La musique de Caleb Landry Jones est captivante et créative. Une humeur psychédélique à la fois sombre et barrée aux multiples possibilités, influencée de musiques 60’s, de Lennon aux Pink Floyds en passant par Lou Reed. Le musicien signé sur Sacred Bones, bien plus connu pour sa carrière d’acteur – il a notamment joué le geek marchand de comics dans The Dead Don’t Die de Jim Jarmush, a incarné Banshee dans X-Men : First Class, un serial killer dans Nitram… – vient de sortir son troisième album, Gadzooks vol. 2, faisant suite au vol. 1 et à The Mother Stone (2020). Nous avons pu lui poser quelques questions. Nous avons parlé (entre autres) de musique, de cinéma, de blagues et de savon…
Lire notre chronique de The Mother Stone ici
ENGLISH VERSION BELOW
Caleb Landry Jones : Hello, désolé je suis en retard ! J’étais au lit et mon manager est venu sonner à ma porte. On habite à six pâtés de maisons l’un de l’autre. Je suis content qu’il l’ait fait !
La Face B : Salut ! Quelle heure est-il pour toi ? Est-ce que tu es au Texas ?
LJC : Non, à Los Angeles.
LFB : Cool. Alors comment ça va ? Gadzooks Vol. 2 ton troisième album vient de sortir, comment tu te sens ?
CLJ : Je ne sais pas. J’ai parlé à mon pote hier, Robert (Hudson), qui joue de la basse et un peu de guitare sur le disque. Et il était plutôt positif à ce sujet (rires).
LFB : Cool ! (Rires)
CLJ : Je ne sais pas, c’est difficile d’avoir la bonne perspective sur les choses quand on a la tête dans le trou depuis un moment. C’est difficile d’imaginer ce que c’est pour quelqu’un d’autre qui ne l’a pas entendu ou qui ne l’a pas entendu depuis longtemps… ou qui a eu la tête dans le trou avec moi pendant un certain temps mais qui l’a sorti depuis plus longtemps (rires).
J’ai une grande confiance en lui, donc cela signifie beaucoup d’entendre (imite la voix) « Que penses-tu du mastering ? Que penses-tu des fréquences ? Tout est bon ? Les tonalités ?… », « Que penses-tu de la façon dont nous l’avons édité ? », tu sais, des trucs comme ça. Mais ouais, je suis tellement soulagé qu’il soit sorti !
LFB : Bien !
Tu es surtout connu pour ta carrière d’acteur. Et je me demandais si la musique faisait partie de ta vie depuis toujours ou si c’était une nouveauté ?
CLJ : C’est nouveau de sortir des disques et de montrer la musique aux autres. C’est nouveau d’entrer en studio et d’enregistrer. Mais je joue de la musique avec Robert, depuis que nous avons probablement 10 ans ou quelque chose comme ça, ou tu sais depuis un certain temps. On avait un groupe ensemble quand on était plus jeunes. Et puis j’ai commencé à faire de la musique tout seul quand j’avais 17/18 ans et je n’ai pas arrêté de le faire depuis.
Le métier d’acteur est venu je suppose… je suis venu à Los Angeles quand j’avais 19 ans. J’ai écrit quelques albums tout seul et j’avais l’impression que rien n’allait leur arriver et je ne savais pas à qui les montrer. J’avais le sentiment que si je les envoyais à un label personne ne répondrait. Et je n’ai jamais essayé de voir ce que les autres en pensaient, à part les amis proches. Robert jouait de la basse dessus.
Ce n’est que lorsque j’ai rencontré (Jim) Jarmusch, que j’ai travaillé avec lui et que je lui ai montré une partie de ma musique qu’il m’a dit : « Mec, tu devrais envoyer ça au label avec lequel je travaille (Sacred Bones ndr). Je pense qu’ils l’aimerai vraiment ! » Je me disais : « Non, vraiment ? »
Donc c’est une chose toute nouvelle. Faire de la musique et faire en sorte que les gens l’écoutent, c’est tout nouveau.
LFB : J’ai entendu dire que tu composais pendant le tournage d’un film. Comment concilies-tu musique et film ?
CLJ : Parfois ça arrive, parfois non. Cela dépend du film et, je ne sais pas, parfois je suis incroyablement occupé et il n’y a aucune chance que la musique vienne et je ne pense même pas à la musique. Et soudain, deux semaines après le début du tournage, j’ai besoin de musique et sans le vouloir, ça devient parfois un disque. Tu sais : « Oh là là ! OK, retournons à L.A. et enregistrons-la ! ». Tu sais plus de travail à faire (rires).
LFB : Comment comparerais-tu la musique et le métier d’acteur ?
CLJ : Je pense qu’il y a beaucoup de choses identiques et différentes en même temps. Je pense que je peux faire ce que je fais avec l’aide de la musique parfois. Je pense que le rythme… je pense que c’est très utile pour un acteur d’avoir un fort sens du rythme. Si un acteur est à l’aise avec les mouvements de son corps ça aide. Je pense que toutes ces choses vont ensemble d’une certaine manière. Je ne chante pas sur les plateaux la plupart du temps (rires) mais je pense qu’elles se complètent.
LFB : Tu as travaillé avec les même musiciens sur tous tes albums. The Mother Stone et Gadzooks vol. 1 et 2 et le producteur Nic Jodoin. Peux-tu nous parler un peu du processus de construction des disques ?
