’m very happy to be in Paris. I’ve had a nice time here

La Face B: Have you or have you not come back to Paris since Covid?

Austra: No, I haven’t been since Covid. But I was in France prior to this because my partner’s parents are from Nantes. So I was in Nantes and then I came here.

La Face B: We met and did an interview just before Covid for your previous album, and I was wondering if you see this new album as a sequel to Hirudin?

Austra: No, I see it as being in a completely different universe. Hirudin feels so far from where I am now. Obviously, the world in 2020 completely transformed — and my world did too. To me, Hirudin is like the old world, and this is the new one.

La Face B: Like a chapter that’s closed forever.

Austra: Yeah, it’s like I don’t even remember that time.

La Face B: Do you feel like a stranger to that album — like something you didn’t do?

Austra: Yeah, definitely. It does feel like that. Also because that record came out in May 2020, so it just got lost in Covid. I didn’t get to tour it; it sort of feels like it never happened.

La Face B: I really like the cover of Chin Up Buttercup because I think it says a lot about the album — like wearing a social mask even when you’re broken inside. It also reminds me of the Renaissance somehow.

Austra: Yeah, that’s exactly it. The idea was to capture that feeling of trying to project a normal, presentable human being when, on the inside, you just feel like a total disaster. But there’s also a degree of humor in it. I personally found it helpful to look back at some of my darkest days and almost laugh — like, it’s funny how our brains can convince us that dark thoughts are truths. So I had fun leaning into this extra melodramatic character. Even though that character is me, it’s easier to pretend it’s not — like, “Yeah, Buttercup is crazy, but I’m totally normal.”

La Face B: But I don’t think the main character in the album is crazy. I think the people around her are.

Austra: Honestly, I agree. Most people don’t know how to deal with other people’s emotional distress — big emotions. They’re afraid of it. And when you’re experiencing big emotions, it can make you feel like a parasite, like you’re this walking thing everyone’s scared of. But then there are people who do know how to deal with those emotions, usually because they’ve experienced them too. Interacting with someone who feels deeply forces you to confront your own emotions — and most people don’t want to do that.

La Face B: A lot of people want you to adapt to their reality, without thinking about yours.

Austra: Exactly. And it’s interesting — I feel like people who’ve experienced emotional hardship are usually better at managing it in others. But sometimes you meet people, and it’s like talking to a brick wall. You just go, “Okay, well, that didn’t work.”

La Face B: Maybe it’s just a feeling, but did you envision this album as a musical? I feel like there are several characters coexisting in the songs.

Austra: Yeah, in a way. When I made this record, I was doing a lot of therapy, and one of the things I learned about was the five stages of grief — denial, acceptance, anger, and so on. Each song represents one of those stages. There are angry songs, songs written in total despair, songs full of denial or negotiation — those are my favorites because they’re kind of funny to me — and songs about acceptance.
When you’re grieving, you become all these different characters. It’s not linear. One day you’re angry, the next day everything feels great, then you’re crying again. It’s a roller coaster.

La Face B: It’s schizophrenic in some way. But it’s interesting because, on your Instagram, you’ve created all these characters to talk about the album.

Austra: Yeah. There’s so much pressure now to post on social media, but it’s so boring because it rewards sameness. Everyone’s told to follow trends to be popular. I have no interest in doing that. So I try to do my own weird thing and have fun with it — otherwise, it’s brutal.

La Face B: In some way, social media is like your album — you wear a face for reality, and you’re not the same person.

Austra: Exactly. And it makes it more enjoyable for me because I can be theatrical and plan stories instead of taking selfies every day.

La Face B: You use it in your own way, not like most people do.

Austra: It remains to be seen if that’s a good thing — but that’s what I’m doing.

La Face B: It’s funny, because many people take selfies to sell records, but you don’t do that. Yet your album talks about your intimacy and yourself — more than any selfie could.

Austra: Exactly. It’s like — how do you promote something so personal? You can only be so vulnerable so often. If you want that, just listen to the album.

La Face B: The lyrics balance irony and vulnerability. Did you start the album with the lyrics? They read like poetry — very direct, almost not meant for a record.

Austra: My process this time was different. In 2020, when everything changed, I couldn’t make music for a while. Music had always been my safe space, even as a child. But it stopped feeling good. So I stopped making music for about a year and just wrote — mostly when I was angry or sad — without any intention of anyone reading it.
By page 87 of my document, I started picking bits that felt interesting. When I began making music again, I sang those words over tracks — and that became Math Equation, Fallen Cloud, and others. I couldn’t have written those lyrics if I had sat down thinking, “I’m writing for a song.” Because they came from real, unfiltered emotion, they’re different from anything I’ve done before.

La Face B: It’s almost like you were writing a poetry book and later turned it into songs. Did you treat your Google Doc like a puzzle, taking parts to build songs?

Austra: Kind of. For instance, Math Equation — I wrote those words in 2020, then years later found them and thought, “Whoa, what was going on there?” That text became the song as-is. Other times, I’d flesh things out if a lyric wasn’t enough.

La Face B: Would you say this is your most raw and direct album to date?

Austra: Definitely. A lot of the lyrics come straight from my private journal entries. It’s scary putting that out there because it’s so personal, but I didn’t have a choice — that’s all that came out of me for three years.

