Ils sont cités par la NME parmi les cents groupes à suivre en 2025. chest. est la preuve qu’un groupe français est capable de s’exporter. Suite à la sortie de leur premier EP All Good Things End, la Face B a pu les rencontrer pour un long entretien dans les locaux du Supersonic, là où travaille la majorité des membres. D’ailleurs, cet échange fut suivie de près par leur tatoueuse officielle Océane qui les accompagne souvent. Au programme de cette interview : Basic Fit, SACEM, Mimi Mathy, post-hardcore et Misty Fields

Naissance de chest. : « On s’est demandé comment faire de la musique avec nos horaires »
La Face B : Et c’est parti ! Déjà, on va faire un rapide tour de présentation !
Tu es Nico, tu es…
Nicolas : Je suis Nicolas, et je suis l’un des guitaristes de chest.
Elliot : Je suis Elliot, et je suis le…pas le chanteur, le gueuleur de chest.
Alexis : Je suis Alexis, le deuxième guitariste de chest.
Pilou : Et je suis Pilou, le bassiste de chest.
(ndlr : La batteur Thibaut ne pouvait pas être présent au moment de l’interview)
La Face B : Pourquoi vous avez besoin de deux guitaristes en groupe ?
Nicolas : Un qui sait jouer, et un qui fait du bruit. Voilà.
La Face B : C’est vraiment ça, l’explication ? Qui sait pas jouer, parmi vous deux ?
Nicolas : Moi mais comme j’étais là en premier, ils ont pas pu me virer car j’ai créé le groupe avec Pilou (rires)
La Face B : Pour commencer, comment allez-vous ?
Elliot : Bien, ça va. C’est marrant de faire une interview à 23h.
La Face B : En même temps, quand est-ce que vous pouvez être disponible ? Parce que vous êtes un groupe d’ingés sons. En fait, sans le Supersonic, chest. n’existe pas, on est d’accord ? Non
Elliot : C’est comme ça qu’on s’est rencontrés. Parce qu’en fait, oui, effectivement, c’est entre les murs du Supersonic qu’on a tous fait connaissance
Nicolas : En fait, le concept du groupe, c’est le Supersonic, dans le sens où, on a fait un groupe avec des gens exclusivement qui travaillent au Supersonic. Parce que la problématique du départ, c’était comment faire de la musique avec nos horaires qui sont de 15h à minuit ? Parce que personne n’est dispo le matin pour faire de la musique. Et en fait, ça a commencé comme ça. Et puis l’on s’est regardé, on a dit : « ben nous ! » parce qu’on a les mêmes horaires.
Pilou : Et on s’entend bien !
La Face B : Et comment Thibaut s’est incrusté dans l’histoire, en fait ?

Pilou : Thibaut était stagiaire ici, où nous sommes, avec moi. Et en fait, c’est une connaissance de Nico depuis longue date. Il est arrivé ici et connaissait déjà tout le monde, en fait. Et il n’était pas du tout batteur. Thibaut n’est pas batteur, de fait. On lui a dit qu’on allait faire un projet avec lui. Il n’y avait que Nico à la base. On était tous les deux. On avait une vieille boîte à rythme. Et moi, je fais un peu de drum et tout, au show, on teste un truc tous les trois.
On avait testé quelques démos en 2023, je crois, l’été. C’était plutôt médiocre, mais c’était marrant. Et on avait envoyé ces démos à Eliott qui avait un groupe qui s’appelait PURRS. On avait beaucoup ce qu’il faisait et on lui a proposé de venir chanter avec nous. Nous, on avait fait une jam ensemble puis Alex est arrivé plus tard, parce qu’on a fait encore une petite jam au Supersonic. Et on s’est dit qu’en fait, on a un truc à faire tous les cinq. Et c’est parti !
La Face B : Et quel est votre but principal dans ce projet avec chest. ?
Elliot : Le fun. Chacun avait un peu ses motivations. Comme Nico a dit, c’est compliqué de faire un groupe avec des gens quand t’as des horaires hyper décalés. Donc tu prends des gens qui sont autour de toi. Et heureusement, ils bossent dans un milieu où il n’y a que des musiciens et même avant de travailler ici, je traînais beaucoup ici. J’avais déjà un groupe. Et au bout d’un moment, j’avais envie peut-être de faire autre chose. Mais je ne savais pas trop quoi.
