On a eu le plaisir de receuillir la première prise de parole d’AutoFocus, le nouveau projet musical de Forbon N’Zakimuena et Adam Carpels. Au MaMa, alors que le projet n’avait même pas encore de nom officiel, on a discuté avec le duo de la création de ce projet, des premiers morceaux créés, de rap et du futur.

La Face B : Comment ça va ? Comment vous vous sentez ?
Forbon : Trop bien. Vraiment hyper cool. J’ai reçu ma belle dose d’endorphine après ce qu’on vient de vivre au plateau. Comme je te le disais tout à l’heure en off, ça faisait hyper longtemps que je ne m’étais pas éclaté sur scène dans un contexte pro. C’est toujours hyper dur les contextes pro. Mama, Bourges et tout ça, c’est un peu le salon d’agriculture : “Regardez mon produit comme il est bien, comme il est bon, comme il est frais!!!” C’est rarement des conditions optimales pour jouer, il y a de l’enjeu, de la pression… Mais là, aujourd’hui, c’est cool, on s’est éclaté. On a trop hâte de faire de vrais concerts.
Adam : Je suis un peu rincé quand même mais c’était cool.
Forbon : Ouais, c’est vraiment cool.
LFB : Le truc c’est qu’il n’y a pas de morceaux qui sont sortis. les gens ne savent pas à quoi s’attendre, donc il y a peut-être une écoute aussi différente.
Adam : On avait pas mal de potes, de gens de la région. Franchement, c’était quand même cool. Après, c’est vrai que c’était spécial pour nous. En tout cas, moi, ça m’a fait bizarre parce que même Hello Music (Dispositif d’accompagnement d’artistes émergents basé.e.s dans la métropole lilloise), on l’a fait un peu par hasard parce qu’on a fait écouter nos tracks à un moment et ca à plu aux salles de notre région. Et c’est vrai que c’était trop cool de faire ce MaMa, on a de la chance. Et en même temps, c’était un peu inattendu de jouer si vite dans ce festival. Parce que nous, on fait des spectacles à côté et on pensait plus faire ça l’année d’après. Au final c’est trop bien, ça nous met dedans et puis ça nous permet de démarrer, de se dire qu’on a le temps. L’EP sort en septembre 2026, du coup potentiellement essayer de trouver des partenaires avant. Donc ce n’est pas plus mal au final, on a de la chance.
Forbon : Ouais, ça nous a vraiment mis le pied à l’étrier. On a avancé au final.
Adam : Mais en tout cas, bien claqué parce que la rentrée est chargée.
LFB : Et justement, puisque moi je fais partie des gens qui militent depuis plusieurs années…
Adam: Pour le retour de Forbon ?
Forbon: Le lobby !
LFB : Quel a été le chemin vers ce retour à une forme musicale, contemporaine, plutôt qu’un spectacle ? Quelle a été l’influence d’Adam ?
Forbon : Je vais faire une immense déclaration d’amour, mais son influence a été énorme, même principale. C’est lui qui m’a aidé à revenir. Quand j’ai rencontré Adam, j’étais déjà dans des doutes, des questionnements sur comment j’allais continuer ce parcours musical. C’était compliqué pour moi. La fin d’YN était très compliquée parce que ça été ma première expérience d’un groupe qui fonctionne, qui se professionnalise, qui rentre dans les réseaux SMAC et tout ça… J’ai débarqué dans cette industrie en réalisant sur le tas que je n’étais pas prêt à y évoluer sereinement. Que je ne me suis pas posé toutes les bonnes questions. J’ai réalisé tous les efforts, les sacrifices que peut impliquer une vie intensive de tournées, de préparations de sorties de projets, de choix économiques, stratégiques. de représentations et de mondanités aussi. Je ne m’attendais pas à ça!
Ça a été une énorme désillusion pour moi. J’étais vraiment là à me dire : “ Merde!!! J’ai bossé toutes ces années pour arriver à un certain niveau de reconnaissance et maintenant que j’y suis, je ne suis pas heureux. Je ne me reconnais plus dans tout ça. Pourquoi je me plains? Si je quitte ce groupe, c’est fini. Je n’aurais pas d’autres opportunités comme celle-ci, le train ne passe qu’une fois, etc…”.. J’étais vraiment dans ces préconçus comme ça qui m’empêche vraiment d’en profiter pleinement. Je ne me sentais plus en phase avec mes anciens camarades donc j’étais dans une position où je ne maîtrisais plus rien. Je survivais à ma passion. J’ai rencontré Adam dans ce contexte et c’est vraiment lui qui m’a aidé. C’est lui qui m’a aidé à relativiser et à affiner ma posture face à cette industrie. En fait, tu peux décider de comment tu veux bosser, avec qui tu veux bosser, à quel rythme tu veux faire les choses.