CLJ : Oui. Nic est quelqu’un que j’ai rencontré par l’intermédiaire d’un de mes amis, Danny (Lee Blackwell) qui a un groupe Night Beats. Il m’a présenté Nic et m’a parlé de son studio et Nic m’a dit d’y passer un jour. Et je suis venu le voir avec The Mother Stone, un disque prêt à être enregistré. On ne se connaissait pas bien, mais on a commencé par un morceau acoustique. C’était probablement un morceau acoustique de six ou sept minutes ou quelque chose comme ça. On a commencé à y mettre des voix et des claviers, puis on est passé à une autre chanson et on a fait la même chose.
Nic voyait ce que je faisais et je voyais ce que Nic faisait pendant qu’on le faisait. Et puis le deuxième album, le Gadzook, était comme une continuation de cette relation que nous avions commencée.
Le premier album, on l’a fait d’une certaine manière et le deuxième, on voulait tout faire sur bande. Donc je ne sais pas (rires) nous voulions le rendre plus grand, plus étrange, plus fort ou quelque chose ! Et j’avais l’impression que nous étions capables d’en faire un peu plus, juste parce que nous nous connaissions un peu.
Je pense que c’est une bonne chose de trouver des gens avec qui travailler. Ils vous poussent, vous les poussez à travailler plus et à aller plus loin et à construire cette sorte de groupe les uns avec les autres et vous avez un raccourci à un moment et vous pouvez mieux argumenter et ne pas prendre les choses aussi personnellement (rires) et ce genre de choses le plus que vous apprenez à connaître quelqu’un.
LFB : Pourquoi as-tu décidé d’enregistrer ces albums sur bande ?
CLJ : Parce que celui que nous avons fait avant, le premier album, The Mother Stone était numérique, tout numérique. Et maintenant nous nous connaissions tous mieux. Moi, les ingénieurs et le producteur. Et donc nous étions capables de faire les choses plus rapidement. Et donc il était logique d’essayer d’enregistrer les disques suivants puisque nous travaillions plus rapidement ensemble.
Pour le premier il était logique de ne pas le faire parce que nous ne savions pas encore ce qui nous attendait. On ne savait pas combien de temps ça allait nous prendre. Je n’avais jamais vraiment fait un disque en studio, surtout tout seul, tu sais, planifier et tout ça, et nous ne savions pas vraiment à quoi ce processus allait ressembler. Et je pense qu’après le premier disque, nous savions mieux à quoi ça ressemblait et donc enregistrer sur bande avait un sens pour moi… j’adore aussi la bande magnétique et j’ai toujours voulu faire quelque chose comme ça.
Ça sonne différemment et ça force la façon dont on le fait différemment. La bande s’use et plus tu fais de bandes, plus tu uses quelque chose et ça affecte ce que tu fais. C’est comme faire un film sur pellicule. On y consacre plus de temps, la pellicule est plus précieuse. Avec le numérique, on peut tourner autant de fois qu’on le souhaite sans affecter la qualité de quoi que ce soit, ce qui est un vrai plus je suppose.
LFB : Tu disais que les deux Gadzooks sont deux œuvres identiques. Mais comment comparerais-tu The Mother Stone et ces albums ?
CLJ : Les chansons de The Mother Stone sont complètement ce que je voulais faire sans trop penser au public. Sauf pour le genre « Oh, je me demande ce que les gens vont penser ». Et puis Gadzooks, c’était après avoir lu les critiques de The Mother Stone (rires) et vu que « Oh mon dieu, c’était trop pour beaucoup de gens ».
Je pense que le fait de lire ces critiques a eu un effet sur ce que j’ai fait avec Gadzooks et a rendu certaines parties plus folles et d’autres probablement un peu plus racontables ou écoutables ou quelque chose comme ça (rires). Mais oui, je pense que la plus grande différence est l’enregistrement sur bande, qui prend beaucoup plus de temps (rires).
LFB : Quand j’écoute votre musique, l’image de Diane Arbus me viens à l’esprit…
CLJ : Qui est Diane Arbus ?
LFB : C’est une photographe américaine que tu connais si tu la cherches sur Google, tu connais ses photos. Elle a pris des photos de monstres, de gens du cirque, de marginaux en fait. Et ses images sont frappantes…
(CLJ cherche le nom sur Google pendant que nous parlons)
Sa photo la plus célèbre est celle de jumelles. Elle en a fait beaucoup.
CLJ : C’est celle qui m’est familière, mais elle me fait penser à The Shining.
LFB : Oui, mais elles sont vraies. Ce sont de vraies jumelles. Elle a rencontré toutes ces personnes, elle allaient chez elles et s’est mise dans des situations bizarres…
CLJ : J’aime bien ceux où les jumeaux sont deux John Malkovich. C’est une bonne photo. (Rires)
LFB : Ah oui, il a recréé des tas d’œuvres d’art connues, n’est-ce pas ?
CLJ : Oui, c’est assez drôle. Il y a une femme qui crie près d’un micro avec ses cheveux… Non, je ne la connais pas !
LFB : Eh bien, regarde, elle est incroyable. Jette un coup d’oeil à son travail. Elle est géniale.
CLJ : Oui, j’aime bien celle que je regarde. Ces trois dames… Deux d’entre elles se tiennent la main et elles portent des couronnes artificielles, des baguettes magiques et je ne sais pas… Bref, ça te fait penser à ça ?
LFB : Oui. Il y a aussi un sentiment de magie sombre et désuet et ça sonne assez ancien et hanté, entrelacé avec le psychédélisme des années 70. As-tu des influences conscientes ? Imaginaires ou musicales ? Ou est-ce quelque chose que vous créez naturellement ?
