Un premier EP symbolise aussi une première interview. Et on est très heureux d’avoir rencontrer la jeune Cannelle pour la sortie de Maison. Amoureuse de musique depuis jeune, elle nous explique comment elle vit la sortie de son premier projet mais aussi son parcours.
LFB : Comment vas-tu en ce moment ?
Cannelle : Pour l’instant ça va, tout se passe bien. Après, on est tous en confinement quoi, le confinement revient, il va falloir tirer cela à son avantage, sinon ça se passe bien.
LFB : Tu donnes tes premières interviews, est-ce que c’est un exercice que tu appréhendais ?
Cannelle : D’un côté j’appréhendais parce que je ne connais pas bien encore cet univers, les médias et tout cela. Mais, d’un autre côté je me dis que c’est mieux de le prendre à la cool. Ca sert à rien de ne pas rester soi-même. Donc je reste moi-même, tout simplement.
LFB : Cela ne fait pas longtemps que tu fais de la musique, peux-tu te présenter toi et ta musique pour les gens qui ne te connaitrait pas encore ?
Cannelle : Je m’appelle Cannelle, j’ai 22 ans, je viens de Montreuil. Aujourd’hui j’ai tout arrêté pour la musique. J’ai sorti mon premier EP, Maison le 28 octobre et le clip de Pour Elle le 22. C’est une toute première expérience, je rentre dans ce monde là et pour l’instant je kiffe, je kiffe à mort.
LFB : Dans le projet, on ressent une dualité entre une Cannelle vraiment sombre et une Cannelle qui est plus euphorique, plus joyeuse. Est-ce que cette dualité dans le projet représente la personne que tu es dans la vie de tous les jours ?
Cannelle : Ouais, je peux avoir des journées très solaires où je suis de bonne humeur. Comme je peux avoir des journées où je vais être plus dans ma tête, je vais réfléchir à pleins de trucs, je vais me poser pleins de questions. Je pense aussi que là, à 22 ans, c’est une période où l’on se pose beaucoup de questions. Il y a plusieurs phases comme cela où on se sent super bien, puis d’un coup on se pose 10 000 questions sur la vie, les choses qu’on doit faire et des fois, cela peut nous peser. De manière générale, cale m’arrive souvent, ouais. J’ai toujours été un peu comme cela dans la lune à me poser des questions.
LFB : Dis moi si je me trompe, mais on dirait que tu as aussi joué de ces facettes au niveau musical. On retrouve des 808 qui apportent une atmosphère plus ténébreuse alors que d’un autre côté il y a une légèreté amené par un côté très musical. Etait-ce une volonté de ta part , que même dans la musique, le projet ressemble à tes deux facettes ?
Cannelle : Mon univers musical, je t’avoue, j’ai fait pleins de sons et après j’ai sélectionné. J’ai travaillé avec Sutus et Roodie, deux producteurs qui n’ont pas le même univers donc ils m’emmenaient tous les deux dans des phases et des styles différents. Puis moi après je prenais mes repères dans le style que je choisissais. Sutus, s’est occupé des morceaux Maison, Flammes et Mélodie, on y retrouve sa patte. Cela se sent que c’e nest pas les mêmes producteurs. Sutus est vachement plus lunaire, d’un côté c’est dark mais j’ai l’impression que quand je fais du son avec lui je trouve toujours une lumière dans mon mal-être, comme un espoir. Roodie, ça va être différent, on retrouve plus le son que je faisais au départ, il y a deux ans je dirais. Sauf que là, il est plus travaillé, plus pure, plus calme, plus dans la réflexion.
LFB : Ces deux thématiques semblent contradictoires et pourtant, quand on écoute le projet de A à Z, l’univers parait super bien construit. Comment vous avez réfléchi à l’organisation du projet ?
Cannelle : C’est un projet qui s’est construit sur deux ans et je pense que la cohésion de ce projet, le fait que cela se lie de cette manière, c’est parce que c’est un projet personnel. Je parle beaucoup de ce que j’ai vécu ces dernières années et je pense que toutes les histoires sont liées. Après en tant qu’auditeurs, tu peux ne pas forcément le deviner, c’est assez subjectif. Mais, le fait que cela soit des histoires vécues et qu’elles soient différentes, je pense que cela amène à un univers différent. Je pense que c’est cela qui a lié le projet dans le sens où je savais quels morceaux je voulais mettre juste par rapport à ce qu’il racontait. Après, la cohésion s’est faite toute seule. En plus, Sutus et Roodie ils se sont déjà rencontrés, ils ont déjà travaillé ensemble, donc ça a été facile de ce côté là, ils me connaissent, ils se connaissent donc ils ont su comment relier les choses.
LFB : Cela veut dire qu’en fonction de ce que tu écris, tu sais vers quel univers musical tu vas aller ?
