Chantier des Francofolies: Échange avec Zaho de Sagazan, Gwendoline & Neniu

De retour pour une année que nous espérons un peu plus normale, le dispositif d’accompagnement musical qu’est le Chantier des Francofolies à accueilli en bord de mer trois artistes pour leur troisième session de l’année. Durant une semaine, Zaho de Sagazan, Gwendoline & Neniu ont ont pu bénéficier d’un accompagnement complet et personnalisé à La Rochelle. Nous partons à leur rencontre afin de parler de leur rapport à la scène, d’évolution musicale, de la sensibilité qui les réunis.. Enjoy!

Chantier des Francofolies @ Bydimworks

LFB: Salut! Comment allez-vous?

Zaho de Sagazan: Très bien! 

LFB: Comment se sont passés ces trois premiers jours au Chantier des Francofolies?

Gwendoline: Bien! Nous avons découvert des contributeurs de qualité. On travaille tous à remettre en question certaines choses. Sur notre corps, notre esprit. On trouve ça intéressant. Ça pose des questions que l’on ne se pose pas tout le temps. C’est assez riche et divers, pratique. 

Zaho de Sagazan – Chantier des Francofolies

Zaho de Sagazan: Moi aussi je suis très contente. On bosse des trucs qu’il fallait que je bosse depuis longtemps. Ils m’ouvrent beaucoup. On bosse la danse et c’est surtout ce que j’ai envie de bosser. Oser des choses que je n’ose pas sur scène alors que j’en ai envie. Le fait d’être ici et de se dire que je suis ici pour ça, fait que je m’ouvre sur plein de trucs et je suis trop contente! Je sens que  ça  va bouger pas mal de choses. Je suis ravie!

LFB: Aviez-vous des attentes particulières ou des a priori avant de prendre part au dispositif?

Zaho de Sagazan: Je n’en n’avais pas du tout! C’est une semaine avec mes copains à bosser, c’est cool quoi! Je n’étais pas du tout en mode “il faut que j’en ressorte avec une évolution de dingue!” Ça se trouve, je vais en ressortir, il n’y aura rien et ce n’est pas grave. En tout cas, on se sera fait des copains et je suis très agréablement surprise. Je n’aime pas forcément attendre des choses pour ne pas en être trop déçue. 

Gwendoline: Pas trop, on ne savait pas exactement ce que nous allions travailler. C’était flou. On savait qu’il fallait qu’on bosse la voix. C’était la chose primordiale. On ne savait pas trop non plus de quoi il allait être question. Pareil, plutôt ravi! 

« Lorsque tu chantes à plusieurs, tu peux te lâcher complètement car tu n’entends pas que toi. »

LFB: Est-ce qu’une semaine au Chantier des Francofolies laisse la place à la création ou êtes-vous peut-être plus concentré sur le travail déjà existant?

Gwendoline: On ne crée pas du tout ici. On travaille sur des choses qui sont déjà là. Les outils que nous, avons à notre disposition, nous permettent de faire dans ce sens-là. Je n’ai pas l’impression qu’on soit plus productif à la création. Le travail sur la technique prend aussi une grande place. Comment se sentir à l’aise? 

Zaho de Sagazan: À l’inverse, je suis davantage dans la création! Il y a ce côté dans mon projet très théâtral, très dansant etc. On ajoute des sons que nous n’avions pas mis. Je ne perfectionne rien du tout, je découvre! Pour le moment, c’est plus cet aspect création qui m’intéresse que la technique vocale. Oser aussi, et donc de ce fait-là créer forcément. 

LFB: Vous connaissiez-vous avant d’arriver à La Rochelle? 

Gwendoline: Pas vraiment. Disons que l’on connaissait l’existence de l’autre. On avait déjà pris un verre ensemble!

LFB: Sur ces trois premiers jours, vos idées sont-elles venues à se mettre ensemble, sur certains moments de coaching?

Gwendoline: Ce matin, c’était assez cool. On a fait des harmonies, on aimerait bien le refaire!

Zaho de Sagazan: Dans le chant, lorsque tu chantes à plusieurs en tout cas, tu peux te lâcher complètement car tu n’entends pas que toi. Tu cries de plus en plus fort et c’est de plus en plus beau. Ça débloque certaines choses du fait d’être avec d’autres personnes, tout seul, c’est plus difficile. Après, je ne serais pas trop à l’aise lorsque je crée de la danse et du théâtre mais plutôt du chant oui, c’est cool.

« On touche les gens mais pas de la même manière. »

LFB: Vos trois projets sont assez différents musicalement. Tout de même, il y a cette sensibilité qui vous réunit. Le Chantier jusqu’à aujourd’hui, vous a-t-il permis de travailler sur cet aspect-là? Pas forcément uniquement sur votre musique mais sur des moments de coaching?

Gwendoline: Chaque projet définit ce qu’il veut apporter à son concert et il faut que ce soit en lien avec l’esthétique de la musique. Zaho, ça va être plus la danse. Nous ça va être plus le chant, occuper l’espace. On n’est pas trop théâtral. On cherche une autre vérité pour le coup.

Zaho de Sagazan: Typiquement, lorsque nous avons vu les trois concerts à notre arrivée au Chantier, ce qui est cool c’est cette sensibilité que nous avons en commun mais que nous ne dégageons pas du tout de la même manière. Même dans un même groupe, Pierre, tu ne dégages pas du tout la même chose que Micka. La sincérité ne vient pas de la même manière.

La manière est d’oser et d’aller plus loin. Je trouve ça assez beau. Pour que Pierre me touche, je ne pense pas qu’il doit faire la même chose que moi. Le fin fond de la l’histoire est qu’on touche les gens mais pas de la même manière. Effectivement, en fonction de qui nous sommes, de quelle musique nous faisons, de comment nous vivons la vie, on ne doit pas bosser les mêmes choses. 