Le film Freaks de Todd Browning me vient aussi à l’esprit…
J’ai trouvé quelques réponses en regardant les vidéos sur la réalisation du disque. Donc il y avait le Joker, il y avait Alice au pays des merveilles…
CLJ : Oui ! Absolument ! Je pense que beaucoup de choses viennent de l’ennui et du fait de se divertir un peu. Et donc j’aime beaucoup ce film Freaks et ces photos sont intéressantes. J’aime certaines des choses que tu as mentionnées, des petits films en ligne ou, par exemple, regarder La Jetée ou autre, tu sais, pendant le déjeuner un jour ou quelque chose comme ça… C’est difficile de dire où ces choses, combien elles ont toutes à voir avec quoi et où.
Je pense que je suis constamment en train de piocher dans un tas de trucs un peu partout. Il y a probablement un Rolodex des choses que j’ai absorbées ou que j’ai absorbées récemment. Et je suis sûr que tout est mélangé et que ça donne des chansons, tu sais (rires).
Mais la plupart d’entre elles viennent probablement de l’ennui et du besoin de faire sortir quelque chose, ou du besoin de gratter un truc qui gratte.
Je pense que c’est un mélange d’un tas de choses, mais à la fin, ça vient probablement de l’ennui et c’est un bon endroit pour commencer. C’est l’endroit où l’on trouve quelque chose et où l’on se laisse un peu emporter par cette idée. Et j’essaye de ne pas trop y penser intellectuellement, je suppose vraiment, mais me fie à ce qui me semble juste et ce qui sonne juste.
Parfois, il y a des lignes en particulier où j’essaie de dire quelque chose de spécifique. Et d’autres fois, je prends des morceaux de papier, je découpe des mots et les assemble. Mais ça se passe dans la tête, tu sais, tu essayes de parler de trois ou quatre choses et tu finis par mélanger tout ensemble ou quelque chose comme ça. Mais peut-être que je ne réponds pas très bien à la question.
LFB : Non, non, tu y as répondu !
Et tu as parlé de La Jetée et il y a cette phrase en français qui apparaît dans une des vidéos du making of de l’album qui est : « Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance. » Et je me demandais si c’était un élément déclencheur ou simplement une image comme ça…
CLJ : Non, quand j’ai écrit l’album, je travaillais sur ce film et le réalisateur de ce film m’a donné ce film en disant que c’était son film préféré. Et je l’ai regardé. Je l’ai adoré. Et je l’ai amené dans le studio parce que je voulais le montrer à Nic. Donc pas nécessairement comme « c’est ce qu’on fait avec l’album » ou quoi que ce soit avec l’album. Je m’en suis juste inspiré et je voulais le montrer aux gars avec qui je travaillais, tu sais, parce que…
LFB : C’est un bon film…
CLJ : Oh oui. C’est génial. Et peut-être que nous ferons quelque chose à ce sujet aussi… Je ne sais pas, il y a quelque chose dans le fait de regarder ce film qui m’a fait sentir qu’il y avait encore de la place pour l’innovation, tu sais, et qu’il y avait encore de la place pour une autre façon de faire quelque chose. Mais je ne l’ai pas apporté au studio pour autre chose que le fait que j’étais vraiment à fond dedans après l’avoir regardé et que je voulais le partager avec les autres.
LFB : Quelle musique écoutais-tu pendant le tournage du film et la réalisation des albums ?
CLJ : Qu’est-ce que j’écoutais quand je faisais le film Finch (2021 par Miguel Sapochnik ndr) et que j’ai écrit Gadzooks ? Miguel m’avait donné de l’Aretha Franklin et, je crois, Julie London. J’écoutais, quel est son nom ? quelque chose Gore, elle a fait (commence à chanter) « It’s my party ! I can cry if I want to… » je crois (Lesley Gore ndr). Je ne crois pas que tout cela soit vraiment sur les disques ou autre (rires).
Mais je me souviens que quelqu’un d’autre m’a montré Billy Idol Eyes Without a Face. Je dois dire que j’adore cette chanson. Et j’aime encore plus le film. Mais je ne sais pas si quoi que ce soit ai vraiment quelque chose à voir avec la musique. Donc c’est difficile à dire (rires).
Je pense plus à l’empreinte des anciens. Lou Reed et Syd Barrett, Paul McCartney et Lennon et Zappa. Certains de ces gens m’ont vraiment marqué lorsque je les ai entendus pour la première fois et je n’ai pas écouté certains d’entre eux depuis un moment, mais ils m’ont quand même profondément influencé.
LFB : Croc Killers 1 qui clôt l’album dure plus de neuf minutes, c’est un voyage qui évolue et qui se termine dans des bruits qui correspondent parfaitement au Croc Killers 2 qui ouvre l’album.
CLJ : Oui, donc tu peux le mettre en boucle, tu sais ?
LFB : Oui, c’est exactement ce que j’ai fait ! Et c’était tout simplement parfait. Peux-tu nous parler de ces deux morceaux ?
CLJ : Oui, je pense qu’après le Gadzooks Vol. 1 qui se termine par une sorte d’exercice de 20 ou 15 minutes – quelque chose comme ça – je voulais quelque chose qui aille droit au but, qui fait de hocher la tête. Et j’ai vraiment aimé la deuxième partie de ce morceau, le numéro 2 (Croc Killers 2 ndr) et j’ai pensé que l’album commencerait avec ça (rires). J’aurais probablement dû le commencer avec… je ne sais pas, c’était juste pour la perturbation je pense et je ne sais pas (rires) c’était juste une bonne chose à faire.