Nico m’avait envoyé une démo. Et j’ai posé une voix dessus. C’était le lendemain d’une soirée. On était rentrés en vélo bourré. Et il m’a gueulé dessus sur le vélo : « Tu ne veux pas essayer de chanter un truc ? ». J’ai essayé parce que le démo était cool même s’il était un peu médiocre. Je pense au finale que c’est parti juste d’un truc où on s’est dit que ça allait être marrant. Et que pourquoi pas, jouer ici avec nos potes.
La Face B : Cela vous aide de voir tous ces groupes jouer quotidiennement au Supersonic pour affiner votre musique ?
Pilou : Pour moi, c’est de l’excitation. Quand je vois des groupes, j’ai envie de jouer avec mes potes et juste me kiffer.
Elliot : Le fait de confronter tous les jours des groupes différents, que ça soit bien, pas bien, peu importe. Il y a un truc aussi de se dire, ça te donne des idées, ça te donne des envies. Mine de rien, ça enrichit ta manière de voir en live, de voir un groupe. Et du coup, on partait de bonne base dès le début.
La Face B : De ce fait, Elliot, ça fait quoi de travailler qu’avec des ingé sons ?
Elliot :C’est horrible (rires) Non, en vrai, non. Honnêtement, c’est très très cool. Je ne viens pas du tout de ce milieu là. Déjà, au Supersonic, je fais de la production, donc j’ai des notions de technique, mais c’est des notions qui sont assez légères. Mais moi, je viens d’un groupe où en fait, on est autodidactes à 100%. On avait appris à jouer de la musique ensemble. Ce sont des gens plutôt cools avec un bon tempérament et qui sont pas juste des techniciens, c’est des artistes. Donc, la technique s’arrête assez rapidement quand même chez nous. Donc, c’est un avantage parce que ça nous a permis de faire des démos qui étaient hyper qualitatifs dès le début.
Pilou : Ça nous a permis même vite d’aller faire un projet d’EP full DIY. Cela a été hyper facile d’enregistrer, de mixer, de masteriser.
Alexis : Ça fait que nous avons pas mal d’argent (rires)
Elliot : Oui, parce qu’on est pauvres. Achetez nos t-shirts, s’il vous plaît !
Pilou : J’ai l’impression que même pour Nico, c’est pas une torture d’être entouré de trois ingé sons.
Nicolas : C’est un luxe extrême !
Alexis : Oui, mais justement, pour moi, c’est des trucs chiants. Le truc qui est quand même assez cool, c’est que du coup, tu parles bien de l’expérience en tant que tech life. Tu captes les trucs qui sont chiants. Tu entends les défauts de certains groupes, qui sonnent mal, les trucs de pédales mal réglées, les trucs en genre. Du coup, t’essaies d’adapter le truc à fond pour que ça marche sur ton projet.
La Face B : (Océane pose la question) Pourquoi ce nom de groupe si masculiniste et viriliste ? (rires)
Elliot : Le nom du groupe, il vient de la première démo qu’on avait faite ensemble, qui est devenue le morceau Self Sabotage sur l’EP, où en fait, je répétais un mot : « There’s a storm in my chest ». On se prenait la tête, tous les soirs ici, comme des cons bourrés à sortir des noms de merde, et juste, je crois que c’était Nico qui avait dit, pourquoi on s’appelle pas chest. Après, on s’est aperçu qu’il y avait un rappeur et un groupe de post punk anglais qui s’appelait également Chest, mais on s’en fichait.
La Face B ; Parce qu’il y a une légende qui raconte que c’est Quentin, le bassiste de Pop Crimes qui a dit qu’il fallait mettre une minuscule à chest…
Elliot : Ça c’est vrai, par contre.
Nicolas : Personne le respecte, parce que c’est chiant, mais ça s’écrit vraiment comme ça, et évidemment, c’est pas chest. en mode poitrine et personne n’en a dans le groupe, donc c’est très drôle, ça nous faisait rire.
Elliot : Tu dis que ça rend très masculiniste, mais après, quand tu nous vois, on a tous des corps de lâche.
La Face B : Par contre, vous êtes uniquement des hommes dans le groupe…
Nicolas : C’était surtout, si on dit le truc vraiment, dans le contexte de la chanson, comment on nous voit, c’est pas du tout la poitrine visuelle, c’est plus l’intérieur de notre corps.