Au-delà du fait qu’on a appris à travailler ensemble, ce qui était cool avec Adam dans notre relation, c’est que sur les cinq ans où on a bossé sur mes spectacles musicaux pour ados jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’on a passé peut-être l’équivalent de quatre ans à juste discuter sur quel était notre vision d’une carrière sereinement vécue, sur nos références communes, sur comment on voyait l’industrie, sur nos valeurs, sur notre amitié… Et à partir du moment où on s’est senti prêt, dès qu’on a trouver du temps pour faire de la musique ensemble, c’est parti vraiment tout seul. Ça va hyper vite, super efficace. Parce qu’on a pris le temps de se connaître et d’être en phase sur tous les aspects d’une vie de groupe. Ça s’est fait naturellement! Non, vraiment, Adam, ça a été vraiment le facteur X de mon retour.
LFB : Toi, tu as l’impression d’avoir dû travailler au corps un peu quand même ?
Adam : C’est toi qui me demandait à Rock en scène il y a 2-3 ans « Vas-y, quand est-ce que Forbon revient faire des concerts ? Faut que tu le chauffes ! ». C’était un peu le début du moment où on commençait à en parler avec Forbon. En fait, ce n’est pas tant le travail au corps. Avec Forbon, quand on a commencé à bosser ensemble sur les spectacles, je ne savais même pas si j’allais vraiment bosser avec lui sur un projet purement musical. Simplement, ce qui m’a marqué, c’est que je voyais un des mecs qui, dans la région, en termes de rap, de présence scénique, m’avait mis l’une des plus grosses claques de ma vie, mais qui était au niveau de confiance le plus bas possible. C’était le moment de la fin d’YN, l’ancien groupe de Forbon. Pour moi c’était évident que dans YN, c’était Forbon le lead. Il n’y avait pas de doute en fait. Et du coup, je me disais : “ Comment ce mec qui est le lead de ce projet, qui a quand même énormément tourné, peut en être à se dire que c’est ça ou rien et que si YN ne fonctionne pas alors rien d’autre ne marchera ?” C’était plus sur ce point-là de la confiance en soi qu’il a fallu travailler. Et lui dire qu’il n’y a pas de problème, ça marchera, tu feras ce que tu veux après ce groupe. Au final, on a plutôt fait de la musique ensemble parce qu’on avait des références communes, de bass music, de musique anglaise.
Mais en fait à la base ce n’était même pas trop le sujet de lancer un projet commun. En plus, à l’époque, je faisais mes projets avec Thérèse. Je ne me sentais pas forcément encore assez à l’aise techniquement pour faire ce qu’on fait aujourd’hui avec Forbon. Et du coup, ça a pris du temps. Mais c’était plus ça les questions en fait. D’où aussi le fait qu’il y ait eu autant de questionnements sur le nom du projet. Je le voyais tellement perdu sur la suite de sa carrière et moi j’étais aussi sorti d’un truc avec Thérèse où j’étais un peu plus dans l’ombre, même si on fait beaucoup ensemble avec elle aussi. Mais en même temps, c’est logique parce que c’est moins la musique en soi que j’aurais fait de base si j’étais seul. Là, avec Forbon, ça ressemble plus à ce que je pourrais produire pour moi seul. Du coup, je lui disais, on appelle le projet “Forbon”. Et c’est tout. Parce que je me disais qu’il fallait qu’il prenne confiance en lui, que ça soit clair que c’est lui le lead du truc. Et même aujourd’hui, si on met un nom de groupe, pour moi, c’est évident que Forbon est le visage du projet. Il n’y a pas d’ego, je m’en fiche. Ce n’est pas un sujet. Et en fait, moi, j’ai un peu halluciné que ça puisse en être un dans sa vie et son précédent projet parce que pour moi, c’est évident quand on le voit sur scène.
LFB : D’un autre côté, ce qui est très intéressant dans la musique et dans ce que j’ai pu écouter, c’est que c’est très égalitaire. Tu sens la collaboration.
Adam : Oui mais sur scène, bon…
Forbon : Ouais mais tu sais dans les retours qu’on a eu, les gens ont aussi dit que t’es trop chaud.
Adam : Ahah bah tant mieux ça fait plaisir.
Forbon : En tout cas, ça ne m’étonne pas ce que tu dis. Notre relation est sincère donc ça se ressent forcément sur scène. Personnellement, je me sens vingt mille fois plus appartenir à un groupe, à une collaboration avec Adam que je n’ai jamais été avec YN. En autant d’années de relation et de travail avec eux. Avec aussi toute la reconnaissance à côté que je peux avoir sur ce projet. Clairement, je ne serais jamais là où j’en suis si je n’avais pas réalisé tout ce que j’ai pu accomplir avec YN.
Adam : D’ailleurs, la plupart des gens qui sont venus aujourd’hui, ce sont des gens qu’on a rencontrés, toi avec YN, moi avec Thérèse. Ce sont ces autres projets qui ont fait qu’on a rencontré les gens de ce milieu.