Plus tard, je l’écoutais et je me disais « oh non, qu’est-ce que j’ai fait ? ». (rires) « Tais-toi » ou quelque chose, tu vois. « Sois normal, mets les choses en ordre ! » J’entends mon petit frère me dire : « Tu fais ça pour être bizarre ». Mais ça avait du sens sur le moment.
Mais ouais, je voulais mettre le volume 1, tourner le disque, mettre le volume 2 et « tch tch tch…dum dum… » (mime la musique). Et puis si tu le termines, tu peux le retourner, le remettre en place et « tch tch tch tch… » « ooooh ! » sur l’ordinateur, tu es récompensé d’être à l’ère du numérique et tu peux juste…
LFB : C’est exactement ce qui s’est passé quand j’ai écouté le disque en boucle ! C’était vraiment cool.
CLJ : C’est génial. J’espérais que ça arrive à quelqu’un. J’espérais qu’avec deux et un ce serait assez clair, mais…
LFB : Et il y a quelques chansons qui font plus de cinq minutes. Et ce n’est pas vraiment courant de nos jours à l’ère du numérique…
CLJ : Je sais ! Je suis un grand fan de… J’adore les Animals. J’adore les chansons comme Echoes et des trucs comme ça des Floyds. J’aime le voyage. Je pense qu’il y a des gens qui écoutent les albums jusqu’au bout, mais pas autant qu’on le voudrait à cause de la façon dont les albums sont faits.
L’idée est de vraiment transporter le public dans un autre endroit pendant un petit moment ou même s’ils appuient sur stop et vont faire autre chose, mais j’espère que cela se produit à travers le film, la musique… J’aime ce que (David) Lynch est capable de faire au cinéma parce qu’il vous met vraiment la tête dans un autre monde pendant que vous regardez quelque chose. Et je pense qu’il est maître en la matière.
J’aime ça dans les grands romans et les grands albums comme Sergeant Pepper’s où, enfant, vous avez vraiment l’impression d’avoir vécu quelque chose. Ou avec toutes les chansons et la façon dont elles sont différentes sur l’album et… bref, c’est juste quelque chose que j’aime.
Je pense aussi que ça arrive par hasard… parce que je rentre à l’hôtel, je joue de la guitare et je regarde Chucky ou quelque chose comme ça, ou Tom Hanks dans Cast Away ou Cartman ou quelque chose comme ça… et je fais un peu attention mais pas vraiment. Puis soudain, la mélodie se met à dire « oh, c’est bien » et tu commences à chanter un peu dessus. Et puis le lendemain, ou une heure plus tard, je la reprends et je la refais. Ou je ne m’en souviens pas très bien, et je voie comment ça fait, est-ce que c’est aussi bien la deuxième fois ?
La plupart du temps, ça mène à une autre partie ou à une autre mélodie. Et donc souvent, je me retrouve avec une chanson qui n’arrête pas de grandir, de grandir et de grandir. Alors que si j’avais pu entrer dans le studio ce jour-là et la faire, elle aurait probablement été une chanson de 3/4 minutes ! Mais parce que je suis coincé dans un hôtel… elles se transforment en des choses de 7/10/15 minutes que j’adorerais faire en un seul morceau mais je sens que ce serait, je ne sais pas, ce serait vraiment juste pour moi.
C’est bien de les séparer quand les idées sont partagées. Je pense que c’est bien de dire « okay ! » (bruit de langue) tu sais, « nouvel acte » ou quelque chose comme ça. C’est ce qui est bien avec une pause de trois secondes, tu peux faire un virage complet à gauche ou à droite, faire autre chose.
LFB : Y a-t-il une chanson sur l’album que tu affectionnes particulièrement ou qui a une histoire particulière derrière dont tu aimerais parler ?
CLJ : La chanson Little Lion (Little Lion Blues ndr)… J’étais avec un ami en Autriche et nous étions avec le chien dans le parc et quelques amis et nous étions en train de plaisanter sur un petit lion moche et des choses comme ça. Et j’aime quand le simple fait de plaisanter se transforme en une chanson.
Ou comme, j’étais avec un ami et cette chanson de Georgie Borge (Georgie Borge (The Termite) ndr), tu sais, on rigolait à propos de je ne sais plus quoi exactement, mais ça s’est transformé en une chanson sur une termite qui a quitté sa maison ou sa ville je ne sais plus. Mais sa mère était la seule à voir le potentiel en elle. Je ne sais pas comment ça s’est transformé en ça, mais ça a commencé par « hihihi, hahah, hihihi, hahah » et puis ça se termine par une histoire comme ça (rires).
Et il y a quelques cordes, et il y a un drone et une basse… et j’aime vraiment quand ce n’est pas juste moi tout seul dans ma chambre. Mais si tu joues avec un ami et que ça vient d’une blague ou autre… je pense que c’est génial quand une chanson vient d’une blague. J’aime donc ces deux-là pour cette raison.
LFB : Et as-tu déjà joué en live ?
CLJ : Quand j’avais environ 19 ans. Je pense que c’est la dernière fois que j’ai joué en live.
LFB : Est-ce que tu prévois de jouer ou de faire une tournée avec ces disques ?