LFB: Gwendoline, nous nous sommes croisés au Festival Nouvelle(s) Scène(s) de Niort il y a trois jours. Imaginez-vous, déjà, une évolution de votre travail scénique entre ce dernier concert et celui que vous allez donner demain à la fin de votre résidence à La Rochelle? Bien que cette évolution aille aussi s’effectuer sur les dates à venir.

Gwendoline: Ouais! Dans l’occupation de l’espace. Dans la gestion de temps forts, de temps calmes et aussi dans l’interprétation. Le set aussi, on a intégré deux nouveaux morceaux et on va sûrement bousculer l’ordre du set. On est en train de découvrir la vibration du chant et donc l’utiliser aussi sur ce concert! 

LFB: En parlant un peu de scène, vous travaillez notamment sur cet aspect scénique à La Rochelle. Quel est votre rapport à la scène? J’ai l’impression que votre musique est relativement faite pour la scène.

Gwendoline: Ce qui est marrant c’est qu’à la base, nous n’étions pas censés faire de scène. Après, le rapport à la scène n’est pas le même. Nous avons tous les deux un stress, une angoisse. On va libérer ça en faisant un peu n’importe quoi tout en étant dans l’action pour ne pas penser. 

« Ce Covid nous a obligé à prendre le temps et ça nous a fait beaucoup de bien. »

LFB: Zaho, tu t’es réellement lancée dans la musique il y a deux ans environ. Comment as-tu vécu ces deux dernières années? Je suppose qu’elles n’ont pas été les deux plus évidentes pour lancer son projet.

Zaho de Sagazan: C’était assez simple! J’ai la chance d’être hyper bien entouré avec Pierre. Avec Alexis, pendant le Covid nous avons eu le temps de faire beaucoup de choses en studio. C’est un peu ce qui me manquait. Je suis bonne à écrire des chansons au piano mais à part ça, je ne suis pas la plus grande en prod. J’ai la chance d’avoir des mecs hypers disponibles et hypers en joie à l’idée de le faire.

Ce Covid nous a obligé à prendre le temps et ça nous a fait beaucoup de bien. J’ai découvert les machines pour faire de l’électronique. Ce qui fait que désormais le live est davantage électronique. Là où, il y a deux ans et demi, je pensais faire du piano-voix, à la Barbara. On a tout de même bien changé! Ça fait six mois que nous commençons la scène. Wart nous met plein de dates. Je me découvre tous les jours.

Je vois cette petite Zaho qui faisait des chansons piano-voix mais qui se disait en même temps qu’elle aimerait trop être Lady Gaga qui danse partout! 

LFB: Et ton champ des possibles s’élargit tellement plus!

Zaho de Sagazan: Absolument! Là où avec le piano-voix, ok je savais chanter mais là avec des vrais prods, avec Tom à la batterie, ça me permet d’intégrer la danse, le théâtre.. Je suis en angoisse perpétuelle car je me pose trop de questions mais je pense que ça, c’est normal. En réalité, c’est trop bien. On bosse beaucoup et j’ai trop hâte de me voir dans un an! Je sens que ça a déjà beaucoup changé. 

LFB: Neniu, le toi enfant as-t-il toujours été attiré par la musique et le dessin, la vidéo animée?

Neniu: Ce n’était pas prédestiné. J’ai commencé à faire de la musique assez tôt, vers mes dix ans. Le dessin animé est venu plus tard, vers mes 18 ans. La musique un peu plus sérieusement m’est venue vers mes 22 ans. 

« Si je réussis à être présent avec moi-même, bien réussir à envoyer l’émotion, ce serait le top. »

LFB: J’imagine que faire de la vidéo animée avec sa musique ouvre, on en parlait avec Zaho, le champ des possibles. Te verrais-tu demain dissocier ta musique de cet aspect vidéo, dessins animés?

Neniu: Peu à peu, dans mon projet Neniu, je me suis mis à chanter et à être plus sur le devant; Je montre de plus en plus mon visage. Chose que je ne faisais pas du tout avant. Le but était de ne pas montrer mon visage, forcement désormais c’est plus compliqué étant donné que je chante! Dans les clips prochainement, c’est ce qui va surement arriver. Donc, les réaliser avec d’autres personnes étant donné que je ne pourrais pas être derrière la caméra en même temps. Je vais tout de même être investi dans ce processus-là! 

LFB: Du coup, tu serais prêt à laisser entrer des personnes extérieures à ton projet, dans ton univers?

Neniu: Oui et c’est déjà le cas avec un clip que j’ai sorti récemment. J’ai bossé avec Martin Carolo, qui réalisé les vidéos pour salut c’est cool. 

LFB: Pour vous, il ressemble à quoi votre concert de demain, jeudi? Vis-à-vis du travail qui a été fait cette semaine.

Zaho de Sagazan: Il y a eu un petit déclic grâce à certaines intervenantes Béné, Catherine..  Du fait que ce soit trop cool d’oser et je vois bien que ça débloque pas mal de choses. C’est tellement un truc mental que mon cerveau dit parfois non. J’espère profondément que je vais oser! Le magnifique serait que sur scène je découvre des choses! 

Neniu: Je suis en train de travailler sur des morceaux où je suis sur un cockpit et je fais mes instrus live, là j’ai des morceaux où je suis juste devant. Réussir à interpréter ces morceaux. Si je réussis ça, à être présent avec moi-même, bien réussir à envoyer l’émotion, ce serait le top.

Gwendoline: Que ce soit équilibré et bien sombre.

Prochaine session du Chantier des Francofolies avec Zinée – Coline Rio – Sabrina Bellaouel / Infos & résa