Forbon : Bien sûr. Aujourd’hui, j’ai vraiment fait la part des choses. Il y a des choses qui ne fonctionnaient, certes. Mais, YN reste un projet éminemment important dans mon parcours et qui nous a ouvert des portes. Finalement, je suis vraiment en paix avec ce projet. Ça fait partie de mon histoire et j’en suis fier. Je me suis offert l’occasion et le bénéfice de passer à autre chose. Et c’est OK. Avançons! Aussi, je ressors de cette expérience vraiment en colère contre le milieu et son système qui ne prend pas soin de ses artistes. Je trouve que ce milieu vend trop de rêves, trop de fanstasmes pour se rendre indispensable, pour te faire accepter de l’inacceptable.
Je pense que mon retour a été long parce que j’étais dans une culpabilité de ouf à me dire « Putain, j’ai bossé autant d’années dans ma vie pour me retrouver dans cette situation où ça marche. Je ne suis pas heureux, je ne suis pas content. Il y a plein de gens qui comptent sur moi, qui comptent autour de moi, mais je ne suis pas heureux parce que je sens que le rythme imposé par cette industrie ne me permet pas de prendre soin de moi et de ma famille pour me rendre pleinement disponible à mon métier, à ma musique ». C’est vraiment un truc aujourd’hui où j’ai envie d’être honnête avec moi-même et les gens qui m’entourent pour ne plus me laisser bercer.
LFB : Quand t’as fait les Inouïs, où t’es là-bas, et ils te disent que demain, tu vas devenir une star. Tu te retrouves le lendemain, ils t’ont fait espérer une lumière pendant une semaine et deux jours après, tu es à nouveau dans ton coin tout seul.
Forbon : Je leur en veux de ouf. Je te donne un exemple. Avec YN, après notre passage aux Inouïs, concert de malade, tout le monde est content, c’est un truc de ouf et tout. On sort de la salle, je me dirige vers notre loge. Moi, après un concert, la dernière chose que j’ai envie de faire, c’est de voir les gens. J’ai toujours besoin d’un petit temps avant de revenir. Je suis devant notre loge, et là je vois quoi? Des gens de l’industrie. Ils sont sept comme ça, devant notre loge à nous coincer. A nous dire : « ouais, c’est trop bien! Pourquoi on t’a pas découvert plus tôt ? Faut qu’on parle! Qu’est-ce tu fais ces dix prochaines années ? » Moi, là, tout de suite, je m’en fous de recevoir tout ça. Là, j’ai juste besoin de prendre une douche, de redescendre sur terre et après on discute, si tu veux. Et moi, ce sont tous ces trucs-là, tout ce folklore où je me suis dis : “Putain, en fait, c’est ça, l’industrie. C’est comme ça que ça fonctionne. Ils sont là à te flatter sur le moment, tu rentres chez toi, tu vas les relancer, ils ne sont plus là. Ils t’ont déjà oublié.”
Adam : En plus, chaque personne individuelle fait bien ce qu’elle peut. Mais c’est le système aussi qui permet que tout ce dont tu parles existe. Tout va vite. Par exemple, une des discussions qu’on a eu au tout début de ce projet là avec Forbon, c’était que Forbon a des enfants. Donc la tournée sera gérée en fonction des moments où il y a les enfants et c’est non négociable. Le pire, c’est que quand tu réfléchis bien au truc, tu ne fais même pas forcément moins de dates, c’est juste que tu les fais mieux.
Forbon : Tu les fais en disponibilité.
Adam : Peu importe avec quel tourneur on bossera, c’est quelque chose qu’on va dire directement. Et en fait, nous ça va parce qu’ on a tous les deux été chez des tourneurs avant. Donc on commence à avoir suffisamment d’expérience, d’aplomb pour arriver et poser un minimum nos conditions. Mais quand tu es tout jeune et que tu démarres, que c’est ton premier travail avec un tourneur… Va dire ça à ton tourneur! C’est dur! Peut-être qu’il l’entendrait. Mais juste avec la pression sociale de se dire : “Je ne peux pas me permettre de l’exprimer” Tu ne le fais pas et du coup c’est compliqué par la suite. Tu t’épuises et il y a des burn-out…
Forbon : J’ai envie d’avoir une parole de vérité aujourd’hui. Ça fait partie des choses dont j’ai vraiment envie de parler. C’est hyper important d’arriver à être dans une juste posture avec soi-même dans ce milieu.
Adam : Et dans tous les sens parce que tu vois, même le côté médias, c’est le même délire. Il y a cette lutte un peu pour avoir toujours l’artiste qu’il faut avoir. Et puis tu cours après. Du coup ça use tout le monde. En vrai tout le monde est usé de ça. Personne ne se le dit parce qu’il faut nourrir la machine, parce que c’est le jeu. En vrai c’est l’enfer, tout le monde est fatigué de ça. Je pense que la seule chose à faire, c’est de poser un peu ses conditions.