CLJ : Oui, enfin, nous avons un autre disque sur lequel nous sommes en train de travailler, de terminer. Et l’idée derrière ce disque est de faire quelque chose que je pourrais mettre en place et que nous pourrions travailler un peu plutôt que…. donc, en essayant de se retenir sur le nombre de cors et de cordes… je ne pense pas que nous allons louer les timbales pour un jour (rires).
Juste parce que la seule façon de faire ces disques – les disques faits jusqu’à présent – c’est de les recréer avec un groupe de cinq ou six, et la musique change assez radicalement. Ou alors, il faut faire venir tout le monde et c’est un groupe de 21/22 musiciens, ce que j’adore, mais… Un jour, ce serait génial, mais je ne pense pas que les fonds soient là pour le moment (rires). Ouais. Des gens très bien, tu sais, achètent les disques et s’il y a un peu de demande pour quelque chose comme ça, un jour…
LFB : Peut-on s’attendre à d’autres Gadzooks ou est-ce le dernier ?
CLJ : Oui, c’est fait. C’est bonito. Je pense qu’à un moment donné, nous sortirons tout dans son intégralité, tel qu’il a été écrit. Parce qu’il y a quelques chansons qui ont été coupées de deux ou trois minutes ou qui ne commencent pas avec l’introduction qui est là.
Ou il y a peut-être quatre ou cinq bonnes chansons qui n’ont pas été enregistrées sur l’un ou l’autre des disques. Et donc j’aimerais bien, peut-être un jour, dans quelques années, pouvoir sortir un double album avec tout ce ça. J’aimerais bien mais (rires) on verra, il faut qu’il y ait, il faut qu’il y ait une demande (rires). Si nous ne vendons pas assez de l’un ou l’autre de ces disques, alors personne ne voudra probablement presser un double disque (rires).
LFB : On ne sait jamais !
Et, dernière question : Y a-t-il quelque chose que tu as découvert récemment et que tu aimerais partager avec nous ?
CLJ : Hier, j’ai écouté le disque Heathen de Bowie. Ce n’est pas vraiment nouveau. Et puis, la semaine d’avant, j’ai écouté plus de Ween, certains de leurs morceaux qu’ils n’ont pas encore sortis ou quelque chose comme ça, et j’en ai écouté quelques-uns et j’aime vraiment beaucoup ça.
Je trouve qu’ils sont drôles, ils sont assez géniaux. Et ils ont fait des disques que beaucoup pour lesquels de gens, j’en suis sûr, ont dit « vous ne pouvez pas faire ça ». Ou je ne sais pas à quel point ils ont été critiqués pour leurs chansons. Ça change tellement, tu sais. Mais je pense qu’ils sont un bon exemple, il y a une identité du groupe qui est dans tout.
Même si les chansons sont, tu sais, (commence à chanter satiriquement) « ocean man… », tu sais, quelque chose comme ça pour ralentir et un tout autre genre de chanson. Les chansons changent tellement et pourtant l’identité du groupe est si forte peu importe ce qu’ils font. Je trouve qu’ils sont impressionnants. C’est génial de voir des exemples de ça, tu sais, ils sont très bons. Ils se font vieux maintenant !
Enfin je continue à les imaginer dans les années 90 pour une raison ou pour une autre. Ils ressemblent toujours à ça pour moi. Donc à chaque fois que je les vois, je me dis « oh, ouais ! ». Ça fait quelques années depuis les années 90 ! »
Ils semblent être plutôt honnêtes. Ou, tu sais, fidèles à eux-mêmes ou quelque chose comme ça, toutes ces bonnes conneries.
LFB : Merci beaucoup. J’espère que tu as pris un bon café et que tu es réveillé maintenant !
CLJ : J’y arrive ! Maintenant, j’ai besoin du savon qui est derrière toi (affiche de Stumpwork, l’album Dry Cleaning,). Mais peut-être sans autant de poils dessus…
(Re)Découvrir Gadzooks vol. 1 & 2
Lire notre review de Touchdown Yolk.
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ENGLISH VERSION (VO)
Caleb Landry Jones’ music is captivating and creative. A psychedelic mood, both dark and crazy, with multiple possibilities, influenced by 60’s music, from Lennon to Pink Floyds to Lou Reed… The musician signed on Sacred Bones, much more known for his acting career – he played the comic book geek in Jim Jarmush’s The Dead Don’t Die, Banshee in X-Men: First Class, a serial killer in Nitram… -, has just released his third album, Gadzooks vol. 2, following vol. 1 and his first opus The Mother Stone (2020). We asked him a few questions on this occasion. We talked (among other things) about music, cinema, jokes and soap...
Caleb Landry Jones: Hi sorry I am late! I was in bed and then my manager came over ringing the doorbell. We live six blocks away from each other. Thankful that he did!
La Face B: Good morning! What time is it? Are you in Texas?
CLJ: No in Los Angeles.
LFB: Cool. So how are you doing? Gadzooks Vol. 2 your third record is just out. How do you feel as it’s just got released?
CLJ: I don’t know. I talked to my buddy yesterday, Robert (Hudson), who plays bass and some guitar on the record. And he was pretty positive about it (laughs).
LFB: Cool! (Laughs)
CLJ: I don’t know, it’s tough to get the right kind of perspective on things when you’ve had your head in the hole for a while with it. It’s tough to imagine what it’s like for someone else who hasn’t heard it or it’s been a long time since they’ve heard it… or had their head in the hole as well with me for a while but has had it out for longer (laughs).
