Nos quatre concerts marquants de Beauregard 2024

Depuis le début de la semaine, on vous partage en images notre expérience au festival Beauregard. Vous l’aurez remarqué, John avait été particulièrement généreux avec nous. Aujourd’hui, on vous propose de découvrir les quatre concerts qui auront marqué notre édition du festival normand. Et, autant le dire, les têtes d’affiche n’auront pas déçu.

Beauregard 2024

Justice

Voilà une phrase que l’on pourrait répéter à chaque concert de ce report : on les attendait de pieds fermes, ils ne nous ont pas déçu. (Et en même temps, on n’était absolument pas inquiet)

Justice donc. Le duo avait laissé une emprunte immense dans nos esprits avec sa dernière tournée WomanWorldWide, l’album live qui a suivi (et qui nous accompagne toujours) et son incroyable space opéra IRIS. On se demandait alors comment Gaspard et Xavier allaient pouvoir frapper encore plus fort et comment Hyperdrama allait pouvoir se fondre dans le moule ?

La réponse, on l’a eu devant nos yeux pendant 1h15 : transformer un concert en une grande expérience sensorielle basée sur deux choses : d’un côté un travail de fourmi sur le mélange des morceaux, l’envie de les transformer en un bloc et sur les transitions (un truc que David Guetta pourrait prendre en compte, on dit ça, on dit rien). De l’autre, une scénographie musicale absolument monumentale transformant chaque passage en œuvre picturale ultime.

De fait, loin de se comporter comme des rockstars, les deux musiciennes deviennent des ombres, des petites mains au service d’un projet pharaonique bien plus grand qu’eux, restant en grande partie concentrés sur leurs machines et instruments, saluant quelques fois le public sans jamais prendre la lumière.

Un concert fascinant donc, ponctué par le toujours immense tableau autour de Stress et où, en plus des tubes réalisés avec Kevin Parker, ceux sont deux immenses morceaux électroniques d’Hyperdrama qui se taillent la part du lion : Generator et Incognito.

Après cette claque immense, il nous tarde déjà de les retrouver cet hiver à l’Accor Arena, là ou le show devrait prendre toute sa mesure, que ce soit dans le temps long ou avec le show lumineux parfait pour ce genre d’immense écrin.

Beauregard 2024

Parcels

Les plus européens des australiens étaient enfin de la partie pour ce Beauregard 2024. Après quelques rendez vous manqués, le quintette profitait de sa tournée européenne pour poser ses instruments en Normandie.

Alors qu’ils avaient auparavant transformé leur Day/Night en une expérience très électronique, on se demandait bien ce que Parcels allait nous proposer ce soir là, alors que l’arrivée d’un troisième album semble être imminente.

Et bien, mis à part un rappel, évidemment intitulé EDM, c’est plutôt du côté du groove et de la pop que la balance a penché ce vendredi soir entre le jour et la nuit. Et c’est tant mieux car on a eu l’impression de retrouver un peu l’âme de ce groupe qui excelle clairement niveau live.

C’est donc une succession rondement menée de gros tubes qu’ils nous ont offert, laissant parler leurs techniques irréprochables et optant le plus souvent pour des longs passages instrumentaux qui nous permettaient de nous élever un peu vers un ailleurs plus beau.

Au titre des grands moments, on notera donc les fabuleuses Myenemy, Tieduprightnow ou encore Iknowhowifeel, le tout accompagné de tubes comme Lightenup ou l’évidente Overnight.

Parcels en concert, ce sont des grands sourires sur scène et aussi dans le public de Beauregard. Un moment de communion qui nous aura forcément allégé le cœur. On en redemande.

Beauregard 2024

LCD Soundsystem

La programmation d’un festival c’est un savant équilibre entre artistes qui attirent le public et d’autres qui ressemblent parfois à un pari. Dans un festival comme Beauregard, dont la beauté tient à la propension à mêler avec bonheur toutes les générations et tous les styles, mettre LCD Soundsystem en tête d’affiche du samedi soir avait tout d’un grand pari.