Forbon : Ça m’a aussi rassuré qu’on soit raccord là dessus avec Adam. Ça fait partie des discussions qu’on a eu. C’est trop bien de se sentir en phase et c’est important quand t’es dans un projet de groupe.
Adam : C’est un peu bête ce que je vais dire mais, bien que j’adore faire de la musique, c’est pas plus important que notre santé. C’est super mais la vie ce n’est pas ça. En tout cas, ce n’est pas l’industrie musicale. La vie, c’est avoir ses gosses, avoir des amis, vivre, sortir, kiffer, faire ce qu’on aime. Et ça peut être de la musique mais pas au prix de l’usure de l’esprit et du corps.
Forbon : Tu le sens. Il y a plein de projets que j’écoute et tu sens que c’est pauvre parce que ce sont des artistes qui sont tellement englués dans des logiques de machines qu’en fait ils ne racontent plus rien. Tout est lié! Ils ne racontent plus rien parce qu’ils ne vivent plus, ils ne se donnent plus le temps, ils n’ont plus le temps. Qu’est-ce que t’as à raconter si tu ne te donnes plus le temps de vivre ?

LFB : Tu as l’impression que tu as sorti ton album et six mois après, il faut que tu en ressortes un parce que les gens vont t’oublier.
Forbon : Exactement!
LFB : Alors que parfois, il faut quatre ans.
Forbon : Je pense que c’est hyper important. Et je pense que c’est aussi bien d’habituer les gens qui te suivent à la patience. Je pense que les vrais aficionados de ta musique sauront t’attendre et ils sauront être indulgents de ça.
Je dis toujours que je me sens plus comme un artisan de la musique. Je suis plus dans des logiques d’artisanat où l’on fait du sur mesure, on attend, on se pose des questions, on se prend la tête. Mais c’est dans l’intérêt de tout le monde. Pour moi, aujourd’hui, c’est vraiment cette posture que je veux adopter et c’est non négociable.
LFB : Et justement, tu as un peu répondu, mais est-ce que tu as l’impression que là, ce projet, les premiers titres que tu as faits, et même ce que tu faisais avec Tu Mues ?! Tu Meurs, est-ce que c’est un truc qui justement sert à soigner et à exprimer la colère ?
Forbon : Ah, mais grave. Par exemple, aujourd’hui, j’ai commencé la journée à un niveau d’ irritabilité total pour des raisons pro-perso où je n’arrivais pas du tout à gérer ma life. J’étais vénère de ouf. On s’est fait un gros câlin avec Adam avant de jouer. Je suis arrivé sur scène et là, je me suis senti beaucoup mieux. Dans ma manière de bosser, il y a clairement quelque chose de thérapeutique. Je pense que c’est un peu pareil pour toi aussi, Adam? Les fois où tu me présentais des sons, je sens souvent que ça émane de tes tripes. Il y a quelque chose de l’ordre de la catharsis, de quelque chose pour se libérer.
Mais en même temps, je fais aussi gaffe à ce que ce ne soit pas egotripes. Je trouve que la frontière est fine entre le partage des émotions et quelque chose qui peut être de l’ordre de l’égocentrisme. C’est quand même quelque chose dont je fais gaffe parce que le but, c’est que ça puisse toucher les gens. Je vois vraiment nos morceaux comme des échanges, comme des conversations. Et dans une conversation, si tu parles tout seul, l’échange n’avance pas. C’est important pour moi de créer des morceaux qui donnent de l’air, qui créent la possibilité aux auditeurs de le recevoir et d’en faire ce qu’ils veulent.
LFB : De réfléchir aussi.
Forbon : Oui, bien sûr.
LFB : Pour moi, sur les cinq maquettes que tu m’as envoyées, c’est l’écriture la plus personnelle que tu aies eue. Dans YN, il y avait quand même cette nécessité de groupe où même si tu parlais de choses qui t’étaient personnelles, c’était un peu dilué dans des images. Alors que là, c’est frontalement toi. Quand tu fais le morceau sur le Congo ou Colibri, il y a ce truc où c’est ta vie que tu racontes. Tu racontes aussi celle des autres parce que c’est hyper politique. Tu parles de racisme, de colonialisme, de ta place dans le rap aussi. Il y a ce truc très droit.