I trust him very much, so it means a lot to hear (imitates voice) “What do you think of the mastering? What do you think of the frequencies? All good? Tones?…” the “What do you think about how we cut it up?” you know and stuff like that. But yeah, I’m so relieved that it’s out!
LFB: Good!
You’re known for your your acting career mostly. And I was wondering if music has been in your life all along or if it’s a new thing?
CLJ: It’s a new thing to put out records to show other people the music. It’s a new thing to go into a studio and record it now. But I’ve been playing music with Robert, since we were probably 10 or something like that or you know for a while. We used to have a band together when we were younger. And then I started making music on my own when I was probably about 17/18 and then just haven’t stopped doing that since.
The acting came I guess… like I went to LA when I was 19. I wrote some albums by myself and I felt like nothing was gonna happen to them and I didn’t know who to show them to. I thought if I was sending them to a label, I had a feeling nobody would respond or something. And I just never attempted, you know, even seeing what other people thought of it except for close friends. Robert was playing bass on it.
Yeah, and it wasn’t until meeting (Jim) Jarmusch and working with him and showing him some of my music and him saying, “Man, you should send this to the label that I’m with (Sacred Bones ndr). I think they really dig it!” I’m thinking “No, really?”
So that’s a whole new thing. Making music and then having people listened to it as a whole new thing.
LFB: I’ve heard that you composed (maybe recorded) music while shooting a film. How do you balance music and film?
CLJ: Sometimes it happens and sometimes it doesn’t. It depends on the film and, I don’t know, sometimes I’m insanely busy and there’s no way music will come and I’m not even thinking about music. And suddenly two weeks into being on set I need some music and without meaning to, it turns into sometimes a record. You know “Oh boy! Okay, well let’s go back to L.A. and record it!” You know, more work to do (laughs).
LFB: How would you say music compares with acting?
CLJ: I think it’s a lot of the same stuff, different in the same time. I can do what I do with the help of music sometimes. I think rhythm… if an actor has a strong sense of rhythm it’s very helpful somehow. The more an actor is comfortable with movement of their body, It helps them, you know. I think all these things kind of run together in some way. I’m not singing on set most of the time (laughs) but I think they complement each other you know.
LFB: You’ve work with the same musicians on all your albums. The Mother Stone and Gadzooks vol. 1 and 2 and the producer Nic Jodoin. Can you tell us a bit about the process of construction of the records?
CLJ: Yeah. Nic is somebody I met through a friend of mine, Danny (Lee Blackwell) who has a band Night Beats. He introduced me to Nic and told me about his studio and Nic told me to come down sometime. And I came to him with The Mother Stone, with a record ready to make. And we didn’t know each other well, but started with an acoustic track. That was probably like a six or seven minute acoustic track or something like that. And then started putting vocals on it and started getting keyboards on it and started moving to another song and doing the same thing.
Nic was seeing what I was doing and I was seeing what Nic was doing while we were doing it. And then the second record the Gadzook stuff felt like a continuation of that relationship that we’d started.
The first album we did in a kind of way and the second one we wanted to do it all on tape, and things like that. So I don’t know (laughs) we wanted to make it bigger, stranger, louder or whatever! And it felt like we were able to do a bit more, just because we knew each other a bit.
I think it’s a healthy thing to find people you work with. They push, you push them to work more and to further that and build this kind of group with each other and you have a shorthand at some point. And you can argue better and not take things as personally (laughs) and things like that the more you get to know someone and everything.
LFB: Why did you decide to record these albums on tape?
CLJ: Because the one we did before, the first album, The Mother Stone was digital, all digitally. And now we all knew each other better. Me and the engineers and the producer. And so we were able to make things faster. And so it made sense to try to tape for the next records since we were kind of working faster together.
The first album, it made sense not to do it because we didn’t know what we were looking at yet. We didn’t know how long it was going to take us. We didn’t know how… I’d never really made a record in a studio especially by myself, you know, plan and stuff, and we kind of didn’t really know what that process was gonna look like. And I think after the first record, we knew what it looked like better and so tape made sense to me… also just love tape and kind of probably always wanted to do something like that.
It just sounds different and forces how you make it a bit differently. The tape wears and things like that and the more tapes you go, the more you run something down and that affects what you’re doing. It’s like making a movie on film. There’s more time that goes into it, you know, the film is more precious. Digitally you can go as many times as you want and not affect the quality of anything which is real plus I guess.
LFB: You were saying that the two Gadzooks are two of the same work. But how would you compare The Mother Stone and these albums?
CLJ: The songs of The Mother Stone are completely what I wanted to do without thinking about the audience too much. Except for like, “Oh, I wonder what people will think”. And then Gadzooks was after I’d read reviews of The Mother Stone (laughs) and saw that “Oh my gosh, it was too much for a lot of people”
I think reading those things had an effect on what I did with Gadzooks and made some parts crazier and some parts probably a bit more relatable or listenable or something like that (laughs). But yeah, I think that probably the biggest difference is recording it to tape, which takes a lot longer you know (laughs).
LFB: When I listened to your music the picture of Diane Arbus come to mind…
CLJ: Who’s Diane Arbus?
LFB: She is this American photographer who you would know if you Googled her, you would know her photos. She took photographs of freaks and of circus people and of outsiders basically. And these are striking images…
(CLJ googles the name as we talk)
Her most famous picture is the photo of the twins. She did loads.
CLJ: That’s the one that’s familiar, but it just makes me think of The Shining.
LFB: Yes, but they’re real. They’re real life twins. Every character she met and went to their place and put herself into weird situations…
CLJ: I like the ones with two John Malkovichs as the twins. That’s a good one. (Laughs)
LFB: Ah yeah he recreated loads of well known pieces of art, didn’t he?