Alexis : Moi en tapant notre nom de groupe sur internet, je suis tombé sur des chaînes de muscles (rires)
La Face B :Tant pis, vous ferez une tournée au Cercle de la Forme. (rires)
Elliot : Une tournée de Basic fit en vrai, franchement, si on nous paye en chèque cadeau, moi j’suis chaud. (rires)
L’EP : « On en a marre de faire du post punk d’il y a cinq ans »

La Face B : On évoque désormais votre EP. Vous êtes des ingé sons, donc c’est plus facile de faire du mastering et tout comme vous l’avez dit. Mais six morceaux dans un EP, c’est quand même un gros EP. Pourquoi ne pas avoir fait un album directement ?
Pilou : Parce que on n’avait pas la prétention de sortir un album direct. Surtout, je pense qu’on avait tous l’envie, pour un album, d’avoir un truc un peu plus produit et plus travaillé en termes de production. L’EP est arrivée assez vite parce qu’on n’avait rien sorti sur les plateformes. Il fallait qu’on ait du contenu parce que les gens en demandent. On avait six titres qui sonnaient plutôt bien et on a eu des bons retours en live dessus. Au départ même, on en avait cinq et on en a fait un sixième pendant la semaine de l’enregistrement chez notre batteur bâtard Thibaut.
Nico : Aussi, pendant l’enregistrement, notre label actuel Holwin Banana nous a encouragé de sortir un EP sans nous l’imposer. Cela nous a conforté dans l’idée de sortir un EP.
La Face B Et on ne retrouve pas votre premier single Going Clear sur cet EP ?
Elliot : C’était un petit débat. Tout s’est fait très vite avec nous que ce soit l’écriture, apprendre à jouer ensemble, faire des lives. En fait, ça fait un an qu’on existe. On a répété ensemble en octobre et on a fait le premier live en avril. On n’était pas super assidus au début. Il y avait un besoin d’urgence car on écrivait très très vite et on s’est dit que nos potes pouvaient entendre rapidement ce qu’on fait dans notre salle de répétition dans le 18ème. C’est assez fidèle à ce qu’on fait aujourd’hui. C’est que c’est assez instinctif. On ne se pose pas trop de questions.
La Face B : Comme le nom de l’EP qui s’appelle All Good Things End. Ce nom d’EP, c’est une blague ou chest. vraiment un projet éphémère ?
Elliot : Non, c’est pas un projet éphémère ! Après, c’est vrai que il y a ce truc de trop attendre, et à trop sur réfléchir à ce que tu fais, ce que tu proposes, de trop vouloir rentrer ta musique et ce que tu vas proposer dans une sorte de moule qu’on te dit qu’il faut faire comme ci, comme ça. Et là, t’as envie d’aller à l’instinct. Je pense que juste naturellement, on s’est dit qu’on a ces morceaux là, on va les sortir. On a d’ailleurs sorti la moitié de l’EP avant de sortir l’EP, on a fait selon nos envies.
Pilou : Encore une fois, le titre de l’EP, il n’y’a pas de grosse réflexion derrière. la phrase est cool, parce qu’elle reflète un peu les paroles et le mood du groupe..
Elliot : chest., c’est une fête, mais c’est triste. (rires)
Nicolas : Cela sonnait aussi un peu sombre ce qui reflétait les paroles d’Elliot. Ce n’est pas noir, mais triste et réel sur ce qui nous entoure. Ce n’est même pas politique de dire que ce qui nous entoure, tout prend fin. C’est aussi cette idée-là.
La Face B : Pourquoi avoir mis ces trois singles en avant et pas les trois autres ?
Elliot : C’était les morceaux que nous on kiffait à ce moment-là. Le premier qu’on avait sorti, c’était Self Sabotage. C’était le premier morceau qu’on avait vraiment écrit ensemble. C’est un morceau qu’on kiffait, qu’on trouvait intéressant, efficace. Et c’était un peu l’esprit du groupe. Y’a des trucs un peu réfléchis, y’a des trucs qui sont un peu plus sombres, mais ça reste quand même un peu jouissif. Je pense que c’est pour ça qu’on a sorti ce morceau en premier, c’est parce qu’on s’est dit c’est fun, c’est pêchu.
La Face B : On retrouve des morceaux plus original comme..