Adam : Grave. C’est un peu le truc de départ. Finalement moi dans la musique c’est un peu la même, je n’ai jamais été autant moi que ce qu’on fait ensemble. Et c’est ça qui est cool. En fait, je pense que ça vient un peu des spectacles. Et d’ailleurs, c’est marrant parce que notre nom AutoFocus, ça venait de notre spectacle, Tu mues, tu meurs !(?)!, où l’on raconte l’histoire de deux identités qui se rencontrent et qui forment un duo amical et musical. C’est très rare que je fasse un retour sur le texte. Et inversement, c’est extrêmement rare qu’il me fasse un retour sur la musique. En vrai, c’est vraiment ce truc d’acceptation qu’on a chacun notre style et nos influences, on les met ensemble et ça va donner un projet autre. Du coup chacun peut exprimer à 100% ce qu’il est. Et ça donne une identité qui est autre. Mais du coup, je pense que ça pourrait être sur d’autres prods, ça pourrait être sur autre chose, tu exprimeras la même chose. Je pense que tu n’es pas bridé. Je me garde bien de dire à Forbon ce qu’il doit raconter, et inversement. Il raconte bien ce qu’il veut, et ça me va. Et de toute façon, j’ai confiance.
Forbon : Oui c’est ça. Il y a une énorme confiance mutuelle dans ce que l’autre fait. Et je pense que c’est ce qu’on se demande mutuellement ; Que l’un et l’autre restent lui-même dans ce qu’il propose. La fiche de poste c’est ça : Soit toi-même et on gagnera du temps.
LFB : Mais d’où l’intérêt aussi d’avoir une vraie relation puisqu’il y a parfois des groupes où tu te retrouves que pour faire de la musique.
Adam : Bien sûr, ça fait des années maintenant qu’on fait des projets ensemble et qu’on a eu le temps de se connaître. Et puis en parallèle, il y a les spectacles sur lesquels on bosse, où pareil c’est hyper deep, ça raconte l’histoire perso de Forbon. Notre première rencontre avec Forbon, enfin une des premières, c’était : on va faire un spectacle, ça va raconter un peu nos deux vies. Alors on s’est assis, on a posé un zoom et on s’est raconté nos vies de façon profonde pendant des heures. Et c’était vraiment ça notre première rencontre. C’était genre : vas-y raconte ta vie, les parents, les traumas. Et du coup ça a donné un des spectacles..
Forbon : Ouais, grave.
LFB : C’était une thérapie en fait.
Forbon : Ouais, c’était une thérapie. C’était un labo aussi. On a testé plein de trucs. Et aussi, on a mis à l’épreuve notre relation aussi. C’était clairement le point central, la naissance.
LFB : Parce que malgré tout, la musique dans votre projet raconte aussi énormément de choses. Elle n’est pas là que pour faire vivre le texte.
Adam : Oui, bien sûr. Et surtout en live, ça prend plus de place. Il y a eu une résidence pour créer la forme musicale du live. Forbon n’était pas dispo, du coup je l’ai fait tout seul en lui envoyant des idées. Mais globalement quand même j’étais pas mal dans mon coin. C’était un peu flippant sur le moment et au final, c’est marrant parce que ça a permis de trouver une liberté dans la façon que j’avais de réaliser ce live musicalement. Forbon, lui, a réécrit pour s’adapter à ce que moi je proposais. Du coup c’était pas mal, parce que c’est beaucoup plus musical, et ça s’enchaîne bien. Il y a ce truc un peu où ça ne s’arrête jamais. Et encore là, sur la forme de trente minutes pour le MaMa, on a un peu dû enlever des phases forcément.
C’était marrant de faire ça comme ça. Je n’avais jamais fait comme ça sur Thérèse. Elle a son discours, elle a ses trucs et c’est elle qui va donner la DA et la direction musicale. Moi je fais en sorte que ce soit le mieux possible dans la direction qu’elle me donne. Pour AutoFocus, c’est très différent. Je suis totalement libre de la direction que je donne. Après on se fait des retours mais globalement c’est vrai que c’est une vraie collaboration.


LFB : Il y a quand même des thématiques qui sont hyper lourdes. J’ai l’impression qu’on est sur un truc qui se perd un peu dans le rap actuellement. Ce que certains pourraient dire de old school, mais d’avoir un vrai discours social dans la musique.
Forbon : C’est le problème de toute logique d’embourgeoisement. Je pense que le confort amène à une certaine forme de paresse sur certaines choses et c’est ce que vit le Rap aujourd’hui. Je ne sais pas…je t’avoue que je suis un peu clivé là-dessus.
Je n’ai toujours pas lu le livre de Mehdi Maïzi, Le rap a gagné : mais à quel prix ?. Je trouve que c’est un magnifique titre qui résume bien cette situation et je suis carrément d’accord avec lui. C’est une vraie question à se poser. Je suis hyper content de voir des noirs et des arabes se faire de l’argent. Être invités chanter à l’Elysée. Je suis hyper content de voir un Jul faire son signe aux Jeux Olympiques et de voir tout ce que cette réussite peut cristalliser dans les dires et l’esprit de nos détracteurs. C’est un fait. Aujourd’hui, le rap a une place éminemment importante dans la vie des gens. Maintenant, c’est dans les supermarchés, c’est partout. Je pense que ce sera pour longtemps parce qu’on a un truc que le rock ou la variété n’ont pas, c’est la force de la parole, des mots.