CLJ: Yeah, it’s a pretty funny. There’s a woman screaming by a microphone with her hair… No, I don’t know her!
LFB: Well, look, She’s amazing. Have a look into her work. She’s great.
CLJ: Yeah, I’m liking this one I see. These three ladies. Two are holding hands and they’re wearing like, they made up fake crowns and like magic wands and I don’t know… Anyways, so it makes you think of that?
LFB: Yes. There’s also a feeling of dark and old fashioned magic and it sounds quite ancient and haunted intertwined with 70s psychedelia. Do you have conscient influences? Imagery or musical? Or is it something that you just create naturally? The film Freaks by Todd Browning come to mind also…
I’ve found some answers when I’ve watched the videos about the making of the record. So there was the Joker, there was Alice in Wonderland…
CLJ: Yeah! Absolutely! I mean, I think a lot of it comes out of boredom and kind of entertaining yourself a bit. And so I do like that Freaks movie very much and those photographs are interesting. Get like some of the stuff you mentioned from the little little films online or, like, watching La Jetée or whatever, you know, during lunch one day or something like that. It’s hard to say where those things, how much they all have to do with what and where.
I think I am constantly probably just grabbing from a bunch of stuff all over the place. There’s probably a Rolodex of the stuff that I’ve taken in or I’m taking in recently, you know. And I’m sure it all gets mushed together and comes out as some songs you know (laughs).
But most of it probably just comes out of boredom and the need to get something out, or the need to kind of itch or scratch really.
I think it’s a mix of a bunch of stuff, but at the end of the day, it comes out of probably boredom and it’s a great place to be. Like the place of coming up with something and kind of getting taken away by it a bit. And I try not to think too much about it intellectually I suppose really, but what feels right and what sounds right.
Then sometimes there’ll be particular lines where I’m trying to say something specific. And other times it feels like taking pieces of paper and just cutting up words and putting them together. But it happens in your head, you know, because you’re trying to talk about three or four things and you end up mushing them all together or something. But maybe I’m not answering the question very well.
LFB: No, no, you are!
And you mentioned about La Jetée and there’s this sentence in French that features in one of the videos of the making of the album which is: “Ceci est l’histoire d’un homme marqué par une image d’enfance.” (« This is the story of a man marked by a childhood image« ) And I was wondering if it was a trigger or just an image like this.
CLJ: No, I mean, when I wrote the album I was working on this film and the director of that film gave me that that movie said it was his favourite movie. And I watched it. I loved it. And I brought it in the studio because I wanted to show Nic (Jodoin) you know. So not necessarily like “this is what we’re doing with the record” or anything with the album. Just inspired by it and wanted to show it to the guys I was working with, you know, because…
LFB: It’s a good film…
CLJ: Oh yeah. It’s amazing. And maybe we’ll do something to that too… I don’t know, there’s something about watching that that made me feel like there was room still for innovation, you know, and there was still room for another way of going about something. But I didn’t bring it into the studio for anything else other than I was really into it after watching it and wanted to share with others.
LFB: What music were you listening to during the shooting of the film and the making of the albums?
CLJ: What was I listening to when I was making that Finch movie and I wrote Gadzooks? Miguel had given me some Aretha Franklin and I think Julie London. I was listening to, what’s her name? something Gore, she did (starts singing) “It’s my party! I can cry if I want to…” I think (Lesley Gore ndr). I don’t think any of that’s really on the records or whatever (laughs).
But I remember another person showing me Billy Idol Eyes Without a Face. I gotta say I do love that song. And I love the movie more. But I don’t know if any of those really had anything to do with with the music. So it’s tough to say (laughs).
I think still more the imprint of the old days. Lou Reed and Syd Barrett, Paul McCartney and Lennon and Zappa and… some of these folks have really made an imprint on me when I heard them for the first time and haven’t listened to some of them for a while, but they still affected me deeply.
LFB: Croc Killers 1 which closes the album is more than nine minutes long, it’s an evolving journey which finishes into noises that perfectly match the Croc Killers 2 which opens the album.
CLJ: Yeah, so you can put it on repeat, you know?
LFB: Yes, this is exactly what I did! And it was just perfect. Can you tell us about these two tracks?
CLJ: Yeah, I think because after the Gadzooks Vol. 1 ends with a 20 or 15 minutes – something like that – long kind of exercise on the end of that, I wanted something that kind of cut to the chase, allows you to nod your head. And I really liked the second part of that track the number 2 (Croc Killers 2 ndr) and so I thought now the album starts with it you know (laughs). I probably should have started it with… I don’t know, it was just for the disruption I think and I don’t know (laughs) it just felt like a good thing to do.
Later I was listening to it and I was “oh no, what did I do?” (laughs) “Shut up” or whatever you know. “Just be normal putting things in order!” I can hear my like little brother “You’re just doing it to be weird” you know something like that. But it makes sense at the time.
But yeah, I wanted to put on volume one, the record to spin out, put on volume two and “tch tch tch…dum dum…” (mimes the music). And then if you end it you can flip it over, put it right back and “tch tch tch…” “ooooh!” on the computer, you get rewarded for being with the digital age and you can just…
LFB: It’s just what happened when I listened to the record on repeat! It was really cool.