Elliot : Song008 ! On l’avait joué au Supersonic Records en premier, je crois. C’est parti d’une idée de Nico, Pilou et moi-même. Le morceau est plus lent. On a un drive rempli de plein d’idées à la con qu’on enregistre à droite et à gauche. Et c’est vrai que ce truc-là, il est un peu resté. On l’a fait plusieurs fois avec Alexis et Thibaut. Naturellement, c’est devenu un morceau avec beaucoup plus de textures, un chant plus chanté. Naturellement, c’est devenu ça. Il est un peu moins punk et vénère que les autres morceaux qu’on fait, mais justement, c’est qu’on fait pas que ça.
La Face B : Justement vous êtes déjà très catégorisé post-punk. La question qu’on peut se poser de vous, c’est ce que vous pouvez proposer d’autres ?
Elliot : Mais si on a une pédale, on peut tout faire. (rires)
Alexis :Je pense qu’on se fixe pas vraiment de limite, de genre. Il y a des trucs qui vont être vachement shoegaze par moment aussi, d’autres trucs qui vont s’approcher vachement plus dans le noise. On a aussi la volonté de mettre de plus en plus des trucs avec des machines, des synthés, des trucs dans le genre. Mais je n’ai pas l’impression qu’on ait envie de faire plus de post punk. Personnellement, j’ai envie que ça évolue.
Pilou :En fait, on est 5 personnes liées fortement par le post punk, mais avec 5 moods différents. Y’a ce truc là où on est catégorisés par mon crankwave. Mais à chaque fois qu’on a une nouvelle démo, y’a toujours un Alexis ou un Thibaut qui va venir rajouter un truc d’un autre style et qui fait que ça crée chest.
Alexis : On écoute tous les mêmes groupes et on se retrouve assez vite. Y’a pas trop de questions de style à se poser.
La Face B :Vous apportez des sonorités aussi électroniques comme sur Aceta
Pilou : Avec Aceta, j’étais avec du coup une basse très simple mais assez rythmée et efficace et très techno car je viens un peu de la techno. J’aime bien des trucs comme qui ramènent l’électro dans du noise et qui crée une espèce d’explosion du son comme avec Model/Actriz
Elliot : C’est un peu le truc aussi où on a quand même un peu cette volonté de danser un peu aussi. Juste voir des mosh pit, c’est cool, mais moi j’aime bien les musiques dansantes. Moi je suis fan d’ABBA.
La Face B : L’atmosphère de chaque morceau reste quand même assez pesant, lourd et… J’ai l’impression que vous cherchez tout le temps le chaos.
Pilou : Quand on compose, c’est d’avoir des couplets assez impactant dans les paroles et vraiment avoir des refrains où on gagne en décibels. On cherche un peu ce truc-là de puissance et je pense qu’on est assez… On est dedans, j’ai l’impression. Quand on parle d’électro et de machines, c’est peut-être ce truc-là où tu peux faire que la crankwave et le post punk d’aujourd’hui peuvent évoluer dans un truc du électro fun. On a un peu marre de faire le post punk d’il y a 5 ans, quoi.
Elliot : En fait, on veut faire du post punk mais pour des gens prennent des taz. (rires)
La Face B : Les situations sociales et politiques désastreuses actuelles influent elles beaucoup sur les paroles de chest. ?
Elliot: Oui, oui. Que cela soit avec chest. ou avec PURRS, je ne réfléchis pas énormément dans les sujets sur lesquels j’écris. J’ai des pages et des pages de lyrics que je fais un peu tous les jours par rapport à des trucs que je vois ou que j’entends ou que je pense. Aujourd’hui, on est entouré par des sujets d’actualité horribles, pesants, hyper violents. Forcément, ça influe un peu sur les sujets que que j’aborde entre guillemets dans les paroles. C’est une volonté parce que on est tous engagés politiquement, surtout notre cher Nicolas.
Nicolas : j’aimerais qu’elle influe encore plus, mais elle influe déjà beaucoup dans les textes d’Eliott qui, de part sa vision, de son point de vue personnel sur le monde et l’anxiété qu’il peut engendrer, ça se retranscrit déjà bien dans les paroles.
Pilou : Pour le moment il n’y a que Elliot qui a écrit les paroles et on n’a jamais nous quatre on n’est jamais revenu sur les paroles d’Eliott à chaque fois qu’il a proposé des textes, on était assez d’accord.
La Face B : (by Océane) Est-ce que c’est une volonté de vous aussi de laisser Elliot écrire?
