Peu de musiciens exercent une influence aussi importante et prédominante que Yussef Dayes à Londres. Le batteur est depuis plusieurs années suractif dans une scène Jazz bouillonnante et pleine de surdoués. Cette rentrée 2023/2024 est l’occasion pour lui de sortir son tout premier album solo : Black Classical Music.
Il va sans dire que la trajectoire du musicien a de quoi impressionner. C’est lui-même, en compagnie de Kamaal Williams, qui a revigoré une scène de Londres créant un engouement sans précédent dans la capitale anglaise. C’est avec ces mêmes compères que l’anglais a rassemblé une vingtaine de morceaux composant ce premier album.
Les deux premiers singles présentés mettent en avant cet aspect collaboratif préopondérant. Le premier, le titre éponyme, est réalisé en collaboration avec Venna et Charlie Stacey. Le second, Rust, lui date de la période des sessions d’enregistrement de What Kinda Music. Morceau donc écrit avec Tom Misch. À vrai dire, tout ce qui compose Black Classical Music a été écrit avec les plus proches collaborateurs de Yussef Dayes. Avec comme noms prépondérants Charlie Stacey et Rocco Palladino. Ses deux compères du génial Yussef Dayes Trio.
La tracklist se voit complétée d’autres apparitions comme celles de Masego, Chronixx ou encore Elijah Fox. Cependant, le grand nombre d’invités ne dénature pas le style qu’on connaît au batteur. On retrouve dans ce premier album tout ce qui a fait sa réputation. Avec notamment ses fameux chops à la caisse claire et au charleston, véritable de marque de fabrique technique.
Cette myriade d’invités diversifie grandement la tracklist. Les styles des collaborateurs de Yussef Dayes se montrent et mélangent leur style avec celui du londonien. On peut citer comme illustration Birds of Paradise rappelant le live Welcome To The Hills. Tandis que Rust, lui, rappelle évidemment What Kinda Music. Pour finir avec les exemples, Tioga Pass renvoie timidement au merveilleux travail de Yussef Kamaal et du génial Black Focus.
Le Hip-Hop ou encore le R&B s’invitent également à la fête pour donner une couleur plus mielleuse et douce à l’ensemble. Womans Touch représente parfaitement cette tendance. On sent que Yussef Dayes tente, essaye des choses sans avoir peut de se tromper. Cette audace rend l’écoute de ce premier disque d’autant plus plaisante qu’elle apporte une certaine notion de surprise très bienvenue.
On retrouve cette fibre issue du jam, de l’écriture en groupe ou en trio voire en quartet. Mais il ne faut pas se méprendre. Black Classical Music n’est pas le genre d’album que le Yussef Dayes Trio aurait pu sortir. On retrouve des titres faisant beaucoup plus « chanson » comme par exemple le très doux Pon Di Plaza. Le batteur diversifie son propos sans pour autant le dénaturer ou le faire perdre en qualité.
On sent une multitude d’influences différentes s’entrechoquer. Le morceau Magnolia Symphony par exemple explore les territoires de la musique orchestrale et propose une vraie partition angélique et mélodique. À côté de cela, on retrouve de nombreuses inspirations provenant de la musique africaine. C’est notamment les différentes percussions présentes sur le projet qui l’induisent.
On mettra aussi en avant les visuels très réussis assurant la promotion de l’album. Les clips et les photos pour la promotion de l’album sont très soignés et mettent en avant une vision aboutie et travaillée. En ce sens, cela rappelle l’environnement sonore de What Kinda Music qui avait le don de poser identité claire et magnifique.
Yussef Dayes a passé un cap. C’est le constat que l’on fait une fois l’écoute de Classical Black Music passée. Avec ce premier album solo, le batteur transforme un essai quelque peu périlleux. Avec une carrière entre producteur et compositeur de génie, et musicien de scène génial, le londonien a su faire la somme des deux. À travers cette vingtaine de titres, ce dernier offre une œuvre d’une grande richesse et très variée.