L’édition jeune du Prix Joséphine aura lieu le 11 octobre au MaMA festival. Des jeunes mélomanes de 18 à 20 ans, éliront le meilleur album.
L’artiste Tuerie a reçu le Prix Joséphine décerné par un jury d’artistes professionnels, fin septembre. Qui succèdera à Tuerie et November Ultra, lauréate de la précédente édition, lors du Prix Joséphine attribué par un jury de jeunes dans quelques jours ? Faute de pouvoir le prédire, les fondateurs de la cérémonie Christophe Palatre et Frédéric Junqua nous présente ce projet dans cette interview.
La Face B : Qu’est-ce qui a pu motiver une déclinaison jeune du Prix Joséphine ?
Frédéric Junqua : Beaucoup d’acteurs de l’industrie musicale veulent toucher un public jeune mais il y a une confusion dans la manière de les aborder. Ils essayent d’être attractifs par les plateformes, en utilisant la data. Sauf que nous ne sommes pas des algorithmes. On a mis en place un jury de jeunes âgés de 18 à 20 ans, recruté par le Pass Culture. On est sûr que ce sont des passionnés de culture. Ils sont qualifiés, étudient la musique, ont des blogs ou veulent devenir journalistes musicaux. Le Prix ne veut pas qu’ils soient passifs mais qu’ils s’intègrent dans la mécanique, en devant eux-mêmes jurés.
Christophe Palatre : L’initiative a bien marché puisqu’on a eu plus de 2 000 candidats ! En les impliquant vraiment, on essaye de leur montrer l’arrière du décor. C’était l’ambition de vidéos, de masterclass, réalisées autour du Prix Joséphine.
Montrer les coulisses de la production musicale s’affirme aussi par le choix des jurés. Pourquoi avoir sélectionnés le producteur Dany Synthé et l’ingénieure du son Taissa Arruda ?
C. P. : Nous ne voulons pas nous limiter à ceux qui figurent sur la pochette. L’année dernière, nous avions dans le jury : Sage, réalisateur pour Clara Luciani ou Guilty, beatmaker pour SCH, mais aussi le parolier Doriand et l’ingénieure du son Bénédicte Schmitt.
F. J. : La dimension du collectif importe. Les artistes se présentent de moins en moins seul, et mettent en avant leurs collaborations.
Avez-vous un droit de regard sur l’album récompensé par le Prix ?
C. P. : Nous n’avons aucune prise. Nous ne choisissons que le jury d’artiste. Nous voulions que tous les métiers et tous les styles soient représentés. Par contre, nous pouvons leur rappeler le règlement et appuyer sur la diversité dans le palmarès. Histoire, qu’il n’y ait pas que des artistes masculins dans les 10 albums sélectionnés préalablement.
Alors nous ne pouvons pas vous demander votre « chouchou » ?
Non ! (Rires)
Le Prix Joséphine a été retransmis en direct sur FIP. Est-ce la première fois qu’un concours est entièrement diffusé à la radio ?
F. J. : Première, je ne sais pas, cependant la motivation principale est d’avoir un partenaire aussi éclectique et ouvert d’esprit que FIP. C’est le match parfait ! Puis, nous n’avions pas eu de proposition de chaînes de télévision car le projet ne répond pas à certaines demandes de la TV. Ce n’est pas un Prix compatible avec le format d’un prime time, puisque que les artistes sélectionnés sont émergents.
C. P. : Et encore, Orelsan était sélectionné l’année dernière… pas mal pour un prix de niche ! (Sourire) Il y avait aussi des artistes rassemblant énormément de monde en festival comme Voyou ou Flavien Berger, mais oui, certains artistes ne sont pas très connus.
Ceux qui nous intéressent, ce sont les fans de musique, qui vont en concerts et dont la musique fait partie du quotidien. On espère leur faire découvrir des artistes parce qu’on veut mettre l’éclairage sur des artistes qui ne sont pas encore sous le feu des projecteurs.
Comment vous est venue l’idée de ce Prix ?
F. J. : On sentait qu’il y a une nouvelle proposition et une diversité musicale mais en face très peu de récompense. On voulait proposer un prix actuel et contemporain qui complètent les autres prix. Ce qui prime c’est de récompenser la qualité.
Christophe Palatre, vous étiez jurés des Victoires de la Musique pendant deux ans. L’institution est souvent critiquée, est-ce que le Prix Joséphine tend à palier certains défauts de cette cérémonie ?
C. P. : C’est une nouvelle proposition, une manifestation nouvelle. Par exemple, il n’y a plus d’étiquettes, plus de genres… tout cela est un peu dépassé. La spécificité du Prix réside dans le choix de son jury.
J. C. : Le mode de fonctionnement est transparent et les artistes sont les principaux juges du Prix Joséphine. Par ailleurs, la récompense ne se résume pas en une soirée mais en un parcours avec plusieurs rendez-vous (la période d’inscription, la sélection de 40 albums, le palmarès des 10 meilleurs albums, puis le Prix des Artistes puis des 18 – 20 ans).
C. P. : Le prix s’étend de mars à octobre, voire plus avec une mise en avant par l’Hyper Weekend Festival de Radio France.