Cannelle : Ouais, en fait, ouais.
LFB : Le projet est très musical, est-ce que c’est une envie de ta part d’amener ce côté musical ?
Cannelle : Ouais, grave. Je t’avoue que je viens d’une famille où tout le monde fait de la musique, mon frère fait de la guitare même si ce n’est pas son métier. J’aii baigné dans les instruments et je ne voulais pas que mon EP soit trop numérique, j’avais envie qu’il ait un côté organique. Par exemple, sur Pour Elle le saxophone qu’on entend dans le son, il est léger et il vient d’un mec que j’ai ramené au studio parce que je voulais quelqu’un qui joue vraiment du saxophone. Le but vers lequel je tends c’est de me produire sur scène avec un groupe.
LFB : Tu parles de la scène, c’est quelque chose que tu as envie de faire ?
Cannelle : Ouais, de ouf. C’est quelque chose que j’appréhende, comme les interviews mais ouais cela me tente grave, j’attends que ça.
LFB : Tu as dit que tu venais d’une famille de musicien, sur le projet il y a quand même une grand part laissée au chant et aux mélodies. Est-ce que c’est quelque chose que tu as travaillé par le passé ou c’est inné ?
Cannelle : J’ai commencé à chanter dès petite, je chantais n’importe quoi avec mon frère. Au bout d’un moment j’ai dit à ma mère que je voulais prendre des cours de chants. Donc, arrivé au collège, j’ai commencé à prendre des cours de chants. J’ai toujours aimé chanter. J’ai toujours préféré chanter que rapper. Au final, aujourd’hui même quand j’écoute mes sons, pour moi c’est pas du kickage, c’est pas du vrai rap. Du coup, j’ai plus ce côté mélodieux où j’ai envie de chanter que d’écrire des textes ou je kick.
LFB : Pourtant, tu laisses quand même une part au rap non ?
Cannelle : Ouais, parce que cela reste quelque chose que j’ai écouté durant mon enfance. J’ai écouté cela longtemps et j’en écoute encore, j’adore cette musique. Mais, je ne veux pas faire que ça. J’aime bien mixer les univers.
LFB : Du coup, quelles sont tes influences ?
Cannelle : Alors, ma culture musicale s’est construite par ma famille. Franchement, quand j’étais petite mes influences c’étaient vraiment du old-school. Du coup, au niveau du rap, tu mets Biggie, 50 Cent, Tupac, Eminem, ces gars là quoi. Ma mère écoutait cela mais elle écoutait aussi du Nina Simone, Amy Winehouse, Etta James, toutes ces meufs là. Après, quand tu grandis au lycée, tu commences à écouter ce qui se fait en ce moment donc après cela a été Kendrick, Kanye, Beyonce. Mon père lui est plus jazz, rock, les Beatles, tout ça… Au final, ce qui m’a le plus touché c’est le côté de ma mère parce que cela m’a plus piquée que le rock. Même si c’est de la super musique et que j’aime bien en écouter aussi. Mais aujourd’hui, je pense ce n’est pas ça qui a fait mon influence.
LFB : Là, tu m’as cité que des artistes majoritairement américains. Du coup, est-ce que tu écoutes du rap francophone ?
Cannelle : J’ai écouté longtemps, je dirais début collège du Booba. Le rap français old-school. Et aujourd’hui j’en écoute toujours mais je m’y intéresse moins qu’avant. Cela veut dire qu’on va me sortir des noms de rappeurs qui sont connus aujourd’hui, je t’avoue que je les aurais pas mais il y en a que je suis. Genre Damso, Hamza, Booba j’écoute encore.
LFB : Maintenant, on va parler de ce que l’on peut retrouver dans ton projet. Dans Jeux d’enfance, tu évoques une relation amoureuse qui a l’air assez difficile. À quel point, tes relations ont pu influencer ta musique ?
Cannelle : Ce morceau là, c’est celui qui explique une relation mais qui en réalité est la base de : je me lance, je vais faire de la musique. Ça a été le point de départ et c’est pour cela que j’ai tenu à écrire quelque chose là dessus. Après, mes relations de manière générale c’est quelque chose qui me donne envie d’écrire. C’est comme cela que je trouve l’inspiration pour mes textes, sinon je n’aii rien à raconter. Parce que ma vie tourne autour de mes relations.
LFB : Du coup, tu t’inspires à 100% de ce que tu vis au quotidien ?
Cannelle : Ouais.
LFB : Pour terminer, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Cannelle : Personnellement, j’espère que je vais continuer à découvrir d’autres personnes pour écrire d’autres musiques. Et que je vais finir par trouver ce juste milieu entre la musicalité que j’ai et le fait d’être heureuse et parfois le questionnement, dans une sorte de torture. Au final, professionnellement je pense qu’on peut me souhaiter d’en arriver à la scène et de sortir d’autres projets.