Pilou : C’est une volonté. Chacun travaille sa partie/
Alexis : Après, déjà, il est anglais (rires)
Pilou : La réalité, c’est qu’il écrit bien . J’aimerais aussi qu’on aille tous avoir un impact sur ce que fait l’autre.
Elliot : Oui, mais après, ça va niquer ma SACEM les gars donc restez tranquilles (rires)
Pilou : Moi, quand j’ai vu ce que rapport la SACEM, je me suis dit je vais commencer à faire des paroles (rires) On va prendre la place d’Elliot !
La Face B : Mais pourquoi pas chanter en français ?
Nicolas :!Parce qu’on a débauché le seul mec en France qui chante en anglais !
Elliot : simplement, ce n’est pas naturel de chanter en français pour moi. Je l’ai déjà expérimenté et juste avec mes groupes précédents, ça me ça me correspond pas
La Face B : (by Océane) Peut-être à l’avenir, faire des morceaux où les paroles sont créées à vous tous, et pas qu’avec Elliot ?
Elliot : C’est aussi compliqué dans la manière d’écrire n’importe quel groupe Les mots c’est différent dans le sens où ça sort de la tête de plein de gens différents. Le choix des mots, comment les placer les intonations, tout ça, il faut que ça soit quand même une personne qui décide Logiquement, oui, c’est moi. Par contre, ça ne veut pas dire que par exemple je peux changer le placement d’un mot pour mieux sonner avec la guitare.
La Face B : Mais tu n’interviens pas trop dans la composition musicale ?
Nicolas : Il n’intervient pas tellement dans les parties jouées, mais plutôt que dans l’orchestration
Alexis : La plupart des morceaux se créé à partir d’un son. Il se crée vraiment en répète et tu n’as pas forcément de parole à ce moment là mais du coup il prend un peu ce rôle là d’organiser le truc de créer la structure et de valider l’ensemble.
La Face B : Et croyez-vous croyez-vous encore à cette rage musicale que vous avez à travers vos chansons pour lutter contre les mots de la société ?
Nicolas : Pour lutter, je ne sais pas mais pour exprimer notre le fait qu’on ne soit pas d’accord, oui !C’est bête et ça peut paraître cliché, mais c’est réel. Quand on voit beaucoup de concerts au Supersonic, où ça ramène des communautés. Encore ce soir, j’ai accueilli un groupe qui avait certaines idées politiques, et tu vois que la communauté du groupe était là pour la musique, et aussi pour ce que le groupe avait à apporter sur la vision de la société qui nous entoure. Donc oui, évidemment, la musique a encore ce pouvoir là. Je ne sais pas si la musique résout des conflits, mais au moins elle permet de questionner. Et à défaut de questionner, au moins d’être ensemble autour d’idées communes. C’est un peu ça la lutte qu’il y a à faire, c’est d’être ensemble autour de quelque chose.
La Face B : Et quelles sont les valeurs que vous défendez ?
Elliot : Écoute, moi je suis pour que Alexis soit à l’aise dans la société.(rires)
Nicolas : Non mais malheureusement, en 2025 sans rentrer dans les grands détails politiques, j’ai l’impression que les valeurs à défendre, ce n’est même pas des valeurs, c’est du bon sens .C’est-à-dire contre le fascisme, contre l’extrême droite, pour vivre ensemble, peu importe la couleur de peau, ton orientation sexuelle, etc.
Les influences : «DITZ est le meilleur des deux mondes»

La Face B : Il n’y a pas de débat, parmi vos influences il y a IDLES et DITZ..
Pilou : En fait, DITZ, c’est le meilleur des deux mondes. Il y a ce côté hyper post punk d’IDLES, qu’on aime tous et ce côté beaucoup plus bruyant et noisy que Nico, par exemple, dans le groupe. Et après, il y a aussi plein d’autres influences.
La Face B : D’où ma question suivante : quelles sont les influences de chacun dans le groupe ?
Pilou : J’ai beaucoup écouté Fontaines DC., même si on ne le sent pas trop dans chest.. Mais il y a ce truc-là. Les IDLES, évidemment. Et Chalk ainsi que Model/Actriz
Alexis : Bah, moi, je rejoins un peu petit tout. Il y a aussi Gilla Band. Enfin, tous ces trucs là très neufs. Moi, j’ai écouté pas mal de trucs aussi un peu qui se rapprochent un peu plus d’un truc électronique, tu vois, genre Death Grips. J’aime bien apporter un truc un peu, vraiment shoegaze. Il y a un groupe que je kiffe comme ça, qui s’appelle Kraus.