La Face B: The album starts with an organic piano and soft lyrics, then shifts into something powerful and theatrical. It feels like you had to break with your past to do something new.

Austra: That’s a nice way to look at it. It’s true — the intro doesn’t really describe what the rest of the album sounds like.

La Face B: Songs like Chin Up, Buttercup and Fallen Cloud are strange and unsettling because they can be interpreted from different perspectives — by someone toxic and destructive, or by someone trying to heal.

Austra: Exactly. Fallen Cloud is written in the “denial” or “negotiation” stage of grief. It’s like saying to my ex, “Let’s just change a few little things and everything will be fine.” It’s naive — that belief that small adjustments will fix everything. There’s something Frankenstein-like and creepy about it too, but it comes from innocence.

La Face B: It’s not the same song if it’s someone talking to a mirror instead of another person.

Austra: I never thought of it that way, but I like that. The whole record feels like me talking to someone else — “you, you, you” — and I sometimes wish it were more introspective. Seeing Fallen Cloud as talking to myself makes sense.

La Face B: Yet there’s balance. Songs like Amedea or Blindsided feel very honest and pure.

Austra: Blindsided was the first song I wrote for the record — within two weeks of my breakup, when I was still living at my ex’s house. I wasn’t planning to write, but I was playing piano, recorded some ideas in voice notes, and years later realized they were like a time capsule. I hadn’t reached anger or acceptance yet — it’s literally the sound of shock.

La Face B: So the music acts as armor to protect the lyrics.

Austra: That’s a nice way to put it. I wanted the music to feel joyful. I didn’t want to make a depressing breakup album. Leaning into irony and humor helped me feel good — to find euphoria instead of sorrow.

La Face B: It’s a very danceable album, both sonically and emotionally. There’s a balance between robotic and human, organic sounds — especially in your voice.

Austra: I worked with my co-producer Kieran Adams, a drummer and producer from Toronto who went to jazz school and loves dance music. We started working during the pandemic to get me out of my creative slump. We’d meet every two weeks in his partner’s aunt’s vacant house that had a grand piano, just experimenting and having fun. It made me enjoy making music again.
Kieran and I complement each other — I’m focused on melody and harmony, while rhythm isn’t my comfort zone. That’s his world. We had a great time bouncing ideas back and forth.

La Face B: Did you feel you needed a co-producer and co-writer for this album?

Austra: For this kind of pop, dancey music, yes. Without a co-producer, it would have ended up sounding like bedroom pop. Kieran really elevated the rhythm section. I also co-wrote two songs — Siren Song and Look Me In The Eye with Patrick Holland, and Sean Nicholas Savage. Those were my first experiences writing with other artists, and it was so fun. Patrick is methodical — very mathematical about chord progressions — while Sean’s the opposite: “Let’s go for a walk, smoke a cigarette, and sing on the street.” I realized songwriting is a craft you can actually improve at.

La Face B: Speaking of that — would you say this is the album where you had the most fun with your voice?

Austra: Yes. I became really conscious of how my voice could shape a song. I think that comes from becoming a better producer. When I listen to Olympia now, I can’t stand how I sang — just full voice all the time. Back then, I thought singing louder was the only way people would listen. Now, I prefer blending my voice into the song to convey emotion.

La Face B: I saw you live during the Olympia tour in Tourcoing, in the north of France. It was great. I have just a few more questions. I really love Hopefulness of Dawn. Can you tell me about it?

Austra: That’s my favorite song on the record. It was the last one we finished, and it felt like the final pieces of a puzzle finally fitting together. We’d been struggling with its structure, and when I finally figured it out and sent it to Kieran, he added the drums and sent it back — and I thought, “This is amazing.” It was euphoric. That song represents euphoria for me.

La Face B: It’s the perfect way to end the album — long, evolving, euphoric. It feels like you’ve solved the problems and are ready to be a new person.

Austra: Exactly. When you go through deep grief, happiness feels euphoric when it returns. That’s what I wanted to capture — that awareness of feeling good again.

La Face B: How do you see this album being performed live?

Austra: I definitely wrote it with live shows in mind — focusing on drums and bass, because they work best live. I’ve never played these songs on stage yet, so I’m curious to see how they translate.

La Face B: If you had to place Chin Up, Buttercup between a movie, a book, and an album, what would you choose?

Austra: That’s hard… For the movie, I’d say Melancholia by Lars von Trier. The cover even reminds me of it. Kirsten Dunst’s character in that film — that’s Chin Up, Buttercup to me.
For a book, probably E.E. Cummings’ poetry — his work captures love and loss with such depth.
And for an album, I’d say Ray of Light by Madonna or Believe by Cher. Both are incredible heartbreak records made by women in their early forties — at the peak of their creativity. It’s inspiring, especially in an industry that doesn’t make it easy for women to have long careers.

La Face B: My last question is the same as last time: do you think love, and especially self-love, can save us all?

Austra: Self-love… I’d like to think so. When I see horrible people in the world — like, let’s not name names, but say Donald Trump — I just see insecurity. Maybe if he’d gotten into gardening instead of business, the world would be different. I think awareness of yourself, your actions, and how they affect others is essential. Many people are afraid of that awareness, and it creates monsters.

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