Le fait de délivrer des messages et de donner à voir des tranches de vie. D’exprimer et de célébrer d’ une certaine manière, une forme de réussite, de légitimité dans une société raciste, capitaliste et patriarcale. De fédérer, de faire la fête, de s’enjailler. Ce sont des choses qu’on ne retrouve pas ou très peu dans d’autres musiques. Il y a de l’innovation jusque dans la beauferie. Les rappeurs beaufs, ce ne sont pas les mêmes beaufs que ceux de la variété. Ils n’ont pas les mêmes couches et ne partent pas du même point de départ dans cette société. “La musique, il a changé” et le rap a sa part de responsabilité. il a changé. C’est un game changer.
LFB : Ça s’est dilué dans la logique de succès.
Forbon : Exactement.
Adam : Pour moi, il y a quand même deux choses. C’est vrai que pour une partie du rap, le discours s’est dilué. C’est une réalité. Et en même temps, quand tu regardes dans les années 80, ce qui était mainstream et tu écoutes ce qu’il racontait, c’était tout autant de la merde. Après je suis surtout en colère, pas tant contre les rappeurs qui font des trucs un peu turn up et qui ne racontent pas trop de dingueries mais qui ne vont, en gros, un peu rien raconter. Je trouve que c’est ok. Par contre typiquement, des mecs comme Damso et pas mal d’autres, je trouve ça ignoble.
LFB : Le faux ésotérisme.
Adam : Ouais, et puis même sur les femmes. Enfin, Mâle Alpha c’est hallucinant. C’est clairement prendre une position autour du masculinisme et jouer avec la frontière entre le doute de l’ironie de son propos et la réalité de ce qu’il pense. Je trouve ça plutôt problématique. Même s’ il passe une partie de ses chansons à s’auto dénigrer aussi à ce sujet, je trouve que ça créer du doute sur son discours et ça met de l’eau au moulin des mascu… Il y a des choses plus engagées et intelligentes à faire que ça, je pense.
LFB : C’est sûr qu’il ne dit plus rien depuis son troisième album.
Forbon : Totalement d’accord. Damso, en ce moment, c’est l’enfer. On est sur un mini Kanye West, dans l’état d’esprit!
LFB : Franchement moi je me marre plus en écoutant Vald. Et pour le coup a un vrai discours, de plus en plus.
Forbon : Bien sûr. Quand il dit qu’il n’a plus envie de parler de drogue dans ses chansons, moi ça me fait plaisir. C’est un vrai signe de maturité, je trouve.
LFB : Un morceau comme Gauche Droite sur son album, sous le couvert de trucs golri, est hyper profond. Et même dans la manière de réinventer la musique aussi, d’aller se foutre avec Vladimir Cauchemar.
Adam : Je trouve qu’il fait plaisir. C’est se mettre au service d’un discours utile et pas jouer le mec sombre qui fait genre qu’il est un génie alors qu’il raconte des dingueries.
Forbon : Après, faut pas se mentir, en même temps, c’est ça le rap. Le rap a toujours eu ce truc un peu miroir de la société. Le rap a toujours été aussi sexiste et misogyne la société l’est. Ça fait partie de son folklore.
LFB : Mais tu en as qui refusent de l’être. Même tu as des gens qui évoluent. Regarde, Disiz La Peste, effectivement, il y avait des morceaux comme ça. Quand il faisait des trucs avec Grems et tout, il y avait des trucs qui étaient très limites. Et au fur et à mesure du temps, il a quand même grandement évolué dans ce qu’il a fait.
Forbon : Après, je me pose la question aussi de l’auditeur. Est-ce qu’il n’y a pas une manière aussi d’éduquer l’auditeur à déceler le second degré ? La vanne, l’humour, l’ironie, le rap c’est tout ça aussi. Pour moi, un mec comme Booba, c’est un maître dans l’art du cynisme et du double discours. Il a vraiment cette capacité à te faire analyser les choses, d’aller au-delà des apparences avec des phases t’obliger à te positionner, où tu te dis “ Ok, je suis d’accord, je ne suis pas d’accord. Mais ça m’a donné le mérite de me questionner, de me bousculer”. En ce moment, un mec comme 404 Billy me procure le même effet en l’écoutant parfois je me dis : “Wow! Je ne suis pas du tout d’accord avec lui mais c’est tellement bien dit. Pourquoi cette punchline me questionne autant comme ça?”
Adam : Il y a aussi le rôle des médias. Tout le monde n’est pas comme toi, Charles. Tu vois, qui va oser dans une grande émission de TV ou Radio à un moment dire : “Ah, ta phase là sur les meufs, c’est un peu chelou quand même.” Le nombre de fois où je vois des rappeurs qui disaient des dingueries sur les meufs invitées sans être inquiétés… Alors des fois ça sort et ça fait scandale, mais il y a plein de fois quand même où tu te dis : “ Putain, mais ce n’est pas analysé, ce n’est pas relevé. Pourquoi ?”
