Faire un retour sur un concert est un plaisir qui nous aura manqué. Retrouver les salles nous permet donc de jouer à nouveau à ce petit jeu du live report. Dimanche dernier, nous étions donc au Grand Mix de Tourcoing pour la dernière date de la saison. Retour en mots et en photos sur la découverte San Malo et la confirmation Chevalrex.
San Malo :
C’est toujours intéressant un premier concert. Ça donne le ton d’une histoire, c’est souvent fragile, parfois plus intense. Quand les chansons sortent de leur taverne, encore inconnues, les réactions sont plus pures, presque palpables. Pour l’auteur c’est un test et pour l’auditeur une plongée dans l’inconnu. Ce 27 juin, on a donc assisté au départ du beau bateau San Malo. On a claqué la bouteille de champagne sur la coque toute neuve de ces chansons françaises et maritimes très influencées par les vents anglais de la pop.
À la barre, ce n’est pas un marin d’eau douce qui nous convie dans cette croisière musicale. Aurélien est plutôt du genre capitaine émérite, pour lui comme pour les autres, le garçon n’a plus à prouver son talent. Pourtant c’est une nouvelle facette de sa personne qu’il nous aura délivré pendant une quarantaine de minutes. Lui qu’on avait connu toute guitare dehors avec sa power-pop qu’on apprécie particulièrement, le voilà qu’il s’amuse à mélanger les couleurs du ciel, toujours guidé par sa voix androgyne qui nous fait dresser les poils.
San Malo
Et il faut dire que le français lui va bien. Au delà de la compréhension directe qui crée une connexion évidente avec le public, on sent le soin particulier qu’il a apporté aux textes. Ici, comme son nom l’indique si bien, il tisse la métaphore maritime pour mieux parler du sujet le plus universel qui soit : l’amour. Ces morceaux ne sont pas que des douceurs ou des histoires d’amour faciles, on y voit des tempêtes, des non-dits, des sentiments qui trouveront parfois leur écho dans le silence d’une réponse qui ne viendra jamais.
Mais il tient bon la-barre, même si il nous secoue et nous réveil, bien aider en cela par ses musiciens. On se laisse bercer par ces coups de tonnerres autant que par ces éclaircies. Le tout est vaporeux, classieux et attachant avec une belle préférence pour des titres comme Sémaphores, Dans le Noir ou En Silence.
Alors que nos oreilles retrouvent la terre ferme, on se dit qu’on hésitera pas à prendre à nouveau revivre un nouveau voyage. Ce San Malo tout neuf a tout de la petite pépite à suivre.
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Chevalrex :
Providence, le dernier album de Chevalrex étant en rotation assez importante dans nos oreilles depuis le début de l’année, on peut dire sans mentir qu’on attendait avec impatience ce concert, plusieurs fois reporté à cause de la situation sanitaire. Et autant le dire honnêtement, nous n’avons vraiment pas été déçu.
Tout cela tenant principalement au charisme et à la surprise que nous offre Rémy Poncet. Si sa musique jouit d’une certaine élégance et que le garçon à tout du gendre idéal un brin discret, c’est en véritable métamorphe qu’il se présente sur scène. À mi-chemin entre le boxer, le charmeur de serpent et le crooner, le garçon habite la scène et laisse exploser une énergie qui semble être trop forte pour que son corps puisse la contenir.
Ainsi, en 1h15, le garçon déploie une véritable débauche énergétique, toujours en mouvements, se mouvant sur la scène tel un lion en cage, trop grand et trop fort pour la scène qui lui tient lieu de maison pour la soirée. On le regarde ainsi danser, déployer ses mains telles des ailes hypnotiques dont les mouvements erratiques nous charment et nous fascinent. C’est un spectacle fort, aux pauses réfléchies et intelligentes (et toujours utilisées avec beaucoup d’humour et de tendresse) qu’il nous offre et, là aussi, il faudra souligner la présence à ses côté d’un quartet émérite qui élève à merveille la musique du multi-instrumentiste.
Ce soutien, cette presque-perfection sonore à l’émotion forte, lui permet de s’autoriser toutes les exubérances entre la promenade au cœur de la salle et le fait de jouer au toréador.
Il faut dire que sur scène, les chansons de Chevalrex prennent un autre sens, une autre dimension. Les explosions ressenties dans Tant de fois ou le côté hypnotique de Ophélie Suite sont ainsi multipliées, alors que l’on reste pantois face à d’anciens morceaux comme l’exceptionnelle Claire ou l’intense l’adversaire. Et que dire de cette version solitaire en guitare voix de Bonjour C’est Moi qui dans ce minimalisme inattendu nous frappe encore plus en plein cœur.
De ces poings frappés dans le vide du début du concert, c’est une victoire par K.O s’offre Chevalrex. De part son talent et son énergie, l’artiste et son groupe nous auront offert un concert presque-parfait pour terminer la saison du Grand Mix. En attendant de les retrouver cet automne à Paris et Oignies. Le rendez vous est déjà pris.