CLJ: It’s great. I was hoping that happened to somebody you know. I was hoping with two and one it would be pretty clear, but…
LFB: Yeah! And there are a few songs that are more than five minutes. And it’s not really common these days in the digital age…
CLJ: I know! I’m a big fan of… I love the Animals and I love songs like Echoes and stuff like that from the Floyds. I love a journey, you know. And I think there are folks that listen to albums all the way through but not so much as would be nice because of how the album’s are made.
The idea is to really transport the audience to somewhere else for a little bit or, you know, even if they press stop and go do something else but I hope hopefully that that happens through film, through music… I love what (David) Lynch is able to do in film because he truly puts your head in a different place while you’re watching something sometimes. And I think he’s masterful at this.
I love this about great novels and great albums like Sergeant Pepper’s where as a kid you really feel like you’ve gone through something or, you know, with all the songs and how different they are on the album and… anyways, I think it’s just something I love.
Also I think it happens out of the… because I come back to the hotel and I’m playing guitar and watching Chucky or something, you know, or whatever it is, or Tom Hanks on Cast Away or Cartman or something like that… and kind of pay attention but not really. And then suddenly the melody kind of like “oh, that’s nice” and you start singing a little to it. And then the next day or an hour later or something, I’ll pick it up again and do it again. So I don’t remember it, you know, and see how it feels does it feel good a second time?
And most of the time that’ll lead to another part or it’ll lead to another melody. And so a lot of the times I find myself with a song that just keeps growing and growing and growing. Whereas if I could have gotten in the studio that day and done it, it would have probably been a 3/4 minutes song!! But because I’m stuck in a hotel… they turn into 7/10/15 minute things that I’d love to make as one track but I kind of feel that would be, I don’t know, it would really just be for me.
It is good to split them up when the ideas are really split. You know, I think it’s good to say “okay!” (Tongue noise) you know, “new act” or something like that. Or this is what’s good about a three second pause, you know, you can make a complete left or right turn you know, do something else.
LFB: Is there is there a song on the album that you love especially or that has a special story behind that you would like to talk about?
CLJ: That Little Lion song (Little Lion Blues)… I was with my friend in Austria and we were just like with the dog in the park and some friends and we were just joking about a little ugly lion and stuff like that. And I like when just messing around and joking turns into a song.
Or like, I was with a friend and this Georgie Borge song (Georgie Borge (The Termite)), you know, we were laughing about I don’t remember what exactly, but it turned into writing a song about a termite who left his home or left his town I can’t remember. But his mother was the only one that saw the potential in them. I don’t know how it turned into that, but it started from “hihihi, hahah, hihihi, hahah” and then it ends with a story like this (laughs).
And there are some strings, and there’s a drone and bass… and I really like when that’s not just me by myself in my room you know. But if you play with a friend and it came from a joke or something… I think it is great when a song comes from a joke. So I like these two because of that.
LFB: And have you ever played live?
CLJ: when I was like 19 or so. I think that was the last time I kind of played a show.
LFB: Are you planning to play or to tour with these records?
CLJ: Yeah, I mean, we’ve got another record that we’re working on now, finishing up. And that’s the idea behind that record which was to make something that I could put up and we could work a little bit rather than… So trying to hold back on how much horns and strings as, you know, I don’t think we’re going to rent the timpani for a day (laughs).
Just because the only way to do those records – the records made so far – as to recreate them with a group of five or six, you know, and the music changes pretty drastically. Or you get the whole everybody out there and it’s a 21/22 piece band, you know, which I love, but…Someday that would be amazing, but I don’t think the funds are there just yet (laughs). Yeah. Lovely people, you know, get the records and if there’s a little bit of demand for something like that, someday you know.
LFB: Can we expect more Gadzooks or is that the last one?
CLJ: Yeah, that’s done. That’s bonito. I think at some point we’ll release everything in its entirety, in the way that it was written. Because there are a few songs that have two or three minutes cut from the song or don’t start with the introduction that was there.
Or there’s maybe a good four or five songs that didn’t make it onto either of the records. And so I’d love maybe someday, maybe some years from now or something, to be able to put out a double album with everything everything you know. I would like that but (laughs) we’ll see there’s gotta be, it’s gotta be in demand (laughs). If we don’t sell enough of either of these records then nobody probably want to press a double record (laughs).
LFB: You never know!
And, last question: Is there anything that you discovered recently that you would like to share with us?
CLJ: Yesterday, I was listening to that Heathen record by Bowie. It’s not really new. You know what I mean. And then, the week before that was listening to more Ween, some of their like, I guess, tracks that they haven’t released or something and was listening to some of those and I really like that a lot.
I think they’re funny, they’re pretty great. And they have made records that a lot of people I’m sure said “you can’t do that”. Or I don’t know how much flack they got to songs. It’s changing so much, you know. But I think they’re a great example of, there’s an identity of the band that’s in everything.
Even if the songs are, you know, (starts singing satirically) “ocean man…”, you know, something like this to slow it down and a whole different kind of song. The songs are changing so much and yet the identity of the band is so strong no matter what they do. I think they’re impressive. it’s great to see examples of that, you know, they’re very good. They’re getting old now!
I mean, I keep picturing them in the 90s for some reason. They always look like that to me. So every time I see them, I’m going “oh, yeah! It’s been a few years since the 90s!”
They seem to be pretty honest. Or, you know, true to themselves or something, all that you know, all that good BS.
LFB: Well, thank you so much. Hope you had a good coffee and you’re awake now!
CLJ: I’m getting there! Now, I need the soap back there (poster of the Dry Cleaning album Stumpwork). But maybe without so much hair on it…