A certains moments de notre existence, on tous besoin de bonnes ondes. Une grosse dose de positivité aussi simple que réconfortante. Ça peut se transmettre par une plaque de chocolat, ça peut se diffuser en se regardant The Boat That Rocked enfoui sous sa couette. Aujourd’hui, on ajoute une cartouche à notre dossier « feel good needed ». Cette cartouche s’appelle Canned Music et c’est le brillant second album de Pearl & The Oysters.
Parce que oui, il y a des moments dans la vie où ça ne va pas forcément fort. Des événements, un temps dégueulasse, voir tes potes en couple alors que ta seule relation amoureuse que tu as en ce moment est celle que tu entretiens avec la pinte de bière que tu gardes amoureusement dans la main… Bref, il y a des moments où la vie, c’est de la merde et on a besoin d’un truc, d’une pommade à passer sur notre cœur en peine histoire de faire passer la pilule jusqu’à des moments plus joyeux. On a plein de tricks contre ces instants, pour éviter de se laisser sombrer et devenir encore plus insupportable qu’on ne l’est déjà. On peut faire semblant de sourire, on peut balancer des blagues non-stop en pensant que faire rire les gens nous fera rire aussi. Mais quand on se retrouve seul, on a besoin d’un accompagnant pour nous guider vers la bonne direction. La première fois qu’on a posé le sillon sur Canned Music de Pearl & The Oysters, une sensation de paix nous a immédiatement envahi, celle d’un réconfort bienvenu et simple. Cette drôle de chaleur qui fait battre notre cœur avait déjà fait son apparition par moments à l’écoute de leur premier effort éponyme, elle se diffuse désormais à travers 14 chansons qui représentent à notre sens tout ce que la pop devrait être.
Canned Music est un kaléidoscope pop du plus bel effet. Subtilement psychédélique, chaque titre est une secousse qui révèle une nouvelle image différente de la précédente. Comme sa pochette, la musique qui nous est offerte est colorée et référencée. On y trouve des références aux années 50 et 60 mais pas seulement, on nage parfois vers le disco, vers certaines orientations 90’s ou des pulsations électroniques aussi bizarres que foutrement réjouissantes. La plus grande réussite de Joachim Pollack et Juliette Davis est de n’avoir jamais songé à sombrer dans la prétention dans laquelle ils auraient pu facilement plonger. Multi-instrumentalistes géniaux, dotés d’une connaissance de la musique pléthorique, le duo a décidé de mettre ses atouts au service de la musique. Ainsi, plutôt que de se faire plaisir à eux-mêmes, ils ont décidé de faire plaisir à ceux qui les écoutent. On est ainsi en contact avec une œuvre créée pour les amoureux de la musique plus que face à un album de musiciens qui se regardent le nombril. Pas de révolution, donc, aucun besoin de mettre son ego et son talent en avant. Ici, on est face à ce que la pop est et devrait toujours être : un moment de bonheur simple, accessible à tous et immédiatement réjouissane. On sourit ainsi de la première à la dernière note, on secoue la tête et on fredonne ces pastilles de bonheur qui se diffusent en petites étoiles dans nos yeux ébahis de tant d’amour et de dévouement envers la musique et les émotions qu’elle peut nous apporter.
Mais ne pas se prendre au sérieux ne signifie aucunement ne pas faire les choses sérieusement. Canned Music convoque ainsi un monde parfait et optimiste, porté par des synthés vibrants, des guitares épiques, des boites à rythmes étranges, des flûtes et des cuivres chaleureux au possible, le tout au service d’une musique DIY qui n’a de facile que son apparence, tant on y sent un travail monstrueux voué à la création d’une œuvre épicurienne et insouciante. Ainsi des titres comme Randi ou Electric Boogalo, sous des apparats de simplicité, sont des véritables pièces d’orfèvres pop dans lesquelles on continue de trouver des détails même après une bonne dizaine d’écoutes. Mermaid Parade ou Kimono Elvin nous invitent à profiter d’un cocktail, les pieds plantés dans du sable chaud et la mer de Floride comme seule vision à l’horizon tandis que Kid Manatee et Saturn Plants nous mènent vers la piste de danse où l’on remuera joyeusement le bassin tout en secouant les bras dans tous les sens. Girl On A Swing est portée par une vibration électronique que Donna Summer n’aurait pas reniée, couplée à des envolées qui nous font tourner la tête vers l’espace à la recherche de planètes inconnues. Mais notre gros coup de cœur de l’album s’appelle I fantasmi di Pompei, dont on ne voudrait pas trop vous parler tant son écoute se révèle surprenante, à mi chemin entre une bande originale de film et un trip musical sous acide des années 70.
Canned Music est donc un album à l’efficacité immédiate et dont les bienfaits se font ressentir longtemps après son écoute. La musique y est si diverse, si résolument positive et à l’ambition si saine et insouciante qu’elle frappera de bonheur n’importe quel amoureux de pop musique. C’est l’album feel good par excellence, 14 chansons qui ramènent le soleil dans notre tête et la chaleur dans notre corps. En ces temps troubles, c’est assez énorme pour être dit et assez important pour ne pas passer à côté d’un album qui vous rendra tout simplement heureux. Bref, en un mot comme en cent, écoutez Pearl & The Oysters.