(EXCLU) Baleine : aux confins d’une odyssée post-rock.

Le trio au pied marin Baleine remet les voiles et sortira son second album, II, le 11 avril. II est le fervent successeur de I sorti en 2022 et s’attache à parfaire un univers instrumental où la folk vient arrondir les sonorités post rock inhérentes au groupe. 

visuel par Nicolas Fourgeaud

Un trio au pied marin certes, mais tout droit venu de la capitale. C’est dans la musique que Nicolas Fourgeaud, Jonathan Kakpeyen et Hector Morcrette naviguent et explorent les fosses océaniques en quête de trésors pour alimenter leurs compositions. L’essence de Baleine s’exprime par ce travail d’archéologue où le temps s’utilise à bon escient. Chaque seconde est mise à profit et participe à façonner leur univers.

Deux guitares et une batterie sont les seuls instruments dont ils disposent mais c’est dans cette trompeuse simplicité que réside la surprise. On se rend vite compte qu’il n’y a pas besoin de plus. Baleine est suffisant.

Poser les bases.

L’album II embraye avec le morceau Février qui prend le temps de poser les bases et de bien préparer le voyage. Il permet d’influer sur le cours du temps et de l’étirer afin de se préparer à la suite de l’aventure qui nous est proposée. Ainsi, les ondes se font écho et se propagent presque indéfiniment lorsqu’il est temps de lever l’ancre. Une mélancolie s’immisce par à-coups et finit par ne plus nous lâcher. Elle sera constante sur cet album et guidera la navigation. Ainsi, Février est un long morceau qui pose un cadre à II.

Bleu est la couleur de l’immensité monotone qu’incarne l’océan. Cependant, la monotonie est une façade. Ce qui se joue ici se passe sous l’eau. Les musiciens dévoilent les secrets dissimulés sous leur enveloppe de peau. L’intensité est ce qu’on ne voit pas au premier abord. Il faut plonger pour savoir.

Bleu s’affiche comme une road-trip en solo. Ce morceau crée une sorte de rengaine qui fait défiler les heures aussi vite que les secondes s’écoulent. Les jours deviennent des semaines sans qu’on s’en rende compte. C’est l’aventure qui s’installe, révélée par une excitation transcendale.

crédit photo Emma David

Confrontation.

Sélection succède à Bleu comme l’excitation succède au doute. Ce titre englobe toutes les incertitudes auxquelles on peut se confronter. C’est dans ces conditions que le doute prend une dimension dramatique et que le sentiment de solitude est si prégnant. Finalement, l’horizon s’éclaircit enfin après tant de tumulte. 

Après cette phase désagréable vient le débrief. Les musiciens prennent le temps. C’est l’après tempête et il faut s’attacher à tout réparer. Digérer l’expérience, digérer l’épreuve par laquelle on est passé. Le moment de choisir de surmonter est venu pour pouvoir s’élever et renaître plus fort que jamais.

Le mouvement.

Ainsi, Windmill s’installe dans la continuité. Après la renaissance vient le mouvement. Une brise délicate vient pousser à l’action pour se réancrer dans la vie elle-même. Nos voiles intérieures se gonflent pour qu’on puisse mieux s’envoler. Des rafales douces puis intenses se frottent à nous. C’est comme un ascenseur émotionnel qu”il faut apprendre à gérer.

Jeju vient à point nommé dans la période la plus compliquée d’un périple. Celle-ci précède l’arrivée au port. Proches du but, le temps s’alourdit et la patience s’épuise parfois. Jeju fait penser à une succession d’images en slow motion. Dans une atmosphère aérienne, Baleine va plus loin dans l’introspection. Le trio invite à gratter en nous, à plonger en eaux troubles. Se noyer. Émerger finalement.

Puis, Jeju invite à s’attarder sur le moment présent pour sentir la chaleur effleurer notre peau, le soleil intense, faire s’affaisser nos paupières tout doucement. On se redécouvre grâce à Baleine. Il s’agit de revivre et prendre conscience de chaque inspiration et expiration. Il est bientôt temps de larguer les amarres alors reconnectons-nous.

crédit photo Emma David

Home sweet home.

Home, c’est le retour aux origines. Voici la ligne d’horizon qui grandit au loin. Revenir à la maison, bien dans ses baskets. L’odyssée est terminée, les anecdotes pleuvent. Les proches accourent. Et puis, c’est fini, comme II. Cette échéance amène un sentiment de fierté du chemin parcouru ainsi que la sensation ultime d’être où on doit être, dans l’ici et le maintenant.

L’album II de Baleine raconte une histoire aussi dense que l’Odyssée d’Homère bien que assurément moins fantasque. Une densité pourtant dessinée par le parti pris minimaliste du groupe. II brille par son naturel éclatant. Ce sont ses tendances tumultueuses qui permettent finalement cet effet. Baleine colle au plus proche de la réalité et ceci, sans fioriture. 

Alternant entre post rock instrumental et folk inédite, cet album de Baleine en dit long sur la progression du groupe et les chemins de vie. II s’apparente à un récit initiatique et parle des expériences qui forgent et font évoluer. Si on dit : “jamais deux sans trois”, peut-on espérer que l’album III verra le jour ?

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