Elliot :Tu connais les singles de Mimi Mathy ? (rires) Après, moi, j’ai quand même pas mal de pop, aussi car j’adore ça. C’est surtout dû à mon enfance, beaucoup de britpop et des trucs comme ça. Dans l’écriture d’un morceau, j’ai toujours quand même besoin d’un moment un peu catchy ou un truc qui t’accroche l’oreille, quoi. C’est un peu le truc où… où je suis un peu un dictateur dans ce groupe là. C’est trop bien de faire des trucs noisy et dégueulasses et hyper vénères et tout. Mais il y a quand même un moment où il faut que ça se choppe l’oreille de quelqu’un par une mélodie de guitare ou une ligne de basse.
La Face B : Justement, on n’a pas l’impression que c’est ta voix qui apporte la mélodie de chest.
Elliot : Ouais, mais je le mets en place. Enfin, je le force.
Pilou : Au plus grand regret de Nico !
Elliot : Quitte à citer un groupe sinon, je dirais Pulp
Nicolas : Moi, toutes mes influences vont être tous les groupes qui utilisent leurs instruments pour ne pas les faire sonner comme l’instrument qu’il utilise comme Gilla Band évidemment. DITZ bien sûr, parce que c’est le meilleur des deux mondes en termes de texture sonore, mais quand même structuré. Parce que j’adore ce groupe. Et dans mes influences qui s’entendent pas du tout, encore pour chest., mais peut-être plus tard, Dépêche Mode, évidemment, et Nine Inch Nails. Bref, tout groupe qui utilise leur instrument et qui les bidouille dans des pédales bord qui ressemblent à des vaisseaux spatiaux, grosso modo, c’est ma came.
Pilou : Je voulais te dire pour Thibaut. Pour lui, ça va être beaucoup plus genre très shoegaze et très indie aussi. Just Mustard est une réf pour lui.
La Face B : Vous avez lu peut-être votre premier article de Gonzaï ?
Elliot : Ça m’a fait beaucoup rigoler !
La Face B : Est-ce que vous avez pas eu la pression, en faisant de la musique de post-punk datant de 2018, d’avoir pris le train en retard ? Ou, comme dirait Léa Salamé, avez-vous fait une musique de has-been ? (rires)
Pilou : Je pensais à cette question. Nous, on l’a fait pas pour être dans l’air du temps et pour arriver avec un nouveau truc. Notre début, c’était faire la musique qu’on aime et juste s’amuser.
Nico : Oui, il n’y a aucune prétention là-dedans.
Pilou : On a juste fait ce qu’on aimait. Mais j’ai l’impression que ça prend et que, ni que de rien, les gens retiennent un peu ce qu’on fait.
Elliot : Après, c’est qu’il y a un moment… La musique, c’est hyper cyclique. Il y a des groupes aujourd’hui qui font ce qu’ils faisaient pendant les années 80. Juste parce que c’est un peu plus récent. Sauf qu’aujourd’hui, ces groupes là, ils font des zéniths. Donc, en fait, il n’a pas disparu. Au contraire, il a évolué. Ce n’est pas has been. Le post-punk ne se fait plus uniquement dans des caves, parce que du coup, ils ont fait passer autre chose. Et nous, on commence, ça fait un an qu’on existe !
Nico : Mais la question de Gonzaï se pose !
Elliot : Après, moi, je respecterais toujours Gonzaï parce que je trouve que c’est quand même la meilleure média musicale, mis à part La Face B ! (rires)
La Face B : Dans l’analyse, on peut être totalement d’accord avec Gonzaï . Vous avez déjà les basses solides de ce post-punk récent. Mais, avez-vous déjà réfléchi à une idée d’évolution que vous voulez donner à votre musique ?
Nico : La question, ce n’est pas encore posée mais j’aimerais beaucoup qu’on se la pose. On le sent un peu venir de par les influences de Pilou et d’Alexis et surtout, on aime ça. Je pense qu’à terme, on va peut-être inclure des choses un peu plus électroniques. C’est un peu l’avenir du post punk noise. C’est vraiment cette hybridation complète entre techno slash noise,. On va s’orienter naturellement dessus je pense.
