Bat for Lashes nous propose un voyage vers le passé, dans un univers onirique à travers l’histoire de Nikki Pink, protagoniste de l’histoire narrée pendant dix titres. Leur dernier album a été conçu, selon leurs dires, pour être écouté le soir au volant ou en se tenant la main au coucher de soleil. Alors en route !
L’entame de l’album Lost Girls est tonitruante puisque Kids In The Dark nous plonge parfaitement dans une ambiance 80’s et mystique. À la fois lancinante et rêveuse, la piste est le titre phare de cet album. La scène est bien ficelée : on s’imagine aisément être en bonne compagnie, marcher ou conduire à la périphérie de la Cité des Anges quand la nuit tombe et qu’une légère brise fraîche s’installe dans le paysage. Un vent de liberté souffle alors. Cette sensation décrit en fait le début de l’histoire de Nikki Pink, une vampire, tombée amoureuse alors qu’elle est membre d’un gang de bikeuses ! On est imprégné avec douceur de cette atmosphère et le point culminant de nos émotions débarque sur le refrain quand les notes de synthé accentuent ce sentiment de liberté : « Let’s take it down, To where the loving starts, Where we’re just kids in the dark ». La fin de la piste finit sur un solo de guitare, un cliché de l’époque. Kids In The Dark est sans contexte le chef d’œuvre de l’album.
La suite est aussi truffée de référence. Avec The Hunger, Natasha Khan nous rappelle les films de vampires des années 1980 et use d’un orgue pour installer une ambiance cérémoniale. Dans une singularité plus envoûtante et sombre, Vampires est un morceau gothique entièrement instrumental qui aurait pu être inclus dans l’incontournable Disintegration de The Cure.
Cependant, Bat for Lashes nous réserve des pistes plus rythmées. Si So Good bénéficie d’une introduction musclée et assez dansante, on reste sur notre faim à cause de sa courte durée. Il faudra alors se tourner vers Feel For You, sensuel et exotique, ou l’excellent Jasmine. Ce dernier titre, plutôt dream pop, nous rappelle sans forcer, par la voix de Natasha Khan, à Cocteau Twins. À en croire la native de Brighton qui parle sur les couplets, Jasmine n’est pas très fréquentable car elle entreprend des projets macabres pour tous ceux qui ont le malheur d’être séduits par son charme. Parallèlement, la piste est emmenée par des claviers aux sonorités tropicales qui témoignent d’une évolution négative des péripéties de Nikki Pink.
La fin de l’album portée par Moutains est plus intimiste. Débutant simplement par quelques notes de clavier, la piste prend son envol peu à peu grâce aux chœurs et au synthé. Cependant, le chagrin et la nostalgie l’emportent : « Can we make it right like it was at the start ? Sing to me in the dark ».
Lost Girls pourrait s’apparenter comme un concept album pour Bat For Lashes puisqu’il a été conçu comme le début d’un scénario de film ; les amateurs de fantastique et des années 1980 apprécieront l’atmosphère créée. On imagine même très bien certains titres, comme Kids In The Dark, s’insérer dans des épisodes de Strangers Things. Au final, l’ensemble est un hommage agréable et de qualité à cette décennie mais manque de longueur pour nous permettre de nous échapper davantage dans son univers.