We Hate You Please Die est de retour avec Chamber Songs, un album libérateur, d’une sombre intensité qui, comme dans un journal intime, explore les tréfonds de l’âme. Par ailleurs, l’opus met en exergue des sujets de société cruciaux, parce que le monde doit changer et parce que des voix s’élèvent enfin et de plus en plus. Des paroles introspectives pour un album tsunami dont la puissance est universelle. Cet album est honnête et juste, tranchant et incisif, puissant et personnel et toujours aussi punk rock avec des accents noise et grunge dont on ne se lasse pas !
Un trio qui rime avec brio.
Désormais trio, le groupe originaire de Rouen We Hate You Please Die est respectivement composé de Mathilde Rivet (batterie), Chloé Barabé (chant et basse) et Joseph Levasseur (guitare). Une renaissance pour ces artistes qui ont vécu le départ de leur chanteur, Raphaël Balzary, début 2023. On les avait d’ailleurs rencontrés à cette époque à l’occasion d’une interview à retrouver ici.
Qu’importe, le groupe ne deviendra pas un vestige, la rénovation est en cours ! Le trio poursuit son travail d’architecte, les détails se précisent et l’œuvre se mue. Le processus de destruction créatrice est enclenché et il va falloir s’accrocher car le raz-de-marée We Hate You Please Die va vous emporter.
Un album intime et introspectif.
Chamber Songs, le troisième opus du groupe, sorti le 20 septembre dernier, nous plonge dans les pensées et les réflexions de Chloé avec des textes intimes et introspectifs. Celui-ci a été couché sur papier dans l’endroit le plus personnel d’une maison : la chambre (de Chloé).
La chambre est le temple et le reflet d’un individu, on y met notre empreinte émotionnelle, on y passe de doux moments, on cache parfois des choses sous notre matelas, sous notre oreiller, sous notre lit. On y place des choses qu’on aime, des choses qui nous ressemblent, des choses qui nous tiennent à cœur. Aussi, c’est le lieu où on exprime par moment notre chagrin, notre colère et tous nos états d’âme. On se lance dans de longues phases de réflexion.
Une chambre incarne la représentation de notre âme passée de l’état immatériel à l’état matériel. Pour Chamber Songs, la chambre est le commencement du processus créatif.
crédit photo Charlotte Romer
Une farandole de tubes.
La composition des morceaux tient ensuite des effets de synergie du travail collaboratif. On retrouve bien la patte We Hate You Please Die dans cet album mais avec des paroles beaucoup plus engagées.
Ainsi, l’album démarre avec Adrénaline, master piece dévoilée en avril dernier. Ce titre dévoile d’emblée l’énergie guerrière du trio. En effet, il nous décrypte comment nos corps peuvent exploiter cette hormone qui paraît incontrôlable pour la transformer en énergie positive et transformer cette sensation parfois désagréable en une alliée de taille. Cependant, gare à l’addiction !
S’ensuit Stronger Than Ever, composition qu’on adore tout particulièrement et qu’on a déjà pu entendre dès le mois de juin. Le trio affirme ses positions. Stronger Than Ever est résolument féministe et prône la libération. Les mots sont précis et justes, la globalité puissante. Un morceau qui s’impose comme une renaissance où être soi-même n’est plus un luxe. On ne veut plus perdre nos plumes mais prendre notre envol. Des sonorités tellement punk, addictives et saturées pour un des titres les plus réussis de cet opus.
On enchaîne avec Automatic Mode qui résonne depuis une dizaine de jours dans nos têtes comme dans nos playlists. Un titre bien grunge et brutal, post-punk et frontal. Il constitue un énième tube qu’on a bien hâte de voir en live.
Vient ensuite Control qui est sorti en double single avec Sorority peu après l’annonce de la scission du quatuor. Voici encore un phrasé des plus engagés où We Hate You Please Die y parle de droit à l’avortement, un droit légitime qui n’est pas encore acquis partout.
On voulait aussi vous parler de The Fool. Après une introduction toute en douceur où on croirait presque que Chloé, Mathilde et Joseph reprennent leur souffle, on assiste à une déferlante d’énergie, de vitesse pour un moment assurément cathartique.
Chamber Songs se clôture sur Surrender, qui démarre dans un esprit presque shoegaze. Une belle conclusion pour un album qui enchaîne les titres sans perte d’énergie ni de vitesse et qui brille de par sa performance en apnée.
Chamber Songs en guise de manifeste.
Chamber Songs représente l’album manifeste du groupe, un hymne à nos droits, à la parole libérée sur fond de punk riot, flirtant avec le noise et le grunge. La parole prend vie. Du bruit, terminé le silence. Pas de métaphores, pas de légèreté. C’est brut, limpide, tendu. L’adrénaline se diffuse, se propage et s’empare désormais de vous.
Par ailleurs, l’album montre bien que les nouveaux départs sont faits de cycles qui s’achèvent et de cycles qui prennent vie, une décision qu’on salue. On brûle d’impatience d’entendre s’exprimer ces compositions sur l’espace scénique. Ça tombe bien, la tournée a démarré et on peut désormais les rencontrer un peu partout en France. On vous invite évidemment à sortir de vos chaumières et à profiter de cet album de We hate You Please là où iels le défendront le mieux, on stage !