LFB : Je vais reparler de l’écriture et d’un truc dont on avait parlé à l’époque, qui est encore plus important et encore plus prononcé, c’est la répétition poétique des mots. Et de renforcer leur force et de leur donner une émotion différente en fonction de quand tu les prononces et de comment tu les prononces. J’ai l’impression que c’est un truc d’écriture que tu portes et qui est peut-être même ta marque de fabrique mais inconsciente.
Forbon : C’est exactement ça. Je crois que là, j’arrive à un moment où j’en ai même plus conscience. Et pourtant, sur ce projet-là, j’essaye de moins le faire. J’essaie d’être un peu moins dedans. En tout cas, de donner un peu plus de matière pour faire en sorte à ce que quand ces répétitions arrivent, elles aient vraiment une valeur. Je pense qu’il y avait des moments où parfois, j’avoue, je me reposais sur cette technique un peu par flemme. La flemme, dans l’art, je trouve ça dangereux. J’essaie de perfectionner mes outils. Ça fait un peu partie de mes boulots aujourd’hui, d’essayer de donner un peu plus de contenu à ces répétitions, de mieux les encadrer, les enrober.. Pour donner du lien entre ces moments de transe et ces moments vraiment de récits qui se déploient, de phrasés, de technicité aussi. Mais toujours au service de ce que j’ai besoin de raconter.
LFB : Là, par rapport à avant, je pense qu’on n’est pas dans la transe du son. On est vraiment sur de la répétition qui soit fait changer le sens du mot, soit fait avancer le récit. C’est peut-être ça l’évolution.
Forbon : Oui, je pense que c’est ça. C’est comme tout super pouvoir que tu maîtrises, que tu parfais, au bout d’un moment, quand tu le maîtrises, ça devient de l’ordre de la sensibilité. Je peux le dire maintenant, la répétition, c’est un outil qui m’appartient et que j’assume et maîtrise de plus en plus avec le temps. C’est gratifiant!
LFB : Et toi, Adam, est-ce que ça t’influence dans ta façon de composer la musique ?
Adam : Pas dans la compo. Enfin, si un peu. Mais dans la compo, dans les structures, et surtout dans la partie réalisation, le traitement des voix. On en est au début de ça, parce que c’est plus cette année que je vais le faire, mais surtout, comment mettre en avant, par exemple, quels effets mettre, mettre du relief sur la même chose. Il est rappeur mais c’est aussi un acteur. Et du coup, il y a un peu de nuance de jeu à mettre en valeur. Finalement, chaque mot va avoir une nuance de jeu différente et du coup le même mot effectivement va revenir mais de façon différente. Tout le jeu pour moi, c’est en même temps de trouver des récurrences pour qu’il y ait un point de repère, et en même temps faire en sorte qu’à chaque fois il y ait une sorte de micro-différence, que ça sonne un tout petit peu différent à chaque fois, ou parfois complètement différent. Mais en vrai il le fait déjà dans son interprétation et il n’y a pas grand-chose à faire là-dessus. Mais parfois, par exemple, ça peut faire des morceaux plus longs, surtout pour le live. Des chansons que j’aurais fait durer trois minutes vont en durer cinq parce qu’en fait ça marche trop bien qu’il dise une phrase en boucle à la fin, que ça parte un peu plus en live. Donc ouais, surtout dans les structures finalement, ça a de l’impact.

LFB : C’est une recherche de liberté si tu veux, de s’autoriser à revenir à des morceaux longs et si le morceau le nécessite.
Forbon : Grave. Carrément. Même dans les deux aussi, d’avoir des trucs hyper courts mais super intenses. Mais c’est vrai que par rapport au travail d’Adam, j’ai l’impression qu’il y a aussi un truc, en tout cas dans mon exemple, qui t’a vachement aidé à prendre du galon dans la réalisation, de vraiment comprendre la proposition des personnes avec qui tu bosses pour vraiment comprendre où ils vont tout en gardant ta patte. Quand tu es avec LYNX IRL, c’est tout à fait autre chose que ce que tu fais mais on sent que tu y mets aussi un peu de toi.
Adam : Après, vous avez des discours très différents. Ce n’est pas du tout la même esthétique, le même délire, la même façon de mixer, la même façon. Ça n’a rien à voir. Mais oui, carrément.
Forbon : En tout cas, tu as ce truc d’adaptabilité.