En effet, le groupe New-Yorkais n’est pas à proprement parlé un nom très connu du grand public et ce malgré un statut culte assez évident. De fait, la foule en bord de scène était légèrement clairsemé alors que le début du concert commençait … Tant mieux pour nous, cela nous a permis d’être aux premières loges pour assister au show merveilleux de James Murphy et sa bande.

On aurait pu espérer quelques nouveaux titres, mais non, ce soir là LCD Soundsystem était venu nous dérouler une sélection de ses meilleurs morceaux dans une ambiance assez folle et une intensité qui aura fait vibrer tous les corps présents ce soir là.

Et il faut le dire, au vu de la discographie cinq étoiles du groupe, la setlist ferait sans doute des déçus du côté des bougons. En même temps, il fallait faire des choix pour un show de 1h30 quand les morceaux du groupe font en moyenne entre 5 et 8 minutes.

Que dire alors ? Et bien que LCD Soundsystem était en grande forme. Nombreux sur scène, le groupe nous aura donné une véritable leçon, montrant une nouvelle fois tout leur talent, leur cohésion et la beauté mélodique et émotionnelle de leur musique.

Impossible de résister à la puissance de l’enchainement de Tribulations et Tonite, impossible de ne pas vibrer sur les lentes montées de Us v Them ou You Wanted a Hit ou encore de ne pas danser sur I Can Change ou Someone Great. Difficile aussi de trouver les mots pour décrire la sensation de tout absolu que nous aura fait l’interprétation de Losing My Edge. Enfin, impossible de ne pas laisser couler nos larmes avec New York, I Love You but You’re Bringing Me Down et All My Friends.

Vous l’aurez compris, un concert de LCD Soundsystem est une trace indélébile sur nos mémoires. On avait attendu 7 ans pour les revoir, autant vous dire qu’on ne fera pas cette erreur deux fois.

Marc Rebillet

Avant de retrouver Marc Rebillet, on aura poussé un grand ouf de soulagement en ce dimanche soir, partagé avec une grande partie de Beauregard. On s’attendait donc à ce que le bonhomme en profite, en grand habitué des faits, pour se lâcher une nouvelle fois sur la politique française.

Et ça n’aura pas manqué, Marc Rebillet aura été le seul (avec Flore Benguigui de l’impératrice) à prendre à bras le corps une situation qui aura pesé sur tout notre festivals. Bien sûr, il l’aura fait à sa manière, de façon très frontale et assez vulgaire. Mais c’était sans doute la manière idéale pour embarquer le public et pour permettre de relâcher toutes les énergies négatives.

De reste, avant de le découvrir sur scène, on se poser une question : Marc Rebillet est-il un génie ou une immense fraude ? Honnêtement, on n’a pas encore totalement tranché mais, après ce show, la balance penche clairement du côté du génie.

Le fait est qu’aucun show de Marc Rebillet ne se ressemble, que ce soit par l’énergie qui se déploie face à lui mais surtout parce que le bonhomme passe son set à improviser et à créer.

On se retrouve donc avec des phases qui alternent la tension, la création et, parfois, le grand plat. C’est un jeu auquel nous invite le franco-américain, comment construire et déconstruire la musique sur scène. Comment aussi désacraliser la vision qu’on peut avoir de l’artiste. En maillot de bain sur scène, le loop dady alterne donc entre période de création parfois ubuesque (un morceau à base de samples de pets), intervention délirantes et hilarantes (son introduction en français sur Girl’s Club) et grands moments de musique qui aura pousser le public de Beauregard à beaucoup danser .

Une expérience donc, un truc un peu unique et forcément marquant qui nous aura encore plus fait aimer Marc Rebillet. Pour le côté génie, on vous invite à aller découvrir son premier morceau enregistré en studio, Vibes Alright, histoire de réaliser que le bonhomme est très très fort.

Retrouvez toutes les photos de notre weekend à Beauregard par ici : jeudi/vendredi, samedi, dimanche

Crédit photos : David Tabary / Grégory Forestier