Elliot : Pour moi, c’est le fait d’être trop réfléchi à ces choses là, ça tue un groupe. Parce qu’en fait, du coup, tu te prends trop la tête et transforme le truc en une forme de travail qui n’est pas qui va totalement contre ce qu’un groupe doit être. En fait, un groupe, c’est juste, tu es dans une pièce avec tes potes, tu kiffes/
La Face B ; Par qui était produit votre EP ?
Pilou : Par nous. Tout a été réalisé entre nos cinq cerveaux.
Nicolas : Personne d’extérieur.
Pilou : On a été dans la maison des parents de Thibaut, mixé par Thibaut. Masterisé principalement par Alexis et moi.
La Face B :Est-ce que le fait de ne pas avoir d’éléments extérieurs ne vous permet pas des fois de vous remettre un peu en question ?
Elliot : Les choses tellement vite aussi. Les gens qui nous entourent et qui nous aident aujourd’hui, sont arrivés après qu’on avait quasiment tout fini.
Pilou : Les gens qui ont été conquis parce qu’ils ont aimé ce qu’on avait fait, nous cinq. Donc, je ne vois pas pourquoi on aurait rajouté des avis externes sur le projet. C’est ce qui fait notre force je pense.
Interview « Dernier Coup »
La Face B : L’EP s’appelle en français : toute bonne chose a une fin. Du coup, je vous propose de faire une interview Dernier coup.
chest. : Allez !
La Face B : Quel était votre dernier coup de tête ?
Elliot : De jouer à Dublin
Pilou : Ou d’accepter trois dates alors qu’on travaille tous dans un lieu qui doit tourner H24 (rires) Je pense que c’est les dates à Dublin.
Elliot : Oui ! On nous a proposé des dates à Dublin et, clairement, financièrement, c’était pas du tout intéressant. On a perdu de la thune, mais on s’est dit, pour l’expérience, c’est marrant. Notre cinquième concert, c’était à l’étranger, on s’est dit, mais pourquoi pas ? Et du coup, on est allé jouer là-bas. On a eu beaucoup d’aide des gens sur place parce qu’on avait des copains de Supersonic, oui, des groupes qu’on a pu croiser, qu’on a accueillis ici comme Nerves, etc. C’est la décision la moins rationnelle qu’on ait prise. On l’a ressenti quand on a repris un avion à 5 heures du mat’.
Pilou : Après, on ne fait pas de la musique pour en vivre, déjà car on a tous des métiers, etc., On avait tous un peu d’argent de côté pour une aventure comme celle-là qui ressemble à un week-end en Irlande !
La Face B : Quel était votre dernier coup de cœur musical ?
Nicolas : C’est juste ce soir. Le groupe qu’on a accueilli au Supersonic : Love Letter. C’est un groupe de post hardcore un peu à la Touche Amore, américain, hyper politisé, et vraiment qui déchire.
Pilou : Moi, je te citerai Adult DVD. C’est hyper dansant à la sauce LCD Soundsystem
Elliot : Moi, c’est Moonpools, un groupe de shoegaze allemands.
Pilou : Non Néerlandais !
Elliot : Non, ils sont allemands. (ndlr : ils sont en fait suisses). C’est un groupe qu’on accueillit au Supersonic il y a deux, trois semaines, ouais. Ils m’ont mis une claque de fou. On aurait dit Alvvays, avec des guitares hyper stylées, enfin vraiment, ça m’a bouleversé.
Alexis : Moi, c’est Cortana d’Enola Gay. C’est incroyable.
La Face B : Votre dernier coup de bleues ?
Nicolas : Quand j’ai vu un salut nazi à la télé en 2025.
Pilou : Ma prise de sang ! (rires)
Elliot :L’élection de Donald Trump, clairement.
La Face B : Quel est le dernier coup de fil que vous avez eu ?
Pilou :Bah c’est ta meuf Elliot ! (rires) Elle voulait dire que t’avais oublié ton portable à l’appartement.
Elliot : Moi, Là, c’est le patron du Supersonic pour me dire qu’il y avait un colis qui est arrivé et je ne travaillais pas (rires)
Nicolas : C’est Pierre-Louis pour lui demander, t’es sûr qu’on ne peut pas ouvrir le rideau ce soir ?