Adam : C’est du travail. C’est Alexis (Delong ndlr) dont tu parlais tout à l’heure. Lui, c’est pareil. Quand tu fais de la réal, c’est carrément ça. C’est 70% de temps à écouter ce que les gens veulent faire et 30% de musique. C’est exactement ce qu’on disait. C’est la réalité. Le nombre de sessions où parfois les gens viennent et pendant la moitié de la journée, on va parler et l’autre moitié on va faire de la musique. Finalement, à la fin tu as bien fait de parler parce que tu avances beaucoup plus vite. Tu vas droit au but. C’est un quelque chose que je dis souvent et d’ailleurs ça m’est arrivé quelquefois de voir des gens où je sens qu’ils commencent un peu à essayer de faire de la réal et finalement ça ne marche pas forcément pour cette raison-là. Ce n’est pas qu’ils ne sont pas bons, ils sont très forts musicalement mais humainement c’est difficile. On ne comprend pas ce qu’ils disent, ce qu’ils veulent, ils ne sont pas rassurants. C’est une énorme partie du boulot d’être rassurant, d’être là, d’être capable de dire que c’est super ce que l’autre fait. Moi je le prends comme le truc le plus important dans mon travail au-delà des compétences techniques et de ce que tu taffes à côté.
LFB : Venir au Mama présenter son projet comme ça, qui est tout jeune. Quelles sont vos ambitions justement par rapport à ça ? Et surtout, est-ce qu’il y a une nécessité à bien s’entourer d’aller chercher les bonnes personnes et être prudent avec ça?
Forbon : Il y a deux trucs. Ce que tu dis va dans le prolongement de ce dont on a parlé tout à l’heure par rapport à ma propre expérience et aussi un peu à la tienne aussi, Adam. C’est que ce truc fait gagner du temps à tout le monde d’être dans une relation de confiance, où on n’a pas peur de se dire nos non-négociables, où il n’y a pas de non-dit. Il faut qu’il ait de non-dit dans une collaboration. Je pense que c’est vraiment des choses qui tuent des projets, les non-dits. Ce sont les trucs où tu as la sensation que c’est OK, alors que non, pas du tout. Mon expérience m’a permis de comprendre que ce n’est pas parce qu’un projet va bien que les gens à l’intérieur vont bien. Bien s’entourer, c’est carrément dans la fiche de poste. C’est vraiment déceler ça, faire la distinction entre le projet et les humains.
Nous, on a de la chance de commencer à avoir de l’expérience. Moi, c’est mon deuxième MaMa, Adam, c’est ton troisième. On sait comment ça fonctionne. C’est quand même un festoche qui est plus destinée aux professionnels de la musique. Il y a un truc où on a pris vraiment du recul et de la distance là-dessus. Moi aujourd’hui, j’avoue, je l’ai plus vu comme une énième occasion de commencer à bosser notre live que comme un truc où il faut tout péter. Quand bien même t’accroche avec un label, un éditeur, un tourneur dans ces grandes messes de la musique comme le MaMA.
La réalité, c’est qu’entre le moment où tu le rencontres et quand tu bosses vraiment avec eux, il peut se passer peut-être au moins six mois dans le meilleur des cas. Et ça, c’est un truc aussi où je pense qu’il faut arriver un peu à se détendre et ne pas se mettre la pression d’un résultat immédiat quand tu fais un festival pro. Et puis nous deux, on a la chance qu’à côté, on est intermittents, on a du taf par ailleurs, donc on a le temps de voir venir.
Adam : C’est une chance, mais c’est surtout un choix aussi. Avoir d’autres projets, ne pas dépendre d’un projet pour ne pas être obligé de faire des albums tous les ans. Et après, par rapport à l’entourage, ce qui change par rapport à avant, c’est que là je commençais à être entouré. Enfin c’était déjà le cas, mais là c’était encore plus le cas. C’est vraiment de gens comme BRÖ & Rémi de Projets Complexes, ce sont vraiment des amis. Forbon c’est mon ami, Jérôme Henry qui nous accompagne au son, c’est mon ami. En fait, ce ne sont que des amis vraiment très proches avec qui je fais des projets depuis des années.
Du coup après évidemment, quand notre projet prendra plus d’ampleur, il n’y aura pas que des amis, mais par contre on a notre noyau dur. Au final, le reste c’est moins grave quoi. Je sais que c’est le truc le plus important pour moi aujourd’hui, de bosser avec mes amis et d’être content de ce que je fais. Après les gens autour se greffent au truc et si t’es en force ça marche, il n’y a pas de soucis. Pour que ça pousse, il faut une bonne graine et beaucoup d’eau.Forbon : Beaucoup d’eau, beaucoup de soleil et d’attentions, dans une terre fertile.
C’est un peu un tout. Je pense qu’aborder ces grandes messes, ces grandes messes pros, ces salons de l’agriculture, de l’agriculture musicale, tu ne les abordes pas du tout de la même façon quand tu y vas avec tes amis, ceux qui te veulent du bien, ceux qui te tirent vers le haut. Ne rien négliger sans se prendre la tête, sans oublier que ce n’est pas ces grandes messes qui régissent nos liens et nos vies. L’art subtil de trouver son équilibre.