Alexis : Moi, c’est ma grand-mère pour me souhaite une bonne fête.
La Face B : Bonne fête alors ! Et quel était votre dernier coup de rein ?
Nico : C’était ce soir dans le pogo de Love Letter !
2025 : « L’année va être remplie de belles choses ! »

La Face B : Évidemment, j’imagine que vous êtes fier de faire la première partie de DITZ ?
Nicolas : Non, je ne suis pas fier. Je meurs le lendemain.
Pilou : Lequel ? On a trois dates avec eux.
Elliot : Nicolas a pleuré
Nicolas : Ce n’était même pas un objectif, mais je peux mourir tranquille.
Elliot : J’ai vu comment tu m’as appelé à 2h du matin pour me donner l’info. J’ai cru que tu avais eu un accident de vélo. C’était terrifiant. Tu ne t’articulais pas, c’était horrible.
Pilou : On vit le mois le plus stressant pour Nicolas.
Nicolas : Je suis très excité.
Pilou : Tu es excité, mais tu as une forme de petit stress.
Elliot : En tout cas, il est relou de ouf.
Pilou : Je suis hyper content et heureux de l’évolution du groupe. C’est hyper rapide On a été cité par NME mais on part jouer au Pays-Bas à la fin de l’année dans un festival hyper cool. L’année va être remplie de belles choses.
Nicolas : On n’attend rien. On prend tout ce qui vient, mais il n’y a pas du tout d’objectif. Vraiment, on kiffe et on a de la chance. Parce qu’en kiffant, il y a plein de trucs qui arrivent vers nous.
Pilou :On ne prend pas tout ce qui vient parce qu’on a dû refuser Chalk ! (rires)
La Face B : Nico, tu vas leur dire quelque chose à DITZ ?
Nicolas : Si je glisse les bonbons, on aura un feat sur l’album avec DITZ. Mais ça, c’est dans mes rêves les plus fous. Non mais juste merci. Vraiment, merci. C’est vraiment ouf.
La Face B : Vous n’avez pas l’impression, en plus, d’être sous le coup de projecteurs et d’avoir plus de pressions ?
Pilou : Non, pas trop. Et encore une fois, ça reste une première partie pour moi. Je pense que j’aurai plus de pression lors de la release party où vraiment, les gens viennent pour nous.
La Face B : Vous jouez donc au Pop-Up du Label pour votre release party. A quoi doit-on s’attendre ?
Pilou : On a pris Paul Parking, qui n’a rien à voir avec ce qu’on fait, mais on l’aime. On adore ce qu’il fait. On s’est dit que ça collerait au mood de la soirée. Et puis, parce qu’il est tout seul sur scène, c’est plus pratique aussi !
Eliott : Hé, regarde, t’as vu combien de claviers et de moduleurs il a, vas-y, t’es ouf !
Pilou :Je pense qu’on va arriver avec deux nouveaux morceaux sinon. On sera à onze ou douze titres sur ce live. Mais non, on n’a pas forcément prévu de surprise. Ce sera très efficace !
Nicolas : Il y aura un mec de 2,08 m sur la scène du Pop-Up, ça c’est quand même quelque chose à voir.
La Face B : Quid de chest. àprès la release party ?
Nicolas : On aura bientôt une nouvelle date de prévue avec Knives au Point Ephémère. On sera ensuite au festival néerlandais Misty Fields avec Yard Act, Tropical Fuck Storm, Black Lips, etc. Après, à chaque fois qu’on fait un concert, ça en appelle d’autres.
La Face B : Comme tout va vite avec vous, vous n’avez pas peur de prendre le melon ? Vous êtes même cité par la NME !
Alexis : Moi, je pense qu’on est tous conscients qu’on a une chance. Parce qu’on bosse tous dans la musique, on est méga avantagés par rapport à tous les autres groupes. Cela crée des connexions de ouf.
La Face B :Et qu’est-ce que vous souhaitez pour la suite ?
Elliot : faire plus de live, enregistrer un truc qui nous plaît, et espérer que ça touche des gens au-delà de nos potes.
Nicolas : Je nous souhaite d’être sur les mêmes posters que nos groupes préférés, en festival, ou sur les premières parties, ou le déco-plateau, et qu’on reste toujours amis.
La Face B : On va terminer par cela, merci pour l’interview !
Chest. : Merci pour à toi !
Crédit photos : ©Félix Hureau Parreira